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La descente aux enfers
Ecrit par Roxanne
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Lorsque nous en fûmes au café, je m’enquis de savoir si Val devait rentrer tôt ou non. La revoir m’avait fait le plus grand bien malgré notre dispute et je n’avais pas envie de la quitter déjà.
C’était notre expression favorite pour dire que nous faisions l’école buissonnière. Je me rendis compte alors que je n’aurais peut-être plus jamais l’occasion de prononcer ces mots.
Elle eut un moment de réflexion durant lequel son visage s’assombrit.
Je ponctuai ma phrase d’un clin d’œil pour lui signifier que sa remarque désobligeante ne m’avait pas échappée, puis d’un sourire afin qu’elle sache que je n’étais pas vexée. Valérie régla la copieuse addition et nous sortîmes dans la nuit.
Alors que nous arrivions, nous longeâmes la façade décrépie de mon nouveau lieu de travail. Valérie n’y prêta aucune attention et nous montâmes jusqu’à mon studio.
Nous posâmes nos affaires et nous assîmes sur le lit. Valérie promena son regard tout autour de la pièce. Que pouvait-elle penser en cet instant ? Voyait-elle défiler des images d’hommes venant se repaître de charnels plaisirs et repartir sitôt leur désir évaporé dans la tiédeur moite d’un corps soumis ? Peut-être m’imaginait-elle accueillant des inconnus et leur offrant mon corps sans le moindre scrupule ni la moindre retenue ? Je savais qu’elle s’imaginait les choses pires qu’elles n’étaient réellement. J’aurais voulu la rassurer. J’avais déjà tenté de le faire mais je me heurtais systématiquement contre le mur de ses préjugés.
Elle resta un instant silencieuse, le regard vague.
Je me préparais à la rembarrer, mais son visage semblait indiquer qu’elle était prête à entendre certaines choses. C’est donc avec le plus grand calme que je lui répondis.
Depuis que j’avais appelé Valérie, je voulais lui raconter ce que j’avais vécu ce soir-là, sûre qu’elle comprendrait. Je m’étais imaginé cette discussion comme ressemblant à tant d’autres que nous avions eues à propos des garçons, l’œil coquin et le rire jamais bien loin. Au lieu de ça, je me retrouvais sous un feu nourri de questions posées froidement et sans ambages, impliquant des réponses énoncées comme des articles du code pénal.
Valérie ouvrit de grands yeux écarquillés.
Valérie ne dit rien, se contentant de hocher la tête.
Nous restâmes silencieuses quelques secondes. Une éternité. Valérie me regarda comme si elle avait du mal à reconnaître son amie. Pourtant, c’était bien moi. Je n’avais pas changé.
Un nouvel abîme de silence se creusa entre Valérie et moi. Peut-être valait-il encore mieux ne rien dire plutôt que de continuer cette discussion qui ne menait nulle part, même si j’étais profondément attristée de voir que mon amie ne me comprenait pas. Pourtant, sa présence me faisait un bien immense et je ne voulais pas qu’elle parte. Paradoxalement, je me sentais proche d’elle comme rarement je ne l’avais été.
Je fus soulagée de voir que nos petites disputes n’avaient pas eu d’incidence sur notre amitié. Comme je me levais pour lui trouver une tenue de nuit, elle m’arrêta net :
Après un bref passage à la salle de bain, je laissai la place à Valérie et me préparai pour me mettre au lit. Quelques minutes plus tard, Val sortit à son tour et commença à se déshabiller. Je la regardai faire en enviant, comme à chaque fois, les si jolies courbes de son corps. J’aurais tant aimé lui ressembler.
Lorsque j’émis un sifflement admiratif, nous rîmes toutes deux de bon cœur avant que je n’éteigne la lumière. La pénombre et le silence envahirent la pièce comme un drap de velours, masquant la lèpre des murs au moins jusqu’au matin. À côté de moi, Valérie était allongée sur le dos. Nue. Comme la dernière fois où nous avions dormi ensemble, cette simple pensée me troubla et j’ignorais pourquoi. Jamais je n’avais eu de pensées saphiques à son égard mais sa présence à mes côtés éveillait en moi des sentiments qui m’étaient inconnus. Peut-être me sentais-je aussi proche d’elle car je craignais que ma nouvelle vie l’éloigne de moi ? Or je voulais croire qu’il n’en était rien, tant elle prenait la chose à cœur et accourait au premier appel. Je me rendis compte alors que malgré tout ce qu’elle faisait pour moi, je rejetais en bloc toutes ses objections sans lui exprimer la moindre gratitude. Aussi je me tournai vers elle. Elle ne dormait pas.
Elle se tourna pour me faire face et posa sa main sur mon bras.
