RECITS

Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 02:19

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Sur le chemin du retour, je me demandais quelle attitude adopter une fois que nous serions dans l’intimité de la chambre d’hôtel. Devais-je être la Roxanne à la sexualité débridée de mes scènes pornographiques de la veille ? La petite fille sage tremblante d’émoi devant son pygmalion ? Ou celle que je mourais d’envie d’être, c’est-à-dire la Roxanne tendrement sensuelle prolongeant la brûlure des désirs inassouvis jusqu’au bout de la nuit bohémienne ? Et Valmont ? Quelles pouvaient bien être les attentes d’un homme tel que lui ? Serait-il baigné de la candeur innocente qui consume les cœurs adolescents ? Où succomberait-il aux sirènes des passions dévorantes capables de faire exulter les âmes que la sagesse a trop longtemps étreintes ?

Au quatrième étage, l’ascenseur nous libéra de sa cage de verre et Valmont ouvrit la porte de la chambre illuminée par les lumières de la nuit pragoise. Il éclaira la petite lampe sur pied qui se trouvait dans un coin de la pièce et libéra les lourds rideaux de leurs embrases, plongeant ainsi la chambre dans une douce lueur que le décor de soie verte diffusait comme une pluie d’émeraudes. Sur la table basse étaient disposées deux flûtes à champagne, aux côtés d’une bouteille ainsi que d’un assortiment de fraises et de framboises que le service d’étage avait dû livrer peu avant notre arrivée. Où que se portât mon regard, la perfection enveloppait chaque détail. Et dans ce palais aux accents viennois, j’eus soudain la délicieuse impression d’être la princesse d’un royaume qu’une vie ne suffirait pas à explorer.

  • « Champagne ? »

Valmont venait de remplir nos verres du luxueux breuvage et me tendit une coupe.

  • « Merci … »
  • « Je bois à votre brillant avenir de femme libre et à mon bonheur d’être avec vous ce soir ! »
  • « À nous ! »

Nos flûtes s’entrechoquèrent, puis s’installa dans la chambre un silence feutré d’où s’échappait seulement le bruissement satiné des caresses de ses mains sur ma robe, de mes mains sur sa chemise, de mes lèvres sur les siennes. C’était la première fois que nous nous embrassions d’une façon aussi passionnée. Il y avait eu les caresses du premier soir au club, ses tendres baisers sur mon front, mais là, c’était différent. À vrai dire, tout était différent, d’ailleurs. Plus de regards à éviter, plus de barrières à franchir, plus de craintes ou d’hésitations. Juste l’impression de se livrer totalement à l’autre, sans retenue d’aucune sorte, afin qu’explose enfin une passion trop longtemps contenue.

Doucement, je l’attirai vers le grand lit dont les drapés semblaient se prosterner devant ce berceau d’amour. Sans cesser de l’embrasser, je déboutonnai sa chemise, puis la retirai en faisant glisser mes mains sur son torse et ses épaules viriles. Alors que je couvrais de baisers cette peau jusqu’alors inconnue, je sentis les subtiles caresses de ses doigts sur l’arrière de mes cuisses, jusqu’à jouer avec l’élastique de mes bas. Dans ce combat où le moindre de nos gestes était empreint d’une infinie douceur, je voulais être à la fois victime et bourreau. Être l’épée esquissant de sa pointe une douce morsure sur ses zones érogènes, puis le fourreau dans lequel il se reposerait lorsque la tendre guerre prendrait fin.

Bientôt avide de cette ivresse tant désirée, je fis glisser ma robe sur le sol, découvrant par ce geste mes dessous de noire dentelle comme une ultime et dérisoire armure qui s’effaçait bientôt avec délice devant l’assaut délicat de ses mains sur mon corps. Alors, en guerrier magnifique, il planta son drapeau dans ma terre promise baignée par les eaux tumultueuses d’un torrent de plaisir qu’aucun Dieu ne pourra jamais assécher.

Dans ce corps à corps fatal à la dernière parcelle de raison qui aurait pu subsister dans nos esprits, nous luttâmes de longues minutes, à moins que ce ne fut des heures, pour retarder jusqu’à l’épuisement ce coup de grâce qui vit mon corps s’effondrer sur le sien dans une sublime défaite, tandis que le flot de son plaisir envahit ma matrice dans un chant de victoire. Alors, épuisés par cette bataille sans victimes ni blessures, nous naquîmes à nouveau des cendres brûlantes de la passion qui nous avait enflammés.

Un long moment, nous restâmes ainsi, nus, peau contre peau, chacun écoutant le cœur de l’autre retrouver la cadence régulière et précise d’une sérénité perdue. Blottie dans ces bras protecteurs, je réchauffais mon âme glacée par les bourrasques qui l’avaient chahutée d’une folie destructrice au cours de ces derniers jours. Oubliées, mes frasques entre les murs du 1830 ou mes orgies cinéma-pornographiques. Même le temps qui, d’ordinaire, fane les choses les plus éphémères semblait s’être arrêté. Dehors, une nuit claire chargée d’étoiles et de promesses semblait nous avoir enveloppés de sa ouate légère et silencieuse dans laquelle nos souffles d’amants repus se répondaient en écho.

Puis il y eut une brise. Légère. Presque imperceptible. Une main glissant sur une hanche, un doigt effleurant un sein dont la peau se tendit comme une voile par gros temps. Puis il y eut les premières gouttes de pluie, prémices immuables des plus violents orages. Puis les premières ondulations de mon corps moite, bercé par une volupté nouvelle, allant d’une vague à l’autre, lascif et offert à qui voudrait le prendre. Alors, tel un navire surgi de l’inaccessible que l’horizon figure, comme tiré par mille chevaux d’écume, il fondit sur moi, son étrave fendant mes flots, le mât dressé vers le ciel, découpant la brume en lambeaux de soie avant de sombrer en mon creux pour y laisser sa trace d’une encre indélébile. C’est alors que l’ouragan redevint souffle et que la déferlante s’échoua sur la grève en ne laissant sur nos peaux que quelques embruns salés. Finalement, dans la quiétude des eaux redevenues calmes, rassurée par sa présence telle un phare dans mes nuits, je sombrai dans les délices d’un sommeil tapissé de rêves.

Le lendemain, un soleil blanc, hivernal, éclaircit les murs de la chambre, nous tirant du pays des songes. Sitôt levé, Valmont appela le service d’étage et dix minutes plus tard, le plus incroyable des petits déjeuners qu’il m’ait été donné de voir fit son apparition. Il y avait de tout : fruits, viennoiseries, œufs, charcuterie etc … Soit pour une personne normale, de quoi se nourrir pour au moins trois jours ! Même si je profitai allègrement de l’aubaine, cette indécente profusion qui allait inévitablement mener à un coupable gaspillage me coupa quelque peu l’appétit. L’embarras du choix était l’apanage des riches et je ne l’étais pas.

Aujourd’hui, Valmont devait s’absenter pour affaires une bonne partie de la journée. Il voulut me laisser de quoi subsister jusqu’à son retour avec un somme déraisonnable que je refusai tout net. Voyant que je ne changerais pas d’avis, il m’embrassa passionnément et sortit.

Alors que toute jeune fille qui se respecte aurait passé sa journée à écumer les boutiques, je choisis plutôt de me perdre dans les ruelles pavées, laissant traîner mon regard sur les façades ouvragées en m’imprégnant de l’atmosphère de cette ville dans laquelle je me sentais particulièrement bien. Mon sourire rayonnait des mille étoiles que Valmont y avait déposées et j’avais l’impression de voler, portée par une sensation de totale liberté. Au hasard d’un détour, je m’arrêtai quelques instants devant la plaque commémorative situant la maison natale de Kafka et je ne puis m’empêcher de me demander ce qu’il aurait bien pu écrire sur une existence telle que la mienne. Lui, dont les écrits rendaient à l’individu tout son pouvoir de décision, aurait-il jugé ma vie suffisamment absurde pour l’affubler de l’adjectif auquel on donna plus tard son nom ? Depuis quelques semaines, j’avais fait des choix que d’aucuns auraient pu juger contraires à toute logique. Mais ils m’avaient conduite sur des chemins qui m’avaient permis de m’affranchir de ce fardeau que la plupart des gens portent comme un sac de briques, à savoir le regard des autres.

Après un repas léger que je pris dans un salon de thé non loin des rives de la Vltava, je traversai le fleuve et continuai mes déambulations du côté du château. J’avais très envie de le visiter mais c’était peut-être également le cas de Valmont, aussi décidai-je de reporter cette activité à un autre jour. Un peu fatiguée par cette marche, je me reposai quelques instants sur un banc, regardant passer les petits trains touristiques et les couples d’amoureux pour qui Prague devait être le symbole du romantisme aux accents slaves. Sur le chemin du retour, j’avisai un pub dont les vitres, embuées par la chaleur qui semblait y régner, invitaient le passant frigorifié à entrer s’y réchauffer à grands renforts de slivovitz.

Lorsque je pénétrai à l’intérieur du café Propaganda, l’odeur de la bière monta immédiatement à mes narines. Il faut dire que l’antique breuvage était très apprécié ici, chaque bar se devant d’offrir à ses clients le choix le plus large possible. Et à en croire le tableau des consommations, on aurait pu penser que toutes les bières du monde s’étaient donné rendez-vous en ce lieu. Même pour quelqu’un comme moi qui appréciais la bière, c’était impressionnant. Mais, n’ayant pas beaucoup mangé, j’espérai ne pas commettre de sacrilège en commandant un Coca.

Accoudée au bar, je contemplais la décoration chargée lorsque je le vis entrer. Je ne saurais dire pour quelle raison je le remarquai. Il n’était pas spécialement beau, ni vêtu de façon excentrique ou arborant un quelconque signe distinctif. Pourtant, même lorsqu’il vint s’asseoir à côté de moi, je ne puis m’empêcher de le regarder à la dérobée, cherchant dans ses traits une quelconque ressemblance avec quelqu’un que j’aurais pu connaître. Mais ce n’était pas le cas.

  • « Bonsoir mademoiselle. J’espère que je ne vous dérange pas … », dit-il en français avec un fort accent.
  • « Comment savez-vous que je suis française ? »,répondis-je aussitôt, surprise par son audace.
  • « Intuition masculine ! Et puis vous êtes jolie comme une Française … »
  • « Euh … C’est très gentil mais … »
  • « Je vous ennuie, non ? »
  • « Non … Pas du tout … C’est que … »
  • « Je m’appelle Nicolaï. Enchanté ! », annonça-t-il en me tendant sa main.
  • « Rox … Euh … Roxanne. », bégayai-je en le saluant à mon tour.
  • « Oh … Très joli ! Vous avez des origines russes ? »
  • « Pas que je sache, non … Serbes plutôt. »
  • « Tant mieux ! De nos jours, les jeunes femmes russes sont superficielles, vénales et caractérielles. Ce n’est pas votre cas n’est-ce pas ? »

Soit c’était l’approche d’une nouvelle méthode de drague, auquel cas je devais lui dire qu’elle était inefficace, soit il était fou ! Toujours est-il que ses questions qui fusaient de toute part me donnaient le tournis.

  • « Eh bien je ne pense pas … Mais peut-être faudrait-il poser la question à l’homme qui m’a offert ce voyage ! », répondis-je en retrouvant peu à peu un semblant de répartie.
  • « Oh … Et l’a-t-il fait pour vos beaux yeux ou bien … ? »,demanda-t-il en plongeant son regard dans mon décolleté.
  • « Dans la mesure où vous ne verrez que mes yeux, je crains que vous n’ayez jamais de réponse à cette question ! », répondis-je en fusillant du regard cet abruti.

Pour toute réponse, il se contenta de sourire avant d’ajouter :

  • « Je le savais ! Je le savais à l’instant où je vous ai vue … »
  • « Quoi donc ? Qu’est-ce que vous savez ? »
  • « Que vous êtes exceptionnelle ! Que vous êtes prête à tout, y compris à de grands sacrifices pour arriver à vos fins, que votre besoin de liberté est chez vous une seconde nature, que vous êtes quelqu’un de sincère et de loyal et que votre soif de découverte vous pousse à toutes les aventures. »
  • « Et vous avez deviné tout ça rien qu’à la couleur de mon rouge à lèvres ? Bravo ! Sérieusement, il faut venir dans les bars quand on veut rencontrer des psys, chez vous ? »

Il eut un petit rire cynique, puis il me regarda du coin de l’œil en reposant son verre sur le comptoir. Mais comme il s’apprêtait à partir, il sortit ce qui semblait être une carte de visite qu’il me tendit.

  • « Tenez … Prenez cette carte et gardez-la toujours avec vous ! Et dans quelques jours, quelques semaines ou quelques mois, lorsque votre monde ne vous suffira plus, appelez-moi. »

J’allais lui dire de garder sa carte, que mon monde me convenait très bien mais déjà il tournait les talons. Et après avoir fait trois pas, il se retourna pour me saluer :

  • « À un de ces jours, jeune fille ! Et une dernière chose : vous ne portez pas de rouge à lèvres ! »

Sur quoi il reprit la direction de la porte et sortit, me laissant avec des interrogations auxquelles je n’étais pas certaine de vouloir apporter une réponse et sa carte sur laquelle ne figurait que son prénom ainsi qu’un numéro de portable. Tout en haussant les épaules, je jetai le morceau de papier au fond de mon sac et terminai mon café.

Il était presque 17 heures lorsque je rentrai à l’hôtel et Valmont, qui avait dû terminer ses rendez-vous plus tôt que prévu, m’attendait sur l’un des canapés. Lorsqu’il leva la tête de son ordinateur et me vit, un sourire illumina son visage.

  • « Je suis désolée … Ça fait longtemps que tu m’attends ? »
  • « Du tout ! Je viens juste d’arriver. Comment s’est passée ta journée ? »
  • « Très bien ! J’ai flâné dans les ruelles, puis j’ai été jusqu’au château. Je commence à connaître les alentours par cœur. »

Nous étions désormais suffisamment intimes pour nous tutoyer mais cependant, j’avais quelques scrupules à lui rapporter l’énigmatique conversation que j’avais eue dans le bar.

  • « Et toi ? Ta journée ? », demandai-je à mon tour.
  • « Des rendez-vous ennuyeux avec des gens ennuyeux ! Rien, en tous cas, qui mérite que je t’embête avec ça. Des envies pour ce soir ? »
  • « Des tas d’envies … Mais j’imagine que tu parlais plutôt du repas ? »,répondis-je avec un regard mutin.
  • « Oui … Et de la soirée ! Je ne sais pas si tu apprécies ce genre de chose mais j’ai pris la liberté de nous offrir deux billets pour Giselle, au Statni Opéra… »
  • « C’est une excellente idée ! Je n’ai jamais eu l’occasion de le voir dans un grand opéra. », dis-je radieuse.
  • « Ne me dis pas que tu apprécies la musique classique ??? »
  • « Pourquoi donc ? Pourquoi n’aurais-je pas le droit d’apprécier un ballet ? »
  • « Tout simplement parce que je ne connais pas dans mon entourage une seule personne de ton âge qui ait l’ombre d’un début d’intérêt pour ce genre de chose ! », répondit-il toujours sous l’effet de la surprise.
  • « Eh bien tu ne pourras plus dire ça, désormais ! Rock et classique se marient bien … »

Un taxi vint nous chercher au pied de l’hôtel et nous déposa non loin de l’opéra où, après une promenade dans les rues alentour, nous nous installâmes confortablement dans un restaurant à l’allure moins romantique que les précédents, mais beaucoup plus chic. Mais tandis que le serveur déposait les menus sur la table, Valmont tenta de satisfaire sa curiosité :

  • « Pardonne-moi d’insister avec ça, mais comment se fait-il que tu sois sensibilisée à ce genre de musique ? »
  • « Qu’est-ce qui te surprend le plus ? Que je sache que Giselle est un ballet composé par Adam et dont on pourrait résumer le livret par « l’amour plus fort que la mort » ? Ou bien que j’aime ce genre de musique ? »
  • « Je suis scotché ! Les deux questions m’intriguent à vrai dire. »,dit-il en me regardant de ses grands yeux étonnés.
  • « Ma mère était danseuse. Elle a fait une toute petite carrière. Pas comme danseuse étoile, évidemment … Dans le corps de ballet. Mais j’ai été bercé par le Lac des Cygnes, Casse-noisettes, Giselle … Bref ! Tous les plus célèbres ballets, et quelques moins célèbres aussi. »,finis-je par répondre.
  • « Je comprends … Et tu n’as jamais été tentée de marcher dans ses pas ? »
  • « Oh que non ! Le métier de danseuse demande bien trop de sacrifices et surtout, je n’avais pas le corps fait pour ça ! Et puis, j’entendais déjà toute la journée les reproches que mon père faisait à ma mère sur son métier qui pour lui n’en n’était pas un. Il n’aurait pas supporté, je crois. Déjà que même sans ça, il n’a pas supporté … »
  • « Que veux-tu dire ? », demanda Valmont en redevenant sérieux.
  • « Rien … Ce n’est pas très intéressant. », répondis-je en baissant les yeux.
  • « Bien sûr que si ! J’ai l’impression de te connaître et pourtant, je sais que c’est loin d’être le cas. », insista-t-il.
  • « Très bien … Un jour, mon père a fini par en avoir marre des tournées, de savoir ma mère dehors. Était-ce par jalousie ou parce que ça l’ennuyait de devoir rester seul avec nous, ma sœur, mon frère et moi ? Toujours est-il qu’après une dispute un peu plus violente que les autres, il a fait ses valises et il est parti. »
  • « Je suis désolé … »
  • « Du coup, ma mère ne pouvait plus s’absenter puisque ses enfants étaient là. Elle a donc mis sa carrière entre parenthèses. »

L’évocation de ces souvenirs depuis si longtemps enfouis réveilla en moi une vieille rancœur envers celui que je tenais pour responsable de la tristesse de ma mère qui avait dû tout abandonner pour s’occuper de nous. Et lorsque je terminai mon récit, mon regard était suffisamment humide pour que Valmont prenne mes mains dans les siennes en essayant de me consoler.

  • « Je ne sais pas quoi dire … Tu es sûre qu’aller voir un ballet ne va pas réveiller de trop mauvais souvenirs ? », s’excusa-t-il presque.
  • « Non, vraiment pas. Et puis tu sais, je me rends compte que tu es la première personne, à part Valérie, à qui je parle de tout ça. Je crois que ça me fait du bien, finalement ! »
  • « Bon … Et Valérie, puisque tu en parles … Pas de nouvelles ? »
  • « Là encore, c’est une très longue histoire ! Une histoire sans aucun intérêt … », répondis-je en retrouvant ma bonne humeur.
  • « D’accord. Dans ce cas, je te conseille d’essayer leurs veprovy rizek. Elles sont fabuleuses ! », dit-il en plongeant son nez dans la carte.
  • « Qu’est-ce que c’est encore que ce nom à coucher dehors ? Il n’y a pas de carte en français ? », m’esclaffai-je en plaisantant.
  • « Fais-moi confiance ! Ce sont d’excellentes escalopes de porc panées. Une spécialité tchèque ! », me traduit-il en riant.

Suivant ses conseils, je me régalai de ces « machins-choses », effectivement succulentes, puis après un copieux dessert, nous prîmes la direction de l’Opéra. C’était un bâtiment imposant et majestueux, dont le fronton à double étage de colonnes accentuait l’impression de grandeur. Au rez-de-chaussée, la volée de marches donnait sur trois doubles portes plein cintre qui permettaient d’accéder dans un grand hall que l’on aurait cru fait de sucre d’orge et de crème chantilly. Mais c’est lorsque je découvris la vue depuis la loge que Valmont avait réservée que mes yeux s’embuèrent d’émotion devant le spectacle qu’ils contemplaient. Tout autour de l’immense salle, des loges au fond bordeaux se découpaient derrière des balcons aux ors éclatants. Entre chacune d’elle brillait une petite lampe, ce qui donnait à l’ensemble l’éclat d’un diamant aux mille facettes. Au centre de cet écrin de lumière, un lustre monumental descendait du plafond dont les bleus pastel étaient découpés par des arabesques en or. J’avais déjà été dans des opéras à l’époque où ma mère dansait encore. Mais aucun de ces lieux ne pouvait rivaliser, ni même se comparer à celui-ci. Je n’avais jamais été à Milan ou à Venise mais j’imaginais que quiconque découvrant pour la première fois La Scala ou La Fenice devait ressentir la même émotion que celle qui emplissait ma poitrine en cet instant.

  • « Est-ce que tout va bien ? », demanda Valmont qui à force de côtoyer l’exceptionnel semblait ne plus s’émouvoir de rien.
  • « Ça va … Merci mille fois de m’avoir amenée ici. »,répondis-je en lui prenant la main.

Pour toute réponse, il se contenta de me sourire. Un sourire sincère, débarrassé de la condescendance qu’il aurait pu avoir pour cette petite fille qui n’avait jamais rien vu de sa vie.

La sièges continuèrent à se remplir peu à peu jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un de libre. L’orchestre s’accorda et enfin les premières notes de l’ouverture montèrent de la fosse jusqu’au plus haut de la salle, avant de redescendre déposer au creux de nos oreilles l’éclat inaltéré des premières notes. Puis le rideau s’ouvrit sur un décor de toute beauté, champêtre à souhait, dans lequel Albrecht effectua son entrée, suivi des vendangeurs.

La mise en scène ultra-romantique, associée à la musique presque « viennoise » du compositeur français, donnait à l’ensemble un air résolument kitch mais que la virtuosité des danseurs parvenait à magnifier. Puis ce fut l’entrée de Giselle, sublime de grâce et d’innocence, virevoltant comme en apesanteur au milieu de la scène dans des pas d’une haute virtuosité, mais que son aisance faisait paraître facile. Bien évidemment, je ne pouvais m’empêcher de penser à ma mère … Giselle était son ballet préféré car les nombreux tableaux de duos ou de trios présents au livret lui avaient parfois permis d’occuper le devant de la scène. Ainsi, l’espace de quelques secondes, elle avait pu s’imaginer sujet ou coryphée, avant de retourner se fondre dans le corps de ballet. Alors, je me disais qu’elle aurait pu être là, parmi la foule de danseurs anonymes dont la présence pourtant indispensable ne faisait que renforcer l’éclat de l’étoile.

Après l’entracte au cours duquel j’expliquai à un Valmont impressionné toute la subtilité de la chorégraphie de Petipa, le rideau découvrit le décor fantasmagorique du deuxième acte au milieu duquel les Willis, ces femmes défuntes la veille de leurs noces, allaient faire de Giselle l’une d’entre elles. Personnellement, je préférais la relative noirceur de ce deuxième acte à la légèreté parfois trop appuyée du premier et je versai même une petite larme d’émotion lors de ma scène préférée, lorsque Giselle sauve Albrecht de la mort en dansant avec lui dans un tableau ou chaque porté est une évocation de l’amour dans son sens le plus noble.

Lorsqu’après les saluts, le rideau retomba définitivement sur la scène, il me fallut quelques minutes pour retrouver tout à fait mes esprits, après cette furtive incursion dans ce milieu qui avait entouré mon enfance de son halo de mystère, de rêves, d’espoirs et de chagrin. Je me préparais à redescendre afin d’attendre notre taxi mais Valmont avait manifestement autre chose en tête.

  • « Le spectacle n’est pas fini ! Viens, nous sommes attendus … »,dit-il énigmatique.

Je le suivis sans comprendre jusqu’au grand salon de l’étage ou quelques personnes étaient déjà présentes, dissertant sur ce qu’ils venaient de voir, une coupe de champagne à la main. Puis, dans le fond de la salle, une double porte s’ouvrit et apparurent les principaux danseurs que j’avais vus évoluer sur scène quelques minutes plus tôt, avec au premier rang d’entre eux, les deux danseurs étoiles qui avaient donné vie à Giselle et Albrecht.

  • « Ce n’est pas possible… », murmurai-je tandis que Valmont, le plus naturellement du monde, s’avançait vers eux.
  • « Nikola, vous êtes resplendissante ! Permettez-moi de vous présenter Roxanne, qui a particulièrement apprécié votre prestation et dont la mère était danseuse … », dit-elle en anglais à la danseuse.

Nikola Marova. Giselle. La nymphe qui avait enchanté le ballet de son talent serra ma main moite dans un sourire franc et sincère.

  • « Une modeste danseuse qui m’a donné la chance de pouvoir apprécier votre art … », tentai-je de corriger dans un anglais approximatif.
  • « Enchantée de vous connaître. Merci beaucoup pour vos compliments … »
  • « Je connais Nikola depuis sa sortie du conservatoire. Son père et moi avons longtemps fait affaire ensemble. Comment va-t-il à propos ? »,précisa Valmont toujours dans la langue de Shakespeare.

Je n’écoutais même plus, me contentant de regarder cette grande et belle jeune femme qui portait avec grâce le poids de son succès. Nous saluâmes également les autres danseurs que nous présenta tour à tour Nikola, sous les regards envieux des autres privilégiés qui avaient eu accès au salon puis nous prîmes congé, après une dernière coupe de champagne.

  • « Qui donc connais-tu d’autre ? Le président ? Le Pape ? Si tu connais personnellement Bruce Springsteen je t’épouse sur le champ ! »,m’exclamai-je en montant dans le taxi.
  • « Je n’ai pas cet honneur ! Malheureusement du coup … Mon métier m’amène simplement à rencontrer beaucoup de monde. »,reprit-il en riant à ma vanne.
  • « Et du beau monde ! », pris-je soin d’ajouter, toujours sous le charme des instants que je venais de vivre.
  • « À vrai dire, je connais énormément de gens très communs et bien peu de personnes exceptionnelles. Dont tu fais partie ! »
  • « Flatteur ! Tu ne m’auras pas comme ça ! », plaisantai-je en lui donnant une tape sur le bras.
  • « Et comment t’aurai-je, dis-moi ? »

Était-ce la situation, les émotions que je venais de vivre ou alors, bien que je m’en défendisse, mon attrait pour cet homme puissant auquel rien ne résistait ? Toujours est-il que soudainement, je ressentis l’envie, le besoin même, qu’il me fasse l’amour non pas tendrement comme hier soir, mais d’une façon plus virile, presque bestiale.

  • « Tu ne m’auras pas. Si tu me veux il va falloir me prendre … »,murmurai-je à son oreille.

Arrivés dans la chambre, il referma la porte derrière lui et lentement, tout en le toisant d’un regard de défi, je reculai jusqu’à la fenêtre. Lorsque j’en sentis le rebord derrière moi, je laissai tomber ma robe sur le sol, puis ôtai ma culotte tandis qu’il avançait dans ma direction. Avec des gestes lents mais fermes, il me souleva et je me retrouvai assise sur le rebord, le dos contre la vitre, offerte à lui. Il baissa alors son pantalon, puis son caleçon et sans jamais cesser de me regarder, il vint se planter en moi d’une façon telle que j’eus l’impression que je ne pouvais échapper à son joug, ce qui ne fit qu’augmenter mon plaisir. Alors, le temps s’arrêta. L’espace d’une seconde figée pour l’éternité, nos regards, nos souffles et nos corps se mélangèrent dans un seul et même orgasme qui nous emporta dans une danse frénétique rythmée par les coups de sa queue au fond de mon ventre. Du moindre de nos pores, transpirait la violence de cette passion qui, telle une tempête d’équinoxe, noya ma rose bourgeonnante sous un orage de foutre.

Longtemps après avoir joui, il resta en moi, se vautrant dans ma chaleur, ses mains tenant toujours fermement mes hanches et sa tête posée contre la mienne. Puis il finit par se retirer et contempla son œuvre. Mon corps moite et tiède aux muscles fatigués, les jambes pendantes avec en haut de mes cuisses les stigmates brûlants de nos plaisirs mélangés. Il se dirigea vers la table, versa du champagne dans les coupes et m’invita à le rejoindre. Affalés dans les fauteuils, sans dire un seul mot, nous vidâmes lentement nos verres en recouvrant peu à peu nos forces. Ensuite, parce que cette nuit était particulière sans que l’on sache réellement pourquoi, parce que nous nous sentions comme touchés par la grâce sans pour autant maîtriser quoi que ce soit, et parce que notre soif semblait inextinguible, nos corps furent à nouveau attirés l’un vers l’autre.

La bouteille de champagne à la main, Valmont me poussa vers le lit et m’y allongea, avant de verser sur ma poitrine quelques gouttes du précieux nectar. La fraîcheur du liquide me fit frissonner mais déjà sa langue réchauffait ma peau en parcourant mes seins, avant de descendre jusqu’à mon ventre. Il s’allongea ensuite sur moi en laissant son corps peser sur le mien de tout son poids et en me recouvrant totalement. Puis, à peine ouvrai-je les cuisses que je sentis son sexe venir se lover dans mon fourreau. Enserrée par ses bras, prise à son piège, je subis avec délice un nouvel assaut, profitant des moindres caresses que son désir me procurait. Les mouvements d’abord amples et longs s’intensifièrent et se durcirent. Ronronnant comme une chatte, je me délectai de cette douce violence qui s’abattait dans mon ventre en augmentant à chaque coup. Parcourant mon corps comme une décharge électrique, la douleur se transformait en plaisir en atteignant ma gorge d’où sortaient des gémissements de bonheur. C’est alors qu’au bout de son divin supplice, par-delà les limites vers lesquelles il avait repoussé sa jouissance, il vint mourir au plus profond de mon être en y déversant toute sa joie.

Nous aurions pu nous endormir ainsi, l’un dans l’autre, mais c’était trop tôt. Bien trop tôt. Toute la nuit, et même après les premières lueurs du jour, nous dansâmes tels deux derviches, nos esprits éteints par la fatigue, nos âmes perdues dans les abîmes de cette nuit d’ivresse et nos corps en transe, emportés par la folie de cet amour charnel qui nous faisait mourir et renaître à l’envie.

Le lendemain matin, tandis que Valmont terminait son petit déjeuner, je regardais par la fenêtre la brume d’hiver, cotonneuse, descendre sur les toits de Prague et je me demandai ce que cette nuit, ce que ce voyage allait changer dans ma vie. Je savais que dans quelques jours, lorsque l’avion me ramènerait vers mon quotidien, je ne serais plus la même. Car Valmont ne m’avait pas seulement montré Prague. Il m’avait appris à croire que l’horizon n’est pas inaccessible. Et une certitude, hier encore vague, prit soudain corps dans mon esprit. Mon existence telle que j’allais la retrouver ne me suffisait plus ! Je voulais plus !

Il y a deux choses terribles dans la vie ; ne pas obtenir ce que l’on souhaite, et l’obtenir. Passer une vie à courir après un rêve, ou s’être délecté du succès jusqu’à n’en avoir plus soif. Car au fond, ce qui compte vraiment, ce n’est pas la destination. C’est le voyage. Peu importe l’endroit où je voulais aller et les choses que je voulais accomplir. L’important se trouvait quelque part sur les chemins que j’emprunterais pour y arriver. Le 1830, X’Trem Prod ; tout ça n’était que les malencontreuses, mais nécessaires péripéties qui avaient permis à ma vie de sortir de son triste quotidien. Désormais, je voulais vivre des choses intenses, extraordinaires, prendre des risques, me tromper, apprendre, recommencer, réussir ! Et, un jour, revenir à Prague …

Dans l’avion qui me ramenait chez moi, je rapportais, outre quelques cadeaux pour les copines du club, une force nouvelle, née de cette ambition qui me poussait au ventre, nourrie par le souvenir de ces jours et de ces nuits qui resteraient gravés en moi comme un tatouage indélébile. Je rapportais aussi la conviction forte, inébranlable, que les personnes qui m’avaient entourée jusqu’alors allaient disparaître de ma vie, tels des fantômes évaporés par le même puissant exorcisme qui avait chassé hors de moi les scrupules et les doutes qui m’avaient habitée jusque-là. Je rapportais enfin la petite carte laissée par cet étrange individu rencontré au Propaganda. Que faire ? Appeler, ne pas appeler ?

En y réfléchissant bien, il y avait toutes les chances pour que type soit un proxénète qui avait l’intention de me faire arpenter les trottoirs de Vilnius ou Riga et pourtant, j’avais l’intime conviction qu’il s’agissait de bien autre chose … Mais était-ce une intuition ou un espoir ? Durant les jours qui avaient suivi cette entrevue, j’avais eu l’impression d’être suivie, épiée, que ce soit dans les restaurants où nous déjeunions avec Valmont, ou encore lors de notre visite du château. J’avais éprouvé le sentiment étrange que des ombres suivaient la mienne et que leur regard se posait sur moi. Peut-être était-ce le fruit de mon imagination, ou peut-être était-ce autre chose …

Pendant les deux semaines qui suivirent mon retour, je repris mon travail au 1830, d’où Valérie était partie sans laisser d’adresse. Durant cette période, je me contentai de tenir compagnie aux clients en restant au bar. Je ne retournai pas non plus dans les studios d’X’Trem Productions, pas plus que je ne revis Alex. Et un soir, un soir semblable à tant d’autres, où le coton douillet d’un profond ennui tentait de m’envelopper, je sortis la carte du fond de mon sac et composai le fameux numéro.

  • « Bonjour Roxanne ! »

Cette voix ! Cela ne pouvait pas être vrai ! Et pourtant …

  • « Valmont ? »,répondis-je interloquée.
  • « Tu as reconnu ma voix, je te félicite ! »
  • « Qu’est-ce que ça signifie ? »
  • « Mets quelques affaires dans un sac à dos et sois devant chez toi dans trente minutes. Je t’envoie chercher. »
  • « Mais … ? »
  • « Tu te tais ! », dit-il sur un ton des plus autoritaires.

Je restai sans réaction jusqu’à ce que mon interlocuteur rompe le blanc qui s’était créé.

  • « Tu as une demi-heure pour réfléchir au sens que tu veux donner à ta vie. C’est ta seule chance de franchir ce pas qui, inconsciemment, t’attire au plus haut point. Sois tu n’es pas au rendez-vous et tu n’entendras plus jamais parler de moi, sois tu es là et la prochaine fois que tu me verras tu devras m’appeler Maître … »

Il avait raccroché brutalement … Tout en préparant machinalement quelques affaires, je cherchais une explication rationnelle à cette situation invraisemblable. Pourquoi tout ce manège ? Qui était ce type dans le bar ? Autant de questions qui se bousculaient dans ma tête et auxquelles j’étais incapable de trouver une réponse. Pourtant l’horloge tournait à toute vitesse, comme mes pensées. Vingt-cinq minutes s’étaient déjà écoulées depuis que mon « ancien » amant avait raccroché. Sans que je m’en rende compte mes yeux s’embrumèrent et des larmes se mirent à couler sur mes joues. Je jetai un coup d’œil circulaire à mon univers, puis à mon sac, avant de fixer la porte de ma chambre. Tout ce résumait en fait à une seule question à laquelle je devais répondre dans l’instant : m’appartenir ou ne plus m’appartenir ?

FIN  


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 02:05

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Alors qu’il était déjà rhabillé et assis derrière son bureau, je commençais à peine à recouvrer mes esprits et à rassembler mes affaires. Il ne me proposa même pas un une serviette ou un simple mouchoir pour essuyer le sperme qui coulait entre mes fesses. Je dus alors me résoudre à me rhabiller ainsi, le corps humide de transpiration et le cul maculé dégoulinant de foutre.

