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La descente aux enfers
Ecrit par Roxanne
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Sur le chemin du retour, je me demandais quelle attitude adopter une fois que nous serions dans l’intimité de la chambre d’hôtel. Devais-je être la Roxanne à la sexualité débridée de mes scènes pornographiques de la veille ? La petite fille sage tremblante d’émoi devant son pygmalion ? Ou celle que je mourais d’envie d’être, c’est-à-dire la Roxanne tendrement sensuelle prolongeant la brûlure des désirs inassouvis jusqu’au bout de la nuit bohémienne ? Et Valmont ? Quelles pouvaient bien être les attentes d’un homme tel que lui ? Serait-il baigné de la candeur innocente qui consume les cœurs adolescents ? Où succomberait-il aux sirènes des passions dévorantes capables de faire exulter les âmes que la sagesse a trop longtemps étreintes ?
Au quatrième étage, l’ascenseur nous libéra de sa cage de verre et Valmont ouvrit la porte de la chambre illuminée par les lumières de la nuit pragoise. Il éclaira la petite lampe sur pied qui se trouvait dans un coin de la pièce et libéra les lourds rideaux de leurs embrases, plongeant ainsi la chambre dans une douce lueur que le décor de soie verte diffusait comme une pluie d’émeraudes. Sur la table basse étaient disposées deux flûtes à champagne, aux côtés d’une bouteille ainsi que d’un assortiment de fraises et de framboises que le service d’étage avait dû livrer peu avant notre arrivée. Où que se portât mon regard, la perfection enveloppait chaque détail. Et dans ce palais aux accents viennois, j’eus soudain la délicieuse impression d’être la princesse d’un royaume qu’une vie ne suffirait pas à explorer.
Valmont venait de remplir nos verres du luxueux breuvage et me tendit une coupe.
Nos flûtes s’entrechoquèrent, puis s’installa dans la chambre un silence feutré d’où s’échappait seulement le bruissement satiné des caresses de ses mains sur ma robe, de mes mains sur sa chemise, de mes lèvres sur les siennes. C’était la première fois que nous nous embrassions d’une façon aussi passionnée. Il y avait eu les caresses du premier soir au club, ses tendres baisers sur mon front, mais là, c’était différent. À vrai dire, tout était différent, d’ailleurs. Plus de regards à éviter, plus de barrières à franchir, plus de craintes ou d’hésitations. Juste l’impression de se livrer totalement à l’autre, sans retenue d’aucune sorte, afin qu’explose enfin une passion trop longtemps contenue.
Doucement, je l’attirai vers le grand lit dont les drapés semblaient se prosterner devant ce berceau d’amour. Sans cesser de l’embrasser, je déboutonnai sa chemise, puis la retirai en faisant glisser mes mains sur son torse et ses épaules viriles. Alors que je couvrais de baisers cette peau jusqu’alors inconnue, je sentis les subtiles caresses de ses doigts sur l’arrière de mes cuisses, jusqu’à jouer avec l’élastique de mes bas. Dans ce combat où le moindre de nos gestes était empreint d’une infinie douceur, je voulais être à la fois victime et bourreau. Être l’épée esquissant de sa pointe une douce morsure sur ses zones érogènes, puis le fourreau dans lequel il se reposerait lorsque la tendre guerre prendrait fin.
Bientôt avide de cette ivresse tant désirée, je fis glisser ma robe sur le sol, découvrant par ce geste mes dessous de noire dentelle comme une ultime et dérisoire armure qui s’effaçait bientôt avec délice devant l’assaut délicat de ses mains sur mon corps. Alors, en guerrier magnifique, il planta son drapeau dans ma terre promise baignée par les eaux tumultueuses d’un torrent de plaisir qu’aucun Dieu ne pourra jamais assécher.
Dans ce corps à corps fatal à la dernière parcelle de raison qui aurait pu subsister dans nos esprits, nous luttâmes de longues minutes, à moins que ce ne fut des heures, pour retarder jusqu’à l’épuisement ce coup de grâce qui vit mon corps s’effondrer sur le sien dans une sublime défaite, tandis que le flot de son plaisir envahit ma matrice dans un chant de victoire. Alors, épuisés par cette bataille sans victimes ni blessures, nous naquîmes à nouveau des cendres brûlantes de la passion qui nous avait enflammés.