Nous nous enlaçâmes alors tendrement, nos deux corps seulement séparés par la soie fine de ma nuisette. Puis nos jambes s’entrecroisèrent et nos bras glissèrent sur nos peaux, comme si nous cherchions à nous rapprocher encore et encore jusqu’à ne faire plus qu’une. Un instant, mon genou effleura son sexe. L’instant d’après le sien effleura le mien. Je sentis monter une excitation que mon esprit tentait de repousser mais que mon cœur cherchait à attiser. C’était comme si la moindre cellule de nos corps était attirée par l’autre mais que nos consciences les en empêchaient à tout prix. Un jeu de cache-cache où le moment, inévitable, lorsque l’une de nous allait se découvrir, arrivait à grands pas malgré ces efforts désespérés pour le repousser encore et encore. Valérie m’embrassa le front, je déposai un baiser sur sa joue. Puis nos bouches se frôlèrent une première fois, avant de se coller l’une à l’autre dans la fougue d’un baiser unique et merveilleux qui fit tomber ce qu’il restait de nos défenses. Après, tout fut plus facile. Ni l’une, ni l’autre ne chercha à se soustraire à l’étreinte. Et tandis que nos langues nous entraînaient dans une interminable danse, nos mains glissèrent le long de nos corps, frénétiquement, sans calcul ni retenue. La mienne glissa sur un de ses énormes seins. Je sentis celle de Valérie courir sous ma nuisette avant de redescendre le long de mes jambes. C’était un bonheur délicat, simple et intense. Une ivresse née de nos parfums charnels dont nous savions toutes deux qu’elle provoquerait une terrible gueule de bois au petit jour. Qu’importe ! Le goût de nos peaux sucrées valait tous les matins du monde et nous plongeâmes, insouciantes, dans le tombeau de notre amitié déchirée par cette passion violente et soudaine.
Nos bouches toujours jointes, Valérie bascula sur moi. Ses mains me parcoururent, comme cherchant la moindre parcelle de mon corps encore non explorée. Je quittai alors cette nuisette devenue un encombrant fardeau, un tissu vulgaire et râpeux entre la douceur de nos peaux. Puis les lèvres de Valérie quittèrent les miennes pour glisser le long de mon cou jusqu’à mes seins dressés autour desquels sa langue s’attarda un moment, avant de remonter jusqu’à ma bouche pour un nouveau baiser. Je sentis alors son corps peser un peu plus sur le mien et la toison de son jardin secret appuyer sur la peau imberbe de mon sexe. Je sentis également la rosée de mon désir se transformer en rivière à mesure des contacts répétés entre nos bas-ventres. Prise d’une frénésie incontrôlable, je fis basculer mon amie sur le dos et me retrouvai sur elle. À mon tour, j’embrassai ses seins gonflés dont les tétons devenaient de délicieuses et dures friandises que je suçais avec avidité. Puis, l’esprit déserté par la raison et les scrupules, je descendis progressivement le long de son ventre jusqu’à sentir sous ma langue le léger duvet qui recouvrait son sexe. Elle écarta alors un peu plus ses cuisses, m’ouvrant ainsi le chemin jusqu’à son minou ronronnant. Sans réfléchir, j’y plongeai brutalement, m’enivrant du nectar qui perlait de ses lèvres et se déposait sur ma langue inquisitrice. J’aurais pu continuer à lécher chaque millimètre de sa peau des heures durant. Des heures à écouter Valérie murmurer cette volupté que je lui procurais. Mais elle me repoussa et me fit remonter à sa hauteur. Elle enjamba alors ma tête et je vis son entrejambe descendre sur mon visage. Une fois qu’elle fut presque assise sur moi, je poursuivis l’exploration de son intimité tandis qu’elle se pencha de façon à atteindre la mienne. Et ce fut mon tour de gémir sous les assauts de sa langue fougueuse, jouant avec mes lèvres et mon clitoris pendant que ma bouche trempée de plaisir embrassait frénétiquement sa chatte, osant même quelques détours par son anus. Puis nous changeâmes de position et je me retrouvai sur elle, mon sexe posé contre sa bouche. Je restai un moment ainsi à recevoir égoïstement ce plaisir qu’elle m’offrait, gémissant sous le joug de sa langue qui violait ma vulve. Jamais je n’avais connu de plaisir aussi intense. Et jamais je n’avais eu autant envie d’en donner. Je me penchais alors sur elle et repris l’exploration de sa grotte. C’est alors que je sentis monter en moi une vague de chaleur que rien ne semblait pouvoir réprimer et qui électrisa mon corps tout entier. Un cri de bonheur vint ponctuer cette jouissance infinie et je m’écroulai à bout de souffle sur le corps de Valérie avant de me retourner et de remonter vers elle. Elle bascula sur moi et m’embrassa de toutes ses forces tout en frottant son sexe contre le mien. Son visage était trempé de mon orgasme et je sentis le sien se déverser peu à peu sur ma foufoune au fur et à mesure des ondulations de son corps sur le mien. Puis ses gémissements se transformèrent en cris et son corps se reposa lourdement sur le mien, sa tête blottie au creux de mon épaule. Nous restâmes alors silencieuses de longues minutes et nous finîmes par nous endormir enlacées l’une à l’autre.