  • « C’était vraiment super ! Tu as été parfaite ! »,s’extasia-t-il.

Toujours occupée à remettre mes vêtements, je ne répondis pas.

  • « Si tu es toujours d’accord, demain, j’ai un tournage et il me manque une fille. Mais attention … Ça sera très hard. Grosse séance, gros cachet ! »

Encore une fois, j’étais prise entre le feu et la glace. J’étais absolument prête à tout et n’importe quoi pour mettre le plan que j’avais échaudé à exécution. Pourtant, la douloureuse expérience que je venais de vivre avait de quoi me refroidir. 

  • « Est-ce que je peux en savoir un peu plus sur ce tournage ? »,demandai-je malgré tout curieuse.
  • « Deux mille euros, ça te dit ? »
  • « Deux mille ?!? Vous m’aviez dit jusqu’à mille. Qu’est-ce que je dois faire pour ça ?!? », m’exclamai-je.
  • « Je vais être d’une grande franchise avec toi pour que tu ne t’engages pas à la légère. Pour ce tarif, tu vas servir de vide-couilles à six mecs, sachant qu’il y aura également une autre nana avec qui tu devras baiser. À toi de voir … » 

Au moins, c’était dit sans ambages. Je savais par avance que j’allais le regretter mais l’occasion était trop belle. 

  • « J’accepte. Par contre, pourrai-je avoir un DVD du tournage ? »,finis-je par dire.
  • « Oh, tu veux te faire un book ? Pas de problème ! C’est du tourné-monté de toute façon. Donc tu l’auras le soir même. Sans les titres ni la musique et avec un copyright dessus, bien évidemment. »
  • « Bien sûr ! »
  • « Parfait ! On va maintenant rédiger le contrat. Pour la séance d’aujourd’hui et celle de demain. »
  • « Celle d’aujourd’hui ? », demandai-je surprise.
  • « Sauf si tu ne veux pas qu’elle soit diffusée, auquel cas elle ne sortira jamais d’ici. Mais bien sûr, tu ne seras pas payée. »
  • « Ah parce que … »
  • « Ben évidemment ! On utilise ton image donc tu es payée. Que ce soit un casting ne change rien. On a même un site spécialisé qui achète tous nos essais ! »
  • « D’accord ! Ok pour aujourd’hui aussi. Et combien j’ai gagné ? »,répondis-je en retrouvant un semblant de sourire.
  • « Quatre cents. Exceptionnellement, je peux te les donner en liquide, mais je dois les déclarer et on est hyper contrôlés. Donc, fais gaffe de pas les oublier sur ta déclaration d’impôts. » 

Tout en rédigeant mon contrat, il m’expliqua la procédure à suivre pour m’inscrire en tant qu’intermittente du spectacle, ce qui me fit sourire tant j’avais du mal à considérer ce que je venais de faire comme de l’art. Toujours est-il qu’après avoir signé mon contrat et empoché mon premier cachet, je sortis des studios avec le cul souillé et endolori, mais avec les poches un peu moins vides qu’à mon arrivée, ce qui me donna malgré tout un peu de baume au cœur.

La première chose que je fis en rentrant dans ma chambre fut de prendre une longue et salvatrice douche. De nombreuses minutes durant, je restai ainsi sous le jet brûlant, comme si l’eau qui coulait sur mon corps pouvait également laver toute cette crasse qui s’accumulait depuis deux semaines dans mon cerveau malade. Cela ne m’avait même pas choquée ni même effrayée. Tout au plus avais-je la crainte d’avoir mal, ce qui de toute façon serait passager. Pire, rétrospectivement, le fait de me voir baisée de la pire des façons, ainsi que j’avais été baisée tout à l’heure, provoqua entre mes jambes une pointe d’excitation. Oui, sans doute étais-je malade … Mais une malade heureuse de l’être !

Après le repas, la soirée commença de manière semblable à toutes les autres. Annabelle me salua d’un sourire, Valérie ne m’adressa pas la parole et une heure durant, nous nous ennuyâmes ferme sur nos tabourets. Jusqu’au premier client qui jeta son dévolu sur Val et l’entraîna immédiatement vers les alcôves. Je m’aperçus alors que j’étais jalouse. Sans doute était-elle plus jolie, mais j’étais persuadée d’être une hôtesse beaucoup plus accueillante qu’elle, surtout après deux semaines de dévergondage intensif. Aussi, lorsqu’un deuxième homme fit son entrée, je me jetai littéralement sur lui. L’avais-je effrayé ? Toujours est-il que nous restâmes au bar et que je dus me résoudre à écouter ses malheurs plus d’une heure durant. Et lorsqu’il partit, j’étais non seulement jalouse, mais énervée !

  • « Pas trop difficile de tenir la chandelle au bar ? »

Valérie venait de raccompagner son client et en avait profité pour jeter son fiel au creux de mon oreille. Je n’eus pas la répartie suffisamment prompte, mais j’avais bien l’intention de lui répondre à ma manière un jour ou l’autre.

Après la fermeture, je remontai immédiatement dans ma chambre. Je n’avais nulle envie d’écouter Val se repaître de ses exploits et je devais également calmer mes nerfs au prix d’un sommeil bien mérité.

Le lendemain matin, je me réveillai fraîche et dispo pour affronter la journée qui m’attendait. J’avais rendez-vous à 14 heures pour le tournage, soit tout le temps nécessaire pour aller prendre mon habituel petit-déjeuner sur les quais. Même une rencontre avec Valérie dans l’escalier ne parvint pas à doucher mon enthousiasme.

  • « Salut ! Tu ne t’es pas trop ennuyée, hier soir ? Moi, j’avoue que je me suis bien amusée ! »
  • « Ravie que tu aies appris à te servir de ton cul sans venir te plaindre après ! Bonne journée ! », lançai-je à la volée tout en descendant les marches quatre à quatre.

Même l’irrésistible envie de voir sa tête à l’évocation de ses interminables soirées à me raconter ses amours perdus ne me fit pas me retourner. J’étais bien trop enthousiaste à l’idée de profiter des premiers rayons de ce soleil d’automne pour perdre un temps précieux en palabres inutiles. Et après quelques minutes à marcher d’un bon pas, j’étais tranquillement assise à ma place habituelle. 

  • « Comment allez-vous, aujourd’hui ? », me lança le serveur qui depuis une semaine m’avait vu débarquer dans son café dans tous les états possibles et imaginables.
  • « Très bien ! Et vous ? », répondis-je d’un ton particulièrement enjoué.
  • « Très bien depuis que vous êtes là ! Chaque jour, vous êtes mon premier rayon de soleil ! », dit-il en riant.
  • « Comment ça le premier ? Il y en a d’autres ? »,plaisantai-je.
  • « Oh … Jalouse à ce que je vois ! »
  • « Que voulez-vous ? J’aime être le centre du monde ! » 

Le pire est que je savais que c’était vrai ! Bien sûr, c’était dit sur le ton de la plaisanterie mais soudain, je me rendis compte qu’au fond de moi, j’avais besoin d’être désirée. Besoin d’être aimée, peu importe pour quels motifs. Je ne supportais pas de voir Valérie me voler la vedette et pas davantage le fait qu’une autre puisse donner à un homme davantage de plaisir que moi. C’était sans doute ça qui m’avait fait aller aussi loin à chacune de mes rencontres. Cela qui allait faire que dans quelques heures, j’allais accepter des choses que bien peu d’autres filles auraient acceptées. Subitement, j’avais besoin d’exister. D’exister et de plaire quel qu’en soit le prix.

Après un repas durant lequel je sentis un stress monter doucement dans mon ventre, je me présentai au studio à l’heure convenue. Immédiatement, je fus conduite dans une grande salle de bain où déjà trois hommes et une femme étaient en train de prendre une douche. Suivant les consignes, je me déshabillai et allai les rejoindre. Timidement, je me présentai à eux. La fille, une fausse blonde longiligne aux antipodes de ce qu’on imagine d’une star du X, s’appelait Lucie. Il y avait également Pascal et Stéphane, au genre surfeurs australiens, ainsi qu’un black nommé Vince. Tous trois, contrairement à la fille, avaient le look, et les attributs, de hardeurs patentés.

C’était une ambiance étrange. L’instant d’avant, nous ne nous connaissions pas et pourtant, nous étions nus sous la douche, à échanger nos prénoms. Je remarquai également que malgré la nudité, aucun des trois sexes présents n’étaient en érection. Pouvaient-ils bander sur commande en l’absence du moindre désir ? Ou bien le corps d’une femme ne leur faisait-il plus aucun effet à force d’en voir à longueur de journée ? Une fois nos ablutions terminées, nous sortîmes de la salle de bain et une femme nous distribua des tenues. Rudimentaires, les tenues … Pour ma part, j’héritais d’un short et d’une brassière tandis que Lucie revêtait une robe rouge en skaï. Après tout, nous n’étions pas là pour un défilé de mode. Nous entrâmes ensuite dans le studio proprement dit. Là aussi, accessoires et meubles se résumaient à peu de choses, juste un grand lit et quelques coussins. Pendant que deux techniciens s’affairaient derrière une caméra, la femme qui nous avait donné les habits me présenta à Steve et Christophe, un autre black à la musculature impressionnante et un petit rouquin trapu avec les cheveux coupés très courts.

  • « Bonjour à tous ! On va commencer, donc je vous demande quelques secondes d’attention pour le briefing. »

Stéphane venait de faire son entrée dans la pièce. À en juger par son ton directif et autoritaire, ce devait être lui qui allait diriger les opérations. 

  • « C’est ta première fois ? », me demanda Lucie en chuchotant.
  • « Ça se voit tant que ça ? »
  • « Un peu, mais c’est pas le problème. Si j’étais toi, je me détendrais un peu avant d’y aller ! » 

Elle avait dans sa main quelques comprimés qu’elle me proposa.

  • « Qu’est-ce que c’est ? De la drogue ? », demandai-je sur la défensive.
  • « Pas du tout ! Après, pendant une heure, tu es détendue, donc tu as moins mal. Et tu traverses la séance avec l’impression de rêver … »

Elle mit deux comprimés dans sa bouche et les avala en balançant sa tête en arrière, puis elle tendit sa main vers moi.

  • « Tiens ! Tu verras, tu me remercieras ! »

Bon gré mal gré, je pris les deux comprimés et les avalai à mon tour. Stéphane avait terminé de briefer les garçons et s’adressait maintenant à nous : 

  • « Bon, Lucie et Roxanne, vous allez commencer à vous amuser toutes les deux quelques minutes. Ensuite les gars vous rejoignent et c’est parti. Je veux toujours voir au moins deux mecs sur une fille. Pour le final, c’est dans la chatte ou dans le cul. Et une dernière chose, c’est du hard, pas une nuit de noce ! Alors je veux de la sueur, des insultes et des cris ! En place ! »

Au moins, ça avait le mérite d’être clair. Lucie et moi prîmes donc place au centre de l’immense lit rose bonbon et commençâmes à nous embrasser tout en nous caressant. Ma partenaire semblait être une habituée de la chose. Ses doigts agiles parcouraient mon corps en tous sens en s’arrêtant de plus en plus fréquemment entre mes jambes. Alors, tandis que nous étions en train de nous rouler de bonnes grosses pelles, Lucie écarta mon short et y glissa ses doigts, avant de me pénétrer avec son majeur. Je me sentais de plus en plus détendue. Je voulais espérer que ces cachets étaient anodins, mais mon esprit n’arrivait plus à organiser une pensée cohérente. Très vite, j’eus la sensation de perdre tout contrôle et toute volonté, puis mon cerveau ne capta plus que quelques images de visages d’hommes se penchant sur moi, puis s’éloignant, puis se rapprochant. Puis … Lorsque je repris peu à peu mes esprits, de l’eau coulait sur mon visage. Pensant que je m’étais évanouie, il aurait été raisonnable d’imaginer que j’étais allongée sur le sol. Pourtant, j’étais debout sous la douche. Personne ne me tenait et ces deux mains qui savonnaient mon corps étaient bien les miennes !

C’était une sensation vraiment étrange et lorsqu’elle se dissipa tout à fait, je compris ce qu’avait voulu dire Lucie tout à l’heure. Alors que je ne sentais rien deux minutes auparavant, une douleur sourde monta progressivement de mon ventre et de mon sphincter et, lorsqu’instinctivement je glissai les doigts dans la raie de mes fesses, j’eus la sensation que mon anus était largement dilaté, presque béant. Si j’ajoutais la vision du liquide blanchâtre qui coulait entre mes cuisses et le goût de sperme persistant dans ma bouche, je sus dès lors que je venais de me faire littéralement démonter avec une rare violence de toutes les façons possibles et imaginables.

Une fois la douche terminée, ayant récupéré la quasi-totalité de mes facultés, je m’arrêtai au bureau de Stéphane afin de percevoir mon chèque et récupérer le DVD. Pendant que l’ordinateur se chargeait de le graver, il tenta de me convaincre de revenir dès lundi mais je fus inflexible.

  • « Je dois m’absenter une petite semaine. Mais je vous appellerai à mon retour. », promis-je.

Sur le chemin me ramenant à mes pénates, j’appréhendais le visionnage de mon film. L’espace d’un instant, l’idée de ne pas le regarder m’effleura l’esprit mais j’étais bien trop curieuse … Et anxieuse aussi de découvrir ce que l’on m’avait fait. En arrivant dans le centre-ville, je déposai le chèque dans la boîte aux lettres de ma banque, ce qui allait certainement ravir mon conseiller vu que j’étais à découvert depuis plus de deux mois. Comble du bonheur, ma carte bancaire serait probablement débloquée dès lundi. Matériellement du moins, j’avais enfin la sensation de reprendre le dessus. Quant au reste … Contrairement à la quasi-totalité des membres de ma famille et envers et contre l’éducation que j’avais reçue, je n’étais pas croyante. Ma sœur et moi étions les vilains petits canards athées. Je n’avais donc que faire du salut de mon âme. Est-ce que je me dégoûtais ? Sans doute. Pouvais-je vivre avec ? Assurément.

De retour dans ma chambre, je posai mes affaires et débarquai immédiatement chez Annabelle afin de lui emprunter son petit lecteur DVD portable, prétextant vouloir regarder des photos qu’une amie venait de m’envoyer. Elle accepta sans même y prêter attention et cinq minutes plus tard, j’étais allongée sur mon lit, les yeux rivés sur le petit écran qui commençait à diffuser les premières images de ma carrière d’actrice.

Passant rapidement sur la première scène dont j’avais quelques souvenirs, j’arrivai bientôt au moment où je ne maîtrisais plus rien. Je me vis allongée sur le dos, Lucie se masturbant contre mon visage. Puis, après quelques minutes de ce petit jeu, les garçons entrèrent dans la danse. L’un d’eux m’écarta violemment les cuisses et y planta sa bite, brutalement, profondément, sans le moindre préliminaire, avant d’entamer de rapides va-et-vient. Stéphane avait dû être content puisque je criais ! Était-ce à cause de la douleur, par comédie ? J’étais à peu près certaine de connaître la réponse, vu la petite gêne que je ressentais encore plusieurs heures après. Ensuite, je vis Lucie libérer ma bouche pour aller s’occuper des verges qui se présentaient, ce qui permit à Vince d’y enfoncer sa queue. Encore une fois, cela tenait davantage de la pénétration buccale que de la fellation puisque c’est lui qui faisait aller et venir son membre dans ma bouche. Peu après, la Roxanne dans l’écran se retourna et je me retrouvai alors à quatre pattes à côté de Lucie. Le petit rouquin prit place derrière moi et l’instant d’après, ce fut un autre. Même la caméra semblait avoir renoncé à connaître l’identité de la bite qui me fourrait puisqu’elle s’attardait longuement sur le gros plan de ma chatte perforée successivement par les différentes queues qui se promenaient entre Lucie et moi. De temps en temps, la caméra montrait nos visages, la bouche déformée par les chibres qui se vautraient à l’intérieur. Ce fut ainsi durant plusieurs minutes, jusqu’à ce que la caméra montre un filet de salive couler sur mon anus. Je vis ensuite une queue se présenter contre ma rondelle avant de la déchirer violemment tandis que je me tordais de douleur dans un hurlement strident.

  • « Mmmhhh … Ça te plait de te faire défoncer le cul, hein, sale petite pute ! »

Figée devant cet écran qui faisait défiler ce qui allait probablement rester comme l’épisode le plus humiliant de ma vie, je me regardais sombrer dans la perversité la plus extrême sans rien pouvoir faire pour altérer le cours des choses. La seule petite satisfaction que je pouvais ressentir à ce moment était de ne pas éprouver la douleur que la Roxanne du film semblait endurer. Le fait de ne même pas m’en souvenir donnait à ces scènes un côté irréel. Pourtant, l’état de mon postérieur ne laissait planer aucun doute sur ce sujet.

Sur l’écran, le rouquin semblait prendre un plaisir non dissimulé à me voir souffrir. Au lieu de faire de petits allers-retours, il ressortait intégralement avant de me sodomiser encore plus violemment. Nouvelle douleur et nouvelle gerbe d’insultes :

  • « C’est ça ! Crie, salope ! »

Régulièrement, la caméra revenait en gros plan sur mon visage afin de capter ces sexes qui défilaient dans ma bouche. Cela dura quelques minutes, puis je me vis changer de posture afin de faciliter les pénétrations multiples que je m’attendais à voir arriver à la prochaine scène. C’est ainsi que je me retrouvai coincée entre Steve qui prit la place du rouquin, et Christophe qui vint me planter sa bite dans le con. La caméra s’attarda également sur Lucie qui subissait à peu près la même chose juste à côté de moi, avec en plus le rouquin qui lui fourrait sa queue au fond de la gorge, puis qui après quelques secondes vint la mettre dans la mienne. C’était une drôle de sensation de me voir prise de toutes parts, soumise à ces hommes, soumise aux caméras, soumise aux événements et aux désirs des autres comme une vulgaire poupée gonflable sur laquelle on se défoule. Régulièrement, les partenaires changeaient comme on change d’atelier dans une usine. Les temps modernes à la mode porno, mais sans clown à la petite moustache pour nous faire rire. Juste la représentation perverse de la domination de l’homme à l’usage de ceux que la vision d’une femme souillée et soumise excite.

Le manège s’éternisa encore un peu, puis un nouveau tableau qui allait s’avérer être le final commença. Allongée sur le dos, je vis Lucie enjamber mon visage et poser son sexe contre ma bouche. Gros plan sur Vince se plaçant derrière elle et commençant à l’enculer alors qu’une autre queue m’envahissait. Régulièrement, Vince sortait du fion de Lucie pour venir dans ma bouche tandis que les autres mecs me prenaient à tour de rôle. Un premier larron me déchargea dans a chatte. Aussitôt, un autre prit sa place et quelques secondes après, se vida les burnes en achevant de me remplir de sperme. Le troisième décida quant à lui de s’occuper de mon cul et y enfonça violemment sa queue avant de commencer une série de va-et-vient dont l’intensité croissante semblait annoncer une éjaculation proche. Dans le même temps, Vince était en train d’exploser dans les entrailles de Lucie et, aussitôt, le rouquin prit sa place. Quelques secondes plus tard, il macula le petit trou d’un premier jet de sperme avant d’y rentrer pour se finir à l’intérieur. Bien évidemment, il n’allait pas s’en aller sans une dernière fellation et je dus faire un effort insurmontable pour ne pas vomir lorsque je vis sa queue ainsi souillée pénétrer dans ma bouche. Pour autant, je n’étais pas au bout de mes peines ! La caméra montra Lucie expulsant dans ma bouche le foutre qui dégoulinait abondamment de ses fesses, avant de venir partager son offrande en me roulant un patin. Ensuite, tout le monde se dirigea vers la salle de bain et, alors que je pensais que c’était terminé, la caméra suivit le mouvement. J’allais bientôt comprendre pourquoi …

On nous fit asseoir à même le sol, Lucie et moi, dans un coin de la douche et les hommes commencèrent à nous pisser dessus. Certains visèrent la poitrine, d’autres la bouche que je semblais parvenir à garder fermée. Et une petite minute plus tard, nous avions le corps et le visage couverts d’urine. Je m’étais souvent demandé, les jours précédents, jusqu’où je pourrais aller dans ma descente vers les abîmes de la dépravation. Après ce que je venais de voir, je crois pouvoir dire que je n’avais finalement aucune limite. Certes, les cachets que m’avait donnés Lucie m’avaient empêché d’essayer de me soustraire à ces humiliations, mais même dans mon état normal, aurais-je seulement protesté ? J’avais appris à connaître la Roxanne que j’étais devenue et je savais que même en pleine possession de mes moyens, le scénario du film n’aurait pas varié d’un iota. Voilà une semaine que j’étais prête à tout, tout le temps et avec n’importe qui ! Alors à quoi bon se voiler la face …

Après avoir servi de chiottes, une fois que tous les autres eurent commencé à prendre leur douche, une vraie cette fois, la caméra montra Stéphane baissant son pantalon devant moi et commençant à se branler. Lorsqu’il sentit qu’il allait venir, il fourra son sexe dans ma bouche et y lâcha son sperme pour une ultime scène avant de rapprocher sa caméra de mon visage et de ma bouche pleine de sa semence que je finis par avaler. Puis, le plan s’élargit et l’écran devint noir. Peut-être que sur la version montée, mon nom figurera en bonne place dans le générique !

Aussitôt après avoir éteint le lecteur, je ne pus résister au besoin de repartir pour un tour dans la baignoire, histoire de me nettoyer définitivement des souillures diverses et variées qui avaient maculé mon corps quelques heures plus tôt. Et lorsque je descendis pour le repas, la honte que j’avais éprouvée en me voyant me commettre de la sorte avait disparu au profit d’un sourire enjoué, malgré la présence de Valérie. Après le dîner, conformément au rituel, nous prîmes place sur nos tabourets. Je venais d’entamer une partie de Tétris lorsque mon téléphone m’annonça l’arrivée d’un SMS.

J’espère que vous n’êtes pas trop occupée … Je suis là dans cinq minutes ! Avec une surprise…

Valmont allait arriver et la première chose qui me vint à l’esprit fut de regarder les habits que je portais. J’avais beau tenter de me raisonner et me convaincre d’arrêter de me comporter comme une adolescente, rien n’y faisait. La seule évocation de son prénom faisait battre mon cœur plus vite et plus fort. J’en étais donc réduite à espérer que la petite robe noire relativement sage que j’avais choisi ce soir aurait le bonheur de lui plaire lorsqu’il fit son entrée.

Après un salut discret à Jeanne, il vint aussitôt à ma rencontre, m’embrassa sur le front, puis nous nous dirigeâmes vers les alcôves. Je pus sentir le regard curieux et lourd de Valérie se poser sur nous lorsque nous passâmes devant elle, mais je n’en ressentis ni satisfaction, ni colère. Puisque Valmont était là, rien n’avait d’importance. 

  • « J’apprécie ce genre de visites impromptues, vous savez … »,commençais-je tandis que Jeanne arrivait avec le champagne.
  • « À vrai dire, j’espère que vous aimez les surprises, de manière plus générale … », répondit-il avec un sourire énigmatique.
  • « Lorsqu’elles sont bonnes, toujours ! »
  • « Parfait ! Notre escapade à Prague est avancée. Si vous êtes toujours d’accord, nous prenons l’avion demain à 10h55. Jeanne est au courant, elle est d’accord ! » 

J’en restais sans voix. Bien sûr, je m’étais préparée à ce voyage. Je l’attendais même avec une impatience certaine. Mais savoir que demain à la même heure, je serai à Prague avec Valmont était à la fois merveilleux et angoissant. 

  • « Vous pouvez encore refuser. Pour rien au monde je ne voudrais vous obliger … », dit-il en voyant que je ne répondais pas.
  • Sans le laisser terminer sa phrase, je me jetai sur lui pour l’embrasser et ce fut à son tour d’être surpris.
  • « Eh bien … Je suppose que ça veut dire oui ? »
  • « Bien évidemment ! C’est juste … Soudain ! Et je préfère ne pas penser aux mille choses que j’ai à préparer d’ici demain. Mais je suis ravie. Plus que ravie, même. », répondis-je en riant comme une gamine. 

Pendant l’heure qui suivit, je l’écoutai me parler de Prague, de Dvorak joué au Rudolfinum, des romans de Kundera, tout en sirotant une coupe de champagne. Nous nous trouvions dans le box d’un bar à hôtesse mais nous aurions tout aussi bien pu être à la terrasse du Danieli, contemplant les gondoles, dans un bar loundge sur la Rambla de Barcelone ou encore dans un café du passage Victor-Emmanuel à Milan. N’importe où, mais loin du 1830, loin de X’trem production, loin de ma vie !

Lorsqu’il fut parti, je sollicitai l’indulgence de Jeanne afin de pouvoir rejoindre ma chambre immédiatement, indulgence qu’elle m’accorda sans hésiter. Une valise, mes affaires de toilettes, quelques vêtements sages et d’autres qui l’étaient un peu moins. Le reste, Alex, Stéphane, les tournages X, je pouvais tout laisser ici. Y compris le DVD de mes exploits que je glisserai sous la porte de Valérie, lorsque je partirai au petit matin …

Au moment où l’avion amorçait sa descente, j’émergeais d’une sieste qui avait commencé juste après le décollage. Il faut dire que la nuit avait été courte, tant j’avais eu du mal à trouver le sommeil, excitée par ce voyage et tous ces évènements qui s’étaient précipités.

La veille au soir, après avoir fini de préparer ma valise, je m’étais attelée à l’écriture d’un pamphlet destructeur à l’attention de Valérie. Et en descendant ce matin, j’avais glissé sous sa porte le DVD accompagné du petit mot. Sans doute l’avait-elle déjà trouvé à cette heure. Peut-être était-elle en train de regarder ma dignité s’évaporer dans la tiédeur de ces corps enchevêtrés ? Peut-être était-elle en train de comprendre que j’étais déjà partie trop loin pour espérer me rattraper ? Peut-être enfin qu’à mon retour, elle ne serait plus là ? 

  • « Vous avez bien dormi ? », demanda Valmont, voyant que mes yeux commençaient à se rouvrir.
  • « Je suis désolée de m’être endormie … J’étais fatiguée et les sièges de la classe affaire sont presque aussi confortables que mon lit ! »
  • « Surtout ne soyez pas désolée ! N’oubliez pas que vous êtes en vacances et que vous êtes libre de faire ce que vous voulez. Y compris dormir ! » 

En jetant un coup d’œil par le hublot, je puis distinguer au travers de quelques nuages ce qui semblait être une grande ville coupée en deux par un fleuve. Au même moment, un message du personnel de bord nous informa de la météo et de notre arrivée prochaine. Prague, seule avec Valmont durant une semaine … J’étais à la fois excitée et envahie par tant d’interrogations. Comment me comporter ? Qu’attendait-il de moi ? De ce voyage ? Ferions-nous l’amour dès ce soir ?

Aussitôt après avoir récupéré nos bagages, nous prîmes un taxi afin de rejoindre notre lieu de résidence. Sur le chemin, mes yeux de petite fille s’émerveillèrent devant la beauté de cette ville. Et lorsque la voiture s’arrêta devant l’hôtel, ils s’agrandirent encore davantage tant la magnifique façade du Ventana, avec ses ouvertures aux frontons ornés de bas-reliefs et de sculptures, valait presque à elle seule le déplacement.

Le chauffeur finissait à peine de se garer devant l’entrée qu’un bagagiste vint immédiatement à notre rencontre afin de nous saluer et prendre nos valises. Et lorsque nous entrâmes dans l’établissement, j’eus la sensation de pénétrer dans un autre univers. L’immense hall de réception était entièrement carrelé de marbre blanc et noir. Au centre de la pièce, d’imposantes colonnes, également en marbre, séparaient la réception proprement dite du coin détente où de grands canapés au luxueux tissu marron et or accueillaient des hommes d’affaires en costume qui lisaient le journal ou travaillaient sur leur ordinateur.

Mon rêve éveillé de princesse des temps modernes se poursuivit lorsqu’en sortant de l’ascenseur cylindrique ultramoderne qui transperçait l’antique cage d’escaliers de ses parois de verre, je découvris la suite que Valmont avait réservée. Dans un camaïeu de verts les plus nobles allant de l’opaline à l’émeraude, des fauteuils en velours étaient savamment disposés autour d’une table basse en bois précieux. À gauche, un lit à baldaquin trônait, majestueux, semblant inviter les privilégiés qui le découvraient à venir s’y lover dans une étreinte royale. Quant aux fenêtres ornées d’épais rideaux en velours, quiconque s’en approchait pouvait admirer la vue sur le vieil Hôtel de Ville et son horloge astronomique.

Tandis que mes yeux ébahis se posaient sur le moindre détail de la pièce, Valmont évoluait avec son aisance habituelle au milieu de ce décor, comme s’il avait fait des choses les plus exceptionnelles, son ordinaire.

  • « Et si nous allions déjeuner ? Vous devez avoir faim, non ? »,proposa-t-il après avoir reconduit et remercié le bagagiste.

Bien qu’il fût près de 14 heures, j’étais trop excitée pour ressentir la moindre sensation de faim. Mais le petit déjeuner était tout de même loin.

  • « Pour l’instant, ce sont mes yeux qui dévorent ce merveilleux décor. »,avouai-je encore sous le charme.
  • « Vous aurez tout le temps pour ça ! Venez, je connais un restaurant où je pourrai vous faire découvrir les meilleures spécialités de la cuisine tchèque. »

Quelques minutes plus tard, nous étions attablés au restaurant Staromestska, situé sur la place de la vieille ville, à deux pas de l’hôtel. L’établissement, au rez-de-chaussée d’un immeuble médiéval, s’étendait sur plusieurs salles aux décorations distinctes. La nôtre était coiffée d’un plafond voûté tandis que les murs exposaient de vieilles photographies qui montraient Prague en des temps plus anciens. 

  • « Alors ? Vos premières impressions ? », demanda-t-il
  • « Eh bien … Dans le désordre : émerveillée, dépaysée, heureuse … Curieuse, aussi, de goûter à ces plats aux noms imprononçables ! »
  • « N’ayez crainte, il y a une carte en français. » 

Sauvée ! Je pus ainsi échapper aux utopenec lorsque j’appris qu’il s’agissait de saucisses macérées au piment et garnies d’oignons crus. Courageuse mais pas téméraire, je me contentai finalement d’un très traditionnel goulasch qui s’avéra excellent. 

  • « Qu’avez-vous prévu, cet après-midi ? », m’enquis-je, curieuse de connaître le programme qu’il avait concocté.
  • « Que diriez-vous de découvrir la vieille ville en flânant de ruelle en ruelle ? À moins que vous ne soyez trop fatiguée. À vous de décider. »
  • « Non, c’est parfait ! Va pour la ballade dans le vieux Prague. » 

Après la tarte aux pommes à la cannelle et le café, nous sortîmes dans la relative douceur de ce mois de novembre qui avait vu les premières neiges blanchir les trottoirs avant qu’un redoux ne redonne à la ville des couleurs plus automnales.

  • « Je vous avais promis Prague sous la neige. Je suis désolé … », s’excusa Valmont.
  • « Ne vous en faites pas. C’est un temps parfait pour une promenade. »

Bras dessus, bras dessous, nous arpentâmes les rues de la vieille ville, du quartier juif au pont Charles, s’arrêtant ici et là le temps d’un café ou d’une photo. Trois heures durant, nos pas s’immiscèrent dans ceux de Mozart ou de Kafka. Dans cette ville qui semblait hors du temps, la magie de ces instants nous enveloppait d’un brouillard diffus au parfum d’interdit et dans lequel s’évaporaient nos trente ans d’écart. Des balustrades de l’antique pont en pierre, je regardais la Vltava emporter mes rêves de petite fille modèle dans ce courant qui jamais ne s’inverse. Et malgré le froid que la nuit déposait peu à peu sur mon visage, chaque parcelle de mon corps brûlait d’une passion dévorante, attisée par le vent d’une liberté nouvelle.

Avant le diner que nous devions prendre dans un restaurant à proximité du pont Charles, nous rentrâmes dans notre chambre afin de nous changer. Après un bain réparateur qui ressuscita mes muscles engourdis par cette longue promenade, je restai un long moment devant la glace à hésiter sur la tenue que j’allais porter. Après de multiples essayages, mon choix se porta sur ma robe en satin noir, dont le décolleté laissait discrètement apparaître le haut en dentelle de mon soutien-gorge. Mes jambes se glissèrent dans des bas élastiques sombres, ne laissant que quelques centimètres de nudité jusqu’à ma culotte en dentelle et satin noir, puis je réussis tant bien que mal à faire tenir un chignon qui à lui seul me fit paraître quelques années de plus, avant de souligner d’un trait d’eyeliner ces yeux lavés des chagrins d’hier. Lorsqu’enfin je sortis de la salle de bain, Valmont resta sans voix en me dévisageant de la tête aux pieds. 

  • « Vous êtes magnifique ! Je ne suis pas sûr d’oser sortir à votre bras … »,finit-il par dire.
  • « Ne dites pas de bêtises ! Vous êtes parfait ! »

Une fois arrivés au restaurant, je pus constater qu’une nouvelle fois, Valmont avait bien fait les choses. Vieux de plus de deux cents ans, l’établissement était fait de salles voûtées aux murs recouverts de torchis beige et où étaient disposés divers articles tout droit sortis du moyen-âge. Dans un coin trônait une majestueuse cheminée en brique encombrée de bibelots de tout genre. Là encore, le repas fut excellent, tout comme le vin, délicat et probablement hors de prix, que Valmont mit un soin tout particulier à choisir. 

  • « Vous me gâtez beaucoup trop … L’hôtel somptueux, des restaurants aux cadres magnifiques … Je n’ai pas besoin de tout ça pour être heureuse. »
  • « Ce sont justement les choses dont on n’a pas besoin qui sont essentielles au bonheur. L’ordinaire permet de survivre au quotidien mais ce n’est pas ça, la vie, vous ne croyez pas ? »
  • « Je suis sûre que votre ordinaire satisferait le quotidien de beaucoup de gens. Le mien par exemple ! », répondis-je en riant.
  • « Permettez-moi d’en douter, Roxanne … Vous-même qui avez quitté vos habitudes pour cette nouvelle vie, n’était-ce pas aussi, au fond de vous, pour vivre des choses exceptionnelles ? Dans tous les sens que peut revêtir ce mot ? Répondez-moi franchement. Si vous aviez le choix, reprendriez-vous votre vie d’avant ? L’école, l’appart, les copines … ? » 

Je réfléchis longuement à ses paroles et me rendis compte qu’il avait raison. Cette vie bien rangée ne m’intéressait plus. Les choses que j’avais faites, en bien ou en mal, me rendaient plus vivante que n’importe quelle jeune étudiante dont l’unique motivation était de suivre un chemin déjà tracé. 