Un long moment, nous restâmes ainsi, nus, peau contre peau, chacun écoutant le cœur de l’autre retrouver la cadence régulière et précise d’une sérénité perdue. Blottie dans ces bras protecteurs, je réchauffais mon âme glacée par les bourrasques qui l’avaient chahutée d’une folie destructrice au cours de ces derniers jours. Oubliées, mes frasques entre les murs du 1830 ou mes orgies cinéma-pornographiques. Même le temps qui, d’ordinaire, fane les choses les plus éphémères semblait s’être arrêté. Dehors, une nuit claire chargée d’étoiles et de promesses semblait nous avoir enveloppés de sa ouate légère et silencieuse dans laquelle nos souffles d’amants repus se répondaient en écho.
Puis il y eut une brise. Légère. Presque imperceptible. Une main glissant sur une hanche, un doigt effleurant un sein dont la peau se tendit comme une voile par gros temps. Puis il y eut les premières gouttes de pluie, prémices immuables des plus violents orages. Puis les premières ondulations de mon corps moite, bercé par une volupté nouvelle, allant d’une vague à l’autre, lascif et offert à qui voudrait le prendre. Alors, tel un navire surgi de l’inaccessible que l’horizon figure, comme tiré par mille chevaux d’écume, il fondit sur moi, son étrave fendant mes flots, le mât dressé vers le ciel, découpant la brume en lambeaux de soie avant de sombrer en mon creux pour y laisser sa trace d’une encre indélébile. C’est alors que l’ouragan redevint souffle et que la déferlante s’échoua sur la grève en ne laissant sur nos peaux que quelques embruns salés. Finalement, dans la quiétude des eaux redevenues calmes, rassurée par sa présence telle un phare dans mes nuits, je sombrai dans les délices d’un sommeil tapissé de rêves.
Le lendemain, un soleil blanc, hivernal, éclaircit les murs de la chambre, nous tirant du pays des songes. Sitôt levé, Valmont appela le service d’étage et dix minutes plus tard, le plus incroyable des petits déjeuners qu’il m’ait été donné de voir fit son apparition. Il y avait de tout : fruits, viennoiseries, œufs, charcuterie etc … Soit pour une personne normale, de quoi se nourrir pour au moins trois jours ! Même si je profitai allègrement de l’aubaine, cette indécente profusion qui allait inévitablement mener à un coupable gaspillage me coupa quelque peu l’appétit. L’embarras du choix était l’apanage des riches et je ne l’étais pas.
Aujourd’hui, Valmont devait s’absenter pour affaires une bonne partie de la journée. Il voulut me laisser de quoi subsister jusqu’à son retour avec un somme déraisonnable que je refusai tout net. Voyant que je ne changerais pas d’avis, il m’embrassa passionnément et sortit.
Alors que toute jeune fille qui se respecte aurait passé sa journée à écumer les boutiques, je choisis plutôt de me perdre dans les ruelles pavées, laissant traîner mon regard sur les façades ouvragées en m’imprégnant de l’atmosphère de cette ville dans laquelle je me sentais particulièrement bien. Mon sourire rayonnait des mille étoiles que Valmont y avait déposées et j’avais l’impression de voler, portée par une sensation de totale liberté. Au hasard d’un détour, je m’arrêtai quelques instants devant la plaque commémorative situant la maison natale de Kafka et je ne puis m’empêcher de me demander ce qu’il aurait bien pu écrire sur une existence telle que la mienne. Lui, dont les écrits rendaient à l’individu tout son pouvoir de décision, aurait-il jugé ma vie suffisamment absurde pour l’affubler de l’adjectif auquel on donna plus tard son nom ? Depuis quelques semaines, j’avais fait des choix que d’aucuns auraient pu juger contraires à toute logique. Mais ils m’avaient conduite sur des chemins qui m’avaient permis de m’affranchir de ce fardeau que la plupart des gens portent comme un sac de briques, à savoir le regard des autres.
Après un repas léger que je pris dans un salon de thé non loin des rives de la Vltava, je traversai le fleuve et continuai mes déambulations du côté du château. J’avais très envie de le visiter mais c’était peut-être également le cas de Valmont, aussi décidai-je de reporter cette activité à un autre jour. Un peu fatiguée par cette marche, je me reposai quelques instants sur un banc, regardant passer les petits trains touristiques et les couples d’amoureux pour qui Prague devait être le symbole du romantisme aux accents slaves. Sur le chemin du retour, j’avisai un pub dont les vitres, embuées par la chaleur qui semblait y régner, invitaient le passant frigorifié à entrer s’y réchauffer à grands renforts de slivovitz.
Lorsque je pénétrai à l’intérieur du café Propaganda, l’odeur de la bière monta immédiatement à mes narines. Il faut dire que l’antique breuvage était très apprécié ici, chaque bar se devant d’offrir à ses clients le choix le plus large possible. Et à en croire le tableau des consommations, on aurait pu penser que toutes les bières du monde s’étaient donné rendez-vous en ce lieu. Même pour quelqu’un comme moi qui appréciais la bière, c’était impressionnant. Mais, n’ayant pas beaucoup mangé, j’espérai ne pas commettre de sacrilège en commandant un Coca.
Accoudée au bar, je contemplais la décoration chargée lorsque je le vis entrer. Je ne saurais dire pour quelle raison je le remarquai. Il n’était pas spécialement beau, ni vêtu de façon excentrique ou arborant un quelconque signe distinctif. Pourtant, même lorsqu’il vint s’asseoir à côté de moi, je ne puis m’empêcher de le regarder à la dérobée, cherchant dans ses traits une quelconque ressemblance avec quelqu’un que j’aurais pu connaître. Mais ce n’était pas le cas.
Soit c’était l’approche d’une nouvelle méthode de drague, auquel cas je devais lui dire qu’elle était inefficace, soit il était fou ! Toujours est-il que ses questions qui fusaient de toute part me donnaient le tournis.
Pour toute réponse, il se contenta de sourire avant d’ajouter :
Il eut un petit rire cynique, puis il me regarda du coin de l’œil en reposant son verre sur le comptoir. Mais comme il s’apprêtait à partir, il sortit ce qui semblait être une carte de visite qu’il me tendit.
J’allais lui dire de garder sa carte, que mon monde me convenait très bien mais déjà il tournait les talons. Et après avoir fait trois pas, il se retourna pour me saluer :
Sur quoi il reprit la direction de la porte et sortit, me laissant avec des interrogations auxquelles je n’étais pas certaine de vouloir apporter une réponse et sa carte sur laquelle ne figurait que son prénom ainsi qu’un numéro de portable. Tout en haussant les épaules, je jetai le morceau de papier au fond de mon sac et terminai mon café.
Il était presque 17 heures lorsque je rentrai à l’hôtel et Valmont, qui avait dû terminer ses rendez-vous plus tôt que prévu, m’attendait sur l’un des canapés. Lorsqu’il leva la tête de son ordinateur et me vit, un sourire illumina son visage.
Nous étions désormais suffisamment intimes pour nous tutoyer mais cependant, j’avais quelques scrupules à lui rapporter l’énigmatique conversation que j’avais eue dans le bar.
Un taxi vint nous chercher au pied de l’hôtel et nous déposa non loin de l’opéra où, après une promenade dans les rues alentour, nous nous installâmes confortablement dans un restaurant à l’allure moins romantique que les précédents, mais beaucoup plus chic. Mais tandis que le serveur déposait les menus sur la table, Valmont tenta de satisfaire sa curiosité :
L’évocation de ces souvenirs depuis si longtemps enfouis réveilla en moi une vieille rancœur envers celui que je tenais pour responsable de la tristesse de ma mère qui avait dû tout abandonner pour s’occuper de nous. Et lorsque je terminai mon récit, mon regard était suffisamment humide pour que Valmont prenne mes mains dans les siennes en essayant de me consoler.