  • « Sans doute que non … », finis-je par répondre.
  • « Moi, je n’ai jamais eu le courage de changer de route. D’aller voir plus loin ce qu’il se passait. Vous, vous l’avez fait parce que vous êtes exceptionnelle. Je suis admiratif de votre audace. Et même si je sais que je ne suis qu’une pierre jalonnant votre chemin, je serai à jamais fier de vous avoir accompagnée quelque temps. »
  • « Et l’autre chose dont vous pouvez vous enorgueillir est de savoir parler aux femmes, si jamais vous en doutiez … », dis-je avec un sourire plein de malice.
  • « Vous êtes cruelle… Je suis sincère avec vous et je l’ai toujours été. Alors croyez-moi lorsque je vous dis que votre intelligence et votre caractère vous promettent à de plus grandes choses que le comptoir du 1830. »,répondit-il en souriant à son tour. 

Toutes ces belles paroles laissèrent dans ma bouche un goût aussi sucré que le vin qui accompagnait notre repas. Cela ne faisait que quelques heures que j’avais quitté le club, Jeanne, Valérie, ma jeune carrière d’actrice porno et pourtant, tout cela me semblait si loin ! Je savais que ce quotidien reviendrait à l’instant même où, dans quelques jours, mes pieds fouleraient à nouveau les pavés parisiens. Mais aussi irréelle que pouvait paraître cette parenthèse enchantée, j’étais bien décidée à jouir de chacun de ces instants rares et précieux.

A suivre : La descente aux enfers - Part 10



Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 01:55

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Les jours précédents, j’étais arrivée facilement à contenir mon impatience grâce aux bavardages avec Jeanne ainsi qu’à la découverte du métier et de l’endroit qui faisaient passer les minutes un peu plus vite. Ce soir en revanche, mon unique objectif était d’attendre la fin de la soirée pour enfin dire à Valérie ce que je pensais de son initiative. Et tandis que je la regardais, assise deux tabourets plus loin, en train de minauder auprès du reste de la troupe, je sentis monter en moi une rage d’une force peu commune. Fort heureusement, le premier client qui fit son apparition jeta son dévolu sur moi, ce qui allait me permettre de penser à autre chose qu’à celle qui était devenue ma meilleure ennemie.

C’était un homme d’une quarantaine d’années, bien habillé et au physique agréable. Après les amabilités d’usage et l’échange de nos prénoms, Stéphane et moi nous dirigeâmes vers les alcôves, suivis de Jeanne et de la bouteille de champagne qu’il avait commandée. Très vite, je compris que sa volonté de nous isoler dans un endroit plus discret n’était pas innocente. À peine Jeanne avait-elle tourné les talons qu’il se pencha vers moi afin de déposer quelques baisers dans mon cou tandis que sa main flirtait avec le haut de ma brassière, avant d’oser une caresse sur mes seins. Sans réellement me montrer très réceptive à ses avances, je le laissai poursuivre tout en jetant des coups d’œil à la dérobée en direction du bar. C’est alors que je vis Valérie s’avancer vers les box en compagnie d’un jeune homme qui n’était autre qu’Alex, mon compagnon d’aventure de l’avant-veille, tous deux précédés par Annabelle avec qui ils s’installèrent sur les banquettes de l’alcôve située juste à côté de la nôtre.

Mon sang ne fit qu’un tour ! Valérie n’était là que depuis une petite heure et elle avait déjà réussi à me voler tout ce qui faisait désormais partie de mon monde. Tant de questions se bousculaient dans ma tête. Avaient-ils déjà parlé de moi ? Que savait vraiment Annabelle sur les liens qui avaient pu exister entre Valérie et moi ? Et Alex allait-il raconter nos exploits ? Pour la première fois depuis mon arrivée, j’aurais voulu être ailleurs. Loin de ce club, loin d’Annabelle, de Valérie surtout ! Et Valmont … Penser à lui et à notre future escapade était la seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher en cet instant qui voyait mes univers s’entrechoquer dans un big-bang aux conséquences imprévisibles.

La main qui se glissait maintenant sous ma brassière et pelotait allègrement ma poitrine me rappela que j’étais en compagnie d’un homme qui attendait sans doute que je me montre un peu moins inerte face à ses velléités ! Aussi, après un énième coup d’œil en direction du joyeux trio, je posai ma main sur son pantalon et commençai à masser son sexe. Sans doute était-ce le signal qu’il attendait pour aller plus loin car l’instant d’après, il m’embrassa fougueusement tout en glissant sa main à l’avant de mon pantalon. Très vite, ses doigts atteignirent mon sexe qu’ils commencèrent à caresser avant de s’y introduire. Lascive, je me laissai faire comme une poupée de chiffon, sans volonté ni d’autre réaction que celle de m’offrir un peu plus encore à ces mains inconnues.

Lorsqu’il cessa de m’embrasser, j’en profitai pour regarder comment évoluait la scène qui se déroulait à côté et … Ce fut une mauvaise idée. Entourant Alex, qui avait glissé ses mains sous leur jupe, Annabelle et Valérie s’embrassaient à pleine bouche, tout en se caressant de façon passionnée. En rage devant ce spectacle, je défis la braguette de Stéphane et libérai son sexe gonflé de désir.

Après une lente masturbation durant laquelle je jetai un dernier coup d’œil furtif par-dessus mon épaule, je me penchai vers le sexe dressé et le fis glisser entre mes lèvres, avant de jouer avec ma langue sur le gland déjà mouillé d’envie. J’entendis Stéphane pousser un soupir de satisfaction et je sentis sa main se glisser cette fois-ci à l’arrière de mon pantalon dont je fis sauter les premiers boutons afin de lui permettre d’atteindre plus facilement sa destination. Alternant masturbation et jeux de langue, je suçai goulument cette bite que l’excitation faisait se contracter au gré de mes caresses. Quant à moi, je n’étais pas non plus en reste. Assaillie par ces doigts inquisiteurs qui naviguaient entre mes orifices, je prenais un plaisir que je ne cherchais pas à dissimuler et de petits cris de satisfaction venaient régulièrement ponctuer nos ébats.

Désormais, je ne pensais plus du tout à ce qui pouvait se passer à côté. Tout mon être cherchait à jouir et à faire jouir. Et tandis que j’accélérais les allées et venues de mes lèvres sur son chibre, Stéphane fit entrer son majeur dans mon petit trou. Doucement tout d’abord, puis de façon plus énergique ensuite, avant d’entamer des allers-retours à une fréquence de plus en plus élevée. À sa façon de soulever son bassin pour faire entrer sa queue toujours plus profondément jusqu’au fond de ma gorge, je sentis qu’il n’allait pas tarder à éjaculer. C’est alors qu’il posa sa main sur ma tête et poussa son sexe au maximum avant de projeter dans ma bouche de puissants jets de sperme chaud. Lorsqu’il eut fini de se vider les couilles, il relâcha son étreinte et je pus me redresser tout en avalant sa semence. Après quoi il se rhabilla et disparut en direction du bar sans même dire un mot.

Qu’importe … Je n’attendais rien de lui, si ce n’est me permettre de me donner en spectacle devant Valérie. Mais lorsque je me levai à mon tour, je constatai que mon ex-amie avait dû être bien trop occupée pour s’intéresser à ce qui venait de se passer à côté d’elle. Désormais, leurs trois corps enchevêtrés ne formaient plus qu’une masse unique et diffuse, parcourue par de multiples mains aux mouvements frénétiques et passionnés. Une fois revenue au bar, je tentai de me calmer en sirotant un jus de fruit, mais je ne pouvais effacer de mon esprit l’image de Valérie et Annabelle s’embrassant fougueusement sous les caresses d’Alex. Finalement, je n’aurais su dire à cet instant de qui j’étais le plus jalouse et bien qu’il me fût impossible de les voir de là où j’étais, je continuais cependant à jeter de brefs coups d’œil dans leur direction. Lorsqu’après de longues minutes, les trois acolytes finirent par regagner le zinc, Annabelle me gratifia d’un sourire et d’un clin d’œil dont je fus incapable d’interpréter la signification. Quant à Valérie, elle passa devant moi sans un regard et regagna son siège.

J’avais hâte que la soirée se termine et en même temps, j’appréhendais cette confrontation avec Valérie qui ne manquerait pas d’arriver. Alors, je passai ce qu’il restait de la soirée à regarder l’horloge égrener les secondes et lorsque Jeanne ralluma les lumières et distribua nos enveloppes, je sus que le moment que je redoutais tant était arrivé. Suivant le reste du troupeau qui regagnait ses pénates, j’attendais le meilleur moment pour prendre Val à part et lui dire ce que je pensais de sa venue ici mais Annabelle contraria mes projets :

  • « Roxy ! Ça te dit de recommencer comme l’autre soir, avec Alex ? Valérie se joint à nous aussi … », me murmura-t-elle à l’oreille.

Coincée ! J’étais perdue si j’acceptais, perdue si je refusais ! Valérie me regardait me débattre dans ce combat intérieur et Annabelle attendait une réponse sans comprendre mon hésitation.

  • « OK ! Maintenant ? Chez toi ? », finis-je par dire.
  • « Yes ! On va s’éclater, tu vas voir … », on va s’éclater tu vas voir.

S’éclater … Bizarrement, ce n’est pas le mot que j’aurais choisi ! La vérité, c’est que dans quelques minutes, j’allais participer à une improbable orgie en compagnie de celle qui m’avait giflée deux jours plus tôt et qui s’était permis de venir violer mon nouveau sanctuaire par sa simple présence.

  • « Roxy, tu connais Valérie, la nouvelle. Alex voudrait renouveler l’expérience de l’autre soir en compagnie de deux filles qui … Enfin tu vois quoi ! À moins que cela te gêne ? », dit Annabelle alors que nous entrions dans sa chambre.

La rage qui ne m’avait pas quittée monta d’un cran. Valérie avait dû discrètement faire comprendre que cela ne la dérangerait pas de coucher avec une fille et Alex avait probablement sauté sur l’occasion.

  • « Penses-tu ! Rien ne me dérange. J’aurais préféré baiser avec Alex, mais si ça se passe comme l’autre soir, tout n’est pas perdu ! »,répondis-je en tentant de masquer ma colère.
  • « Il s’est passé quoi l’autre soir ? », demanda Valérie qui jusqu’alors n’avait pas pipé mot.

Annabelle lui expliqua en détail mes frasques dans la cage d’escalier, ce qui je l’avoue, me procura un moment d’intense satisfaction.

  • « Eh bien … On ne dirait pas en te voyant ! »,dit Valérie en s’adressant à moi.
  • « Que veux-tu … Il ne faut pas se fier aux apparences … »

Je ponctuai ma réponse d’un sourire à la fois malicieux et ironique, tandis qu’Annabelle s’empressait d’accueillir Alex qui venait d’arriver, ce qui eut le mérite d’éviter d’autres questions gênantes.

  • « Roxanne ! Ravi que tu te joignes à nous ! », s’exclama-t-il avec un grand sourire.

Comme je m’avançais pour lui faire la bise, à ma grande surprise, il prit ma tête entre ses mains et me gratifia d’un long et langoureux baiser.

  • « Attention … Je vais être jalouse ! », plaisanta Annabelle.
  • « T’inquiète, ma belle ! Tu seras toujours ma préférée. Mais ce soir, j’adorerais m’occuper de Roxanne pendant que toi et Valérie, vous vous amusez entre filles. C’est OK ? », demanda Alex.

Sans attendre la réponse, il me coucha en travers du lit et entreprit de me déshabiller. Quelques secondes plus tard, je me retrouvais nue, jambes écartées, offerte à son désir dressé pendant que Valérie et Annabelle, probablement surprises par la tournure des évènements, commençaient à s’embrasser et à ôter leurs vêtements, juste à côté de nous.

Il commença par parcourir longuement mon sexe avec sa langue, avant de remonter vers mes seins, puis vers ma bouche pour un torride baiser. Et pendant que je fondais littéralement sous ses caresses et la force de ses lèvres contre les miennes, je sentis sa verge me pénétrer sans autre forme de préliminaires. Offerte et sans défense, je profitais de chaque mouvement de nos corps comme d’une friandise au goût sans cesse renouvelé. J’en avais presque oublié mon ennemie et mon amie qui avaient, elles aussi, largement dépassé le stade des préliminaires. Annabelle était littéralement assise sur le visage de Valérie dont le plan initial consistant à profiter de la situation pour avoir l’occasion de me faire l’amour avait lamentablement échoué, pour mon plus grand bonheur.

Après quelques minutes, Alex se retira et présenta sa queue devant ma bouche qu’il pénétra de la même façon que mon vagin quelques minutes plus tôt. Je pensais qu’il était sur le point de jouir mais c’était sous-estimer ses capacités. Après une fellation qu’il sembla apprécier à en croire ses soupirs de satisfaction, il me fit signe de me retourner. Je craignais qu’il n’essaye de me sodomiser sans me lubrifier, à sec, aussi fus-je soulagée de sentir ma vulve s’écarter à nouveau au passage de sa bite.

Désormais, j’étais aux premières loges pour voir Annabelle prendre du plaisir au détriment de Valérie qui ne s’attendait sûrement pas à ça ! Alors, dans un élan de fausse compassion qui visait surtout à rendre Valérie jalouse, j’attirai Anna à moi et plongeai la tête entre ses cuisses sous le regard ahuri de Val qui voyait sa « petite Roxanne » prise en levrette par un inconnu tout en bouffant la chatte d’une autre fille qu’elle. Cependant, elle pouvait être rassurée, car j’avais bien l’intention de lui faire profiter de mon corps. Comme je sentais l’excitation d’Alex grimper au rythme de ses assauts, je le repoussai hors de moi avant de l’attirer sur le lit, allongé sur le dos. Je l’enjambai alors et m’empalai sur son sexe pour une chevauchée déchaînée qui le mit dans un état de quasi-transe. Au bout d’un moment, il me fit signe qu’il allait jouir, mais je continuai de plus belle jusqu’à sentir son braquemart se contracter et expulser dans mon ventre le fruit de sa jouissance. Je continuai encore quelques secondes avant de me lever et de proposer à Valérie de goûter mon sexe qu’elle semblait tant désirer. Enfin quand je dis proposer … Me voyant enjamber son visage, elle n’eut d’autre choix que de soumettre sa bouche à ma chatte souillée et dégoulinantes du foutre d’Alex qui bientôt, dès que j’allais décontracter les parois de mon vagin, allait maculer son visage. Finalement heureuse de la tournure des événements et repue de jouissance grâce à un homme qui, décidément, savait admirablement satisfaire mes appétits, je finis par libérer Valérie et m’allongeai sur le lit, fatiguée mais comblée.

Après un long moment de repos, nos corps moites reprirent vie. Chacun rassembla ses affaires et se rhabilla sans dire un mot jusqu’à ce qu’Alex rompe le silence :

  • « Une fois encore, c’était génial ! », merci les filles.
  • « Surtout, reviens quand tu veux ! », s’empressa de répondre Annabelle dans un large sourire.

Il répondit par un clin d’œil et gratifia chacune d’entre nous d’un long baiser. Mais alors qu’il m’embrassait, je sentis sa main glisser discrètement dans la mienne un morceau de papier. Sans rien laisser paraître, je cachai à mon tour le petit mot dans une poche de mon pantalon en attendant de pouvoir le lire.

Après qu’Alex fut parti, nous restâmes toutes les trois dans la chambre, entourées d’un épais silence qu’Annabelle essaya vainement de combler. Mais Valérie et moi étions bien trop mal à l’aise pour rire à ses plaisanteries, conscientes que l’explication que je redoutais n’allait pas tarder.

  • « Je vais vous laisser … Je tombe de sommeil. Bonne nuit ! »,finis-je par dire en me dirigeant vers la porte.

Comme à son habitude, Annabelle me répondit d’un air enjoué, Valérie d’un simple signe de la main. Et alors que je cherchais mes clés pour ouvrir ma porte, j’entendis les pas de Val qui se rapprochaient dans l’escalier. Elle arriva sur le palier au moment où j’ouvrais.

  • « Tu veux qu’on parle ? », demanda la voix dans mon dos.
  • « Je ne vois pas ce qu’on pourrait se dire. »,répondis-je d’un air détaché.
  • « Roxy … S’il te plaît, laisse-moi entrer … »

À contrecœur, je lui fis signe de me suivre à l’intérieur de la chambre. Après tout, repousser cette discussion au lendemain n’avait aucun sens. Mieux valait en finir tout de suite. Aussi décidai-je d’ouvrir les hostilités :

  • « Alors ? Tu as décidé de te dévergonder ou bien es-tu juste venue pour me pourrir la vie ? »

Elle se laissa tomber sur le lit en hochant la tête.

  • « Décidément, tu ne comprends vraiment rien … Tu ne vois pas que j’essaye de t’aider ? »
  • « Mais je n’en veux pas de ton aide ! Comment faut-il que je te le dise ? Tout ce que je veux, c’est que tu me foutes la paix ! »,explosai-je.
  • « Tu ne te rends pas compte que tu es en train de gâcher ta vie ? Tu as vu ce que tu as fait ce soir avec ce mec ? »,renchérit-elle.
  • « Bien sûr que je l’ai vu ! Je l’ai même bien senti ! Et c’était … Comment dire … Wahou ! Dommage que tu aies été là, finalement. Ça a gâché un peu mon plaisir, je t’avouerai ! »
  • « Tu es folle ! Folle à lier ! »
  • « Oui … Folle … Folle de désir … Folle de sexe … Tu veux pas recommencer à me lécher, là ? J’ai encore envie ! », répondis-je de façon soudainement lascive tandis que je m’avançais vers elle en faisant mine de déboutonner mon pantalon.

Elle se leva d’un bond et se dirigea vers la sortie.

  • « Mais arrête, bon sang ! Qu’est-ce qu’il te prend ? »,hurla-t-elle dans une dernière tentative.
  • « Il me prend que j’en ai assez de te voir dans mes pattes. Marre de te voir me tourner autour. Et je serais plus que ravie si tu décidais d’arrêter là ta carrière d’hôtesse. », répondis-je en cessant ma petite comédie.
  • « Compte pas là-dessus ! Je continuerai jusqu’à ce que tu entendes raison ! », conclut-elle sèchement.

Sur quoi elle tourna les talons et claqua la porte derrière elle. La fatigue que j’avais ignorée jusqu’alors se fit soudain plus pesante et tout en maudissant Valérie, je commençai à me déshabiller. Lorsque je quittai mon pantalon, le petit papier que m’avait glissé Alex tomba sur le sol. Avec tout ça, je l’avais oublié celui-ci :

 Tél moi demain, j’ai un truc à te proposer

Un numéro de portable était inscrit juste en dessous. En me couchant, je me demandais quelle idée perverse avait germé dans son esprit mais j’avais bien l’intention de l’appeler. Non seulement le plaisir que je prenais lors de nos ébats avait sur moi l’effet d’une drogue, mais j’avais l’intention de me jeter à corps perdu dans toute aventure qui pourrait m’éloigner de Val. Je m’endormis donc en songeant aux diverses raisons qui avaient poussé Alex à vouloir me contacter à l’insu des autres et, dans un demi-sommeil, toutes ces possibles raisons guidèrent ma main vers son endroit favori : ma chatte !

Lorsque j’entrai dans le grand café des Terreaux, ce fut avec une petite boule au ventre. Après m’être assurée que j’étais la première arrivée, je choisis une table dans un coin discret et attendis tout en me demandant pourquoi Alex avait fait tant de mystère sur ce qu’il avait à me dire. L’impatience m’avait poussée à lui téléphoner dès mon réveil, mais son discours laconique n’avait fait qu’accroître ma curiosité. Il avait quelque chose à me proposer mais il tenait à m’en faire part de vive voix. Nous avions alors convenu d’un rendez-vous le matin même dans ce café où deux semaines auparavant, Valérie et moi nous étions retrouvées, quelques jours après mon départ de la fac.

  • « Vous attendez quelqu’un ? »

Perdue dans mes pensées, je ne l’avais même pas vu entrer.

  • « Comment ça va ? », demandai-je bêtement à mon partenaire d’orgie de la veille.
  • « Un peu fatigué par ta faute, mais je ne me plains pas ! Loin de là … »

Il ponctua sa phrase d’un clin d’œil et, après avoir commandé deux cafés, il entra dans le vif du sujet :

  • « J’imagine que tu te demandes pourquoi je voulais qu’on se voie ? »
  • « Un peu, oui … », répondis-je sur la défensive.
  • « Voilà … Mon père est associé dans une société de production de films X destinés à internet. Moi-même, il m’arrive de tourner dans certains de ces films et j’ai pensé que ça pourrait t’intéresser. »

Tourner dans des films pornos ! L’espace d’un instant, je fus outrée par sa proposition. Était-ce mon comportement lors de nos ébats qui avait fait germer en lui cette idée ? Avais-je l’allure d’une star du X ? Toutefois, après un bref instant de réflexion, je devais bien avouer que l’idée avait de quoi séduire la Roxanne que j’étais devenue au fil de ces derniers jours. Mais de là à franchir le pas, c’était autre chose.

  • « Évidemment, c’est payé. Très bien payé, même … », rajouta-t-il dans l’espoir de me convaincre.
  • « Je ne sais pas trop. C’est un milieu un peu … Glauque, non ? »,finis-je par répondre.
  • « C’est l’image qu’on en a généralement, oui. Franchement, on se marre bien ! Et à part la présence des caméras, ce n’est pas très différent de ce qu’on a fait hier soir … »
  • « À part aussi le fait que ce sera diffusé de partout sur internet ! »
  • « Les films sont distribués essentiellement à l’étranger, mais ça, le type qui recrute les acteurs te l’expliquera mieux que moi. Après, tu n’es pas obligée d’accepter. C’est juste que si ça te branche, vu ce que j’ai constaté par moi-même, je pense qu’ils seront ravis de t’avoir dans leurs films ! »

Il appuya sa remarque d’un clin d’œil qui semblait en dire long sur le plaisir qu’il avait ressenti au cours de nos ébats. Pour autant, j’étais partagée. L’attrait irraisonné que je ressentais pour le sexe depuis quelques semaines me poussait à en savoir davantage, mais il subsistait, malgré tout, quelque part en moi l’ombre d’un scrupule à m’exhiber aux yeux de tous ma vie sexuelle, même scénarisée.

  • « C’est juste un métier, Roxanne … Après, tu peux faire un essai, ou pas ! Tu es libre. Je te laisse le numéro du type à appeler si jamais ça t’intéresse. »

Il déposa sur la table une carte de visite au nom évocateur de X’Trem Productions.

  • « Le type fait des auditions n’importe quand. Présente-toi de ma part, il est au courant. »
  • « Tu lui as déjà parlé de moi ? », questionnai-je un peu surprise.
  • « Ce matin avant de venir. D’après ce que je lui ai dit, il avait l’air emballé ! »

J’étais un peu gênée qu’Alex se soit permis de relater nos ébats à une tierce personne. Mais vu le personnage, je savais que je ne devais pas trop me formaliser.

  • « Je dois te laisser, j’ai rendez-vous. J’ai aussi noté à nouveau mon numéro au dos de la carte. Si ça te dit de … », dit-il en se levant avec un nouveau clin d’œil.

Il déposa un baiser sur ma joue et sortit, me laissant à mes réflexions. Après avoir commandé un autre café, je relus la petite carte que m’avait laissée Alex. Le type en question s’appelait Stéphane Dumas et sa fonction était « Responsable Casting », ce qui me fit sourire. Je n’imaginais pas les sociétés de production de films de cul structurées comme une multinationale. Avec des responsables de tout et de rien, des adjoints de responsables etc … En sirotant mon deuxième café, je pesais le pour et le contre d’une telle initiative lorsqu’une idée sordide et abjecte germa dans mon esprit. Immédiatement, je sortis mon téléphone portable et appelai le numéro inscrit sur la carte.

  • « X’Trem Prod, bonjour ! »
  • « Bonjour, je suis Roxanne. Je vous appelle de la part d’Alex et … »
  • « Oui ! J’attendais votre appel. Vous voulez passer un casting ? »,me coupa-t-il sur un ton qui me sembla ravi.
  • « Eh bien … Pourquoi pas … Pour faire un essai … »,répondis-je.
  • « Très bien ! Si ça vous convient, je peux vous recevoir aujourd’hui à 15 heures. Ça vous va ? »
  • « Ok, 15 heures. C’est noté. »
  • « Parfait ! À tout à l’heure … »

Mon correspondant m’ayant donné l’adresse, je raccrochai en ayant le sentiment de ne pas très bien savoir ce que j’étais en train de faire. Mais poussée par le plan qui avait germé dans mon esprit quelques minutes plus tôt, j’étais résolue à aller jusqu’au bout. Aussi, après un repas où je ne réussis à avaler guère plus qu’une salade tellement mon estomac était rempli d’appréhension, je rentrai dans ma chambre, histoire de me préparer au mieux pour le rendez-vous qui m’attendait.

Le studio se trouvait pas loin de la Gare du Nord. C’était un quartier où quelques vieilles usines et entrepôts en partie désaffectés de la SNCF subsistaient encore au milieu des bâtiments récents qui fleurissaient un peu partout, signe que l’endroit était en pleine mutation. Bien évidemment, X’Trem Productions n’était pas l’heureux locataire de l’un de ces immeubles flambants neufs. C’était une vielle bâtisse située au fond d’une impasse, mais devant laquelle étaient exposées deux très belles voitures, signe extérieur d’une opulence de façade qui devait servir autant à rassurer les potentiels visiteurs qu’à flatter l’ego de leurs heureux propriétaires. Quelques secondes après que j’eus actionné la sonnette, un grand type vêtu d’un pantalon en cuir et d’un tee-shirt moulant vint m’ouvrir.

  • « Bonjour ! Tu dois être Roxanne ? Entre, je t’en prie … »

Sur les murs du long couloir qui desservait les bureaux, des affiches de films annonçaient la couleur. « Autant en emporte le gland » côtoyait « Le fabuleux vagin d’Amélie Bourrin » ; dans la catégorie du titre de film le plus ridicule, la palme est attribuée à … ! Une fois arrivés dans son bureau, il m’invita à prendre place dans le canapé où avaient dû s’asseoir tant de filles avant moi, avant de me dévisager des pieds à la tête :

  • « Eh bien … Alex ne m’avait pas menti ! Tu as l’air parfaite pour ce genre de boulot ! »

Bizarrement, je ne le pris pas vraiment comme un compliment ! Toutefois, je ne perdais pas de vue la raison de ma présence ici et gratifiai mon potentiel employeur d’un large sourire.

  • « J’imagine que tu dois avoir des questions. C’est normal et je tâcherai d’y répondre. Moi-même, j’ai pas mal de choses à te demander. Mais avant ça, je vais mettre la caméra en route. Tout l’entretien sera filmé. Pas de problème ? »,poursuivit-il.
  • « Aucun problème ! », répondis-je d’une voix que je voulais assurée mais qui en réalité était loin de l’être.
  • « Parfait ! »

Il s’affaira quelques instants derrière la caméra qu’il venait de poser sur un trépied, puis le voyant rouge se mit à clignoter, signe que l’enregistrement débutait. Je remarquai également qu’un écran de contrôle diffusait en direct les images de la caméra.

  • « Pour commencer, je vais te demander une pièce d’identité. Je suis désolé mais c’est la procédure. Je dois m’assurer que tu as plus de dix-huit ans. »

Je lui tendis ma carte d’identité, un peu surprise toutefois de pouvoir paraître si jeune. Mais si c’était la procédure alors …

  • « Bon, parfait, merci. Pour quelles raisons as-tu envie de tourner dans des films X ? »
  • « Pour l’argent, tout d’abord … », répondis-je en espérant que ma réponse oriente le débat sur les questions salariales sans compter que la vraie raison de ma présence ici lui importait peu.
  • « Je vois … Mais j’imagine que tu aimes le sexe aussi, non ? En tout cas, c’est ce que j’ai pu comprendre de ce qu’Alex m’a dit. »

Alex ! Décidément, j’aurais payé cher pour connaître la teneur du discours qu’il lui avait tenu.

  • « Évidemment ! »,répondis-je comme si cela allait de soi.
  • « Ok … Tu t’es déjà déshabillée devant une caméra ? »

Je répondis par la négative, aucun de mes ex n’ayant eu ce fantasme.

  • « Alors on va commencer par ça. Vas-y, déshabille-toi … », dit-il en s’approchant de la caméra.

Un peu hésitante, j’obéis quand même à sa demande. Avant de venir, je me doutais bien que j’allais devoir en passer par là, mais il y a des choses auxquelles il est parfois difficile de se préparer. Après m’être levée du canapé, je fis glisser ma robe sur le sol, me retrouvant ainsi en string et soutien-gorge. Il ôta la caméra de son trépied et s’approcha de moi en filmant. Sachant qu’il allait de toute façon me le demander, j’enlevai également mes dessous et me retrouvai ainsi totalement nue.

  • « Très bien ! Assieds-toi et écarte les jambes … »,dit-il, visiblement satisfait par ce qu’il voyait.

Je m’exécutai. Tout en me faisant prendre différentes poses, il continua de me questionner :

  • « Alors … Qu’est-ce que tu acceptes de faire lors d’une relation sexuelle ? Toutes les pénétrations ? Tous types d’éjaculations ? Avec des femmes ? En groupe ? »
  • « Je n’ai jamais tenté la sodomie … », avouai-je en me rendant compte que ma réponse ainsi formulée validait toutes les propositions qu’il avait énumérées.
  • « Tu pourrais essayer ? »
  • « Peut-être … Ca dépend … », répondis-je pas trop sûre de moi.
  • « De quoi ? De la taille ? », enchaîna-t-il en rigolant.
  • « On peut dire ça … »

Il reposa la caméra sur son bureau et se saisit de deux petits appareils qui ressemblaient plus ou moins à des tests de grossesse électroniques.

  • « La partie la moins agréable de l’entretien ! Je vais te prendre deux petites gouttes de sang pour les tests HIV et Syphilis. »

Encore une fois, j’accédai à sa demande.

  • « J’imagine que tu veux avoir quelques précisions question salaire … »
  • « Effectivement ! »
  • « C’est normal. Ça va dépendre de ce que tu acceptes de faire. La fourchette est large. Ça va de cinquante euros la séance pour un effeuillage simple, à plus de mille euros pour une scène hard avec plusieurs partenaires hommes et femmes dans laquelle tu acceptes toutes les pénétrations. »,m’expliqua-t-il.

Mille euros ?!? La somme avait de quoi laisser songeur. Vu la raison pour laquelle j’étais ici, ce pouvait être un sacré bonus ! La seule question était de savoir si je pourrais aller jusqu’au bout.

  • « Est-ce possible de ne faire qu’une seule fois une … Grosse prestation ? »,demandai-je timidement.
  • « Oui, c’est possible. Même si je trouverais sûrement ça dommage et qui sait ? Peut-être que tu y prendras goût. »
  • « Peut-être … »
  • « En tous les cas, tu dois comprendre que nous devons faire un essai … »,termina mon interlocuteur en se levant de son fauteuil.

Évidemment … Ce devait être un poste privilégié au sein de la société que de pouvoir tirer son coup à chaque rendez-vous. Toutefois, je n’étais pas née de la dernière pluie et savais avant même de venir qu’il y avait de fortes chances pour que je passe à la casserole.

  • « Je comprends … »

Je le vis alors saisir la caméra et s’approcher de moi. Tout en filmant, il m’écarta les cuisses et commença à me lécher. C’était une sensation bizarre. Me voir ainsi sur l’écran de contrôle en train de me soumettre à un cunnilingus ne m’aidait pas franchement à me détendre. Aussi décidai-je d’essayer de ne plus le regarder.

Après quelques minutes de ce traitement, il se releva et retira son pantalon avant de présenter son sexe dressé devant ma bouche. Il posa alors une main sur ma tête et l’avança contre lui jusqu’à ce que sa queue touche mes lèvres. Je les ouvris alors et laissai entrer la verge dans ma bouche tout en la caressant de ma langue. Au fur et à mesure que la fellation se poursuivait, il fit entrer de plus en plus profondément son chibre. En fait, je n’étais pas en train de le sucer. C’est lui qui me baisait la bouche comme il l’aurait fait avec un autre orifice.

  • « De temps en temps, regarde la caméra quand tu suces. C’est l’une des règles de base. », m’ordonna-t-il.

Parce qu’en plus il y avait des règles ? Suivant ses conseils, je gratifiai l’objectif du regard langoureux de la petite fille soumise et heureuse de voir sa bouche prise pour un vagin. Ce petit manège dura un certain temps et je finis par me demander à quel moment son sperme allait couler au fond de ma gorge. Mais le bonhomme était endurant et visiblement habitué à l’exercice.

Finalement, il se retira et me fit signe de me retourner. Je me mis donc à quatre pattes sur le canapé et attendis d’être pénétrée. Mais au lieu de ça, il joua d’abord de ses doigts le long de mes lèvres avant de faire remonter son majeur ainsi lubrifié jusqu’à mon anus. Il parcourut mon intimité pendant quelques secondes avant que son doigt ne s’aventure à l’intérieur de ma chatte, puis de mon cul, qu’il pénétra légèrement, puis de plus en plus profondément. Même si je ne ressentis aucune douleur, j’appréhendai le moment où il tenterait d’y rentrer autre chose.

  • « Ça va ? Tu n’as pas mal ? », demanda-t-il quand même.
  • « Non, ça peut aller … », répondis-je d’une voix peu rassurée.
  • « Je vais utiliser un plug, ok ? »

J’appris ce qu’était un « plug » en le voyant brandir une sorte de gode à l’aspect conique qui avait l’air assez mou.

  • « Ok … »

Il fit rentrer l’engin plusieurs fois dans mon vagin puis, jugeant qu’il était suffisamment lubrifié, il le présenta au bord de mon petit trou avant d’appuyer de plus en plus fort. Je sentis alors ma rondelle s’ouvrir au passage de ce drôle d’objet qui sans réellement me faire vraiment mal, me procura une sensation pas spécialement agréable. Comme avec son doigt, il commença tout d’abord doucement puis, à mesure que mon anus s’ouvrait, il fit pénétrer le plug de plus en plus loin avant de le retirer. Il prit ensuite position derrière moi et je me crispai immédiatement à l’idée de ce qu’il allait faire. Mais il décida de laisser mon fion tranquille quelques minutes et je fus soulagée de sentir ma vulve s’ouvrir au passage de sa queue. Après plusieurs aller-retour, il se retira et revint mettre sa verge dans ma bouche quelques instants, avant de revenir derrière moi pour me prendre de nouveau. Le même scénario se reproduisit ainsi pendant quelques minutes puis, alors qu’il reprenait place derrière moi, il posa son gland contre mon petit trou. Je fermai les yeux en tentant de me préparer à ce qui allait suivre, mais lorsqu’il força le passage, je me rendis compte que j’avais largement sous-estimé la douleur.