Suivant ses conseils, je me régalai de ces « machins-choses », effectivement succulentes, puis après un copieux dessert, nous prîmes la direction de l’Opéra. C’était un bâtiment imposant et majestueux, dont le fronton à double étage de colonnes accentuait l’impression de grandeur. Au rez-de-chaussée, la volée de marches donnait sur trois doubles portes plein cintre qui permettaient d’accéder dans un grand hall que l’on aurait cru fait de sucre d’orge et de crème chantilly. Mais c’est lorsque je découvris la vue depuis la loge que Valmont avait réservée que mes yeux s’embuèrent d’émotion devant le spectacle qu’ils contemplaient. Tout autour de l’immense salle, des loges au fond bordeaux se découpaient derrière des balcons aux ors éclatants. Entre chacune d’elle brillait une petite lampe, ce qui donnait à l’ensemble l’éclat d’un diamant aux mille facettes. Au centre de cet écrin de lumière, un lustre monumental descendait du plafond dont les bleus pastel étaient découpés par des arabesques en or. J’avais déjà été dans des opéras à l’époque où ma mère dansait encore. Mais aucun de ces lieux ne pouvait rivaliser, ni même se comparer à celui-ci. Je n’avais jamais été à Milan ou à Venise mais j’imaginais que quiconque découvrant pour la première fois La Scala ou La Fenice devait ressentir la même émotion que celle qui emplissait ma poitrine en cet instant.
Pour toute réponse, il se contenta de me sourire. Un sourire sincère, débarrassé de la condescendance qu’il aurait pu avoir pour cette petite fille qui n’avait jamais rien vu de sa vie.
La sièges continuèrent à se remplir peu à peu jusqu’à ce qu’il n’en reste plus un de libre. L’orchestre s’accorda et enfin les premières notes de l’ouverture montèrent de la fosse jusqu’au plus haut de la salle, avant de redescendre déposer au creux de nos oreilles l’éclat inaltéré des premières notes. Puis le rideau s’ouvrit sur un décor de toute beauté, champêtre à souhait, dans lequel Albrecht effectua son entrée, suivi des vendangeurs.
La mise en scène ultra-romantique, associée à la musique presque « viennoise » du compositeur français, donnait à l’ensemble un air résolument kitch mais que la virtuosité des danseurs parvenait à magnifier. Puis ce fut l’entrée de Giselle, sublime de grâce et d’innocence, virevoltant comme en apesanteur au milieu de la scène dans des pas d’une haute virtuosité, mais que son aisance faisait paraître facile. Bien évidemment, je ne pouvais m’empêcher de penser à ma mère … Giselle était son ballet préféré car les nombreux tableaux de duos ou de trios présents au livret lui avaient parfois permis d’occuper le devant de la scène. Ainsi, l’espace de quelques secondes, elle avait pu s’imaginer sujet ou coryphée, avant de retourner se fondre dans le corps de ballet. Alors, je me disais qu’elle aurait pu être là, parmi la foule de danseurs anonymes dont la présence pourtant indispensable ne faisait que renforcer l’éclat de l’étoile.
Après l’entracte au cours duquel j’expliquai à un Valmont impressionné toute la subtilité de la chorégraphie de Petipa, le rideau découvrit le décor fantasmagorique du deuxième acte au milieu duquel les Willis, ces femmes défuntes la veille de leurs noces, allaient faire de Giselle l’une d’entre elles. Personnellement, je préférais la relative noirceur de ce deuxième acte à la légèreté parfois trop appuyée du premier et je versai même une petite larme d’émotion lors de ma scène préférée, lorsque Giselle sauve Albrecht de la mort en dansant avec lui dans un tableau ou chaque porté est une évocation de l’amour dans son sens le plus noble.
Lorsqu’après les saluts, le rideau retomba définitivement sur la scène, il me fallut quelques minutes pour retrouver tout à fait mes esprits, après cette furtive incursion dans ce milieu qui avait entouré mon enfance de son halo de mystère, de rêves, d’espoirs et de chagrin. Je me préparais à redescendre afin d’attendre notre taxi mais Valmont avait manifestement autre chose en tête.
Je le suivis sans comprendre jusqu’au grand salon de l’étage ou quelques personnes étaient déjà présentes, dissertant sur ce qu’ils venaient de voir, une coupe de champagne à la main. Puis, dans le fond de la salle, une double porte s’ouvrit et apparurent les principaux danseurs que j’avais vus évoluer sur scène quelques minutes plus tôt, avec au premier rang d’entre eux, les deux danseurs étoiles qui avaient donné vie à Giselle et Albrecht.
Nikola Marova. Giselle. La nymphe qui avait enchanté le ballet de son talent serra ma main moite dans un sourire franc et sincère.
Je n’écoutais même plus, me contentant de regarder cette grande et belle jeune femme qui portait avec grâce le poids de son succès. Nous saluâmes également les autres danseurs que nous présenta tour à tour Nikola, sous les regards envieux des autres privilégiés qui avaient eu accès au salon puis nous prîmes congé, après une dernière coupe de champagne.
Était-ce la situation, les émotions que je venais de vivre ou alors, bien que je m’en défendisse, mon attrait pour cet homme puissant auquel rien ne résistait ? Toujours est-il que soudainement, je ressentis l’envie, le besoin même, qu’il me fasse l’amour non pas tendrement comme hier soir, mais d’une façon plus virile, presque bestiale.
Arrivés dans la chambre, il referma la porte derrière lui et lentement, tout en le toisant d’un regard de défi, je reculai jusqu’à la fenêtre. Lorsque j’en sentis le rebord derrière moi, je laissai tomber ma robe sur le sol, puis ôtai ma culotte tandis qu’il avançait dans ma direction. Avec des gestes lents mais fermes, il me souleva et je me retrouvai assise sur le rebord, le dos contre la vitre, offerte à lui. Il baissa alors son pantalon, puis son caleçon et sans jamais cesser de me regarder, il vint se planter en moi d’une façon telle que j’eus l’impression que je ne pouvais échapper à son joug, ce qui ne fit qu’augmenter mon plaisir. Alors, le temps s’arrêta. L’espace d’une seconde figée pour l’éternité, nos regards, nos souffles et nos corps se mélangèrent dans un seul et même orgasme qui nous emporta dans une danse frénétique rythmée par les coups de sa queue au fond de mon ventre. Du moindre de nos pores, transpirait la violence de cette passion qui, telle une tempête d’équinoxe, noya ma rose bourgeonnante sous un orage de foutre.
Longtemps après avoir joui, il resta en moi, se vautrant dans ma chaleur, ses mains tenant toujours fermement mes hanches et sa tête posée contre la mienne. Puis il finit par se retirer et contempla son œuvre. Mon corps moite et tiède aux muscles fatigués, les jambes pendantes avec en haut de mes cuisses les stigmates brûlants de nos plaisirs mélangés. Il se dirigea vers la table, versa du champagne dans les coupes et m’invita à le rejoindre. Affalés dans les fauteuils, sans dire un seul mot, nous vidâmes lentement nos verres en recouvrant peu à peu nos forces. Ensuite, parce que cette nuit était particulière sans que l’on sache réellement pourquoi, parce que nous nous sentions comme touchés par la grâce sans pour autant maîtriser quoi que ce soit, et parce que notre soif semblait inextinguible, nos corps furent à nouveau attirés l’un vers l’autre.
La bouteille de champagne à la main, Valmont me poussa vers le lit et m’y allongea, avant de verser sur ma poitrine quelques gouttes du précieux nectar. La fraîcheur du liquide me fit frissonner mais déjà sa langue réchauffait ma peau en parcourant mes seins, avant de descendre jusqu’à mon ventre. Il s’allongea ensuite sur moi en laissant son corps peser sur le mien de tout son poids et en me recouvrant totalement. Puis, à peine ouvrai-je les cuisses que je sentis son sexe venir se lover dans mon fourreau. Enserrée par ses bras, prise à son piège, je subis avec délice un nouvel assaut, profitant des moindres caresses que son désir me procurait. Les mouvements d’abord amples et longs s’intensifièrent et se durcirent. Ronronnant comme une chatte, je me délectai de cette douce violence qui s’abattait dans mon ventre en augmentant à chaque coup. Parcourant mon corps comme une décharge électrique, la douleur se transformait en plaisir en atteignant ma gorge d’où sortaient des gémissements de bonheur. C’est alors qu’au bout de son divin supplice, par-delà les limites vers lesquelles il avait repoussé sa jouissance, il vint mourir au plus profond de mon être en y déversant toute sa joie.