Comme pour échapper à son joug, j’avançai jusqu’à enfoncer ma tête dans le dossier du canapé en poussant un cri rauque tandis que je sentais des larmes me monter aux yeux. Il resta quelques secondes en moi sans bouger, puis ressortit très lentement avant de rentrer à nouveau, mais plus profondément. Les paupières et les dents serrées, je tentai de résister à cette souffrance qui revenait à chaque pénétration. Au bout de quelques minutes, alors que la sensation de brûlure commençait à s’atténuer, il se retira entièrement et brusquement, en me tenant la tête, pénétra violemment ma bouche. Cette fois-ci, je ressentis un haut le cœur en pensant à l’endroit d’où sortait sa bite, mais il ne le remarqua même pas et m’obligea à le pomper durant de longues secondes devant cet objectif qui semblait prendre plaisir à me voir souillée de la sorte. Un instant, je regardai son visage et constatai qu’il était quasiment en transe. Il transpirait à grosses gouttes et un rictus pervers déformait son visage. Il se remit ensuite à nouveau derrière moi et cette fois, il m’encula sans ménagement avant d’entamer des vas-et-viens de plus en plus violents et de plus en plus profonds. Puis, tandis que des râles de plaisir commençaient à sortir du fond de sa gorge, il attrapa mes cheveux et les tira vers lui tout en accélérant les mouvements de son bassin que je sentais cogner contre mes fesses. C’est alors que, brusquement, il s’arrêta et je pus sentir les premières contractions de son braquemart juste avant qu’il ne se vide les couilles dans mes entrailles. Enfin, il se retira et acheva mon supplice en lavant sa queue dans ma bouche. Et après un énième gros plan, il put enfin poser sa caméra et commencer à se rhabiller en me laissant m’effondrer dans le canapé, souillée de toutes parts, vidée de toute énergie et débarrassée de la plus petite once de dignité.

A suivre : La descente aux enfers - Part 9


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 01:47

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Une fois la douche terminée, Alex se rhabilla sans détacher son regard de mon sexe. Un peu gênée malgré tout d’offrir ainsi mon intimité en spectacle, je me levai à mon tour et remis rapidement mes vêtements tandis qu’Annabelle raccompagnait son hôte sur le palier. Une fois la porte refermée, elle se tourna vers moi radieuse.

  • « Alors ? Ne me dis pas que t’as pas aimé ? »
  • « C’était sympa. Très sympa même si là je suis un peu frustrée tu vois … »,répondis-je avec un sourire de satisfaction teinté de regret.
  • « Cochonne ! N’oublie pas ton gode alors ! », s’exclama-t-elle.
  • « Aucun risque ! Il est déjà rangé dans mon sac ! », dis-je en me dirigeant vers la porte.
  • « À demain ! »

Je lui fis un petit signe de la main et sortis. Sitôt la porte refermée derrière moi, je vis Alex assis sur les marches d’escalier. Avait-il remarqué mon trouble ? M’attendait-il ? Lentement, je me dirigeai vers lui sans le quitter du regard. Lorsque j’arrivai à sa hauteur, il se leva et nous restâmes quelques secondes à nous regarder sans bouger. Puis il hasarda une main sur ma hanche. Consciente de ce qui allait suivre, je savais que c’était le dernier moment pour stopper net ses ardeurs, après quoi il serait trop tard. Mais je ne fis rien …

Alors il posa son autre main sur moi et, se tenant derrière, commença à m’embrasser dans le cou. D’abord timides, ses baisers se firent très vite plus impatients et ses mains descendirent le long de ma jupe jusqu’à toucher ma peau, avant de remonter le long de mes cuisses, le tout en me poussant doucement jusqu’à ce que je me retrouve plaquée contre le mur. Là, il remonta entièrement ma jupe, sortit sa bite, et je sentis bientôt ma chatte encore trempée s’ouvrir et avaler cette queue qui semblait avoir retrouvé toute sa vigueur.

Excitée comme rarement, je laissais échapper un cri et il mit aussitôt sa main devant ma bouche afin que nos ébats ne réveillent pas tout l’immeuble. Très vite, la cadence augmenta et c’est ainsi que je me retrouvai la joue collée à la paroi de la cage d’escalier, les jambes écartées, prise par un inconnu de la plus sauvage des façons. Sa main était toujours collée devant ma bouche, m’empêchant d’exprimer plus bruyamment ce plaisir qui s’amplifiait à mesure que les coups de son bassin sur mes hanches se faisaient plus violents. Le rythme déjà frénétique des allées et venues de son chibre s’amplifia encore et j’eus la sensation d’être littéralement défoncée par ses coups de bite à l’intérieur de mon vagin. Pourtant, je ne ressentais aucune douleur et si douleur il y avait, elle était indissociable du plaisir que me procuraient à la fois la situation et l’acte en lui-même. Bientôt je sentis le flot d’une indicible extase parcourir mon être tandis qu’Alex se retira rapidement avant d’inonder de jute mon entrejambe qu’il caressa ensuite de son sexe.

Soudain envahie d’une immense fatigue, je m’assis sur les marches tandis qu’Alex restait devant moi, le pantalon et le caleçon toujours baissés aux chevilles. Il prit alors ma tête et la dirigea vers sa verge qu’il mit dans ma bouche. Quelques secondes durant, je suçais le membre maculé de sperme et de mouille puis il le retira avant de se rhabiller. Toujours sans un mot, il glissa ses doigts dans mes cheveux, presque tendrement et disparut dans la nuit.

De longues minutes passèrent durant lesquelles je restais immobile, à demi allongée sur les marches d’escalier que maculait la semence qui glissait le long de mes cuisses et de mes fesses. Alors, rassemblant mon courage, je me dirigeai vers ma chambre où une douche bien méritée m’attendait.

Lorsqu’Annabelle frappa à ma porte le lendemain, j’étais encore au lit à une heure tardive. Malgré la fatigue que j’avais ressentie la veille sitôt mes exploits accomplis, je n’étais pas parvenue à trouver le sommeil tout de suite, submergée par ce flot d’émotions.

  • « Hello Anna … Entre … », baillai-je en ouvrant la porte.
  • « Houlà ! Toi tu as eu une nuit agitée ! », s’exclama-t-elle en voyant ma tête.
  • « La faute à qui ? »

Elle partit alors dans un éclat de rire qui résonna dans la pièce.

  • « Grâce à qui, tu veux dire ! »
  • « Ben voyons … Sainte Annabelle ! », m’amusai-je à mon tour.

Nous rîmes toutes les deux de bon cœur. Tout en m’habillant, je lui proposai de venir prendre le petit déjeuner avec moi sur les quais, ce qu’elle accepta sans hésiter. Dès que nous fûmes confortablement installées sur les banquettes du bar, Anna orienta bien évidemment la conversation sur nos aventures de la veille.

  • « Alors … Comment tu as trouvé, hier soir ? Sincèrement ? »
  • « Tu parles de quel moment ? Quand nous étions dans ta chambre ou bien ce qui s’est passé ensuite ? », demandai-je énigmatique.

Elle me regarda un instant d’un air interrogatif auquel je répondis par un clin d’œil rieur.

  • « Non ?!? »
  • « Si ! »
  • « Mais quand ? Quoi ? Où ? Comment ? Vas-y ! Je veux TOUT savoir ! »

Elle semblait excitée comme une puce rien qu’à imaginer ce que j’allais lui raconter.

  • « Tu ne me demandes pas avec qui, c’est déjà ça ! »
  • « Alex ? »

Je répondis par un sourire taquin qui ne fit qu’accroître sa curiosité.

  • « Ben allez, je t’écoute ! », trépigna-t-elle du rire plein les yeux.
  • « Il m’attendait assis sur les marches. Et sans même qu’on se dise un mot, il m’a sautée contre le mur de la cage d’escalier ! »,poursuivis-je avant de boire une gorgée de café.

Elle me toucha le bras en écarquillant les yeux.

  • « Oh ? Roxy ? C’est bien toi ? », demanda-t-elle en riant.
  • « Eh oui ! Et c’était … Comment dire ? Wahou ! J’espère que tu ne m’en veux pas d’avoir fait un extra avec ton client ? »
  • « Penses-tu ! Je te le prête quand tu veux ! »

À nouveau, nous partîmes dans un grand fou-rire qui fit se retourner le serveur. Il devait penser que je m’étais consolée assez vite de mon chagrin d’amour.

  • « Par contre, il y a une chose que je voudrais te demander … »,dis-je en redevenant sérieuse.
  • « Bien sûr ! Quoi donc ? »
  • « Tu ne connaîtrais pas un médecin capable de prescrire une pilule rapidement ? Ça va bientôt être mon début de cycle et je voudrais … Enfin … Tu comprends … »
  • « Aucun problème. Tiens, je le connais depuis quatre ans et il est vraiment génial, tu verras. En plus, il prescrit des arrêts de travail sans trop faire d’histoires et il a souvent de la place. Mais dis-moi … Tu as pris un risque ? », ajouta-t-elle soucieuse tout en me tendant la serviette en papier sur laquelle elle avait griffonné un nom et un numéro de téléphone.
  • « Non, non … Il est sorti avant. Il n’a pas éjaculé à l’intérieur. Mais vu mon nouveau métier. »
  • « Ça me paraît indispensable en effet. Appelle-le aujourd’hui. Si ça se trouve, il pourra même te recevoir dans l’après-midi entre deux rendez-vous. »
  • « Merci. »

Nous terminâmes notre petit déjeuner en riant de choses et d’autres, mais à aucun moment je n’abordai mon entrevue avec Valmont. Sans réellement savoir pourquoi, je voulais garder jalousement cette relation pour moi toute seule, évitant même de la partager avec la seule personne de mon entourage qui aurait pu la comprendre.

Après avoir terminé notre café et avalé nos croissants, nous flânâmes le long des quais en chinant devant les célèbres bouquinistes. Sur le chemin du retour, je profitai d’une pose clope sur les berges pour appeler le médecin d’Annabelle et, ainsi qu’elle l’avait prédit, j’obtins un rendez-vous pour l’après-midi même.

De retour dans notre immeuble, Anna me raccompagna jusqu’à ma chambre. En montant les escaliers, je souris en regardant l’endroit précis où s’étaient déroulés mes ébats de la veille. Arrivée dans la chambre, mon amie sortit une enveloppe de son sac et me la tendit.

  • « Ta part pour hier soir ! Et pas d’histoires. D’une façon ou d’une autre, tu sais que j’arriverai à te la donner … », dit-elle avec un grand sourire.

Je pris l’enveloppe sans pouvoir m’empêcher de regarder à l’intérieur, surprise de son apparente épaisseur.

  • « Mais t’es folle ! Y’a au moins 200 euros ! Et toi ? »
  • « Tu sors de ta campagne, ou quoi ? Tu crois que j’accepte de faire ce que j’ai fait hier soir pour deux pommes et trois bananes ? Oh ! Réveille-toi, Roxy ! En plus de ça, ce mec est un fils à papa plein aux as qui ne fait rien de ses dix doigts à part claquer le fric de ses parents. Alors il est mignon, gentil, tout ce que tu veux, mais j’ai aucun scrupule ! »,m’expliqua-t-elle après avoir été surprise pas ma réflexion.

J’en restai assise sur mon matelas, les bras ballants, cherchant à comprendre pourquoi un type comme Alex ressentait le besoin de payer des fortunes pour des choses qu’il aurait très certainement pu avoir gratuitement.

  • « Et puis d’abord, il y a 250 dans l’enveloppe ! Et si ça peut te rassurer, je ne t’ai pas donné ma part ! », précisa-t-elle en souriant.
  • « Je ne sais pas quoi dire … »
  • « Y’a rien à dire. Mis à part lui dire merci mais vu ce que tu lui as fait hier soir, on va considérer que c’est fait ! »,pouffa Annabelle.

Elle riait encore lorsqu’elle quitta ma chambre, me laissant avec ce qui s’apparentait pour moi à une petite fortune. Tandis que je rangeais mon pactole en lieu sûr, je ne pus m’empêcher de penser que cet argent gâchait quelque peu mon plaisir. Bien sûr, j’étais ravie de voir une telle somme tomber du ciel, mais ce qui m’ennuyait surtout, c’est que j’avais pris un plaisir énorme, hier soir. Je me rendis compte que j’aurais agi exactement de la même façon si j’avais eu la certitude absolue de ne rien gagner. Qu’étais-je donc devenue ? Une Juliette des temps modernes prospérant dans le vice ? Point de trace de sadisme dans le moindre de mes fantasmes pourtant. D’ailleurs, quels étaient mes fantasmes ? Je n’étais même pas sûre d’en avoir. Pire, j’avais le sentiment de les vivre avant même qu’ils n’aient le temps de germer dans mon esprit déchiré entre l’eau du fleuve tranquille qui avait bercé toute ma vie et le feu des passions brûlantes qui coulaient dans mes veines comme de l’acide et incendiaient mon ventre. Je savais déjà que le feu gagnerait la partie jusqu’à me consumer entièrement. Il y a des incendies qu’aucune eau ne peut éteindre et contre lesquels on ne peut rien.

Après un repas frugal à la sandwicherie du coin, je flânai un moment dans les rues du quartier avant de remonter me changer avant mon rendez-vous chez le médecin. Ce dernier me reçut presque aussitôt et après l’examen d’usage, me mit un implant contraceptif dans le bras, bien plus efficace selon lui et, vu ce que je lui avais dit de mon métier, avait l’avantage de bloquer les ragnagnas qui m’auraient mise au chômage technique une fois par mois.

Désormais protégée, au moins contre le risque d’une grossesse, je rentrai dans ma piaule afin de me préparer pour le soir tout en me demandant si la prochaine nuit serait aussi agitée que les précédentes. En fait, je me demandais surtout si Valmont me rendrait visite, ainsi qu’il l’avait laissé entendre. Vingt-quatre heures à peine s’étaient écoulées depuis notre dernière rencontre et, déjà, je m’ennuyais de sa présence, de ses regards, de ses mots. Je n’étais pas amoureuse. J’étais même tout à fait consciente que notre relation était vouée à l’échec à plus ou moins long terme. Pourtant, cela ne m’empêchait pas de l’imaginer sans cesse à mes côtés ainsi que le ferait une petite fille rêvant à son prince charmant. La différence étant que ma chambre n’avait rien d’un donjon imprenable et qu’en guise de forteresse, les murs d’indifférence qui entouraient mon cœur n’avaient d’autre architecte que mes propres peurs. Je me rendis compte alors à quel point cette nuit avec Valérie avait bousculé mes certitudes et modifié le regard que j’avais sur ma propre existence. C’était comme si les sentiments que j’avais pour mon amie avaient brutalement envahi la moindre parcelle de mon être comme le ferait l’eau d’un fleuve trop longtemps contenu, emportant sur son passage les digues de la moralité que la société avait mis vingt ans à construire.

Lorsque le club ouvrit ses portes, j’étais déjà assise depuis longtemps sur mon tabouret. Le pressentiment que Valmont allait venir ce soir avait fait grandir en moi une impatience que je maîtrisais tant bien que mal en me forçant à ne pas fixer l’horloge accrochée au mur. Des hommes entrèrent mais je m’en aperçus à peine. Et à 23 heures, celui que j’appelais de tous mes vœux entra, se dirigea vers moi sitôt la porte franchie et déposa un baiser sur ma joue en effleurant ma hanche de sa main. L’instant d’après, nous sirotions une coupe de champagne dans une alcôve au fond du bar, lovés l’un contre l’autre à l’abri des regards indiscrets.

  • « J’espérais que vous viendriez, ce soir. Vous m’avez manqué … »,osai-je du bout des lèvres.
  • « Vous aussi, vous m’avez manqué … »

Son bras enroulé autour de moi resserra un peu plus son étreinte. Il embrassa tendrement mes cheveux.

  • « Est-ce que ça s’est arrangé avec votre amie ? »
  • « Non, pas vraiment. Mais c’est sans importance désormais. »,répondis-je en essayant de me convaincre que c’était effectivement le cas.
  • « J’en suis navré. Ne désespérez pas. Le temps arrange parfois bien des choses … »
  • « Sans doute … », murmurai-je pensive.

J’appuyai ma tête contre son épaule, désirant plus que tout profiter de ces instants.

  • « Au fait, j’ai quelque chose pour vous ! Je voulais vous en faire la surprise, aussi j’espère que vous ne m’en voudrez pas d’avoir choisi à votre place. », dit-il soudain en sortant un objet de la poche intérieure de sa veste.

Le paquet qu’il me tendit était un peu plus gros qu’une carte de crédit et assez épais.

  • « Qu’est-ce que c’est ? », demandai-je à la fois surprise et ravie de cette attention.
  • « Ouvrez-le, vous verrez bien … »

Le passage rapide d’un doigt sous un pli du paquet découvrit l’image d’un smartphone dernier cri, le dernier de chez Nokia.

  • « Mais … Vous êtes fou ! C’est … », m’écriai-je interdite.
  • « Je vous en prie ! Cela me fait plaisir et comme ça pas besoin de me donner votre numéro pour que je vous invite à déjeuner. Je l’ai déjà … »,me coupa-t-il en souriant.

Je restai un moment immobile, le précieux paquet posé sur mes genoux.

  • « Je reconnais que c’est une excuse stupide. J’avais surtout envie de vous faire un cadeau et de vous dire combien vous comptez pour moi. Une manière aussi de vous faire comprendre que vous pouvez m’appeler à toute heure du jour et de la nuit pour quelque raison que ce soit. », poursuivit-il en souriant.

Je posai le paquet sur la table et m’enfonçai entre ses bras.

  • « Merci … »
  • « Il y a mon numéro sur une petite carte au dos du paquet. Et ne vous souciez pas des appels que vous passez quels qu’ils soient. C’est un abonnement illimité alors … Profitez-en ! »
  • « Je ne pourrai jamais vous remercier. C’est tellement … »,murmurai-je envahie par l’émotion.
  • « Vous n’avez pas à le faire … Ou plutôt si ! Appelez-moi quand vous en ressentez le besoin ou l’envie. Cela suffira à mon bonheur. »

J’étais totalement sous le charme de cet homme et cela n’avait rien à voir avec le cadeau qu’il venait de m’offrir. Tout en lui m’inspirait une confiance absolue et sa présence à mes côtés me transportait. Au final, j’avais l’impression que ce n’était pas notre couple improbable qui était incongru mais tout le reste, le décor, les filles, Jeanne, le club …

  • « J’aurais tellement envie d’être ailleurs. Avec vous mais ailleurs … »
  • « Nous en aurons l’occasion, je vous le promets. D’ailleurs, pourquoi ne pas déjeuner ensemble, demain ? »
  • « Avec plaisir … », répondis-je en me redressant et en approchant mes lèvres des siennes.
  • « Je pourrais venir vous chercher vers midi ? Cela vous conviendrait ? »

Mon visage n’était plus qu’à quelques centimètres du sien.

  • « Ça me conviendrait parfaitement … », répondis-je d’une voix de plus en plus faible en me rapprochant encore davantage.

Nos lèvres se touchèrent un bref instant mais Valmont fit glisser les siennes sur ma joue, jusqu’à mon oreille.

  • « Je dois partir, malheureusement. Je suis juste venu vous apporter votre cadeau. Mais je compte sur vous demain ? »
  • « Bien sûr ! »

Je me redressai sur mon siège en essayant de ne pas montrer ma déception, tandis que Valmont se levait déjà pour partir.

  • « Vous ne pouvez vraiment pas rester ? », demandai-je d’une voix triste en me levant à mon tour.
  • « Pas ce soir, Roxanne. Et … »

Il réfléchit un instant, semblant chercher ses mots, puis il posa sa main sur mon bras avant de reprendre :

  • « Et promettez-moi d’apprécier ce cadeau pour ce qu’il est. Un cadeau et rien d’autre. »

Il avait appuyé sa phrase d’un regard insistant comme pour mieux lever toute l’ambiguïté que pouvait contenir son geste. Il ne voulait pas avoir l’impression d’acheter mes faveurs et me le faisait clairement comprendre. C’était une attitude dont j’aurais apprécié la dignité sans cette immense frustration que provoquait en moi son départ rapide.

  • « À demain … »
  • « Je vous appellerai dès que je serai devant l’immeuble. »

Il déposa tendrement un baiser sur mon front, comme il l’avait fait la veille, puis il disparut. L’instant d’après, je retournais m’asseoir au bar et confiais mon paquet aux bons soins de Jeanne.

  • « Déjà des cadeaux ? Eh bien … Je pensais que tu l’avais accroché mais là … » » s’exclama-t-elle.
  • « Il n’a pas voulu rester. Je crois qu’il n’a pas envie d’avoir l’impression de m’acheter. » » confiai-je d’un air las.
  • « Ça ne m’étonne qu’à moitié. Je pense que c’est vraiment quelqu’un de bien. »

Une question me taraudait mais, d’une part, je craignais de mettre Jeanne mal à l’aise et d’autre part, je n’étais pas vraiment certaine d’avoir envie d’entendre la réponse. Malgré tout, ma curiosité l’emporta :

  • « Est-ce que … Vous le connaissez depuis longtemps ? »,glissai-je timidement.
  • « Qu’est-ce que tu veux savoir ? Avec combien de filles il est sorti avant toi ? »

Elle avait deviné la véritable interrogation qui se cachait derrière ma question. Je la regardais fixement et son air mi-surpris mi-sévère disparut au profit d’un sourire de connivence.

  • « D’après ce que je sais, il a commencé à venir peu après son divorce, il y a un an. Au début, il passait ses soirées uniquement au bar, à discuter de tout et de rien avec les filles. Ce n’est qu’au bout de six mois qu’il a commencé à se faire accompagner dans les box, jamais avec la même fille jusqu’à ce qu’il rencontre Corinne … »
  • « Corinne ? »
  • « Elle n’est plus là aujourd’hui. En fait, elle n’est restée que quelques mois et Valmont était le principal client qu’elle emmenait derrière. Puis un ennui familial l’a fait déménager il y a un peu plus d’un mois. »

Je restai silencieuse, me demandant ce qu’il avait pu faire avec cette Corinne, à quoi elle ressemblait etc … Ressentait-elle ce que je ressens aujourd’hui lorsque je suis avec lui ? Faisait-elle semblant ? Jeanne déposa une tasse de café devant moi.

  • « Arrête de te torturer avec ça Roxy ! L’important, ce n’est pas d’être la première. L’important, c’est de savoir les garder le plus longtemps possible au bout de sa laisse ! »

Je souris timidement à sa dernière remarque. Elle ne comprenait pas. Comment aurait-elle pu, d’ailleurs ? Pour elle, tous les hommes n’étaient que des cartes bancaires sur pattes que leurs vices attiraient dans son bar comme des abeilles sur un pot de miel.

  • « Et dernière chose importante … Ne jamais tomber amoureuse ! »,poursuivit-elle en levant l’index vers le ciel tout en me regardant avec insistance.

Je souris tout en baissant les yeux. J’allais tenter de rassurer Jeanne sur ce point lorsque la sonnette retentit.

  • « Ah ! Voilà peut-être de quoi te changer les idées. »,s’exclama-t-elle.

Après un rapide coup d’œil à l’écran de surveillance vidéo, elle partit ouvrir d’un pas décidé. L’homme qu’elle invita à entrer nous salua poliment avant de disparaître dans les salons en compagnie d’Estelle. Un peu plus tard, un autre homme fit son apparition et tenta de me faire la conversation. Mais mon esprit était déjà tourné vers le lendemain et ce déjeuner avec Valmont. Et lorsqu’il partit, j’aurais été bien incapable de dire quels sujets nous avions abordés.

Le lendemain matin, malgré une nuit raccourcie par la découverte de mon téléphone avec lequel j’avais joué comme une gamine, je bondis hors de mon lit avec une énergie décuplée. J’étais impatiente de revoir Valmont en dehors du club, dans un endroit normal, comme un couple normal. Un couple … L’expression me fit sourire tant elle paraissait saugrenue en pareilles circonstances. Nous ne nous étions vus que trois fois. Qu’importe ! Le temps d’un repas, nous serions ce que peuvent être un homme et une femme, simplement heureux d’être ensemble, avec cette impression magique que rien n’existe à part eux.

Lorsque la sonnerie du téléphone retentit, mon cœur fit un bond dans ma poitrine et l’instant d’après, Valmont m’ouvrait la portière de sa jolie voiture.

  • « Où allons-nous ? », demandai-je, curieuse.
  • « Prendre un peu de hauteur … », répondit-il, énigmatique.

Quelques minutes plus tard, il abandonnait sa Mercedes à quelques pas du Champ de Mars et je sus alors où nous allions : au premier étage de la Tour Eiffel se trouve un restaurant panoramique où hommes d’affaires et familles aisées viennent profiter d’une vue unique sur Paris tout en dégustant les plats délicats, mais hors de prix d’un chef étoilé. Les portes s’ouvrirent sur la réception et un serveur nous guida immédiatement vers la table que Valmont avait réservée.

  • « Vous n’avez pas le vertige ? », demanda-t-il en plaisantant.

À vrai dire, ce n’est pas tant la distance qui me séparait du sol qui me dérangeait, mais bien ce fossé, invisible et pourtant infranchissable, que les hasards de naissance ou de la vie avaient creusé entre moi et les gens qui nous entouraient. J’étais à la fois admirative et jalouse de l’aisance avec laquelle ces femmes aux robes de créateurs et ces hommes aux costumes impeccables évoluaient dans ce monde. Un monde où la jeunesse rendait les femmes belles. Un monde où le succès rendait les hommes désirables. Un monde où je n’avais pas ma place.

  • « Ça va … Et vous ? J’imagine que vous avez l’habitude ? », répondis-je avec un sourire forcé.
  • « Je viens régulièrement ici, c’est vrai. »
  • « Vous aimez voir les choses de haut ? »

Alors que le serveur déposait sur la table deux verres qui devaient contenir du kir royal, il dut s’apercevoir de mon trouble et ne répondit pas immédiatement. Que répondre, d’ailleurs ? Dans ce milieu où les gens maquillaient leur noirceur par de coûteux artifices, nos différences s’étalaient au grand jour sous la lumière crue du reflet des paillettes et des strass.

  • « Quelque chose ne va pas ? »
  • « Si, si … C’est juste que … »
  • « Juste que quoi ? »
  • « Je suis ravie d’être ici, vraiment ! Mais tous ces gens si bien habillés … Tout ce luxe. Ce n’est pas moi. »
  • « Je suis désolé … Mon intention n’était pas de vous gêner en vous invitant ici. Ni de chercher à vous impressionner. Pourquoi ne pas simplement profiter de ce moment en laissant les questions existentielles de côté ? »,répondit-il ennuyé.
  • « Vous avez sans doute raison … Alors à nous ! », répondis-je en levant mon verre.

Au fur et à mesure que le repas avançait, je parvins à me détendre et à faire abstraction de l’endroit où je me trouvais. Jusqu’à lui faire part des raisons qui avaient causé mon départ de la fac.

  • « Je suis désolé. Cela n’a pas dû être facile … »,finit-il par dire.
  • « Non, effectivement. Mais grâce à Annabelle, une autre fille du club, j’ai pu rencontrer Jeanne et au final, travailler au 1830. »
  • « Je devine que ce n’est pas le genre de travail que vous imaginiez faire plus tard, lorsque vous étiez petite. »
  • « En fait, je ne me plains pas. Jeanne est vraiment une patronne géniale et puis on fait de belles rencontres … »

J’appuyai ma dernière phrase d’un clin d’œil et il se mit à rire. 

  • « J’espère que vous voulez parler de moi. Je suis très jaloux ! »,plaisanta-t-il.
  • « Évidemment, vous le savez bien … », répondis-je tendrement.
  • « Vous pensez que vous pourrez vous habituer à … Tout ça ? »,demanda-t-il en désignant le cadre luxueux du restaurant.
  • « Je ferai un effort. Et puis, certaines habitudes sont plus faciles à prendre que d’autres. », plaisantai-je à mon tour.

J’étais désormais totalement détendue et heureuse de profiter de ces instants avec Valmont. J’espérais simplement que j’arriverais à me relever de la chute qui finirait inévitablement par survenir un jour.

  • « J’en suis heureux. Parce qu’en fait j’aurais quelque chose à vous demander … »
  • « Quoi donc ? », fis-je intriguée.
  • « Que diriez-vous de voir Prague sous la neige ? »

Je ne sus quoi répondre. Seule, en voyage à l’étranger avec Valmont ! Mille questions se bousculèrent dans ma tête. Etaient-ce des vacances ? Un voyage d’affaires ? Qu’attendait-il de moi ? Voulait-il une accompagnatrice ? L’expression de mon visage dut trahir ma perplexité car il prit soin de préciser de lui-même certains détails :

  • « Que les choses soient claires : je n’ai nul besoin d’une escort ! Je vais là-bas pour affaires la semaine prochaine, mais il ne s’agit que de quelques rendez-vous. Pour vous, ce sera des vacances. Et pour moi, ça en sera également si vous acceptez ma proposition. »
  • « Je ne sais pas quoi dire … C’est tellement inattendu ! En plus, m’absenter de mon nouveau travail alors que je viens à peine de commencer. Qu’est-ce que je vais dire à Jeanne ? »
  • « Je vous ferai un mot d’excuse ! Je vous en prie, dites oui ! »,s’exclama-t-il, excité comme un adolescent.

Comment refuser une telle proposition ? Et en même temps, comment gérer tout ce qu’elle impliquait ? Une fois encore, l’ange et le démon qui cohabitaient dans mon esprit se livraient une lutte sans merci quant au choix que je devais faire. Et comme bien souvent depuis quelque temps, je choisis de tenter le diable !

  • « Eh bien … J’ignore comment je vais annoncer la nouvelle à Jeanne mais c’est d’accord pour Prague sous la neige ! »

Il sembla ému par ma réponse positive et cela me conforta à la fois dans l’idée que je me faisais de lui et dans mon choix. C’était réellement quelqu’un de bien et je sentais déjà poindre en moi les premiers signes d’une douce impatience en imaginant nos ombres entrelacées, glissant côte à côte sur les quais enneigés de la Vltava.

Sur le chemin du retour, il fut intarissable sur les trésors que renfermait la capitale de la Bohème. De la cathédrale Saint-Nicolas au pont Charles en passant par le Stare Mesto, les souvenirs de ses précédents séjours me donnèrent un avant-goût fort agréable de cette ville que je ne connaissais pas. Lorsqu’il me déposa devant le bar, il me promit de prendre contact avec Jeanne afin de la persuader de me laisser partir une petite semaine. Connaissant son pouvoir de persuasion et ayant une vague idée des sommes qu’il avait laissées au 1830 depuis un an et demi, je ne doutais pas qu’elle accède à sa demande sans faire d’histoires.

En regagnant ma chambre, une question me trottait néanmoins dans la tête. Qu’allais-je donc dire à Annabelle ? J’avais eu des scrupules à me confier à elle quant à mon histoire avec Valmont parce que je m’étais convaincue que je voulais garder jalousement au fond de moi toute la magie des instants que je passais en sa compagnie. Mais je me rendis compte que c’était moins le fait de les partager avec elle qui me dérangeait, que les inévitables mises en garde qu’elle ne manquerait pas d’opposer à mon enthousiasme aveugle quant à cette relation sans avenir et par trop artificielle pour l’entendement commun. Pourtant, lorsque je me retrouvai devant sa porte, je savais au moment de frapper que ma décision était prise.

  • « Hé, Roxy ! Je suis passée te proposer de venir manger avec nous, mais tu étais introuvable ! Où t’étais passée ? »

Je répondis à sa question, et même davantage. Le premier soir avec Valmont au 1830, notre rencontre fortuite à la terrasse d’un café, le téléphone et, pour finir, notre projet de voyage. Lorsque j’eus terminé, elle semblait à la fois subjuguée et incrédule.

  • « C’est pas possible ! Prague … Tu imagines la chance que tu as ? »,s’extasia-t-elle en secouant la tête.
  • « C’est vrai que c’est incroyable. Et franchement, je suis sur mon petit nuage ! Je sais bien que notre relation n’a pas d’avenir. Mais pour l’instant, c’est juste … Génial ! », tempérai-je.

Elle me prit dans ses bras en me félicitant et en m’encourageant à profiter au mieux de cette chance qui tombait du ciel. Je savais qu’elle était sincère. Sous ses traits de blonde superficielle et facile, Anna était une fille au caractère entier et dotée d’une grande franchise. Et sous sa bonne humeur perpétuelle se cachait un être sensible capable de tous les sacrifices pour aider son prochain. Elle n’aurait pas manqué d’arguments pour tempérer mes ardeurs et me mettre en garde, mais elle n’en fit rien. Au contraire, elle me laissait jouir pleinement de ce moment sans la moindre jalousie alors même que ce qui m’arrivait était le rêve de toute hôtesse.

  • « Et vous partez quand ? »
  • « Samedi prochain. Il ne reste plus qu’à espérer que Valmont se montre suffisamment persuasif pour que Jeanne me laisse partir. »
  • « Je ne me ferais pas trop de soucis pour ça, si j’étais toi. En tout cas, t’as intérêt à nous envoyer une carte postale ! »
  • « Promis ! »,répondis-je avec un sourire béat en songeant à la semaine de rêve que je me préparais à vivre.

Nous restâmes une bonne partie de l’après-midi à disserter sur ce qui m’attendait durant les prochains jours, imaginant l’hôtel, les promenades romantiques et les nuits torrides dans lesquelles mon amie projetait ses propres fantasmes, après quoi je remontai dans ma chambre afin de me préparer pour le soir. Au vu des événements de la journée et de ceux qui m’attendaient, je n’étais pas spécialement pressée d’aller travailler tant mon esprit était accaparé par mes prochaines vacances. Néanmoins, lorsque je descendis pour le repas, j’étais fin prête à séduire tous les hommes à qui ma parure moulante et sexy aurait l’air de plaire. Pourtant, lorsque je pénétrai dans la salle à manger, j’eus la sensation étrange que quelque chose avait changé et, très vite, Jeanne m’en apporta la confirmation en m’interpellant avec son enthousiasme habituel :

  • « Roxanne ! Viens ma belle, que je te présente une nouvelle ! »

C’est fou de voir à quel point la vie sait parfois se montrer cynique et cruelle. Après m’avoir procuré des moments de bonheur et d’intense émotion tout au long de la journée, voilà qu’elle jetait sur ma route un caillou dont les traits ressemblaient étrangement à … 

  • « Valérie, je te présente Roxanne. Roxanne, voici Valérie. »,insista Jeanne.

La surprise et la décence m’empêchèrent de réagir, jusqu’à ce que Valérie vienne à moi pour me saluer.

  • « Enchantée ! Je suis vraiment ravie de te connaître ! »

Bien évidemment, elle n’avait pas mentionné le fait que nous nous connaissions. Impossible donc dans ces conditions de déclencher une dispute que personne n’aurait comprise. J’étais condamnée à faire semblant de lui souhaiter la bienvenue avec le sourire le plus hypocrite possible.

  • « Bienvenue … », répondis-je alors mollement.

Personne ne remarqua, ou ne voulut remarquer, la tension presque palpable qui s’était installée entre nous deux. Pourtant, nos regards assassins ne mentaient pas et il me fallut un sang-froid à toute épreuve pour ne pas lui rendre la gifle que j’avais reçue l’avant-veille. Après le repas qui vit Valérie s’inventer une enfance malheureuse, laquelle souleva des murmures de compassion qui me firent bouillir, nous gagnâmes nos chaises afin d’attendre le client.

A suivre : La descente aux enfers - Part 8


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 01:41

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Après quelques minutes de ce manège et voulant éviter qu’il jouisse en moi, je descendis le long de ses jambes jusqu’à ce que mes genoux touchent le sol et que ma bouche arrive sur sa queue. Je commençai alors à le sucer tout en le masturbant et il ne fallut que quelques secondes pour que les convulsions précédant l’éjaculation n’apparaissent. Il essaya de me repousser mais je résistai et parvins à garder son sexe en bouche jusqu’à ce que de puissants jets de sperme ne viennent la remplir. Je continuai encore quelques secondes puis je remontai lentement vers lui, la bouche légèrement entrouverte afin qu’il contemple son œuvre avant d’avaler le précieux nectar.