Nous aurions pu nous endormir ainsi, l’un dans l’autre, mais c’était trop tôt. Bien trop tôt. Toute la nuit, et même après les premières lueurs du jour, nous dansâmes tels deux derviches, nos esprits éteints par la fatigue, nos âmes perdues dans les abîmes de cette nuit d’ivresse et nos corps en transe, emportés par la folie de cet amour charnel qui nous faisait mourir et renaître à l’envie.
Le lendemain matin, tandis que Valmont terminait son petit déjeuner, je regardais par la fenêtre la brume d’hiver, cotonneuse, descendre sur les toits de Prague et je me demandai ce que cette nuit, ce que ce voyage allait changer dans ma vie. Je savais que dans quelques jours, lorsque l’avion me ramènerait vers mon quotidien, je ne serais plus la même. Car Valmont ne m’avait pas seulement montré Prague. Il m’avait appris à croire que l’horizon n’est pas inaccessible. Et une certitude, hier encore vague, prit soudain corps dans mon esprit. Mon existence telle que j’allais la retrouver ne me suffisait plus ! Je voulais plus !
Il y a deux choses terribles dans la vie ; ne pas obtenir ce que l’on souhaite, et l’obtenir. Passer une vie à courir après un rêve, ou s’être délecté du succès jusqu’à n’en avoir plus soif. Car au fond, ce qui compte vraiment, ce n’est pas la destination. C’est le voyage. Peu importe l’endroit où je voulais aller et les choses que je voulais accomplir. L’important se trouvait quelque part sur les chemins que j’emprunterais pour y arriver. Le 1830, X’Trem Prod ; tout ça n’était que les malencontreuses, mais nécessaires péripéties qui avaient permis à ma vie de sortir de son triste quotidien. Désormais, je voulais vivre des choses intenses, extraordinaires, prendre des risques, me tromper, apprendre, recommencer, réussir ! Et, un jour, revenir à Prague …
Dans l’avion qui me ramenait chez moi, je rapportais, outre quelques cadeaux pour les copines du club, une force nouvelle, née de cette ambition qui me poussait au ventre, nourrie par le souvenir de ces jours et de ces nuits qui resteraient gravés en moi comme un tatouage indélébile. Je rapportais aussi la conviction forte, inébranlable, que les personnes qui m’avaient entourée jusqu’alors allaient disparaître de ma vie, tels des fantômes évaporés par le même puissant exorcisme qui avait chassé hors de moi les scrupules et les doutes qui m’avaient habitée jusque-là. Je rapportais enfin la petite carte laissée par cet étrange individu rencontré au Propaganda. Que faire ? Appeler, ne pas appeler ?
En y réfléchissant bien, il y avait toutes les chances pour que type soit un proxénète qui avait l’intention de me faire arpenter les trottoirs de Vilnius ou Riga et pourtant, j’avais l’intime conviction qu’il s’agissait de bien autre chose … Mais était-ce une intuition ou un espoir ? Durant les jours qui avaient suivi cette entrevue, j’avais eu l’impression d’être suivie, épiée, que ce soit dans les restaurants où nous déjeunions avec Valmont, ou encore lors de notre visite du château. J’avais éprouvé le sentiment étrange que des ombres suivaient la mienne et que leur regard se posait sur moi. Peut-être était-ce le fruit de mon imagination, ou peut-être était-ce autre chose …
Pendant les deux semaines qui suivirent mon retour, je repris mon travail au 1830, d’où Valérie était partie sans laisser d’adresse. Durant cette période, je me contentai de tenir compagnie aux clients en restant au bar. Je ne retournai pas non plus dans les studios d’X’Trem Productions, pas plus que je ne revis Alex. Et un soir, un soir semblable à tant d’autres, où le coton douillet d’un profond ennui tentait de m’envelopper, je sortis la carte du fond de mon sac et composai le fameux numéro.
Cette voix ! Cela ne pouvait pas être vrai ! Et pourtant …
Je restai sans réaction jusqu’à ce que mon interlocuteur rompe le blanc qui s’était créé.
Il avait raccroché brutalement … Tout en préparant machinalement quelques affaires, je cherchais une explication rationnelle à cette situation invraisemblable. Pourquoi tout ce manège ? Qui était ce type dans le bar ? Autant de questions qui se bousculaient dans ma tête et auxquelles j’étais incapable de trouver une réponse. Pourtant l’horloge tournait à toute vitesse, comme mes pensées. Vingt-cinq minutes s’étaient déjà écoulées depuis que mon « ancien » amant avait raccroché. Sans que je m’en rende compte mes yeux s’embrumèrent et des larmes se mirent à couler sur mes joues. Je jetai un coup d’œil circulaire à mon univers, puis à mon sac, avant de fixer la porte de ma chambre. Tout ce résumait en fait à une seule question à laquelle je devais répondre dans l’instant : m’appartenir ou ne plus m’appartenir ?
FIN
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Le poids des mots, le choc des photos, l'impact des vidéos !
Pour faire encore plus simple, du sexe, encore du sexe, toujours du sexe et ce sous presque toutes ses formes.
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Notre journal... Celui d'un couple qui aime le sexe et qui l'assume pour une vie épanouie faite de plaisirs et de complicité sans faille.
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Un rubrique faite pour celles et ceux qui pensent que jouer (modestement) avec les mots peut être aussi excitant, voir plus, qu'une suite de photos ou de vidéos.
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Pas vraiment besoin de description pour ce qui suit. Des séries de photos d'amatrices tout simplement.
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De nombreuses vidéos dans de nombreuses catégories qui ne manqueront pas de provoquer une hausse du chiffre d'affaire de Kleenex. Elles ont toutes été choisies par nos soins et visionnées en couple.
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Comme son nom l'indique c'est un petit règlement de compte personnel. Enfin, pour être franche c'est surtoit moi (Roxanne) qui tenait à ce que cette rubrique soit présente. Eh ouais, même si je ne suis pas la principale concernée (quoique j'ai bien mangé quand même), j'ai la rancune plus que tenace.
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ERRATUM
Petite précision qui a son importance concerant la rubrique "Petit règlement de compte entre ami(e)s"... Pour ne pas qu'il y ait de malencontreuses coïncidences, les prénoms des protagonistes ont été changés. Par exemple, le compagnon de la protagoniste principale suce nommée (oui je sais ça ne s'écrit pas comme ça mais ça me fait rire), ou pour être plus précise le "plouc", ne se prénomme pas Laurent et n'habite pas Chaussy dans le Val d'Oise. En tous cas selon les informations fournies par la CAF.
A moins que... Noooooon !!! Des gens si honnêtes et si vertueux que ça ce n'est pas possible ! J'ai vraiment l'esprit mal tourné ! Après, par souci de clarification, si cela pose problème, on peut toujours aller leur demander de procéder à une vérification des pièces justufucatives fournies ? Non ?
Ce point éclaircie, je vous souhaite une bonne lecture... "Amicalement", Roxanne ou chérie coquine.
Couple libertin de région parisienne, vous aurez vite compris que le sexe tient une place primordiale dans notre vie. Pour le reste nos adorons le rock, les Harley, les voyages et plein d'autres choses dont vous vous foutez royalement. Non ? Bandes de menteurs !
Détenteurs d'un compte couple certifié sur Netéchangisme, voici notre annonce :
Le libertinage et ses plaisirs n'ont de sens que lorsqu'ils sont vécus au sein d'un couple à la complicité sans faille ... Roxanne (29 ans) et Franck (42 ans), notre indéfectible amour ne nous empêche aucunement d'être des épicuriens convaincus et des adeptes assidus des plaisirs de la chair ... Le feeling, la complicité et la séduction tiennent une place importante dans notre recherche qui s'oriente vers des couples à la partie féminine bisexuelle ou vers des femmes elles aussi tentées ou pratiquant les plaisirs saphiques ... Nous ne ferons pas une liste des pratiques que nous acceptons ou nous refusons, mais n'hésitez à nous contacter afin d'en savoir plus. Cela sera peut-être le début d'une belle amitié et plus si affinité.
Si elle vous intéresse et vous correspond, n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse suivante :
decadent.laboratory@outlook.com
Dans le cas contraire, on vous souhaite une bonne visite et surtout : NE SOYEZ PAS SAGES !!!
Roxanne & Franck
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