  • « Surtout raconte-lui bien tout ! N’oublie aucun détail ! Je sais qu’elle en raffole. », murmurai-je en collant pratiquement mon visage au sien.

Sur quoi je me levai en m’essuyant la bouche d’un revers de main, réajustai ma robe et lui montrai la direction de la porte.

  • « Le petit chien doit maintenant retrouver sa maîtresse … Et n’oublie pas le pourboire ! Tu feras une note de frais … »

Sans un mot, il se leva à son tour et partit en direction du bar tandis que je filais aux toilettes pour me rincer la bouche et me refaire une beauté. Il y a encore une semaine, j’aurais éclaté en sanglots devant le miroir en contemplant ce que j’étais devenue. Désormais, tout était différent. Finalement, Valérie m’avait peut-être rendu service en agissant de la sorte. Désormais, plus rien ne me retenait dans son monde.

Lorsque je revins au bar, Adrien était déjà parti et c’est sous les regards médusés de Jeanne et des autres filles que je revins m’asseoir sur mon tabouret.

  • « Quoi ? »,lançai-je étonnée en les regardant, tour à tour.
  • « Alors là ma p’tite, tu m’as assise ! Jamais je n’aurais pensé qu’il prenne une bouteille et qu’il te suive dans les box ! Pour tout dire, j’avais peur qu’il nous fasse un malaise ! », s’exclama Jeanne.
  • « Mouais … Il n’était pas franchement intéressant. Il venait de se faire larguer et il m’a saoulée avec ça pendant une heure ! »,fis-je en souriant avec un air méprisant.

S’ensuivirent des moqueries plus ou moins méchantes à son endroit de la part des autres filles, puis la sonnette retentit, signe que la récréation était terminée. L’homme qui entra nous salua cordialement et commanda une bouteille de champagne avant de s’enfuir vers les box avec Annabelle. Je pressentis que la soirée allait être bien longue, mais Jeanne vint me faire la conversation et m’exprimer ses félicitations.

  • « Tu as été géniale, tout à l’heure. Aller vers un client pareil alors que tu es ici depuis si peu de temps, chapeau ! Et réussir à lui faire prendre une bouteille en plus ! », me glissa-t-elle discrètement avec un sourire.

Je souris à mon tour. Bien évidemment, je ne pouvais pas lui raconter le fin mot de l’histoire, mais si j’avais en plus marqué des points auprès de mon employeur, la situation n’en devenait que plus savoureuse. Il faudrait que je pense à remercier Valérie.

Deux autres clients nous rendirent visite ce soir-là mais aucun ne succomba à mes charmes. Qu’importe ! Même si j’aurais bien eu besoin qu’un homme satisfait me laisse un pourboire. En effet, je me doutais bien que le toutou de Valérie n’avait pas pris la peine de glisser un billet à mon intention en partant. Aussi, lorsque l’heure de la fermeture arriva et, avec elle, le rituel des enveloppes, je fus on ne peut plus surprise d’entendre Jeanne appeler mon prénom.

  • « Non ! Il a laissé un pourboire ? », m’exclamai-je en saisissant l’enveloppe.
  • « Tu vas espérer qu’il revienne, finalement ! »,lança Céline hilare.
  • « Euh … Pas à ce point ! », répondis-je en riant.

Après avoir salué Jeanne, nous sortîmes du bar pour regagner nos pénates. Discrètement, j’ouvris l’enveloppe et y trouvai cinquante euros, soit une fortune pour un étudiant. Cela pouvait bien sûr venir de Valérie, mais elle-même ne roulait pas sur l’or.

Annabelle m’accompagna dans les escaliers qui menaient à nos chambres respectives. Arrivées devant ma porte, elle me souhaita bonne nuit avant de me glisser à l’oreille :

  • « En fait, il ne t’a rien laissé. C’est Jeanne qui t’a préparé l’enveloppe ! Mais je ne t’ai rien dit, hein … »

Elle ponctua sa remarque d’un index posé sur sa bouche.

  • « Promis … Bonne nuit. », répondis-je.

J’entrai dans ma chambre et la parcourus du regard, comme pour me l’approprier définitivement. Désormais, cette pièce que j’allais prendre grand soin à décorer, c’était la mienne. Je fis glisser ma robe rouge sur le sol et me dirigeai nue vers la salle de bain. De longues minutes durant, je laissai l’eau tiède caresser ma peau avant d’aller m’allonger sur mon lit. Là, dans la pénombre, la peau et les cheveux trempés, les bras posés le long du corps et les jambes légèrement écartées, j’étais bien. Ce soir, pour la première fois, un sexe nu m’avait pénétrée. Pour la première fois, un homme avait joui dans ma bouche et j’avais avalé sa semence. On dit que c’est lorsqu’on a tout perdu qu’on est libre de faire ce qu’on veut. Ce soir j’étais libre …

Le lendemain matin, je me levai de bonne heure afin de profiter de ma journée pour décorer un peu mon nouveau chez moi. Je m’habillai en vitesse avant de dévaler les escaliers quatre à quatre, attirée par l’idée de ce petit déjeuner que j’avais déjà pris l’habitude d’avaler sur les quais de Seine et c’est le cœur léger que je sortis en trombe de l’allée de l’immeuble qui jouxtait le 1830. Est-ce son ombre que je vis bouger derrière moi ? Est-ce son parfum, qu’inconsciemment je reconnus ? Toujours est-il qu’avant d’avoir fait dix mètres, je m’arrêtais net avant de lui faire face ; l’ombre parfumée adossée à la façade n’était autre que Valérie.

Comment réagir ? J’éprouvais à la fois une sourde colère contre celle qui m’avait envoyé son toutou pour m’espionner et en même temps une indifférence absolument inouïe envers tout ce qu’elle pouvait penser depuis que je m’étais persuadée d’avoir tranché net tous les liens qui pouvaient me rattacher à mon ancienne vie. Alors, à cet instant, une seule chose occupa mon esprit, quoiqu’Adrien ait pu lui dire, surtout ne pas baisser les yeux !

Sans un mot, je m’avançai vers elle tandis qu’elle se redressa tout en se tournant vers moi. À présent, je pouvais voir son visage tendu par la colère et ses yeux marqués par le chagrin. Nous étions désormais à quelques centimètres l’une de l’autre et seul un silence épais, presque palpable, nous séparait. Je continuai à maintenir mon regard planté dans le sien et c’est sans doute la raison pour laquelle je ne vis pas sa main partir et s’abattre sur ma joue. La violence du choc me fit vaciller mais je me redressai aussitôt tout en frottant ma joue meurtrie par ce geste insensé, venant de la part de celle avec qui j’avais fait l’amour deux jours auparavant.

  • « T’as pas envoyé Adrien, pour me frapper ? T’es venue en personne ? Y’a du progrès ! », lui assénai-je en la fixant à nouveau.

Elle ne répondit pas et des larmes commencèrent à perler sous ses yeux fatigués.

  • « Comment as-tu pu ? Comment as-tu pu faire ça ? »,sanglota-t-elle soudain.
  • « Faire quoi ? Baiser avec le mec que tu m’as mis entre les cuisses ? Excuse-moi de faire mon job ! À ce propos, tu aurais pu lui filer de quoi laisser un pourboire ! », rétorquai-je d’un air aussi exaspéré que possible.

Effarée par ce qu’elle était en train d’entendre, elle m’attrapa par le bras en pleurant de plus belle.

  • « Mais arrête Roxy ! Qu’est ce qui t’arrive ? Tu te rends compte de ce que tu dis ? Après tout ce qu’on a vécu … Après … après cette nuit qu’on a passée ensemble … »

Comme écrasée par le chagrin, elle s’accroupit sur le trottoir, sa main toujours accrochée à mon bras. Je sentis alors que les sentiments que j’avais pris soin d’enfouir au plus profond de moi étaient en train de ressurgir. Mais il était trop tard. J’aimais Valérie plus que moi-même, mais si je succombais maintenant, je savais que je la ferais souffrir encore bien davantage. Je devais trouver la force de l’éloigner de moi le plus possible. Et le plus rapidement possible tant je sentais mes larmes prêtes à couler.

  • « Oui, ben j’en ai connu de meilleures ! Mais tu veux savoir le plus drôle ? Le premier mec avec qui j’ai baisé depuis que je fais ce job, c’est celui que tu m’as envoyé ! Jamais avant lui, je n’avais agis comme ça ! Jamais avant lui, je n’avais été aussi loin qu’hier soir ! Tout ça grâce à toi et à l’aide que tu tiens tant à m’apporter ! Alors si tu veux vraiment m’aider : SORS DE MA VIE ! », finis-je par hurler d’un air rageur en écartant sa main de mon bras.

J’espérais avoir fait volte-face assez rapidement pour qu’elle ne voie pas mes larmes couler alors que je m’éloignais. Arrivée au bout de la rue, j’obliquai rapidement en direction du quai, non sans jeter un rapide coup d’œil par-dessus mon épaule. Valérie était toujours accroupie par terre, secouée de sanglots. Ce n’est qu’une fois arrivée au bord du quai je laissais éclater ma peine.

Comment avions-nous pu en arriver là ? J’avais beau tenter de me convaincre que tout était de sa faute, qu’elle aurait dû me laisser tranquille … Je n’y parvenais pas. Pas plus que je n’arrivais à faire disparaître cette image de Valérie se noyant dans ses larmes, effondrée devant mon immeuble. Cette image qui dansait devant mes yeux comme un coucher de soleil que l’on aurait fixé trop longtemps. Après quelques minutes durant lesquelles je réussis à reprendre quelque peu mes esprits, je me dirigeai vers le bar où le café que j’appelais de mes vœux il y a encore dix minutes allait, je le savais, me laisser un arrière-goût amer dans la bouche. Alors que j’entrais dans l’établissement encore désert en cette heure matinale, le serveur me reconnut immédiatement.

  • « Bonjour mademoiselle … La même chose qu’hier ? »
  • « Non merci. Juste un café. », répondis-je d’une voix lasse.

Il fallait être physionomiste pour trouver une quelconque ressemblance entre la Roxanne enjouée de la veille et celle fatiguée, à la mine défaite, d’aujourd’hui.

  • « Double ration de mouchoirs ! », s’exclama-t-il en apportant mon café.
  • « Merci … », murmurais-je dans un sourire de dépit
  • « Allons … Il reviendra ! Ou alors vous n’aurez aucune peine à en trouver un autre ! », enchaîna-t-il.

J’aurais pu lui expliquer qu’il était à côté de la plaque mais je n’avais nulle envie de me confier à un inconnu, fût-il l’indispensable rouage à mon café du matin. Cependant, la gentillesse dont il essayait de faire preuve malgré une absence totale de tact m’empêcha de le rembarrer. Après tout, si la perfection n’était jamais dans les actes des hommes, elle pouvait parfois l’être dans leurs intentions. Aussi me contentais-je d’un petit signe poli de tête mais qui mettait un terme à la conversation.

Tout en buvant mon café, je me demandais où pouvait bien se trouver Valérie désormais. Était-elle toujours en train de pleurer sur le trottoir ? Était-elle rentrée ? S’était-elle lancée à ma recherche ? Plus les secondes passaient et plus je prenais conscience d’avoir été trop loin. Beaucoup trop loin, même ! Au seul prétexte d’être persuadée d’avoir fait les bons choix, en tout cas les moins mauvais, j’avais laissé mon amour-propre guider ma quête d’indépendance avec un entêtement sans limites et en employant les moyens les plus extrêmes. Pourtant, que n’aurais-je pas donné à cet instant pour voir Valérie franchir le seuil de la porte et venir s’asseoir à mes côtés pour me prendre dans ses bras, me dire que ce n’était rien, que tout allait s’arranger. Me dire que rien, jamais, ne nous séparerait. Me dire qu’elle m’aimait.

À cette seule évocation, mes larmes se remirent à couler. De longues minutes durant, je pleurais en silence, sans hoquet ni sanglot, laissant simplement l’écume de ma douleur noyer mes joues. Il fallut qu’un deuxième café arrive sur ma table pour je relève enfin la tête.

  • « Tenez, je vous l’offre ! », dit le serveur en posant la tasse à côté de la première.

Cette fois, il ne s’aventura pas dans une plaidoirie perdue d’avance et se retira aussitôt avant même que j’aie eu le temps de le remercier. Cette marque de gentillesse, même si elle ne résolvait rien, me toucha néanmoins et c’est avec le cœur un peu moins lourd que je dégustais cette nouvelle dose de caféine.

Au bout de trente minutes passées à essayer de me calmer, je me décidais enfin à sortir du bar, non sans avoir remercié comme il se devait mon délicat serveur. Ce n’est qu’une fois sur le trottoir que je me rendis compte que je n’avais aucune notion de l’endroit où je voulais me rendre. En effet, l’idée d‘aller courir les magasins de décoration et pour laquelle je m’étais levée de si bonne heure ne soulevait désormais plus en moi le moindre enthousiasme. Quant à ma chambre, la crainte d’une nouvelle entrevue avec Valérie me dissuada d’y retourner. C’est ainsi que je me retrouvai bientôt à errer sans véritable but, parcourant les rues la tête basse, avec pour seule image celle du bitume défilant sous mes pas. Je ne saurais dire combien de kilomètres je parcourus ainsi, mais le soleil avait déjà commencé à redescendre de son zénith lorsqu’épuisée, je m’assis à la terrasse d’un bar.

Je remarquai alors les allées et venues de gens pressés, accompagnés du bruit des roulettes de leurs valises et qui entraient et sortaient de cette immense bâtisse qui n’était autre que la gare de Lyon. Je pris alors conscience de l’endroit où je me trouvais et de la distance qui me séparait de mon quartier.

L’heure du déjeuner était passée depuis bien longtemps, pourtant, je n’avais pas faim et lorsque le serveur arriva, je ne commandai rien d’autre qu’un expresso accompagné d’un verre d’eau. C’est alors que j’entendis une voix appeler mon prénom. Je tournais la tête et découvris une silhouette familière.

  • « Roxanne … Quelle surprise ! Vous partez en voyage ? »

La silhouette en question était maintenant suffisamment proche pour que je puisse mettre un prénom sur ce visage que je n’avais vu que dans la pénombre. C’était Valmont !

  • « Euh … Bonjour … Non, pas de voyage en prévision. »,balbutiais-je surprise de cette rencontre imprévue.
  • « Tant mieux ! J’avais l’intention de vous rendre visite un jour prochain et j’aurais été déçu de ne pas vous voir … Vous permettez ? »,s’enquit-il en saisissant une chaise.
  • « Bien sûr … »

Lors de notre rencontre au club, j’avais été troublée par le raffinement et l’élégance qui transparaissaient du personnage. Aujourd’hui, alors que la lumière crue de cette fin d’après-midi illuminait son visage, j’étais comme hypnotisée par ce regard dans lequel on pouvait lire une gentillesse sincère, débarrassée de toute la condescendance hautaine qui encombrait parfois les yeux des hommes de sa caste. Par son sourire, par ses gestes, il dégageait le charme simple de ceux qui n’ont nul besoin de paraître pour exister.

  • « Que voulez-vous boire ? »
  • « En fait, je viens de commander un café … »
  • « Un deuxième café, s’il vous plaît ! », cria-t-il à l’adresse du serveur qui s’affairait derrière le comptoir.

Il se tourna alors vers moi et repris :

  • « Alors … Si vous ne prenez pas le train, qu’est-ce qui vous amène dans le secteur ? »

Bizarrement, je n’eus pas envie de lui mentir. Pourtant, entre les magasins, les cinémas et les bars, les raisons possibles de ma présence dans un tel quartier ne manquaient pas. Mais la confiance qu’il m’inspirait m’incita à lui faire part de mes récents malheurs tout en faisant abstraction des raisons pour lesquelles j’avais stoppé brutalement mes études. Pour rien au monde je voulais que la gentillesse dont il faisait preuve à mon égard se transforme en pitié.

  • « Je suis vraiment désolé … Depuis combien de temps la connaissiez-vous ? », murmura-t-il lorsque j’eus terminé mon récit.
  • « Depuis la seconde. Nous arrivions toutes les deux dans cet établissement que nous ne connaissions pas et au bout d’une semaine, nous étions déjà inséparables. »
  • « Peut-être n’est-il pas trop tard. Une amitié aussi solide et sincère ne peut pas se rompre en quelques minutes. Laissez passer quelques jours afin que chacune de vous retrouve un peu ses esprits et reprenez contact. »
  • « Il y a autre chose … », l’interrompis-je en baissant les yeux.
  • « Quoi donc ? »

Je ne saurai dire à cet instant ce qui me poussa à lui raconter ma nuit d’amour avec Valérie. Comme tout un chacun, j’aurais dû être pour le moins gênée d’avouer cette expérience lesbienne. Mais c’est comme si je ressentais le besoin irrépressible de partager le poids de cet amour que je n’arrivais pas à porter toute seule.

  • « Je vois … », dit-il simplement.
  • « Est-ce que cela vous choque ? », demandais-je inquiète de l’effet qu’avait pu produire ma confidence.
  • « Absolument pas ! Au contraire, sachez que je me sens vraiment honoré que vous consentiez à partager avec moi les moments les plus intimes de votre vie. », affirma-t-il en me regardant dans les yeux.

Il posa sa main sur mon bras avant de poursuivre.

  • « Roxanne … Je vis dans un monde où il est interdit de montrer ses peurs et ses faiblesses. Un monde où l’on juge de votre valeur à la taille de votre portefeuille ou de votre voiture, où la carapace que vous vous forgez au fil du temps vous sert autant à vous protéger qu’à détruire tous ceux qui auraient le malheur de se dresser sur votre chemin. Je hais ce monde et pourtant, j’en suis l’un de ses plus abjects représentants. »

Il se redressa sur sa chaise et but une gorgée de café.

  • « Rétrospectivement, j’aurais préféré être menuisier ou bien architecte. Savoir construire quelque chose dont je pourrais être fier. Au lieu de ça, je travaille pour que le compte en banque de quelques privilégiés grossisse au détriment de moins fortunés qu’eux, en faisant en sorte que la plus grosse part échappe au fisc. Le tout, et c’est là le pire, dans la plus parfaite légalité ! »
  • « Vous êtes bien trop dur avec vous-même. Certes, je ne vous ai vu que deux fois et je ne peux pas prétendre vous connaître. Mais ce que vous m’avez montré de vous est très éloigné du personnage que vous vous accusez d’être. »,répondis-je.
  • « Vous croyez ? Pourtant, votre jugement ne résisterait pas à une simple et froide analyse des faits. Je suis un homme d’affaires aisé qui a délaissé sa famille pour le statut que lui offrait son travail et qui pour combler les manques, vient s’encanailler dans un bar à hôtesses ! Pas très reluisant comme tableau, vous ne croyez pas ? »,ricana-t-il.
  • « Alors si vous jouez la comédie lorsque vous êtes avec moi, bravo ! En plus de menuiser ou architecte, vous auriez pu être acteur ! »,rétorquai-je un peu sèchement.

Il resta silencieux un instant, puis rapprocha son visage du mien.

  • « Non Roxanne, je ne joue pas la comédie lorsque je suis avec vous. C’est vous, votre présence, le charme que vous exercez sur moi qui brise cette carapace pourtant si dure par ailleurs. Alors si par votre seule présence, vous arrivez à transformer un requin en agneau, combien de temps vous faudra-t-il, d’après-vous, pour recoller les morceaux du cœur que vous vous reprochez d’avoir brisé et reconquérir votre amie ? »
  • « Peut-être n’ai-je pas envie de la reconquérir ? Peut-être ai-je envie de découvrir autre chose sans être prisonnière d’une quelconque attache ? », répondis-je songeuse.
  • « Peut-être … Mais dans ce cas et au vu des sentiments qu’elle vous porte, croyez-vous réellement pouvoir lui demander d’être une simple spectatrice tandis que vous vous éloignez d’elle ? »

Il se rapprocha encore davantage comme pour donner plus de poids à ce qu’il venait de dire. Je pris conscience qu’il avait raison et je baissai les yeux. Il prit alors ma main comme le ferait un grand frère protecteur et déposa un baiser sur mon front avant de chuchoter :

  • « Je ne peux pas être un petit ami, je ne peux pas être un père même si j’en aurais l’âge ou l’apparence, je ne peux pas non plus remplacer Valérie … Mais laissez-moi être l’ami offrant son épaule à vos chagrins, le confident capable de vous écouter et de vous comprendre et si tel est votre désir, l’amant improbable de vos parenthèses libertines. »

Un frisson parcourut mon corps tandis je prenais toute la mesure de sa dernière phrase. Ses yeux, son sourire … Tout en lui éveillait en moi un désir violent. Sa voix douce, ses mots qui pénétraient mon âme, faisaient voler en éclats mes plus intimes défenses. Un moment, je restai pétrifiée, paralysée par son magnétisme avant de me ressaisir. Et ce fut mon tour de planter mon regard dans le sien.

  • « Mes petits amis n’ont guère d’avenir avec moi et je n’ai nul besoin d’un second père. Quant à Valérie, vous n’avez pas assez de poitrine pour prendre sa place et je ne suis pas sûre que les cheveux longs aillent avec votre style … »,dis-je en souriant.
  • « Il semblerait qu’il ne reste plus qu’une option … »,répondit-il avec un air taquin.
  • « On dirait … En fait, vous pouvez être ce que vous voulez pour moi … Tant que vous restez vous-même. », acquiesçai-je.
  • « Comptez sur moi, Roxanne … »

L’ombre des tables sur le sol s’était considérablement allongée, signe de l’heure tardive. Valmont le remarqua également.

  • « Je ne vous invite pas à dîner car je sais que vous avez des obligations. Mais si vous acceptiez de déjeuner avec moi un jour, vous feriez de moi le plus heureux des hommes ! »
  • « Je dois rentrer, effectivement. Mais … Oui, ce serait avec plaisir. »,répondis-je dans un sourire radieux qui sembla le combler.
  • « Merveilleux … »

Alors que je sortais mon porte-monnaie pour régler nos consommations, il protesta avec véhémence.

  • « Laissez, je vous en prie ! C’est moi qui me suis incrusté à votre table. Je vous invite ! »
  • « Certainement pas ! Je tiens à vous inviter. Et n’insistez pas ! N’oubliez pas que je suis capable de briser votre carapace … »,lançai-je en souriant non sans une forme de défi.

Je lui fis un clin d’œil appuyé et il se mit à rire. 

  • « Soit ! Je m’incline ! Pour cette fois … », dit-il en pointant son index vers le ciel.
  • « Promis ! La prochaine fois, c’est moi qui m’inclinerai … »,lui murmurais-je discrètement à l’oreille.

Sur quoi je m’éloignai rapidement de lui sans autre au revoir qu’un signe de la main. N’ayant aucune envie de retourner au club à pied, je décidai de prendre le bus dont l’arrêt n’était qu’à quelques pas. Durant le trajet, je me remémorais la conversation que je venais d’avoir avec Valmont. Je passais en revue chaque phrase, cherchant entre les lignes une raison pour ne pas me jeter à corps perdu dans cette relation aussi improbable que passionnelle. Car je devais bien avouer que cet homme me troublait comme je n’avais pas souvenir d’avoir été troublée un jour. Sa seule présence transformait la petite fille timide et maladroite en une femme empreinte d’inavouables désirs. Pour autant, je n’étais pas dupe. Je ne me voyais pas couler des jours heureux auprès de lui, charentaises aux pieds et le chat sur les genoux. C’était d’ailleurs bien la rareté de nos rencontres ainsi que le caractère provisoire de notre relation qui en faisait toute la beauté.

Dès notre plus jeune âge, on nous apprend à raisonner sur le long terme et à construire chaque étape de notre vie en pensant à la suivante, comme si chaque instant que nous vivions s’enfuyait aussitôt vers le passé sans que nous ne puissions le retenir. Je m’élevais contre cette planification froide, implacable, qui ne laissait aucune place à l’improvisation ou au hasard. Je ne voulais plus imaginer ma vie. Je voulais la vivre. Jouir de chaque seconde de bonheur, ressentir chaque douleur au plus profond de mon être. Non, je ne serais pas une avocate renommée, plaidant dans les plus grandes affaires criminelles, quémandant dans une robe en satin la relaxe d’un tueur en série. Je ne me marierais pas non plus à vingt-cinq ans avec le major de ma promotion. Je n’avais plus la moindre envie de réaliser mes rêves de petite fille modèle façonnés par une éducation bienséante.

Alors que le bus s’enfonçait dans la pénombre, j’avais l’impression que les choses m’apparaissaient avec plus de clarté. Qu’une acuité nouvelle aiguisait mes sens, me faisant ressentir plus intensément chaque détail du monde qui m’entourait. Et lorsque j’arrivais enfin dans ma chambre, j’étais convaincue que mon départ de l’école était la meilleure chose qui me soit arrivée depuis bien longtemps. Légèrement en retard, je pris une douche en quatrième vitesse afin de descendre à l’heure pour le dîner, après quoi je remontai me changer. La robe rouge était toujours à la place où je l’avais laissée la veille et bien que j’aie une folle envie de la remettre, j’optais finalement pour une mini-jupe noire agrémentée d’une brassière et d’une veste assortie à la jupe. Si un client se présentait deux soirs d’affilée, mieux valait ne pas porter les mêmes habits que la veille.

La soirée fut relativement calme. Seules Annabelle et Céline prirent le chemin des alcôves en compagnie de clients. J’eus cependant le loisir de boire un verre en compagnie de deux hommes charmants qui se présentèrent successivement mais que je ne parvins pas à convaincre de commander une bouteille de champagne, passage obligé pour suivre une fille dans un box. Chacun d’entre eux laissa malgré tout un petit pourboire qui me permettrait de ne pas terminer la soirée les mains vides.

Lorsque l’heure de la fermeture arriva, nous remontâmes chacune dans nos chambres, mais comme j’allais refermer la porte, j’entendis Annabelle m’appeler.

  • « Roxy ! Attends … »

Elle entra et prit soin de refermer la porte derrière elle. 

  • « Roxy, écoute … Le client qui est venu ce soir il va monter dans ma chambre, tout à l’heure, Ça fait six mois qu’il vient régulièrement et il m’a demandé un truc … », me dit-elle avec un clin d’œil.
  • « Oui ? »,fis-je circonspecte en l’invitant à poursuivre.
  • « Voilà … Il voudrait coucher avec moi devant une autre fille. Tout ce que t’aurais à faire, c’est de rester nue avec nous pendant que … Tu vois, quoi. »

J’étais pour le moins surprise par une telle demande. Et puis je ne connaissais pas ce type ! Certes, j’avais fait bien pire la veille mais je n’étais pas sûre d’être à mon aise à leur tenir la chandelle. Me voyant hésiter, Annabelle tenta de me convaincre et poursuivit :

  • « Tu verras, il est sympa, clean … Pas du tout le genre de mec à faire à une fille un truc qu’elle ne voudrait pas. Et puis … Je partage mon pourboire ! »
  • « Euh … Même si j’ai besoin d’argent, ce n’est pas le meilleur moyen de me convaincre. Je sais pas trop … »
  • « Allez … Ça peut être sympa ! Tout ce que t’aurais à faire, c’est de te masturber un peu, histoire de l’exciter. », insista-t-elle en souriant.
  • « Bon, ok … Il vient à quelle heure ? », répondis-je après un moment de réflexion.
  • « Dans vingt minutes. Viens … Suis-moi dans ma chambre et prends ce que je t’ai offert avec toi. Ça pourrait servir … »

Je pris le gode que j’avais rangé dans ma table de nuit et la suivis dans sa chambre. Aussitôt, elle se mit à ranger ses affaires qui traînaient un peu partout. Elle donna également au lieu une atmosphère plus intime en ne laissant éclairée qu’une petite lampe dans un coin de la pièce. Et à l’heure convenue, on frappa à la porte. Celle-ci s’ouvrit sur un homme d’une trentaine d’années, assez grand et plutôt bien bâti. Des cheveux châtain, presque blonds, ondulaient sur un visage rond dont la peau claire ne souffrait d’aucune imperfection. À vrai dire, on pouvait se demander pourquoi un garçon dans son genre passait son temps dans un bar à hôtesses alors qu’il ne devait certainement avoir aucun mal à séduire une fille.

  • « Alex, je te présente Roxanne, une amie. »
  • « Enchanté … », dit-il tout en se penchant pour me faire la bise.
  • « De même … », répondis-je en le dévisageant toujours.

Il se retourna aussitôt vers Annabelle et la salua d’un long baiser avant de laisser tomber sa veste sur une chaise. Anna entreprit alors de lui ôter sa chemise et son pantalon alors que je restais plantée là, commençant à me demander si j’avais eu raison d’accéder à sa requête.

Lorsqu’il fut pratiquement nu, Annabelle laissa choir sa robe sur le sol et l’entraîna vers le lit. Comme ils commençaient à se caresser mutuellement, elle me fit signe de venir les rejoindre. Tout en m’approchant du lit, je quittai ma veste, ôtai ma brassière et fis glisser ma jupe le long de mes jambes. Ainsi dénudée, je m’allongeai aux côtés de mon amie qui ondulait déjà sous les caresses de son amant. Je commençai à me caresser d’une manière aussi lascive que possible au regard de l’étrangeté de la situation tandis qu’Alex descendait lentement vers le sexe d’Annabelle en parcourant son corps avec de doux baisers. Après quelques minutes durant lesquelles elle gémit doucement sous les jeux de langue de son partenaire, elle se redressa brusquement et se jeta sur son caleçon qu’elle lui ôta avant de le lancer sur le sol. Puis, sans la moindre hésitation, elle prit le chibre dressé dans sa bouche et entreprit une fellation experte qui sembla la combler tout autant que lui.

Pour ma part, j’arrivais enfin à ressentir un début d’excitation et à être à peu près à l’aise. Mes mains qui jusque-là s’étaient cantonnées à mes seins descendirent progressivement vers mon entrejambe au creux duquel ma fente secrète s’humidifiait au fil des secondes. Mes doigts inquisiteurs jouèrent un instant avec mes lèvres, puis les ouvrirent avant de s’y cacher un instant, sans vraiment me pénétrer et de remonter jusqu’à ma bouche comme j’avais plaisir à le faire lors de mes séances d’onanisme.

Tout en appréciant les caresses buccales qu’Anna prodiguait à son sexe, Alex ne perdait pas une miette du plaisir que je m’auto-procurais. Malgré la pénombre, je pouvais distinguer ses yeux qui suivaient attentivement les trajets de mes mains entre mes orifices. Je pouvais également sentir toute la satisfaction que cela lui procurait à sa manière de s’enfoncer toujours plus loin dans la bouche d’Annabelle. L’instant d’après, cette dernière libéra la queue gonflée, s’allongea de nouveau et ouvrit ses jambes en guise d’invitation. Alex saisit alors ses cuisses à pleines mains et la pénétra violemment, arrachant à sa partenaire un gémissement dans lequel semblaient se mêler douleur et plaisir. Très vite, ses allées et venues atteignirent une cadence infernale qui fit bouger notre couche de telle façon que j’eus bientôt la sensation d’être à mon tour l’objet de son plaisir. Entraînée par le rythme endiablé des chocs de la chair contre la chair, je finis par perdre toute conscience et tout contrôle. Mon corps abandonné frissonnait sous le joug de mes mains mais cela finit rapidement par ne plus me suffire. Je me saisis alors du gode que j’avais glissé sous les draps et après l’avoir humidifié de ma salive, je me le fourrai dans la chatte sans autre forme de préliminaires. De la même façon qu’avec mes doigts, je le faisais régulièrement remonter jusqu’à ma bouche où ma salive et mon nectar se mélangeaient dans les mouvements de ma langue.

Toute à mes occupations, je sentis les ondulations du matelas s’accélérer encore davantage et les murmures de plaisir d’Annabelle se muèrent bientôt en cris incontrôlés, signes d’une jouissance imminente. Et lorsqu’ils redevinrent de simples gémissements, elle se dégagea de l’étreinte de son amant, se retourna et se mit à quatre pattes devant lui. Il la pénétra de nouveau en lui écartant les fesses au maximum, avant que ses doigts ne viennent jouer avec son petit trou. Puis, à mesure qu’il reprit la cadence de ses allées et venues, les caresses autour de son anus devinrent plus insistantes et plus fortes, jusqu’à ce que son pouce disparaisse à l’intérieur. Annabelle sembla apprécier et ses deux orifices furent bientôt pénétrés avec la même ardeur jusqu’à ce qu’il retire son sexe de son vagin et qu’il le présente quelques centimètres plus haut. Il appuya tout d’abord légèrement, puis de plus en plus fort. Anna poussa des gémissements crispés jusqu’à ce que sa rondelle ne cède, acceptant maintenant volontiers ce braquemart qui entrait dans son cul.

Les allées et venues reprirent alors, mais d’une façon moins rapide et moins brusque tandis qu’une excitation de plus en plus grande commençait à s’emparer de moi, s’accroissant au fil des pénétrations de mon gode et des mouvements de mes cuisses. Mais alors que j’étais au bord de la jouissance, un râle d’Alex monta dans la nuit et dans un ultime soubresaut, il expulsa son sperme à l’intérieur de ce cul offert à son extase. L’instant d’après, il retira son membre souillé et vint s’allonger auprès d’Annabelle.

Coupée dans mon élan par cette fin brutale, j’arrêtai de me masturber et en guise de jouissance, c’est une frustration peu commune qui s’empara de moi, à tel point que j’aurais été prête à me faire prendre par le premier homme qui se serait présenté. Après un rapide câlin, Annabelle et Alex se levèrent et se dirigèrent vers la salle de bain tandis que je restais allongée sur le lit, les jambes encore écartées, privée d’une jouissance que j’appelais de tous mes vœux.

A suivre : La descente aux enfers - Part 7


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 01:11

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Lorsque nous en fûmes au café, je m’enquis de savoir si Val devait rentrer tôt ou non. La revoir m’avait fait le plus grand bien malgré notre dispute et je n’avais pas envie de la quitter déjà. 

  • « Non, ne t’inquiète pas. Demain matin, je prends des cours par correspondance … »

C’était notre expression favorite pour dire que nous faisions l’école buissonnière. Je me rendis compte alors que je n’aurais peut-être plus jamais l’occasion de prononcer ces mots.

  • « Est-ce que tu voudrais me raccompagner ? Voir où je vis désormais ? »

Elle eut un moment de réflexion durant lequel son visage s’assombrit.

  • « D’accord. Est-ce que je vais rencontrer tes nouvelles copines de boulot ou des clients ? », me demanda-t-elle avec un sourire tendu.
  • « Non … Le bar est fermé le lundi. Et pour information, j’ai du mal à me rappeler des prénoms de mes « nouvelles copines » comme tu les appelles. »

Je ponctuai ma phrase d’un clin d’œil pour lui signifier que sa remarque désobligeante ne m’avait pas échappée, puis d’un sourire afin qu’elle sache que je n’étais pas vexée. Valérie régla la copieuse addition et nous sortîmes dans la nuit.

  • « Merci … Ça t’a coûté un bras ! », murmurais-je en la prenant par la taille.
  • « Je l’ai fait avec plaisir. J’espère juste qu’il y aura de nombreuses autres soirées comme celles-ci … », dit-elle en m’enlaçant à son tour.
  • « C’est promis ! »

Alors que nous arrivions, nous longeâmes la façade décrépie de mon nouveau lieu de travail. Valérie n’y prêta aucune attention et nous montâmes jusqu’à mon studio.

  • « C’est coquet ! Mais ça manque cruellement de déco… Il va falloir que nous nous occupions de cela ! », se moqua-t-elle dès son entrée.
  • « C’est prévu ! Mais chaque chose en son temps. Pour l’instant, j’essaie de m’y habituer. », dis-je en riant.

Nous posâmes nos affaires et nous assîmes sur le lit. Valérie promena son regard tout autour de la pièce. Que pouvait-elle penser en cet instant ? Voyait-elle défiler des images d’hommes venant se repaître de charnels plaisirs et repartir sitôt leur désir évaporé dans la tiédeur moite d’un corps soumis ? Peut-être m’imaginait-elle accueillant des inconnus et leur offrant mon corps sans le moindre scrupule ni la moindre retenue ? Je savais qu’elle s’imaginait les choses pires qu’elles n’étaient réellement. J’aurais voulu la rassurer. J’avais déjà tenté de le faire mais je me heurtais systématiquement contre le mur de ses préjugés.

  • « À quoi tu penses ? »
  • « À rien … »
  • « Val, je te connais … »

Elle resta un instant silencieuse, le regard vague.

  • « Tu as déjà eu … Des clients ? », demanda-t-elle.

Je me préparais à la rembarrer, mais son visage semblait indiquer qu’elle était prête à entendre certaines choses. C’est donc avec le plus grand calme que je lui répondis.

  • « Un seul. Il s’appelait Valmont … »
  • « Et … ? »
  • « Nous avons bu un peu de champagne. Surtout lui, en fait. Il m’a raconté ce qu’il faisait, son travail, tout ça … »
  • « Et qu’est-ce que vous avez fait ? »

Depuis que j’avais appelé Valérie, je voulais lui raconter ce que j’avais vécu ce soir-là, sûre qu’elle comprendrait. Je m’étais imaginé cette discussion comme ressemblant à tant d’autres que nous avions eues à propos des garçons, l’œil coquin et le rire jamais bien loin. Au lieu de ça, je me retrouvais sous un feu nourri de questions posées froidement et sans ambages, impliquant des réponses énoncées comme des articles du code pénal.

  • « J’étais hyper tendue et gênée au début. Et puis … Je sais pas … Il avait beaucoup de charme, présentait bien … J’ai fini par me prendre au jeu … »,continuai-je.

Valérie ouvrit de grands yeux écarquillés.

  • « C’est-à-dire ? »
  • « Il a commencé à me caresser … De façon très subtile … Et au fur et à mesure, j’ai senti que je me libérais. J’avais envie qu’il me touche … Qu’il pose ses mains sur moi … Puis je me suis mise à le caresser à mon tour. »

Valérie ne dit rien, se contentant de hocher la tête.

  • « J’ai adoré ce moment. Et je crois bien que dans d’autres circonstances, j’aurais été plus loin … », poursuivis-je en plantant mon regard dans le sien.

Nous restâmes silencieuses quelques secondes. Une éternité. Valérie me regarda comme si elle avait du mal à reconnaître son amie. Pourtant, c’était bien moi. Je n’avais pas changé.

  • « J’imagine ce que tu dois penser. Pourtant je t’assure que j’ai parfois eu davantage de craintes en suivant des mecs rencontrés en boîte qu’avec cet homme dans le cadre du pub où les clients sont rigoureusement sélectionnés et où la patronne intervient au moindre problème. Tu as ton idée sur tout ça, mais je t’assure que j’ai trouvé ici des personnes qui m’ont permis de sortir la tête de l’eau à un moment où j’étais toute prête à plonger. Alors non, je ne rêve pas de faire ça toute ma vie, mais pour l’instant, c’est tout ce que j’ai trouvé. Et c’est beaucoup mieux que de servir de jouet à des étudiants en mal de sexe. »
  • « Tu as sans doute raison. Je suis désolée de réagir comme ça mais cela ne te ressemble tellement pas … », finit par dire Val.
  • « Que veux-tu ? Je dois être une nympho qui s’ignore ! »
  • « Je n’ai pas dit ça ! J’adore le sexe et pourtant, je ne me vois pas faire ce genre de choses. »
  • « Tu changerais peut-être d’avis si tu étais dans ma situation. »
  • « Peut-être … », conclut-elle simplement.

Un nouvel abîme de silence se creusa entre Valérie et moi. Peut-être valait-il encore mieux ne rien dire plutôt que de continuer cette discussion qui ne menait nulle part, même si j’étais profondément attristée de voir que mon amie ne me comprenait pas. Pourtant, sa présence me faisait un bien immense et je ne voulais pas qu’elle parte. Paradoxalement, je me sentais proche d’elle comme rarement je ne l’avais été. 

  • « Il se fait tard. Tu veux rester dormir ici ? »,lui proposai-je.
  • « D’accord. Tu te lèves tard, demain ? »
  • « Je me lèverai en même temps que toi. Et je t’offre le petit déjeuner ! »

Je fus soulagée de voir que nos petites disputes n’avaient pas eu d’incidence sur notre amitié. Comme je me levais pour lui trouver une tenue de nuit, elle m’arrêta net :

  • « Laisse tomber, Roxy ! La dernière fois que j’ai mis une de tes nuisettes mes nichons ont faillis l’exploser et tu t’es moquée de moi ! »
  • « L’exploser ? Tu n’exagères pas un peu ? Tout ça pour mettre en valeur tes gougouttes ! », la repris-je en pouffant.
  • « Oui … Ben de toute façon, dormir avec une de tes nuisettes ou toute nue ça ne change pas grand-chose ! », rit-elle à son tour.

Après un bref passage à la salle de bain, je laissai la place à Valérie et me préparai pour me mettre au lit. Quelques minutes plus tard, Val sortit à son tour et commença à se déshabiller. Je la regardai faire en enviant, comme à chaque fois, les si jolies courbes de son corps. J’aurais tant aimé lui ressembler.

Lorsque j’émis un sifflement admiratif, nous rîmes toutes deux de bon cœur avant que je n’éteigne la lumière. La pénombre et le silence envahirent la pièce comme un drap de velours, masquant la lèpre des murs au moins jusqu’au matin. À côté de moi, Valérie était allongée sur le dos. Nue. Comme la dernière fois où nous avions dormi ensemble, cette simple pensée me troubla et j’ignorais pourquoi. Jamais je n’avais eu de pensées saphiques à son égard mais sa présence à mes côtés éveillait en moi des sentiments qui m’étaient inconnus. Peut-être me sentais-je aussi proche d’elle car je craignais que ma nouvelle vie l’éloigne de moi ? Or je voulais croire qu’il n’en était rien, tant elle prenait la chose à cœur et accourait au premier appel. Je me rendis compte alors que malgré tout ce qu’elle faisait pour moi, je rejetais en bloc toutes ses objections sans lui exprimer la moindre gratitude. Aussi je me tournai vers elle. Elle ne dormait pas.

  • « Merci … Merci d’être ma meilleure amie … », lui murmurais-je à l’oreille.

Elle se tourna pour me faire face et posa sa main sur mon bras.

  • « Mais de rien voyons … Tu sais bien que je serai toujours là … »
  • « Je l’espère … Je l’espère de tout cœur. »
  • « Je te le promets … », souffla-t-elle en me prenant dans ses bras.

Nous nous enlaçâmes alors tendrement, nos deux corps seulement séparés par la soie fine de ma nuisette. Puis nos jambes s’entrecroisèrent et nos bras glissèrent sur nos peaux, comme si nous cherchions à nous rapprocher encore et encore jusqu’à ne faire plus qu’une. Un instant, mon genou effleura son sexe. L’instant d’après le sien effleura le mien. Je sentis monter une excitation que mon esprit tentait de repousser mais que mon cœur cherchait à attiser. C’était comme si la moindre cellule de nos corps était attirée par l’autre mais que nos consciences les en empêchaient à tout prix. Un jeu de cache-cache où le moment, inévitable, lorsque l’une de nous allait se découvrir, arrivait à grands pas malgré ces efforts désespérés pour le repousser encore et encore. Valérie m’embrassa le front, je déposai un baiser sur sa joue. Puis nos bouches se frôlèrent une première fois, avant de se coller l’une à l’autre dans la fougue d’un baiser unique et merveilleux qui fit tomber ce qu’il restait de nos défenses. Après, tout fut plus facile. Ni l’une, ni l’autre ne chercha à se soustraire à l’étreinte. Et tandis que nos langues nous entraînaient dans une interminable danse, nos mains glissèrent le long de nos corps, frénétiquement, sans calcul ni retenue. La mienne glissa sur un de ses énormes seins. Je sentis celle de Valérie courir sous ma nuisette avant de redescendre le long de mes jambes. C’était un bonheur délicat, simple et intense. Une ivresse née de nos parfums charnels dont nous savions toutes deux qu’elle provoquerait une terrible gueule de bois au petit jour. Qu’importe ! Le goût de nos peaux sucrées valait tous les matins du monde et nous plongeâmes, insouciantes, dans le tombeau de notre amitié déchirée par cette passion violente et soudaine.

Nos bouches toujours jointes, Valérie bascula sur moi. Ses mains me parcoururent, comme cherchant la moindre parcelle de mon corps encore non explorée. Je quittai alors cette nuisette devenue un encombrant fardeau, un tissu vulgaire et râpeux entre la douceur de nos peaux. Puis les lèvres de Valérie quittèrent les miennes pour glisser le long de mon cou jusqu’à mes seins dressés autour desquels sa langue s’attarda un moment, avant de remonter jusqu’à ma bouche pour un nouveau baiser. Je sentis alors son corps peser un peu plus sur le mien et la toison de son jardin secret appuyer sur la peau imberbe de mon sexe. Je sentis également la rosée de mon désir se transformer en rivière à mesure des contacts répétés entre nos bas-ventres. Prise d’une frénésie incontrôlable, je fis basculer mon amie sur le dos et me retrouvai sur elle. À mon tour, j’embrassai ses seins gonflés dont les tétons devenaient de délicieuses et dures friandises que je suçais avec avidité. Puis, l’esprit déserté par la raison et les scrupules, je descendis progressivement le long de son ventre jusqu’à sentir sous ma langue le léger duvet qui recouvrait son sexe. Elle écarta alors un peu plus ses cuisses, m’ouvrant ainsi le chemin jusqu’à son minou ronronnant. Sans réfléchir, j’y plongeai brutalement, m’enivrant du nectar qui perlait de ses lèvres et se déposait sur ma langue inquisitrice. J’aurais pu continuer à lécher chaque millimètre de sa peau des heures durant. Des heures à écouter Valérie murmurer cette volupté que je lui procurais. Mais elle me repoussa et me fit remonter à sa hauteur. Elle enjamba alors ma tête et je vis son entrejambe descendre sur mon visage. Une fois qu’elle fut presque assise sur moi, je poursuivis l’exploration de son intimité tandis qu’elle se pencha de façon à atteindre la mienne. Et ce fut mon tour de gémir sous les assauts de sa langue fougueuse, jouant avec mes lèvres et mon clitoris pendant que ma bouche trempée de plaisir embrassait frénétiquement sa chatte, osant même quelques détours par son anus. Puis nous changeâmes de position et je me retrouvai sur elle, mon sexe posé contre sa bouche. Je restai un moment ainsi à recevoir égoïstement ce plaisir qu’elle m’offrait, gémissant sous le joug de sa langue qui violait ma vulve. Jamais je n’avais connu de plaisir aussi intense. Et jamais je n’avais eu autant envie d’en donner. Je me penchais alors sur elle et repris l’exploration de sa grotte. C’est alors que je sentis monter en moi une vague de chaleur que rien ne semblait pouvoir réprimer et qui électrisa mon corps tout entier. Un cri de bonheur vint ponctuer cette jouissance infinie et je m’écroulai à bout de souffle sur le corps de Valérie avant de me retourner et de remonter vers elle. Elle bascula sur moi et m’embrassa de toutes ses forces tout en frottant son sexe contre le mien. Son visage était trempé de mon orgasme et je sentis le sien se déverser peu à peu sur ma foufoune au fur et à mesure des ondulations de son corps sur le mien. Puis ses gémissements se transformèrent en cris et son corps se reposa lourdement sur le mien, sa tête blottie au creux de mon épaule. Nous restâmes alors silencieuses de longues minutes et nous finîmes par nous endormir enlacées l’une à l’autre.

Le lendemain matin, le soleil se joua de la vigilance des persiennes et nous réveilla à l’aube, éclairant de sa lumière crue les murs jaunis par le temps et la scène de nos ébats. Les traces sur nos corps nus et l’humidité sur les draps se révélèrent au jour et à nos yeux encore pleins de sommeils. Nous nous regardâmes un instant mais nos yeux glissèrent sur le sol, laissant sur nos joues les traînées du maquillage de la veille et les regrets éternels que demain soit déjà aujourd’hui.

La porte claqua comme un coup de revolver et les mots de Valérie fusèrent comme des balles qui m’atteignirent en plein cœur tandis que mon amie dévalait les escaliers, laissant derrière elle l’écho de sa colère et un doux effluve de parfum. Je restai un long moment face à cette porte, perdue dans une seconde qui semblait figée pour l’éternité. Je réalisai alors que le prix pour cette nuit avec Val allait être élevé et que ce n’est pas en vendant mon corps et mon âme que je parviendrais à le payer.

Mes larmes auraient dû couler mais ce chagrin, je le savais, était bien trop profond. Il continuerait à me ronger comme un cancer, jusqu’à ce que le feu qui avait embrasé mon cœur ne s’éteigne. Ou le consume entièrement.

Pourtant, une question me taraudait plus que toute autre. Valérie m’avait-elle fait l’amour pour ensuite me détourner de la voie que j’avais choisie, comme un moyen ultime de me sauver ou bien est-ce que ses sentiments étaient purs ? Les deux réponses m’effrayaient car bien qu’aimant Val plus que tout au monde, je ne me sentais pas lesbienne pour autant. D’un autre côté, ma situation n’avait pas changé et non seulement j’avais besoin de ce travail, mais ma première expérience avec Valmont me poussait à continuer. Bien sûr, je savais aussi que tout ne serait pas rose tous les soirs. Que des nuages viendraient vite assombrir le tableau idyllique que mon esprit était en train de peindre. Mais je voulais aller voir plus loin. M’enfoncer davantage dans ce monde qui m’effrayait et m’attirait pourtant. C’est ce que j’avais essayé de faire comprendre à mon amie avant qu’elle ne parte comme une furie mais bien évidemment, elle n’avait rien voulu entendre.

  • « Je me fous que tu aies besoin de ce job ! Tu fais la pute dans un bar Roxanne ! Ça te plaît de te faire passer dessus tous les soirs par le premier guignol qui passe ? Parfait ! Mais ne me demande pas d’accepter que ma copine soit une roulure qui se fait sauter pour du fric. Adieu Roxanne ! Et inutile d’essayer de m’appeler ! »

À mesure que ses paroles revenaient en boucle dans ma tête, la colère se mêla progressivement au chagrin. J’avais le sentiment d’avoir été abusée par mon amie de la plus ignoble des façons et cela ne fit que renforcer mon refus de céder au chantage sentimental qu’elle essayait de m’imposer. Aussi, après une douche réparatrice, je décidai d’aller déjeuner dehors, histoire de me changer les idées.

Il était encore tôt et la Seine serpentait dans une brume légère, éclairée par la douce lumière du matin. La ville s’éveillait lentement et les premiers brouhahas du marché naissaient des étals des marchands. Du haut de sa colline, la basilique su Sacré Cœur semblait comme suspendue au ciel tandis qu’en contrebas, Belleville bruissait de l’attente des premiers touristes.

Bizarrement, je me sentais bien. Pour la première fois depuis longtemps, je ne ressentais plus ni peur, ni honte. Je ne cherchais pas à fuir le regard des gens et c’est avec un grand sourire que je commandai mon café au serveur qui me sourit à son tour, sans doute tout heureux de commencer sa journée avec comme première cliente une avenante jeune fille. Je restai un long moment sur la terrasse baignée de soleil puis décidai de retourner dans ma chambre avec l’espoir d’y croiser l’une de mes collègues de travail, peut-être Annabelle. Désormais, elles étaient ma seule famille. Malheureusement, aucun bruit ne venait troubler la quiétude des lieux et mes espoirs furent rapidement déçus. C’est donc avec un peu d’appréhension que je dus me résoudre à retourner dans la chambre où quelques heures auparavant, Valérie et moi avions fait l’amour. Me résoudre à ouvrir cette porte qui avait rompu d’une façon aussi nette que définitive, les liens qui nous avaient unies durant toutes ces années.

Je pris une grande inspiration et commençai à ranger la chambre en prenant soin de faire disparaître toute trace de sa présence, changeant les draps et allant même jusqu’à vaporiser un peu de parfum dans la pièce. Lorsqu’Annabelle vint frapper à ma porte une heure plus tard, la chambre avait retrouvé une relative virginité.

  • « Salut ma belle ! Bien dormi ? »
  • « Bien mais peu. Je suis tombée du lit ! »
  • « Ça demande un peu de temps pour s’habituer à ce rythme de vie. Mais tu verras, on s’y fait vite ! »
  • « J’en suis sûre … »
  • « On se fait un Mac Do avec les filles, ça te dit de venir ? »
  • « Avec plaisir ! »

Il y a encore quelques heures, j’aurais répondu par la négative, mais désormais, tout était différent. Je voulais m’intégrer au mieux dans ce nouvel univers qui était à présent le mien. Et mon expérience d’étudiante m’avait appris que les loups solitaires qui refusent de se mêler à la meute deviennent vite des brebis galeuses. Évidemment, aller dans un Mac Do lorsque l’on vit dans la capitale de la gastronomie peut tenir du sacrilège mais vu l’état de mes finances, le pragmatisme devait une nouvelle fois prendre le pas sur les principes.

Les filles furent aimables et j’appris de nombreuses anecdotes sur mon nouveau travail, les clients sympas, les habitués etc … J’eus même droit au récit de Jeanne, chassant de son bar un client indélicat à l’aide d’une bouteille de champagne. Je pus me rendre compte à quel point elle était appréciée par « ses filles », ainsi qu’elle aimait les appeler, et cela me conforta dans l’idée que je me faisais de ma nouvelle patronne. Après le repas, notre petite troupe se dispersa et je repris la direction de ma piaule. Si je parvenais à trouver le sommeil, une petite sieste ne serait pas inutile.

Lorsque je me réveillai, il était presque 18 heures, soit bientôt le moment de me préparer. Pour autant, cela ne devait prendre que peu de temps car je savais déjà ce que j’allais mettre. Et quand je sortis du bain, la robe rouge que j’avais dépliée auparavant m’attendait sur le lit. Je l’enfilai délicatement, choisis une paire de mules à talons aiguilles assorties et interrogeai mon miroir. La jeune fille qui me regardait m’apparut suffisamment sûre d’elle pour ne rien ajouter ni dessus, ni dessous. Je la toisai une dernière fois du regard et descendis à la salle à manger. C’était prévisible, je fus accueillie par Annabelle avec des sifflements gentiment chambreurs auxquels se mêlèrent bientôt les exclamations amicales des autres filles tandis que Jeanne opinait du chef en souriant :

  • « Attention les filles ! La petite Roxanne va vous faire une sacrée concurrence, ce soir ! »
  • « Tu es vraiment superbe dans cette robe ! », renchérit Anna.
  • « Grâce à toi. Merci encore … », lui murmurai-je.
  • « Je t’en prie ! En plus, on dirait qu’elle cache très bien les sous-vêtements … », me souffla-t-elle en retour en ponctuant sa remarque d’un clin d’œil que je lui rendis avec un sourire entendu.

Ce n’était que ma deuxième soirée de travail mais je connaissais déjà par cœur ce rituel qui semblait immuable. Le rangement à la fin du repas, l’installation sur les tabourets du bar, la revue des troupes accompagnée de ses petits rappels sur la meilleure façon de faire consommer les clients et enfin, l’ouverture. Enfin l’attente que j’imaginais parfois interminable, les yeux rivés sur la porte jusqu’à l’arrivée du premier client qu’il fallait appâter d’un seul regard ou d’un croisement de jambes au bon moment.

Le mardi soir était calme au 1830. Et ce n’est qu’au bout d’une heure que la sonnette retentit avec sa discrétion habituelle. Quelques instants plus tard, un jeune homme s’avança d’un pas hésitant. À en croire le regard de Jeanne qui le toisait de haut en bas, ce ne devait pas être un habitué. Et au vu de son attitude maladroite, ce ne devait pas l’être de ce genre d’endroit en général ! Tandis que Jeanne lui souhaitait la bienvenue en lui demandant ce qu’il souhaitait boire, il me jeta quelques regards à la dérobée. Je pense pouvoir dire avec certitude qu’à ce moment-là, chacune d’entre nous priait pour qu’il en choisisse une autre. Non qu’il fût moche, ou bien qu’il semblât d’une saleté repoussante, mais la gêne qu’il paraissait éprouver en notre compagnie était si grande qu’elle réprimait en nous tout désir. Même Jeanne, pourtant si prompte à mettre les gens à l’aise semblait démunie face à pareille situation. Pour autant, elle n’en restait pas moins notre patronne et d’un regard bref mais sans ambiguïté possible, elle nous fit signe qu’il était temps de passer à l’action.

J’étais en première ligne. Aussi, afin de ne pas prolonger le moment d’hésitation qui avait suivi l’ordre discret de Jeanne, je décidai d’aller « au combat ». Au vu de mon manque d’expérience, j’étais sans doute la moins qualifiée pour ce type de mission. Je n’avais pas la moindre idée de la façon dont je devais aborder ce jeune homme si timide. Mais quitte à abandonner l’idée de prendre le moindre plaisir, je pris la chose comme un exercice de travaux pratiques. Au moins, cela me rappellerait l’école.

  • « Bonsoir … Vous m’offrez un verre ? », l’abordai-je en prenant ma plus belle voix.
  • « Bonsoir … Bien sûr … Deux cafés ! », bafouilla-t-il en se tournant vers Jeanne.

Les rires étouffés que tentaient de contenir tant bien que mal les autres filles nous parvinrent et je dus faire un effort démesuré pour ne pas succomber au fou-rire qui me guettait. Et ce n’était rien face à la perplexité absolue que je pouvais lire sur le visage de Jeanne. Aussi tentai-je de reprendre la situation en main :

  • « Peut-être qu’une boisson plus festive et pétillante serait davantage appropriée … »

Il tourna vers moi un visage perplexe, puis ses yeux s’illuminèrent comme si il avait eu d’un seul coup toutes les réponses aux grands mystères de l’univers.

  • « Oh ! Oui pardon … Deux coupes de champagne, s’il vous plaît ! »,corrigea-t-il en regardant Jeanne.

Pendant que cette dernière s’affairait à préparer la commande, je décidai de poursuivre mon exercice.

  • « Et comment vous appelez-vous ? »
  • « Adrien. »
  • « C’est la première fois que vous venez ici, non ? »
  • « Euh … Oui … Ça se voit tant que ça ? »

Et en plus, monsieur était susceptible !

  • « Il faut une première fois à tout, vous ne croyez pas ? »

J’avais prononcé ces mots avec la voix la plus sensuelle possible et ponctué ma phrase en posant ma main sur sa cuisse, espérant ainsi détendre un peu mon sujet d’expérience. Mais ce fut le contraire qui se produisit. À peine eussé-je posé mes doigts qu’il se raidit en resserrant ses genoux et en accrochant ses mains à la barre de cuivre qui entourait le bar, comme au bastingage d’un bateau sur le point de chavirer.

  • « Ça ne va pas ? », demandai-je interloquée.
  • « Si … »

Jeanne posa nos verres sur le comptoir, ce qui permit à Adrien de porter son attention sur autre chose que ma main sur sa cuisse. Décidément, c’était vraiment le jeune homme le plus timide qu’il m’ait été donné de rencontrer. Cependant, ne m’avouant pas vaincue, je saisis mon verre et lui fis signe de trinquer, ce qu’il arriva à faire sans rien renverser malgré sa nervosité. Après quoi il but son champagne comme si c’était du jus d’orange et c’est un verre presque vide qu’il reposa sur le comptoir.

  • « Quelle descente ! », murmurai-je en feignant l’admiration.

Ce type était désespérant ! Rien ne semblait pouvoir le détendre un tant soit peu, pas même un verre de champagne avalé cul-sec. J’allais devoir changer de stratégie.

  • « Pourquoi ne pas prendre une bouteille et nous installer dans un endroit un peu plus intime ? Nous serions plus à l’aise, vous ne croyez pas ? »

Il porta son regard en direction des box puis, pour la première fois, me regarda dans les yeux. Alors que j’essayais de le convaincre par un sourire que je voulais sincère et subtilement langoureux, je pus détailler son visage sur lequel on pouvait lire une tension extrême. Pourtant, ses traits étaient fins et l’ensemble plutôt agréable à regarder. Et sans cette timidité maladive, on aurait même pu imaginer qu’il puisse avoir un certain succès auprès des filles.

Il avisa de nouveau les alcôves avant d’accepter ma proposition d’un léger hochement de tête. Je fis alors un signe discret à Jeanne qui n’avait pas perdu une miette de la conversation et elle nous suivit jusqu’au fond de la salle avec nos coupes et un seau à champagne qu’elle disposa sur la table. En m’asseyant sur le divan, je pris soin de conserver une certaine distance avec Adrien de façon à ne pas le mettre davantage mal à l’aise qu’il ne l’était. Si le simple contact de ma main sur sa cuisse avait provoqué un tel état de quasi-panique, mieux valait me montrer prudente.

Pourtant, à mon grand étonnement, ce fut lui qui prit l’initiative de remplir nos coupes. Certes, il paraissait encore très nerveux mais le fait d’être soustrait aux regards moqueurs des autres filles semblait l’avoir détendu quelque peu.

  • « On est quand même plus tranquille ici, non ? »,dis-je en saisissant ma coupe.
  • « Oui … C’est vrai … »

Pour la première fois, je pus distinguer sur son visage l’esquisse d’un sourire qui m’encouragea à poursuivre.

  • « Et que faites-vous dans la vie ? »

Il hésita longuement avant de répondre, comme si son métier ou sa condition était incompatible avec sa présence ici :

  • « Je suis … Etudiant. Vous devez sûrement vous demander ce qu’un étudiant vient faire dans ce genre d’endroit ? », dit-il en baissant les yeux.

Étudiant ! À dire vrai, la première chose qui me traversa l’esprit est la crainte de l’avoir déjà croisé dans les lieux estudiantins que je fréquentais il y a encore quelques jours. Pourtant, son visage m’était parfaitement inconnu et Paris pas petit, loin de là.

  • « Vous savez, on ne juge pas les gens ici … Chacun a sa propre histoire et ses propres raisons de se retrouver dans ce genre d’endroit, comme vous dites. »,répondis-je en essayant de ne pas montrer mon trouble.
  • « Je suis désolé, ce n’était pas péjoratif. C’est juste que … C’est la première fois que je mets les pieds dans un bar comme celui-là. Mais ça, vous l’aviez probablement deviné. »

Était-ce le champagne ou l’intimité, ou bien les deux ? Toujours est-il que sa nervosité disparaissait à mesure que la conversation se prolongeait. Mais elle semblait laisser la place à un mélange de tristesse et de nostalgie dont son regard s’imprégnait lentement.

  • « Il n’y a aucune honte à ça, répondis-je simplement. Et que faites-vous comme études ? »
  • « Je suis à Dauphine. En filière scientifique. »

L’université Paris-Dauphine était de l’autre côté de la ville. Il y avait donc peu de chances pour que nos chemins se soient croisés un jour. Et bien que je ne tienne pas à trop me dévoiler, j’avais malgré tout envie de lui faire part de mon ancienne condition.

  • « Moi-même j’étais étudiante il y a encore quelques temps. »
  • « Vraiment ? »,répondit-il surprit.
  • « Vraiment. J’étais l’IRTS de Montrouge encore très récemment … »
  • « Mais que s’est-il passé ? Pourquoi avez-vous arrêté ? »
  • « C’est une longue histoire … Et je ne suis pas sûre qu’elle vous intéresse. Mais vous ? Ne devriez-vous pas être en train de réviser vos cours ? », repris-je de manière évasive.
  • « C’est une façon déguisée de me demander ce que je suis venu faire ici, non ? »

Décidément, ce garçon me surprenait de plus en plus. Tout à l’heure si timide et réservé, le voilà qui montrait maintenant une assurance grandissante et faisait preuve d’une certaine subtilité.

  • « Vous n’êtes pas obligé de me répondre. Mais encore une fois, je ne suis pas là pour vous juger. »

Ses yeux toujours emplis de tristesse glissèrent à nouveau sur le sol. Comme pour se donner du courage, il but une gorgée de champagne.

  • « C’est idiot … », murmura t’il en reposant sa coupe.

Je me rapprochai doucement de lui afin de l’inviter à poursuivre.

  • « En fait, je viens de me faire larguer … », lâcha-t-il dans un petit sourire forcé.
  • « Je suis sincèrement désolée … », répondis-je en posant ma main sur son bras.
  • « Ça faisait plus de huit mois qu’on était ensemble et c’était génial. Et là, soudainement, elle m’a annoncé qu’elle voyait quelqu’un d’autre et ciao ! »

Voilà donc la raison de la tristesse que j’avais décelée tout à l’heure. Au moins, vu les nombreuses fois où je dus consoler Valérie suite à pareille mésaventure, j’étais en terrain connu.

  • « Je sais que lorsque cela arrive, on a l’impression que la vie s’arrête. Mais croyez-moi, ça passera. »
  • « Sûrement … En tout cas, après qu’elle m’ait dit que c’était terminé, j’ai marché sans but et je me suis retrouvé là. J’ignore encore pourquoi je suis entré. »
  • « Peu importe la raison. Si je peux vous apporter un peu de réconfort et une oreille compatissante … », lui dis-je en passant gentiment mon bras autour de son cou.

Je ponctuai ma phrase d’un sourire que je voulais rassurant et amical. Il parut sensible à mes marques d’attention et le fait de m’avoir confié ses malheurs semblait l’avoir délesté un poids.

  • « Merci. Vous êtes sympa et … Charmante … », me dit-il avec un sourire hésitant.
  • « On pourrait peut-être se tutoyer, non ? Je ne pense pas que l’on aurait fait tant de manières si l’on s’était croisé dans une soirée étudiante. »
  • « Tu as raison … », sourit-il.

Nous restâmes un moment à nous regarder dans la pénombre. Mon bras reposait toujours sur ses épaules et je l’attirai lentement vers moi tout en approchant ma bouche de la sienne. Mais au moment où j’allais déposer un baiser sur ses lèvres, il eut un mouvement de recul.

  • « Je suis désolé … Je … Je ne suis pas encore prêt … »,balbutia-t-il.
  • « Prêt à quoi ? Je ne vais pas te demander en mariage ! Pourquoi s’empêcher de passer un bon moment ? », lançai-je surprise de me voir ainsi repoussée.
  • « Non … Je … »

Son regard, qui l’instant d’avant ne voyait que moi était désormais fuyant et regardait partout sauf dans ma direction.

  • « Écoute, moi aussi j’ai vécu des choses un peu difficiles récemment. Mais il faut reprendre le dessus, non ? »
  • « Apparemment tu l’as vite repris, toi, le dessus ! »

À la tête qu’il fit sitôt sa phrase terminée, je compris qu’il venait de se rendre compte qu’il en avait trop dit. À ce moment-là, le scénario ignoble qui pouvait expliquer sa présence ici commença à prendre forme dans mon esprit mais la colère sourde qui montait en moi devait attendre une confirmation avant d’exploser pour de bon.

  • « Et sur quoi suis-je censée avoir « vite » repris le dessus, dis-moi ? », questionnai-je d’une voix sombre.

Cette fois, il était complètement paniqué. Ses yeux parcouraient frénétiquement la salle comme cherchant un moyen de fuir.

  • « Euh … Non … C’est juste que … »
  • « Juste que quoi ? Juste qu’une fille qui se présentait comme mon amie t’as envoyé ici me renifler le cul ? », insistai-je les dents serrées.

Je ne reconnus pas cette façon de m’exprimer mais j’étais dans un tel état de rage que les barrières de la décence qui canalisaient d’ordinaire mes émotions étaient en train de voler en éclats les unes après les autres.

  • « Écoute, elle s’inquiète pour toi … Vraiment, elle … »

La chose la plus raisonnable à faire en pareille circonstance aurait été de me lever et d’aller demander à Jeanne de mettre ce malotru dehors. Mais je ne voulais pas faire de scandale si peu de temps après mon arrivée et d’autre part, je n’avais nulle envie d’avoir à en expliquer les raisons. Alors, guidée par la colère et un sentiment de trahison d’une violence que je n’avais jamais ressentie jusqu’alors, je regardai vers l’entrée du bar pour m’assurer que personne ne pourrait nous voir puis je plaquai mes mains sur les épaules de l’espion envoyé par mon ex-meilleure amie et l’enjambai brusquement jusqu’à me retrouver à califourchon sur lui.

  • « Alors cette petite traînée t’a envoyé m’espionner ? »,lui demandai-je tout en faisant bouger mon corps sur le sien pour essayer de l’embrasser.
  • « Mmmhhh … »

Certes, avec une furie qui essaie de faire entrer sa langue dans votre bouche, ce n’est pas facile de répondre. Mais il ne faisait aucun effort non plus.

  • « Je vais te donner des choses à lui raconter … »,poursuivis-je en plongeant ma main dans son jean.

L’espace d’un instant, la crainte qu’il se mette à crier pour attirer l’attention me traversa l’esprit mais vu les circonstances, je doutais qu’il tienne réellement à se couvrir de ridicule une nouvelle fois. Et puis, on a rarement vu un client de bar à hôtesses porter plainte pour viol. Tout en maintenant mon emprise, je réussis à déboutonner son jean et à sortir son sexe de son caleçon. À en juger par sa taille grandissante, j’en conclus que la situation devait malgré tout l’exciter un minimum.

  • « Arrête … », parvint-il à articuler.
  • « Pourquoi donc ? Tu n’es pas venu là pour ça ? Pour savoir ce que je fais avec les mecs qui viennent « dans ce genre d’endroit » ? Il faut bien que tu aies quelque chose à raconter à la salope qui t’a envoyé ! Et puis ça a l’air de t’exciter, non ? »
  • « Mmmhhh … »

Je frottais à présent son sexe contre le mien. J’étais consciente des risques de faire ça sans capote alors que je ne prenais même pas la pilule, mais l’envie d’envoyer un message le plus violent possible à Valérie prenait le pas sur toute autre considération. Alors, après quelques ultimes caresses, je fis entrer en moi cette bite inconnue. Puis, reposant ma main sur son épaule, je repris mes ondulations et mes tentatives de baiser. Tentatives qui finirent par réussir lorsqu’il arrêta de lutter. Je pus alors mouvoir mon corps à ma guise sur son chibre tout en essayant d’être la plus discrète possible. Jeanne nous avait clairement interdit d’avoir un rapport sexuel avec un client dans l’enceinte du bar et je n’avais nulle envie de me faire renvoyer.

  • « Tu vois ? Ça te plaît finalement … », haletai-je.

Il ne répondit pas et tourna la tête, se contentant de subir la situation qu’il avait lui-même provoquée tout en essayant de profiter un minimum de l’aubaine. De mon côté, je prenais un maximum de plaisir à le dominer de la sorte. Et l’imaginer raconter comment je l’avais baisé à Valérie m’excitait encore davantage.

A suivre : La descente aux enfers - Part 6


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 00:50

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Aussi, je fus presque déçue d’atteindre les quatre heures du matin sans avoir eu un autre homme cherchant ma compagnie. Certes, le dimanche était un jour calme où la clientèle était presque exclusivement composée d’habitués ainsi que me l’avait expliqué Jeanne. Il n’empêche que je restais un brin frustrée de ne pas avoir eu le loisir de poursuivre mon apprentissage. Fort heureusement, la compagnie de Jeanne m’avait permis de trouver les heures moins longues, mais aussi d’en apprendre davantage sur mon nouveau travail. Lorsque tous les clients furent partis, elle procéda au rituel de la distribution des enveloppes contenant les pourboires. Ce système permettait aux filles de ne jamais avoir d’argent sur elles et en même temps, empêchait toute transmission directe du client à l’hôtesse. Chose qui n’était pas pour me déplaire. Une fois la distribution terminée, Annabelle, dont la stratégie vestimentaire avait semble-t-il fonctionné, me raccompagna jusqu’à ma chambre afin de récupérer ses affaires tout en me bombardant de questions.

  • « Alors ? Je veux TOUT savoir ! Comment il était ? Tu as aimé ? Qu’est-ce que vous avez fait ? », enchaîna-t-elle après s’être jetée sur mon lit.
  • « Houla ! C’est un interrogatoire en règle ! Ça s’est très bien passé ! »,répondis-je en riant.
  • « Mais encore … »

Je n’avais pas l’habitude de raconter aux copines mes frasques sexuelles. Pourtant, je mourais d’envie de me confier à quelqu’un. Aussi, je lui racontai en détail les moments que j’avais vécus avec Valmont. 

  • « On dirait que tu as aimé ? »
  • « Plus que ça ! Et c’est bien ce qui m’inquiète. Ça ne me ressemble pas. La vraie Roxanne aurait sûrement battu en retraite au premier attouchement. Là, j’en demandais encore … À tel point que j’avais presque envie d’aller plus loin … J’étais même déçue de ne pas avoir d’autres clients ! T’imagine ? », ajoutai-je en redevenant un minimum sérieuse.

Elle éclata de rire.

  • « Je te rassure, c’est normal. Pas besoin d’aller voir un psy ! Tu sais, je t’ai menti quand je t’ai dit que je n’avais jamais couché avec un client. Au début, vu ce que j’avais fait auparavant, je me suis longtemps contenté de simples caresses. Puis l’envie a été trop forte et maintenant, je m’envoie en l’air trois fois par semaine. », m’avoua-t-elle avec un air espiègle.

Je restai un instant interdite et une inquiétude m’envahit soudain. J’allais protester lorsqu’elle ajouta :

  • « Mais rassure-toi. Ce qui est vrai en revanche, c’est que Jeanne n’obligera jamais personne à le faire. Ça, je peux te le jurer. »
  • « Pourquoi m’as-tu menti, alors ? »
  • « Je voulais simplement te rassurer. Et surtout t’inciter à choisir ce chemin plutôt que tu passes par où moi je suis passée … »

Son visage s’assombrit à l’évocation de ces souvenirs visiblement douloureux. Je ne répondis pas, mais mon regard du paraître suffisamment interrogateur pour qu’elle continue.

  • « Après être partie de la fac, j’étais complètement paumée. À tel point que j’ai dû faire le trottoir pour pouvoir payer l’hôtel après m’être fait virer de mon appartement. Et là, ce n’était plus des étudiants que je suçais tranquillement dans mon studio, mais des routiers ou des pervers dégueulasses par qui je me faisais sauter dans le local à poubelles des immeubles alentour … Puis une nana que j’avais rencontrée dans un bar m’a présenté Jeanne. Elle a été géniale avec moi. Du jour au lendemain, j’ai trouvé un toit, de quoi manger à ma faim et surtout, une famille. Vu mon état psychologique quand je suis arrivée, elle m’a même laissé deux semaines derrière le bar alors qu’elle n’avait besoin de personne pour l’aider. Je n’avais aucun contact avec les clients, je préparais juste les commandes. Cela m’a permis de me reconstruire avant d’aller plus loin. Et je lui en serai éternellement reconnaissante. »
  • « Je suis désolée … »
  • « Ne le sois pas ! Aujourd’hui, je vais bien ! Je prends mon pied avec des mecs hyper classe quand j’en ai envie et avec les pourboires, je ne manque plus jamais de rien. »

Je restai un moment silencieuse en me demandant ce que j’aurais fait si je ne l’avais pas rencontrée. Serais-je tombée aussi bas ? Aurais-je eu le courage de relever la pente ou bien aurais-je sombré corps et âme ? J’espérais bien ne jamais le savoir. Pour autant, y avait-il une si grande différence entre le trottoir et le bar à hôtesses ? Si ce n’est sur la forme, tout au moins sur le fond. Je m’apprêtais à lui faire part de mes interrogations mais, sans en avoir conscience, elle répondit à mes questions lorsqu’elle poursuivit :

  • « Et je vais te dire … Depuis que je suis là, je n’ai plus jamais eu l’impression d’être une pute ! On passe de bons moments dans un cadre agréable avec des mecs pas toujours à notre goût, certes, mais toujours corrects. On va jusqu’où on veut avec qui on veut, sans contrainte. Et, cerise sur le gâteau, le système des pourboires permet de ne pas recevoir d’argent directement du client. Personnellement, je ne demande rien de plus. »

Le sourire qu’elle affichait acheva de me convaincre qu’il y avait pire comme situation. Moi-même, je n’avais pas été à plaindre pour ma première soirée.

  • « Je ne sais pas jusqu’où j’irai. Mais si je suis sans arrêt dans le même état que ce soir, j’ai peur de craquer assez vite ! »,confessai-je.
  • « Pourquoi peur ? Tu es une fille Roxy ! T’as envie de t’éclater avec un mec ? Qu’est-ce qui t’en empêche ? »
  • « Effectivement vu comme ça … »

Elle haussa les épaules, puis elle se leva et commença à ramasser ses affaires.

  • « Un dernier conseil avant que j’aille me coucher … Arrête de te prendre la tête et laisse-toi aller ! Tu verras, tu ne t’en porteras que mieux ! Sur ce, bisous ma belle et bonne nuit ! »

Annabelle me fit un petit signe de la main avant de sortir de ma chambre, me laissant là avec pas mal de questions et une excitation toujours vive. Après avoir pris une bonne douche réparatrice, je m’apprêtais à me mettre au lit lorsqu’on frappa à ma porte. J’allai ouvrir, mais ne trouvai personne. J’étais en train de refermer lorsqu’un objet posé sur le sol attira mon attention. Et pour cause, il s’agissait d’un gode accompagné d’un petit mot :

Un petit cadeau pour ta bonne conscience !

PS : Il est propre !!!

Annabelle.

Je ne pus réprimer un éclat de rire ! Cette fille était décidément complètement déjantée ! Sitôt la porte refermée, j’examinai l’objet de plus près. C’était une imitation en latex souple d’un pénis de bonne taille, assez détaillé et couvert de nervures en relief. Je n’avais jamais utilisé de gode. Non par principe ou par gêne, mais simplement que l’envie avait toujours été moins forte que la volonté d’entrer dans un sex-shop afin d’en acheter un. Je posai l’objet sur ma table de nuit, me glissai dans les draps et éteignis la lumière.

Quelques minutes après, les images de ma soirée avec Valmont vinrent défiler dans ma tête. Sa main entre mes cuisses, ma main sur sa queue et l’excitation mutuelle que nous avaient procurée ces gestes intimes. Déjà, ma main se promenait sur ma poitrine, caressant, massant légèrement un sein, puis l’autre. Une humidité naissante entre mes cuisses s’accroissait avec l’arrivée de mes doigts. L’état d’excitation dans lequel je me trouvais au bar revint plus fort encore. Mes doigts pénétrèrent mon vagin comme dans du beurre, écartant au passage mes lèvres trempées et ma vulve ouverte. Je pris alors le gode sur la table de nuit et l’appliquai à l’entrée de mon con. J’appuyai, sans succès, jusqu’à ce qu’une pression un peu plus forte que les précédentes ne le fasse pénétrer dans mon ventre. Un gémissement s’échappa de mes lèvres. Je le fis ressortir, un peu, avant de le faire entrer à nouveau, un peu plus loin. J’étais dans un état second. Les images de Valmont et moi en train de nous caresser obsédaient mon esprit. La bite factice allait et venait dans mon vagin tandis que des mains imaginaires me touchaient de toutes parts. Et alors que mon souffle s’accélérait, je me surpris à regretter de ne pas avoir connu cela plus tôt. Quelques instants plus tard, je retirai le gode de mon sexe et le portai à ma bouche. J’adorais le goût de mon désir. Je m’en repaissais jusqu’à plus soif à chacun de mes ébats solitaires. Mes lèvres, ma langue, ma bouche entière était imprégnée de mon nectar alors que je suçais ce sexe anonyme et sous mes ordres. Je le fis redescendre ensuite vers ma chatte folle de désir et la pénétrais cette fois sans aucun ménagement. Les va-et-vient se firent ensuite de plus en plus rapides, et malgré mes lèvres fermées pour étouffer chaque cri, un râle de jouissance plus fort que les autres perça le silence de la nuit.

Je restai quelques secondes immobile, le gode planté entre mes cuisses et mes muscles se détendirent peu à peu. Je me forçai à ne penser à rien pour ne pas entraver mon plaisir de l’instant. Je refoulai tous ces sentiments de culpabilité, de regrets ou de honte au plus profond de moi. J’y parvins sans mal et n’en fus même pas surprise. J’avais changé. Je n’étais plus qu’une simple étudiante. J’étais Roxanne, une jeune fille voulant devenir une femme épanouie.

Le lendemain matin, je me réveillai peu avant midi. J’allais devoir prendre l’habitude de mes nouveaux horaires et apprendre à vivre légèrement à l’envers des autres. Même si pour l’instant, les « autres » n’étaient que mes nouvelles collègues de travail qui avaient les mêmes horaires que moi. Alors que je venais tout juste de finir de m’habiller, Annabelle vint me rendre visite avec un sourire jusqu’aux oreilles, et un emploi du temps chargé !

  • « Salut Roxy ! Bien dormi ? », me demanda-t-elle avec un clin d’œil entendu.

Elle avisa le cadeau qu’elle m’avait offert sur la table de nuit. J’en avais même oublié de le ranger !

  • « J’imagine que oui … En tout cas, je l’espère ! Je t’invite à déjeuner et ensuite on est parties pour une séance de lèche-vitrines et d’achats compulsifs ! », poursuivit-elle avec une moue coquine.
  • « Les miens ne vont pas être compulsifs bien longtemps. Après un seul jour de travail, j’ai un budget limité. », répondis-je en riant.
  • « Justement ! Allons trouver de quoi gonfler nos pourboires ! »

Après tout, ce n’était pas une mauvaise idée. Après les jours que je venais de vivre, une activité « normale » ne pouvait me faire que du bien.

  • « Ok ! Je range un peu et j’arrive. », répondis-je enthousiaste.

Annabelle m’invita dans un excellent restaurant à deux pas du bar. Une adresse à retenir. Pendant le repas, j’en sus un peu plus sur elle, et elle sur moi. Ainsi j’appris qu’elle n’avait jamais connu son père et qu’elle avait quitté le domicile de sa mère à tous justes 18 ans. La liberté apparente de la vie d’étudiante lui avait donné des ailes, et bien que sa mère n’habitât pas très loin, elle choisit de louer un petit studio afin de jouir d’un peu plus d’indépendance. Avec au final les conséquences que l’on sait. À mon tour, je lui confiai ma solitude avec l’éloignement de mes parents, et ce fossé qui s’était creusé progressivement entre eux et moi.

  • « C’est marrant … Nos histoires ont quelques similitudes … »,dit-elle après que j’eus terminé mon récit.
  • « Effectivement … En tout cas, merci d’avoir frappé à ma porte. Si je ne t’avais pas rencontré, je ne sais pas ce que je serais devenue. »
  • « Mais de rien ! Il y a certaines choses que je n’ai pas pu m’éviter. Je voulais au moins les éviter à quelqu’un d’autre. »

Nous restâmes silencieuses quelques minutes durant, le temps de déguster un excellent filet de cabillaud. Puis Annabelle me raconta plus en détail les aventures qu’elle avait eues avec les clients du bar. En l’écoutant, j’eus la confirmation qu’elle faisait ça autant pour l’argent que pour le plaisir que cela lui procurait. Peut-être même surtout pour le plaisir …

  • « Finalement, c’est comme si j’avais un nouveau copain tous les soirs ! Je peux choisir selon l’humeur du moment ! », conclut-elle.

J’éclatai de rire.

  • « On dirait que tu parles de crèmes glacées ! »,lui lançai-je sur un ton taquin.

La métaphore lui vint immédiatement à l’esprit :

  • « Mmmhhh ! Exactement ! Une glace qui finit toujours par fondre sous la chaleur … », renchérit-elle avec gourmandise.

Nous rîmes toutes les deux de plus belle en nous amusant de la comparaison. Puis Annabelle régla l’addition et nous quittâmes le restaurant repues de bonne chair et de joie de vivre. Nous commençâmes notre périple par un magasin de fringues dans lequel ma nouvelle amie avait ses habitudes. Les rayons offraient un grand choix de robes de grande qualité mais toutes au-dessus de mon budget. Après moult essayages, Annabelle jeta son dévolu sur une robe rouge suffisamment courte et décolletée pour mettre ses atouts en valeur. Elle insista pour que je l’essaye et je dus reconnaître qu’elle m’allait à ravir. Après avoir complété ses achats par un bustier en dentelle, une deuxième robe et un pantalon en stretch ultra-moulant, nous poursuivîmes nos investigations dans un magasin de chaussures avant une pause-café bien méritée. Puis ce fut au tour d’un magasin de lingerie de nous soumettre à la tentation de ses articles allant du plus sage au plus affriolant. Articles qui revêtaient pour nous une importance considérable compte tenu de notre « métier » … Vu mon manque de moyens, j’avais pris l’habitude de faire mes achats en période de soldes. Aussi fus-je désagréablement surprise des nombres parfois à trois chiffres qui ornaient les étiquettes. Pourtant, après de longues recherches, je parvins à trouver un ensemble slip brésilien soutien-gorge ainsi qu’un string en satin noir transparent de toute beauté. Annabelle ayant également trouvé son bonheur, nous nous dirigeâmes vers les cabines d’essayage dans le fond du magasin. À peine avais-je fini de passer mon string en satin qu’elle passa la tête dans ma cabine.

  • « Ho ! Pas mal du tout ! Vraiment pas mal du tout. Tourne-toi … »,s’exclama-t-elle.

Je m’exécutai, avant de lui faire face de nouveau.

  • « Il te va super bien. Par contre, pour porter ça, je te conseille de garder la foufoune bien épilée ! », ajouta-t-elle avec un clin d’œil.
  • « Tu crois ? », demandai-je faussement dubitative.
  • « Bien sûr que oui ! Les mecs adorent ça ! Tu le sais très bien … On s’aidera mutuellement à entretenir tout ça. Seule, c’est pas pratique ! », s’amusa-t-elle à me proposer.

Je ne sus pas trop quoi répondre, me voyant mal ouvrir mon intimité à une fille.

  • « Et toi alors ? Comment tu trouves ? »,reprit-elle en s’installant pour de bon dans ma cabine.

Elle portait un boxer rouge en fine dentelle qui laissait à nu le bas des fesses, assorti à un soutien-gorge du même ton.

  • « C’est vraiment magnifique ! », répondis-je.
  • « Merci ! »

Sans prendre la peine de retourner dans sa cabine, elle retira les sous-vêtements qu’elle venait d’essayer. J’avais déjà remarqué qu’elle n’avait aucun scrupule à se déshabiller devant une fille, devant un garçon non plus certainement à priori d’ailleurs, mais j’éprouvais toujours une certaine gêne à faire de même.

  • « Fais voir ce que ça donne ton ensemble… », s’enquit-elle tout en passant d’autres dessous.

Sans montrer mon trouble, je retirai mon string et enfilai le slip brésilien blanc qui avait retenu mon attention, ainsi que le soutien-gorge qui allait avec. Annabelle approuva d’un signe de tête. Une fois nos essayages terminés, nous réglâmes nos achats et reprîmes le chemin de nos appartements. Sur le trajet, nous dissertâmes avec entrain de la tenue que nous allions adopter le lendemain soir et je pus constater une nouvelle fois qu’Anna n’avait décidément peur de rien. À peine arrivée devant ma porte, elle me prévint :

  • « Je vais poser mes affaires et prendre le nécessaire. Je reviens … »
  • « Le nécessaire ? Quel nécessaire ??? »
  • « Ben pour l’épilation ! », répondit-elle comme une chose allant de soi tout en regardant en direction de mon entrejambe.

J’étais effarée ! J’étais sûre qu’elle avait oublié et mon trouble n’en fut que plus grand. Elle avait déjà disparu dans les escaliers quand je m’apprêtai à protester. Cinq minutes plus tard, Annabelle débarqua dans ma chambre avec divers ustensiles sous le bras, dont un système épilatoire à la cire chaude qui me fit déjà mal rien qu’à le voir.

  • « Écoute Annabelle … Ce n’est pas pressé … En plus c’est un peu gênant … »,protestai-je.
  • « Gênant ? Allons donc ! Pas de ça entre nous. J’ai ce qu’il faut et je sais faire. Honnêtement, tu te vois t’épiler seule ? Et puis c’est moins douloureux quand c’est entretenu régulièrement. », répliqua-t-elle en posant tout son attirail sur le lit.

Je restai silencieuse. Mais ma moue dubitative l’incita à poursuivre son plaidoyer.

  • « Ne sois pas gênée Roxy. Moi, ça ne me dérange pas. Toi, ça te permet de porter ce que tu veux et ça t’économise une séance chez un pro. »,me dit-elle d’un ton adouci.

D’un air peu décidé, je m’avançai donc vers le lit et commençai à me dévêtir tandis qu’Annabelle mettait la cire à chauffer dans l’appareil.

  • « Comment veux-tu que je me mette ? », demandai-je.
  • « Pour l’instant, allonge-toi sur le lit. On va commencer par la cire pour ce qui est accessible. Le reste se fait au rasoir. »

Bon gré mal gré, je m’exécutai. La cire avait fini de chauffer et Annabelle commença à l’apposer à l’aide de la spatule sur mon léger duvet brun qui avait commencé à repousser. La sensation de brûlure légère me fit me crisper davantage qu’à l’accoutumée car je savais qu’elle précédait immanquablement le douloureux moment de l’arrachage. Et je pus affirmer l’instant d’après que c’était bien pire que sur toute autre partie du corps ! Annabelle tira la bande d’un geste rapide et un cri de douleur troubla le calme de la chambre.

  • « Voilà, c’est fini. J’ai tout enlevé en une seule fois. On va faire le reste au rasoir. Écarte les jambes et lève bien les genoux ! »,me rassura-t-elle.

Gênée comme jamais je ne l’avais été, j’obéis à sa demande, bien consciente que mes joues d’habitude à peine roses avaient dû virer pivoines. Annabelle n’y prêta aucune attention et entreprit de recouvrir mon entrejambe de mousse à raser. Peu habituée à ce genre de contact apposé par autrui, inutile de dire que je trouvai la sensation pour le moins étrange. Ce fut pire encore lorsque je sentis le contact froid de la lame de rasoir manipulée par quelqu’un d’autre que moi aux abords de mes lèvres. Au bout de quelques instants, je finis par m’y habituer et me détendis quelque peu, malgré l’incongruité de la situation. Par bonheur, Anna semblait avoir l’habitude de la chose et elle travailla avec application en prenant garde à ne pas me blesser. Au fur et à mesure, je pouvais sentir ses doigts toucher cette partie intime de mon corps et cela me troubla. À tel point que je commençai à ressentir une pointe d’excitation fort malvenue en ces circonstances et que je tentai de réfréner. Peine perdue. Je savais que mes lèvres étaient en train de s’humidifier et je ne pouvais rien faire pour l’empêcher. Instinctivement, je refermai quelque peu mes cuisses.

  • « Ne bouge pas si tu ne veux pas que je te coupe ! Et ne t’inquiète pas, c’est normal. Ça me fait la même chose ! »,gronda Annabelle d’un air mutin.

Elle ponctua sa remarque d’un clin d’œil et poursuivit son ouvrage. Je sentis à nouveau des flammes me brûler les joues et me jurai que la prochaine fois, je me débrouillerais toute seule !

  • « Voilà pour ce côté ! Retourne-toi ! »
  • « Euh … L’autre côté aussi ?!? », m’enquis-je d’un air étonné.
  • « Roxy … Tu as décidément beaucoup de choses à apprendre sur les hommes ! »,répondit-il perplexe.

Je ne relevai pas la remarque et me couchai sur le ventre, Annabelle se chargeant de m’écarter les cuisses et les fesses. Puis elle déposa de la mousse tout autour de mon anus et je pus à nouveau sentir le froid de la lame de rasoir glisser sur ma peau. 

  • « Tu ne l’as jamais fait ? Je veux dire … La sodomie. »

La question me coupa le souffle !

  • « Euh … Non ! Et toi ? », ajoutai-je au bout de quelques instants.
  • « Les premières fois, c’était un peu contre mon gré. C’était pendant ma période … Difficile. Aujourd’hui … Je ne vais pas dire que j’adore ça mais de temps en temps, avec certains mecs, ça va … », avoua-t-elle un peu gênée quand même.

Je demeurai silencieuse plusieurs minutes alors qu’elle terminait le rasage. Annabelle était décidément imprévisible. J’étais même surprise que nous soyons arrivées à être amies tant nous étions différentes. Peut-être que l’on se complétait, finalement.

  • « Allez, hop ! Terminé ! Tu peux te rincer ! »,lança Annabelle en me donnant une tape sur les fesses.
  • « Je vais aller prendre un bain. Tu restes un moment ? »,demandai-je en me dirigeant vers la salle de bain.
  • « Non, je vais aller ranger mes nouvelles affaires. On se voit plus tard ! »
  • « Ok, à toute ! », répondis-je à travers la cloison.

Tandis que la baignoire se remplissait, je contemplais dans la glace la nudité de mon intimité. Ma petite fente, avant cachée par un fin duvet renaissant, s’exposait à présent à nouveau au grand jour. Je ne trouvais pas cela choquant, ni même vulgaire. Une fois mes ablutions terminées, je sortis de la salle d’eau et je vis la robe rouge d’Annabelle qui était restée sur le lit. Elle l’avait oubliée en partant tout à l’heure, cette étourdie ! Mais en m’approchant pour la ranger dans un sac, je distinguai un petit mot glissé sous un pli :

Bienvenue parmi nous. Ton amie, Annabelle.

Des larmes d’émotion me montèrent aux yeux. Voilà donc pourquoi elle avait tenu à ce que je l’essaye. Attendrie par ce geste, je pris la robe et allai la ranger soigneusement dans mon placard avec l’envie de l’étrenner prochainement. Une fois rhabillée, je décidai d’aller me promener un moment. Je ne travaillais pas ce soir, le cadeau d’Annabelle m’avait mise d’excellente humeur et j’avais tout le temps de me baguenauder dans mon nouveau quartier. Au bout de quelques pas, je passai devant des cabines téléphoniques. L’idée d’appeler Valérie me travaillait depuis un moment. C’était ma meilleure amie et elle me manquait de plus en plus. J’avais repoussé le moment de lui donner de mes nouvelles le plus possible tant je craignais sa réaction après mon départ en catastrophe de la fac. Mais je me dis que plus j’attendais et plus ce serait difficile. Je pris donc mon courage à deux mains et me saisis de mon portable.

  • « Oui, allô ? »

Au fond de moi, j’avais espéré qu’elle soit encore en cours et ainsi tomber sur son répondeur. Mais elle décrocha dès la première sonnerie.

  • « Valérie … »
  • « Roxy ?!? C’est toi ? »
  • « Oui … Comment ça va ? », demandai-je bêtement vu les circonstances.
  • « Mais où étais-tu passée ? J’étais morte d’inquiétude ! »
  • « Je suis désolée … Je n’ai pas réussi à trouver le courage de t’appeler jusqu’à maintenant. »
  • « Où es-tu, là ? »
  • « En centre-ville. Mais … »
  • « J’arrive ! Rendez-vous dans une demi-heure à la Brasserie. »

Elle raccrocha. J’aurais pu la rappeler pour lui dire de ne pas venir mais je savais par ailleurs que ce serait inutile tant elle n’en faisait qu’à sa tête. Et puis je devais avouer que j’avais très envie de revoir mon amie. Je pris donc la direction du lieu du rendez-vous et dix minutes plus tard, j’étais assise à une table, un café devant moi. J’étais impatiente et anxieuse. Impatiente de serrer à nouveau dans mes bras celle qui avait toujours tout fait pour m’aider. Anxieuse car j’ignorais la façon dont elle allait réagir après la façon dont j’étais partie de l’école, mais aussi quand je lui apprendrais le type de reconversion que j’avais choisie. Évidemment, je pouvais lui mentir, mais mes récentes expériences m’avaient appris que c’était reculer pour mieux sauter et qu’elle le découvrirait d’une façon ou d’une autre. Restait à savoir comment j’allais pouvoir lui annoncer ça. Trente-cinq minutes après mon appel, Valérie poussa la porte du café. Alors qu’elle se dirigeait vers moi, je me levai pour l’accueillir. Sans un regard pour les gens qui nous entouraient, sans la moindre gêne quant à l’endroit où nous nous trouvions, elle me prit dans ses bras.

  • « Roxanne … »
  • « Salut Valérie. »
  • « J’étais si inquiète ! Qu’est-ce qui t’a pris te partir comme ça ? Tu te rends compte que ça fait une semaine que j’attends de tes nouvelles ? J’étais morte d’inquiétude ! »
  • « Je vais tout t’expliquer … », répondis-je en relâchant mon étreinte.

On se rassit et je redemandai deux cafés. Une fois servies, je commençai à lui raconter par le menu les heures qui avaient suivi notre dernière entrevue. Les larmes, la honte, le désespoir.

  • « Mais pourquoi tu ne m’as pas appelé plus tôt ? J’ai toujours été là et le serai toujours ! Tu le sais bien … »
  • « Je sais … Mais j’avais vraiment besoin d’être seule. Je ne pouvais voir personne et je ne pouvais pas non plus reprendre les cours comme si rien ne s’était passé. »

Je poursuivis en lui narrant mes vaines recherches d’emploi, puis lorsque j’en arrivai à ma rencontre avec Annabelle, je sentis mon estomac se nouer.

  • « Ne me dis pas que tu as accepté ? », demanda-t-elle le regard noir.
  • « Je n’avais pas le choix, Valérie … Et puis ma première soirée s’est très bien passée et tout le monde est sympa avec moi ! »

Elle laissa glisser sa tête entre ses mains jusqu’à heurter la table avec son front.

  • « Non, mais c’est pas vrai ! Tu le fais exprès, c’est pas possible ! »,s’exclama-t-elle.
  • « Valérie … »
  • « Mais si c’était pour faire ça, tu aurais aussi bien pu continuer à voir tes clients de l’école et suivre tes cours ! »

Sa dernière remarque me peina énormément et elle s’en aperçut. Elle savait mieux que quiconque ce que m’avaient coûté mes aventures avec les clients de l’IRTS.

  • « Excuse-moi Roxy, mais … »
  • « Écoute, je ne t’ai pas appelé pour supporter tes leçons de morale ! »,lançai-je furieuse.

Nous restâmes silencieuses quelques instants, puis d’un ton radouci et les larmes aux yeux je poursuivis :

  • « Je t’ai appelé parce que tu me manquais … »

Je ne pus réprimer un sanglot et Valérie prit mes mains dans les siennes.

  • « Je suis désolée, Roxy. Mais tu es ma meilleure amie et je ne veux pas te perdre. Jamais ! »

Nous nous figeâmes quelques minutes ainsi. Silencieuses et les mains jointes. Puis nous prîmes soudain conscience de l’endroit où nous nous trouvions et des regards intrigués et curieux des autres clients. Nous réglâmes alors nos consommations et sortîmes dans la nuit qui commençait à poindre. Bras dessus, bras dessous, nous marchâmes de longues minutes sans parler, profitant simplement de la présence de l’autre sous la lumière des réverbères et les regards intrigués des passants aux idées reçues.

  • « Est ce que tu as des choses à faire ce soir ? », demanda Valérie.
  • « Non, c’est mon jour de repos. Pourquoi ? »,dis-je en baissant les yeux.
  • « Je t’invite au resto. Et on passe la soirée ensemble. D’accord ? »
  • « Avec plaisir ! Merci … »

Pour toute réponse, Valérie me serra contre elle un peu plus fort et, une demi-heure plus tard, nous étions attablées dans le meilleur restaurant chinois de la ville. Le Kun Yang était un resto chic, aux prix pas forcément abordables mais aux plats délicats et copieux. Je savais que Valérie faisait des folies en m’invitant ici. J’en fus tout d’abord gênée mais je finis par me dire que mes pourboires aidant, je pourrais prochainement lui rendre la pareille. Nous passâmes devant le mur d’eau qui ornait la première salle et la serveuse nous installa à l’une des tables du fond avant de nous présenter les menus. Nous demeurâmes silencieuses pendant que nous choisissions nos plats mais sitôt la commande passée, Valérie procéda alors à un interrogatoire en règle que je ne pouvais éluder.

  • « Alors ? Ton nouveau « travail ? » »,commença-t-elle.
  • « Ce n’est pas comme ça que je voudrais t’en parler. »,rétorquais-je peinée par le cynisme de sa remarque.
  • « Très bien … Excuse-moi. Je t’écoute. »

Je lui racontai alors ma rencontre avec Jeanne en insistant sur les choses que nous n’étions pas obligées de faire.

  • « Oh … Donc si tu n’es pas obligée de coucher avec eux, tout va bien ! »,lança-t-elle d’un ton acerbe.

De nouveau, je baissai les yeux, désolée des réactions de ma meilleure amie. Elle s’en aperçut et s’excusa de nouveau.

  • « Je suis désolée Roxy, mais je n’arrive pas à me faire à l’idée que tu puisses bosser dans un endroit pareil ! »
  • « Et quel autre choix avais-je ? J’ai tout perdu à la fac. Je me suis fait humilier par une bande de connards. J’étais prête à faire n’importe quoi et même le pire pour essayer de m’en sortir et là on me propose ce travail. Comparé à ce que je viens de vivre, c’est inespéré ! Et pour ta gouverne, sache que j’ai passé un excellent moment avec mon premier client ! »,rétorquai-je énervée.

Au fil des secondes, la peine avait fait place à la colère et j’étais à présent hors de moi face aux attaques répétées de Valérie. Et cette fois-ci, ce fut elle qui baissa les yeux devant mon emportement. Nous restâmes ensuite de longues minutes sans mot dire. Même le serveur nous apportant le vin ne troubla pas notre silence. Il faut dire que Valérie et moi ne nous disputions pratiquement jamais. Et quand il nous arrivait d’être en désaccord, c’était généralement pour des broutilles dont nous finissions par rire l’instant d’après. Là, c’était différent.

  • « Je ne te demande pas de me juger. Je te demande de me comprendre et d’être avec moi dans cette période difficile. Et non, je ne veux pas faire ça toute ma vie, figure-toi ! Mais c’est le seul moyen que j’ai trouvé actuellement pour ne pas sombrer complètement. Si tu voulais seulement écouter au lieu de te moquer systématiquement, tu comprendrais que c’est vraiment loin d’être terrible. », repris-je un peu calmée.
  • « Roxy ! Tu es la personne dont je suis la plus proche. Proche comme je ne l’ai jamais été de quelqu’un d’autre. Alors fais ce que tu veux, ou ce que tu peux. Mais ne me demande pas de t’approuver ou de te dire que c’est bien juste pour te donner bonne conscience. », me coupa-t-elle.

Ses yeux s’embuèrent à mesure qu’elle parlait. D’une voix voilée de chagrin, elle continua.

  • « Tu es comme une sœur Roxanne. Plus que ça, même ! J’ai l’impression de t’avoir toujours connue ! Tu sais des choses sur moi que personne d’autre ne sait … Je … Tu es … »

Elle s’interrompit brusquement et prit ma main. Puis elle se leva et partit en direction des toilettes. Lorsque je la rejoignis, elle pleurait la tête penchée au-dessus des lavabos. Aussitôt, je la pris dans mes bras et la serrai tendrement. Cela faisait bien longtemps que je n’avais pas eu à consoler mon amie. Ces derniers temps, Valérie avait passé le plus clair de son temps à sécher mes larmes. Aujourd’hui, c’était elle qui pleurait sur mon épaule. Et c’était à cause de moi.

  • « Excuse-moi … Je ne me rendais pas compte à quel point tu vis aussi mal ce qui m’arrive. Je suis désolée. », lui dis-je doucement à l’oreille alors qu’elle se calmait peu à peu

Comme pour appuyer mes propos, je resserrai mon étreinte un peu plus encore. Et alors que nous étions toutes deux enlacées devant les lavabos, une femme d’un certain âge entra et nous lança aussitôt un regard où se mêlèrent tour à tour surprise, incompréhension et dédain. À peine eut-elle disparu dans les toilettes aussi vite que ses jambes le lui permettaient que Valérie et moi éclatâmes de rire avant de retourner nous asseoir à notre table. Le malentendu de la vieille dame sur nos mœurs ayant eu le mérite de nous détendre, nous reprîmes le fil de notre repas dans une atmosphère bien plus légère. Surtout, nous évitâmes soigneusement les sujets qui fâchent et Valérie me raconta les derniers potins de la fac.

A suivre : La descente aux enfers - Part 5

Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 00:42

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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La colère, le chagrin, la honte … Autant de mauvais conseillers qui vous conduisent systématiquement sur la mauvaise route et vous font faire les mauvais choix. Autant de sentiments qui, ajoutés les uns aux autres, vous conduisent inexorablement vers le désespoir, dernier purgatoire avant les abîmes de la dignité humaine. C’était là mon état d’esprit en ce dimanche maussade d’octobre alors que je m’escrimais à ranger mes affaires dans la chambre de bonne gracieusement mise à disposition par mon nouvel employeur. Je repensais également aux évènements qui m’avaient conduite ici, depuis mon départ précipité de la fac, début de ma fuite en avant. J’étais restée près de quatre heures assise sur ce quai, à pleurer toutes les larmes de mon corps, puis j’étais rentrée dans mon studio et avais fermé la porte à double tour.

Le téléphone avait sonné. Plusieurs fois. Mais jamais je ne répondis. On sonna, frappa à la porte. Jamais je ne vins ouvrir. Je restais seule deux jours entiers durant lesquels je consultais les annonces d’emploi entre deux crises de larmes. Malheureusement, trouver un travail se révéla beaucoup plus difficile que je ne l’aurais cru et les portes se refermèrent une à une devant moi. Aussi, le soir du deuxième jour après le drame, j’avais perdu tout espoir lorsque l’on frappa à nouveau. Comme les fois précédentes, je fis la sourde oreille, mais au bout de quelques minutes, un morceau de papier apparut sous le seuil. À ma grande surprise, je découvris que ce n’était pas une ultime tentative de Valérie pour me parler, mais une certaine Annabelle :

Tu ne me connais pas, mais sache que j’ai vécu les mêmes choses que toi et je sais ce que tu ressens. Il faut que je te parle.

Annabelle.

Intriguée, je relus le morceau de papier plusieurs fois et malgré la crainte d’être à nouveau la victime d’une plaisanterie des trois fossoyeurs de ma vie d’étudiante, ma curiosité prit le dessus et je finis par ouvrir la porte. La jeune fille que je découvris derrière m’était effectivement inconnue. Les cheveux longs et bouclés, elle était châtain avec quelques mèches plus claires. Elle faisait à peu près ma taille. Ses yeux bleu-vert éclairaient un visage blanc aux traits fins. Elle ne souriait pas. Tout juste ses yeux s’éclairèrent-ils lorsqu’elle me demanda si elle pouvait entrer. Sitôt les présentations d’usages effectuées, je l’invitai à prendre place sur le canapé tout en lui proposant de boire un café. J’ignorais pourquoi, mais elle m’inspirait confiance. Un moment durant, on n’entendit rien d’autre que le choc des cuillères contre la porcelaine des tasses. Après quoi elle but une gorgée et reposa la tasse sur la table. Puis elle rompit le silence :

  • « Je sais ce qui s’est passé avant hier. Je sais aussi ce que tu avais entrepris de faire. J’ignore les raisons précises qui t’y ont poussée, mais sache que je te comprends, car je l’ai fait aussi. », commença-t-elle.

Mes yeux déjà rougis s’embuèrent à nouveau à l’évocation de ce qui s’était passé et comme je ne répondais pas, elle poursuivit :

  • « Sache aussi que je ne suis pas là pour te juger. Pour te dire que c’est mal ou que tu n’aurais pas dû. Je suis simplement là pour t’aider et te dire que tu n’es pas toute seule car à moi aussi, il m’est arrivé à peu près la même chose. »

Elle me raconta son histoire. Pas si différente de la mienne. Des fins de mois difficiles, les huissiers, le grand saut avant une noyade orchestrée par un client qui en voulait plus et avait fini par balancer sa photo et son téléphone sur tous les forums d’étudiants du net. Au final, elle avait dû se résoudre à abandonner les cours.

  • « Et qu’est-ce que tu as fait après ? Et maintenant ? »,lui demandai-je avec une curiosité teintée d’inquiétude.
  • « Je suis tombée vraiment bas. J’ai fait des choses … »

Elle s’interrompit un moment et son regard qui ne m’avait pas quittée glissa vers le sol. 

  • « J’ai fait des choses … Des choses dont je ne suis vraiment pas fière. J’ai été loin, tu sais. Très loin. Et puis je suis tombée sur une amie qui m’a proposé un emploi d’hôtesse dans un bar américain. »
  • « Un bar américain ? Mais ce n’est pas … »
  • « Un bordel ? », coupa-t-elle.
  • « Oui … »
  • « Ce fut aussi ma première réaction. Mais j’ai découvert que c’était loin d’être le cas. Bien sûr, je ne sais pas ce qu’il se passe ailleurs, mais là où je travaille désormais, je n’ai jamais fait quoi que ce soit avec un client. Bien sûr, on est en contact avec des hommes. Mais pour la plupart, ils viennent surtout pour passer un moment en agréable compagnie. »

Ma première réaction fut la déception. Je m’attendais à une solution miracle. Un moyen d’en finir définitivement avec ces comportements de débauche. Au lieu de ça, on venait me conseiller de travailler dans un bar à hôtesses avec tous les sous-entendus liés à leur réputation. Elle dut s’apercevoir de mon trouble, car elle poursuivit : 

  • « Bien sûr, je sais que ce n’est pas à ça que l’on rêve quand on est gamine. Finir au fond d’un bar en tenue sexy à écouter des mecs nous parler de choses dont on se fiche éperdument. Mais crois-moi, après ce que j’ai traversé, ce travail a été pour moi comme une bouée de sauvetage. »
  • « Et que fais-tu exactement avec les clients ? Vous ne faites que discuter ? »
  • « En fait, on les écoute plus qu’on ne leur parle. Et il arrive que l’on accepte certains attouchements quand le client consomme beaucoup ou laisse un beau pourboire. Ça fait partie du jeu … », répondit Annabelle en riant.
  • « Et justement … Ça paye bien ? »
  • « La paye est dérisoire, surtout si tu es logée. Mais c’est avec les pourboires que tu vis. Les bons mois, j’arrive à me faire pas loin de mille sept, mille huit cents euros. », précisa-t-elle en reprenant une gorgée de café.

Je restai un moment pensive, à peser le pour et le contre. Certes, après ce que j’avais fait, ce n’était pas quelques attouchements qui auraient dû m’inquiéter, mais j’avais cependant quelques scrupules à faire mes premiers pas dans un monde de la nuit qui m’effrayait. Et m’attirait à la fois … Elle dut deviner mes réticences, car elle tenta de me rassurer du mieux qu’elle put :

  • « Tu sais, je te propose ça, mais ce n’est pas une obligation. C’est juste que je sais ce que tu traverses et que je voudrais t’éviter de faire les mêmes erreurs que moi. Prends tout ton temps pour réfléchir. Je te laisse mon numéro et l’adresse du club en question. »

Sur quoi elle sortit un morceau de papier sur lequel elle griffonna les renseignements qu’elle venait d’énoncer. Après quoi elle finit son café et s’apprêta pour partir.

  • « Je vais te laisser … N’hésite pas à m’appeler si ça ne va pas ou si tu as besoin de quoi que ce soit. »
  • « Merci … », répondis-je en me levant à mon tour.
  • « Je t’en prie … Et garde courage. »

Je fis « oui » de la tête puis refermai la porte. Les larmes avaient quitté mes yeux, mais ma tête était désormais remplie d’interrogations. Entre autres, serais-je capable d’assumer ce travail après ce qu’il m’était arrivé ? Rien n’était moins sûr. D’un autre côté, je n’étais pas certaine d’avoir le choix. Après avoir passé la nuit à réfléchir, je décidai d’appeler Annabelle afin qu’elle organise une entrevue avec la patronne du club, ce qu’elle s’empressa de faire et l’après-midi même, je marchais en direction du bar/pub « Le 1830 ». Je m’arrêtai aux abords afin de découvrir son environnement. Dans une petite ruelle, sa devanture côtoyait celle d’un club de jazz, un bon point, mais faisait face à celle d’un sex-shop. En cette fin d’après-midi, l’enseigne n’était pas encore éclairée et les portes closes sur une façade vert sombre rappelaient davantage un quartier fantôme qu’un lieu de débauche grouillant d’activité. Seul détail permettant de deviner que l’établissement était bel et bien ouvert ; une faible lumière entourant une sonnette juste à côté de la porte. Après quelques instants d’hésitations, j’appuyai enfin dessus et une femme d’une cinquantaine d’années m’ouvrit la porte. Si je l’avais croisée dans la rue, je me serais sûrement dit que c’était une vielle bourgeoise de soixante piges désireuse d’en paraître vingt à grand renfort de peinture et de crèmes en tous genres ; comment pouvait-on encore parler de maquillage ? Mais au vu des circonstances, je pouvais affirmer que j’avais devant moi la brillante caricature de la parfaite mère maquerelle !

  • « Tu dois être Roxanne ? Annabelle m’a prévenue de ton arrivée. Je t’en prie, suis-moi. »

Je lui rendis son salut et la suivi le long d’un étroit couloir qui déboucha bientôt sur le bar proprement dit. Une pièce pas très grande décorée entièrement de velours rouge à laquelle de grands miroirs essayaient de donner un peu de profondeur. Sur la gauche, un comptoir de bois et de faux marbre s’avançait sur un bon quart de la pièce. Devant lui, de hauts sièges à l’assise tapissée de la même manière que les murs étaient méticuleusement alignés et donnaient à l’ensemble un caractère résolument kitch. Dans le prolongement de la pièce, je pouvais distinguer une série de box séparés par des cloisons aérées, équipés chacun d’un divan et d’une table basse.

  • « Assied-toi … Tu veux un café ? », me proposa-t-elle en désignant une des hautes chaises du bar.
  • « Euh … Oui, merci Madame. »
  • « Ici, les clients m’appellent Madame, et les filles m’appellent Jeanne. Je tiens à cette différence. », me reprit-elle.

Le grognement métallique du percolateur retentit, puis elle déposa mon café sur le comptoir. L’instant d’après, elle entra dans le vif du sujet.

  • « Je suppose qu’Annabelle t’a expliqué les grandes lignes. Je vais donc entrer dans les détails. Le 1830 est un club raffiné qui sélectionne sa clientèle, et par conséquent également ses hôtesses. J’attends des filles qu’elles adoptent un langage châtié, jamais vulgaire, et qu’elles aient un minimum de conversation. Tu étais à la faculté, cela ne devrait donc pas être un problème … »

Elle fit une courte pause afin de me jauger du regard. J’opinai timidement du chef, puis elle reprit de plus belle :

  • « Il est formellement interdit d’avoir une relation sexuelle avec un client dans l’enceinte de l’établissement. Ici, cela doit se limiter à quelques attouchements, rien de plus. Je n’empêche pas les filles de prendre rendez-vous avec certains clients tant que le reste a lieu hors du bar, en dehors des horaires de travail ! Et que je ne suis pas au courant. »

Elle me regarda de nouveau afin de s’assurer que le message était bien compris. À nouveau, je fis oui de la tête en m’interrogeant toutefois sur ce que je devais réellement comprendre. Me conseillait-elle d’accéder aux demandes des bons clients, sous-entendu je ne suis au courant de rien, afin de ne pas les perdre ? Je ne voulais pas déjà froisser la bonne dame, mais la précision avait son importance. Le problème étant que je ne savais pas trop comment formuler ma question.

  • « Est-ce que cela veut dire que nous devons tout faire pour retenir certains clients ? Tant que vous n’êtes pas au courant … »,me lançai-je.
  • « T’as tout compris ! Mais en revanche, je ne ferai aucune remarque à une fille qui ne le fait pas. », répondit-elle dans un grand éclat de rire qui me déplut.

Le sourire conciliant qui suivit me rassura. Et puis Annabelle m’avait bien dit qu’elle n’avait jamais couché avec un client du bar.

  • « Le salaire est de mille euros nets pour six heures par nuit. Je retiens six cents euros pour le logement, le prêt des tenues, leur entretien et le repas du soir. La véritable paye provient directement du client. À titre indicatif, Sandra, la meilleure fille du mois dernier, a récolté mille six cents euros rien qu’en pourboires. Et gros avantage … Les pourboires ne sont pas déclarés ! »

Elle ponctua sa dernière remarque d’un clin d’œil qui soulignait tout autant l’avantage ainsi octroyé aux filles que la satisfaction pour elle d’échapper aux trois quarts des charges salariales.

  • « Et pour les horaires ? », m’enquis-je même si cela n’avait plus trop d’importance.
  • « Du mardi au vendredi de 20h à 2h du matin. Le samedi et le dimanche de 22h à 4h. J’exige la présence des filles quinze minutes avant l’ouverture. »

Tout en buvant une gorgée de café, je réfléchis rapidement à la réponse qu’elle semblait attendre. Difficile de peser le pour et le contre sous le regard insistant de la matrone. Je finis néanmoins par me dire que j’étais dans un établissement déclaré, ayant pignon sur rue, et que je pourrais toujours partir si je le voulais. Et puis Je devais me rendre à l’évidence … Les circonstances actuelles ne me laissaient guère le choix.

  • « Bien … Si vous êtes d’accord, je veux bien essayer … »,dis-je d’une voix hésitante.
  • « Parfait ! Il y a une période d’essai d’un mois de toute manière. Pour le reste, c’est un contrat à durée indéterminée classique. »

Elle sortit une feuille d’une pochette et me la tendit. C’était un document contractuel qui reprenait les points qu’elle m’avait expliqués. À l’exception bien entendu des règles non écrites telles que celle dont j’avais déjà deviné la teneur. Aussi, après avoir parcouru le document, je pris une grande inspiration et y apposai ma signature. Mon premier contrat en CDI ! Même si ce n’est pas un de ceux que j’avais rêvé de signer …

Alors que l’après-midi touchait à sa fin et que je finissais de ranger mes affaires dans les placards du studio, je me rendis compte que je n’avais plus pensé à Valérie depuis des jours. Je ne l’avais pas revue depuis mon départ précipité de l’amphi et n’avais pas répondu à ses appels. Je me demandais ce qu’elle penserait si elle savait dans quel endroit je m’apprêtais à travailler dans quelques heures. À vrai dire, je préférais ne pas le savoir. Je me rendis compte aussi qu’elle me manquait. Elle était l’amie qui me donnait des conseils que je ne suivais pas, l’amie qui recollait mes pots cassés même si, cette fois, elle n’avait pas pu. Je ne lui en avais pas laissé le temps.

Vers vingt heures trente, je descendis au club afin de prendre mon premier repas avec les autres filles. J’appréhendais ce moment depuis plusieurs heures déjà tant la confiance me manquait. Je me les étais imaginées toutes très belles, grandes, sans le moindre kilo en trop. Je m’étais vue au milieu d’elles, moi la petite débutante débarquant avec ses complexes et pour toute arme une innocence déjà bien mise à mal. Lorsque j’entrai dans le club, quatre filles étaient accoudées au bar. Mon arrivée les fit se retourner et elles jetèrent sur moi un regard mi-interrogatif, mi-inquisiteur. Par bonheur, j’entendis au loin une voix qui m’était familière.

  • « Roxanne ! Entre, n’aie pas peur ! »

Annabelle vint m’accueillir à grands pas et me présenta aux quatre filles du comptoir avec une emphase et une sincérité qui m’auraient fait plaisir si je n’avais pas été affreusement gênée.

  • « Roxanne, je te présente Céline, Stéphanie, Sandra et Estelle. Les filles, je vous présente Roxanne, dont c’est le premier soir parmi nous. »

Elles me saluèrent tour à tour d’un air poli pour certaines, d’un air jovial pour d’autres. Je leur rendis leur salut en les détaillants plus avant. Céline était une jolie brunette dont les yeux presque turquoise devaient causer bien des ravages. Son style classique contrastait avec celui de Stéphanie dont l’accoutrement et la coupe de cheveux façon garçon manqué ne devait pas plaire à tout le monde. En revanche, Sandra justifiait totalement son statut de fille du mois et les pourboires qui allaient avec. Mignonne sans être jolie, attirante sans être belle, elle dégageait un « sex appeal » auquel peu d’hommes devaient résister. Quant à Estelle, unique blonde de la petite troupe, les traits fins de son visage compensaient largement ses quelques rondeurs.

  • « À table, les filles ! Et bon appétit ! »,cria la patronne en déposant un plat sur la table.

Nous remerciâmes poliment notre hôte avant de prendre place autour de la table. Pendant le repas, je dus répondre aux questions diverses de mes nouvelles collègues. D’où je venais, comment j’étais arrivée ici etc … Annabelle n’hésita pas à voler à mon secours lorsque les questions me mettaient dans l’embarras et je lui en fus reconnaissante. Après le repas, nous remontâmes dans nos appartements respectifs afin de nous changer et Annabelle anticipa ma demande :

  • « Je parie que tu ne sais pas du tout comment t’habiller ! »,s’exclama-t-elle.
  • « Euh … Effectivement … », répondis-je un peu gênée.
  • « Pas de panique ! Je passe prendre mes affaires et je te rejoins chez toi. »

Quelques minutes plus tard, elle farfouillait déjà dans mes placards en me renseignant sur les effets divers de telle ou telle tenue.

  • « Alors si tu veux passer une soirée relativement tranquille, choisis un pantalon un peu moulant malgré tout ou une robe longue. En revanche, si tu veux les affoler et pêcher les pourboires, c’est mini-jupe ou robe courte et légère, sachant que moins il y a de choses dessous, plus il y a de pourboires ! »

Elle ponctua sa dernière remarque d’un clin d’œil et d’un grand éclat de rire qui me firent penser qu’elle faisait ça tout autant pour l’argent que pour le plaisir que cela pouvait parfois lui procurer.

  • « Je vais peut-être commencer soft … », répondis-je en avisant un body noir qui traînait sur un rayonnage.
  • « Excellent choix ! Et en bas, je verrais bien … Tiens ! Pourquoi pas cette jupe longue ? », enchaîna-t-elle.
  • « Allez, vendu ! » m’exclamais-je en m’emparant des habits.

Alors que je restais plantée là avec mes habits dans les mains, Annabelle entreprit de se déshabiller devant moi, sans la moindre gêne, jusqu’à être entièrement nue. Elle passa alors une robe blanche quasi transparente qui, après qu’elle ait tiré dessus à plusieurs reprises, parvint enfin à masquer son minou épilé. Elle remarqua mon air mi gêné, mi-interrogatif :

  • « Eh oui ! Ce soir, c’est pêche aux pourboires ! »
  • « Et bien … Tu n’as pas peur de les exciter un peu trop ? »
  • « Le tout est de savoir où tu places la limite. Moi, je les laisse faire ce qu’ils veulent avec leurs mains ! D’autres vont plus loin … Certaines s’arrêtent avant … C’est ce que j’apprécie ici. Personne n’a d’obligations. »

Je restai un moment silencieuse en me demandant où serait ma limite. Puis je commençai enfin à me changer à mon tour. Une fois maquillées, nous descendîmes alors prendre notre poste au bar. À peine entrée, je remarquai que l’ambiance avait changé. La lumière s’était tamisée, le silence feutré avait fait place à une musique techno, par bonheur à un volume raisonnable, et les filles habillées sur leur trente-et-un ne se parlaient plus, se contentant de siroter un verre de jus de fruits ou de fumer une cigarette, le regard régulièrement tourné vers l’entrée.

À mon tour, je pris place sur l’un des tabourets restants et me contentai d’attendre. Quelques minutes après l’ouverture, un premier homme fit son entrée. D’une quarantaine d’années, remarquablement habillé, il se dirigea avec élégance vers le comptoir et sans même un regard pour les autres filles, prit place aux côtés de Céline. Ils se dirent bonjour tels deux amis qui se rencontrent au détour d’une rue et je compris qu’il s’agissait d’un habitué. Ils échangèrent quelques mots puis, très vite, se rendirent dans l’une des pièces aménagées.

Les minutes passèrent et je fus confrontée à un problème auquel je n’avais pas pensé, l’impatience ! À tel point que je finis par me demander s’il ne valait mieux pas que le prochain client jette son dévolu sur moi plutôt que de me condamner à rester assise sur une chaise des heures durant. Une demi-heure plus tard, un autre homme entra et se dirigea tout droit vers le bar où la patronne l’accueillit avec un grand sourire. Encore un bon client, très certainement. Sitôt les salutations d’usages terminées, Jeanne lui murmura quelques mots à l’oreille. Sans la moindre discrétion, il tourna aussitôt la tête vers moi et je sus dès lors que mon travail venait de commencer.

Il s’avança dans ma direction avec l’assurance que lui conférait son âge, et certainement sa condition. Une quarantaine probablement déjà bien écornée malgré des cheveux à peine grisonnants, une élégance naturelle renforcée par des habits taillés sur mesure, il semblait sorti tout droit du bureau de direction d’une grande entreprise.

  • « Bonjour … Vous devez être Roxanne ? »
  • « Oui … C’est bien moi … », répondis-je terriblement gênée.
  • « Je m’appelle Valmont. Enchanté ! »
  • « De même … »

Je serrai la main qu’il me tendit tout en pestant contre ma timidité maladive. Le pire étant que je ne savais absolument pas quoi lui raconter.

  • « Jeanne m’a dit que vous veniez juste d’arriver. C’est la première fois que vous faîtes ce métier ? », poursuivit-il en prenant place sur un tabouret.

Un métier … Il avait dit ça comme on demande à quelqu’un s’il a déjà travaillé comme vendeur ou plombier.

  • « Oui … »

Cela faisait court comme réponse, mais que pouvais-je bien rajouter ? Ma vie n’avait aucun intérêt pour lui et nous le savions tous les deux. J’aurais pourtant voulu paraître un peu moins cloche. Même pour mon premier client. La tension qui m’habitait ne lui fut d’ailleurs pas invisible.

  • « Je vous sens très tendue … Que diriez-vous d’aller nous détendre un peu dans un endroit plus confortable ? », dit-il en posant une main sur mon épaule.

Il montra du regard les alcôves qui se trouvaient derrière moi. Si sa question était censée me mettre à l’aise, c’était raté. Je pris une grande inspiration et essayai d’être le plus naturel possible.

  • « Avec plaisir … »
  • « Parfait ! Jeanne ? Tu nous apportes une bouteille de champagne, s’il te plaît ? »

Jeanne opina du chef en souriant. Il prit alors ma main et m’entraîna dans l’un des petits espaces intimes où se déroulaient les échanges plus rapprochés. En passant, j’aperçus Céline et son client qui semblaient s’être engagés dans un échange de caresses sans aucune retenue. Nous nous assîmes sur le canapé de velours rouge. Tandis que je restais droite, les genoux joints, Valmont adopta une position nettement plus décontractée. Le genou remonté jusque sur l’assise, le bras reposant sur le dossier derrière ma nuque, il était entièrement tourné vers moi.

  • « Alors, Roxanne … Que faisiez-vous avant de venir ici ? »
  • « J’étais … Etudiante. »
  • « Ah ? Très bien ! Dans quelle filière étiez-vous ? »

Je lui racontai un bref aperçu de mon cursus en restant aussi vague que possible, et en essayant de me détendre. Et tandis que Jeanne déposait une bouteille de champagne et deux coupes sur la table, il laissa reposer son bras non plus sur le dossier du divan, mais sur mes épaules.

  • « Champagne ! »,s’exclama-t-il en me tendant la coupe qu’il venait de remplir.
  • « Tchin ! »

Nous bûmes une gorgée du précieux breuvage mais, alors que je gardai mon verre à la main, Valmont reposa le sien et mit sa main sur ma cuisse. Il partit alors dans un long monologue dans lequel il pestait contre la difficulté de sa fonction, le stress qu’elle engendrait, des horaires impossibles qui avaient ruiné sa vie de famille etc … J’appris qu’il était cadre supérieur dans un important établissement financier spécialisé dans l’investissement. Gestionnaire grands comptes et qu’il avait sous sa responsabilité les fortunes des plus grands industriels de la région.

  • « Cela doit être terriblement stressant de gérer l’argent des autres. Surtout s’il s’agit de fortunes colossales, non ? »,approuvai-je alors que je commençais à me détendre.
  • « Effectivement ! Le plus dur étant de ne jamais oublier que l’on manipule du véritable argent. Ce qui n’est pas toujours facile lorsque tout se fait par écran interposé. On peut vite avoir l’impression que c’est virtuel. Mais ça ne l’est pas ! »

Il se tut un instant et sa main commença à se promener sur ma cuisse, naviguant entre le genou et un point de plus en plus haut. Je sentais le glissement du tissu de ma jupe entre sa main et ma peau. C’était presque agréable. Je bus une autre gorgée de champagne et reposai mon verre. Sans être totalement détendue, je commençais cependant à me relâcher quelque peu. Valmont sembla s’en apercevoir et comme encouragé par cette première victoire sur mes intimes défenses, il engagea sa main entre mes jambes qui s’étaient très légèrement entrouvertes. Profitant de l’aubaine, il remonta jusqu’à mon sexe et, par-dessus ma jupe, je sentis ses doigts s’activer contre mon body. Je sentis également que je commençais à mouiller et je savais que cette excitation soudaine n’était pas due au champagne. J’étais confortablement installée dans un divan aux côtés d’un homme respectable et séduisant qui ne m’avait pas encore tendu le moindre billet et qui n’avait rien exigé. Finalement, c’était comme un jeu dont je pouvais fixer les règles à loisir, sans craindre un quelconque jugement ni bafouer une autre morale que celle, toute malléable, qui habitait mon esprit.

Je sentis sa main tout à l’heure sagement posée sur mon épaule descendre peu à peu jusqu’à flirter avec le haut de mon body. Ses doigts délicats jouèrent un moment sur les formes rebondies avant que la main toute entière ne se referme sur un sein, puis l’autre. Je jetai un coup d’œil en haut de son pantalon de flanelle grise. Un renflement qu’il n’essayait point de cacher était en train de naître. Il devina la direction de mon regard.

  • « Peut-être une occupation pour votre main … », suggéra-t-il avec un sourire malicieux.

Après quelques instants d’hésitation, j’obéis et la posai sur cette bosse qui continuait d’enfler. Je sentis son pénis durcir un peu plus sous les tissus de ses habits. Alors que mon excitation ne cessait de croître, je m’obligeai à me calmer. Je m’efforçais de réprimer cette envie grandissante de déboutonner ma jupe et de dégrafer mon body afin que ses doigts pénètrent jusqu’au plus profond de mon intimité. Ce fut inutile. Il se chargea de défaire un, puis deux, puis trois boutons de ma jupe afin d’y glisser sa main. Le contact de sa peau contre la mienne provoqua en moi une véritable décharge électrique et mon excitation grandit encore un peu plus. Longtemps, il caressa l’intérieur de mes cuisses sans s’aventurer plus avant. Puis, progressivement, il remonta lentement jusqu’à rencontrer le tissu protégeant mon abricot que je savais trempé. C’est alors que je me rendis compte que j’étais en train de masturber son sexe. Et malgré la double épaisseur de son pantalon et de son slip, je pouvais sentir chaque détail de son anatomie.

Aux traits de son visage, aux contractions de sa verge, je pouvais deviner toutes les sensations que lui procuraient mes caresses. Tout comme il devinait à mon body devenu poisseux, l’excitation dans laquelle je me trouvais. Allait-il faire sauter les pressions qui agrafaient encore le dernier rempart entre lui et moi ? Je ne le voulais pas et l’espérais pourtant de tout mon corps tant ce jeu du chat et de la souris me plaisait. Il continua à masser mon sexe à travers tissu, devinant certainement les contours de mes lèvres qui ne demandaient qu’à s’ouvrir. Il joua un instant avec le rebord de mon vêtement protecteur, sans réelle volonté de le détacher, mais avec la ferme intention d’y revenir, pour mieux jouer avec mon désir et mes nerfs.

Lors de la troisième tentative, je sentis les pressions céder et le tissu se détendre soudainement. Et pour la première fois depuis longtemps, d’autres doigts que les miens touchèrent les lèvres humides de ma chatte. C’est alors que je sentis sa verge se raidir brusquement, puis se perdre dans d’infinies contractions qui libérèrent dans son slip un flot de plaisir trop longtemps contenu. Une éternité durant, ni lui ni moi ne fîmes le moindre geste, comme si le temps venait de s’arrêter brusquement, tétanisant nos esprits et nos corps en les enfermant dans un seul et même instant. Puis il retira ses mains sans vraiment savoir où les mettre et me regarda d’un air qui me stupéfia et me ravit à la fois. Sa prestance et son assurance s’étaient enfuies, il était gêné. Il n’avait pas le regard compatissant de l’amant rassasié, ni celui empreint de gratitude du client satisfait. Il était simplement gêné. Sans plus savoir quoi faire pour se donner une quelconque contenance, il baissa les yeux.

  • « E … Excusez-moi … Je suis désolé … », balbutia-t-il.

Je lui souris gentiment. J’allais lui dire que ce n’était rien, mais il se leva aussitôt et partit en direction des toilettes. Chose que je pouvais d’autant mieux comprendre que j’avais moi-même bien besoin de balayer ce flot d’excitation qui m’avait envahi. Il revint cinq bonnes minutes plus tard avec la démarche de quelqu’un qui tente de se donner une posture.

  • « Veuillez me pardonner … Je n’agis pas ainsi d’habitude, mais il faut dire que ce moment en votre compagnie m’a procuré un plaisir d’une intensité que je n’avais pas connue depuis bien longtemps. », me dit-il en se rasseyant sur le canapé.
  • « Vous exagérez. Je n’ai rien fait de particulier … »,répondis-je un brin malicieuse.

Je lui souris en le regardant dans les yeux. Je me sentais désormais totalement à l’aise avec Valmont et je ne pus m’empêcher de lui avouer mon trouble.

  • « Cela m’a terriblement excitée … J’espère que vous reviendrez nous voir de temps en temps. », lui murmurai-je en souriant.
  • « Et moi, j’espère que vous vous sentirez bien dans votre nouvel emploi et que vous serez là lorsque je reviendrai. Je bois à notre délicieuse rencontre. »,dit-il en remplissant nos verres.

Il ponctua son toast d’un clin d’œil que je lui rendis et nos verres s’entrechoquèrent. Lorsqu’il dut partir, je le raccompagnai jusqu’au bar. Après m’avoir salué, il régla le champagne et laissa à Jeanne un billet de cent euros. Dès qu’il fut parti, celle-ci vint à ma rencontre.

  • « Et bien … Bravo ma petite ! Tu l’as soigné celui-là ! »,me dit-elle en rangeant le billet dans une enveloppe à mon nom.
  • « Au début cela n’a pas été facile. J’étais pétrifiée … »,avouai-je.
  • « Toutes les filles passent par là. C’est un état qui dure plus ou moins longtemps selon le caractère de chacune. Assieds-toi et prend un café ! Cela te remettra de tes émotions. », répondit-elle avec un sourire sincère.

Je la remerciai et m’assis au comptoir. Un sentiment étrange m’envahit alors. Tout en étant quelque peu désorientée par rapport à toutes ces choses nouvelles que je vivais, je me sentais bien et presque en confiance. Un miracle si je considérais mon état de ces derniers jours. Non seulement j’avais trouvé un toit où l’on m’avait accueilli les bras ouverts et un travail qui en était bien un mais, en plus, réussi à prendre du plaisir à passer un moment très agréable avec un homme d’excellente compagnie qui, contrairement aux imbéciles de la fac, m’avait traitée en être humain. Je réalisai malgré tout qu’une analyse un peu plus brutale des faits aurait pu dresser un tableau moins idyllique. Cet homme avait payé pour pouvoir passer un moment avec moi. Et d’autres auraient sûrement moins de classe ou de tact. Qu’importe ! Les instants que je vivais me comblaient et j’étais bien décidée à en connaitre d’autres.

  • « Alors ? Cela fait quoi d’avoir son premier client régulier ? »,me demanda Jeanne en posant la tasse de café sur le comptoir.
  • « Vous pensez qu’il va revenir ? », rétorquai-je d’un air dubitatif tout en espérant secrètement que ce serait le cas.
  • « Ils reviennent toujours ! Crois-en mon expérience de vieille bonne femme. Tu le tiens au bout de ta ligne ma grande ! Et je te parie que la prochaine fois qu’il remettra les pieds ici, il filera droit jusqu’à toi ! »

Une question me trottait cependant dans la tête :

  • « Est-ce vous qui lui avez dit de me choisir lorsque vous lui avez parlé ? »

Elle parut tout d’abord surprise par ma question qui tombait, il fallait l’avouer, comme un cheveu sur la soupe. Puis elle reprit son sourire rassurant.

  • « Et bien … Puisque tu veux tout savoir, effectivement, je lui ai dit que tu étais nouvelle. Par ailleurs, il me semblait le client idéal pour une débutante. Mais il n’était pas obligé de te laisser un tel pourboire et le connaissant, cela signifie qu’il a énormément apprécié ta compagnie. Voilà pourquoi je suis persuadée que la prochaine fois qu’il viendra, la première chose qu’il fera en entrant sera de te chercher. »

Je lui souris et bus une gorgée de café. Aussi curieux que cela puisse paraître, cette femme qui se trouvait pourtant être une tenancière de bar à hôtesses que je ne connaissais que depuis quelques heures m’inspirait confiance. Je venais de vivre des moments très intimes avec un inconnu et elle avait tout fait pour que cela se passe bien. Résultat, au lieu d’attendre la fin de soirée avec impatience et angoisse, je guettais sereinement l’arrivée de mon prochain client en espérant simplement qu’il serait aussi courtois que le premier.

A suivre : La descente aux enfers - Part 4


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Comme son nom l'indique c'est un petit règlement de compte personnel. Enfin, pour être franche c'est surtoit moi (Roxanne) qui tenait à ce que cette rubrique soit présente. Eh ouais, même si je ne suis pas la principale concernée (quoique j'ai bien mangé quand même), j'ai la rancune plus que tenace.

Petit-reglement-de-compte-entre-ami-e-s-copie-1.jpg

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ERRATUM

Petite précision qui a son importance concerant la rubrique "Petit règlement de compte entre ami(e)s"... Pour ne pas qu'il y ait de malencontreuses coïncidences, les prénoms des protagonistes ont été changés. Par exemple, le compagnon de la protagoniste principale suce nommée (oui je sais ça ne s'écrit pas comme ça mais ça me fait rire), ou pour être plus précise le "plouc", ne se prénomme pas Laurent et n'habite pas Chaussy dans le Val d'Oise. En tous cas selon les informations fournies par la CAF.


A moins que... Noooooon !!! Des gens si honnêtes et si vertueux que ça ce n'est pas possible ! J'ai vraiment l'esprit mal tourné ! Après, par souci de clarification, si cela pose problème, on peut toujours aller leur demander de procéder à une vérification des pièces justufucatives fournies ? Non ?  

Ce point éclaircie, je vous souhaite une bonne lecture... "Amicalement", Roxanne ou chérie coquine.

Nous

Couple libertin de région parisienne, vous aurez vite compris que le sexe tient une place primordiale dans notre vie. Pour le reste nos adorons le rock, les Harley, les voyages et plein d'autres choses dont vous vous foutez royalement. Non ? Bandes de menteurs !

 

Détenteurs d'un compte couple certifié sur Netéchangisme, voici notre annonce :

 

Le libertinage et ses plaisirs n'ont de sens que lorsqu'ils sont vécus au sein d'un couple à la complicité sans faille ... Roxanne (29 ans) et Franck (42 ans), notre indéfectible amour ne nous empêche aucunement d'être des épicuriens convaincus et des adeptes assidus des plaisirs de la chair ... Le feeling, la complicité et la séduction tiennent une place importante dans notre recherche qui s'oriente vers des couples à la partie féminine bisexuelle ou vers des femmes elles aussi tentées ou pratiquant les plaisirs saphiques ... Nous ne ferons pas une liste des pratiques que nous acceptons ou nous refusons, mais n'hésitez à nous contacter afin d'en savoir plus. Cela sera peut-être le début d'une belle amitié et plus si affinité.

 

Si elle vous intéresse et vous correspond, n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse suivante :

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Dans le cas contraire, on vous souhaite une bonne visite et surtout : NE SOYEZ PAS SAGES !!!

 

Roxanne & Franck

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