Le lendemain matin, le soleil se joua de la vigilance des persiennes et nous réveilla à l’aube, éclairant de sa lumière crue les murs jaunis par le temps et la scène de nos ébats. Les traces sur nos corps nus et l’humidité sur les draps se révélèrent au jour et à nos yeux encore pleins de sommeils. Nous nous regardâmes un instant mais nos yeux glissèrent sur le sol, laissant sur nos joues les traînées du maquillage de la veille et les regrets éternels que demain soit déjà aujourd’hui.
La porte claqua comme un coup de revolver et les mots de Valérie fusèrent comme des balles qui m’atteignirent en plein cœur tandis que mon amie dévalait les escaliers, laissant derrière elle l’écho de sa colère et un doux effluve de parfum. Je restai un long moment face à cette porte, perdue dans une seconde qui semblait figée pour l’éternité. Je réalisai alors que le prix pour cette nuit avec Val allait être élevé et que ce n’est pas en vendant mon corps et mon âme que je parviendrais à le payer.
Mes larmes auraient dû couler mais ce chagrin, je le savais, était bien trop profond. Il continuerait à me ronger comme un cancer, jusqu’à ce que le feu qui avait embrasé mon cœur ne s’éteigne. Ou le consume entièrement.
Pourtant, une question me taraudait plus que toute autre. Valérie m’avait-elle fait l’amour pour ensuite me détourner de la voie que j’avais choisie, comme un moyen ultime de me sauver ou bien est-ce que ses sentiments étaient purs ? Les deux réponses m’effrayaient car bien qu’aimant Val plus que tout au monde, je ne me sentais pas lesbienne pour autant. D’un autre côté, ma situation n’avait pas changé et non seulement j’avais besoin de ce travail, mais ma première expérience avec Valmont me poussait à continuer. Bien sûr, je savais aussi que tout ne serait pas rose tous les soirs. Que des nuages viendraient vite assombrir le tableau idyllique que mon esprit était en train de peindre. Mais je voulais aller voir plus loin. M’enfoncer davantage dans ce monde qui m’effrayait et m’attirait pourtant. C’est ce que j’avais essayé de faire comprendre à mon amie avant qu’elle ne parte comme une furie mais bien évidemment, elle n’avait rien voulu entendre.
À mesure que ses paroles revenaient en boucle dans ma tête, la colère se mêla progressivement au chagrin. J’avais le sentiment d’avoir été abusée par mon amie de la plus ignoble des façons et cela ne fit que renforcer mon refus de céder au chantage sentimental qu’elle essayait de m’imposer. Aussi, après une douche réparatrice, je décidai d’aller déjeuner dehors, histoire de me changer les idées.
Il était encore tôt et la Seine serpentait dans une brume légère, éclairée par la douce lumière du matin. La ville s’éveillait lentement et les premiers brouhahas du marché naissaient des étals des marchands. Du haut de sa colline, la basilique su Sacré Cœur semblait comme suspendue au ciel tandis qu’en contrebas, Belleville bruissait de l’attente des premiers touristes.
Bizarrement, je me sentais bien. Pour la première fois depuis longtemps, je ne ressentais plus ni peur, ni honte. Je ne cherchais pas à fuir le regard des gens et c’est avec un grand sourire que je commandai mon café au serveur qui me sourit à son tour, sans doute tout heureux de commencer sa journée avec comme première cliente une avenante jeune fille. Je restai un long moment sur la terrasse baignée de soleil puis décidai de retourner dans ma chambre avec l’espoir d’y croiser l’une de mes collègues de travail, peut-être Annabelle. Désormais, elles étaient ma seule famille. Malheureusement, aucun bruit ne venait troubler la quiétude des lieux et mes espoirs furent rapidement déçus. C’est donc avec un peu d’appréhension que je dus me résoudre à retourner dans la chambre où quelques heures auparavant, Valérie et moi avions fait l’amour. Me résoudre à ouvrir cette porte qui avait rompu d’une façon aussi nette que définitive, les liens qui nous avaient unies durant toutes ces années.
Je pris une grande inspiration et commençai à ranger la chambre en prenant soin de faire disparaître toute trace de sa présence, changeant les draps et allant même jusqu’à vaporiser un peu de parfum dans la pièce. Lorsqu’Annabelle vint frapper à ma porte une heure plus tard, la chambre avait retrouvé une relative virginité.
Il y a encore quelques heures, j’aurais répondu par la négative, mais désormais, tout était différent. Je voulais m’intégrer au mieux dans ce nouvel univers qui était à présent le mien. Et mon expérience d’étudiante m’avait appris que les loups solitaires qui refusent de se mêler à la meute deviennent vite des brebis galeuses. Évidemment, aller dans un Mac Do lorsque l’on vit dans la capitale de la gastronomie peut tenir du sacrilège mais vu l’état de mes finances, le pragmatisme devait une nouvelle fois prendre le pas sur les principes.
Les filles furent aimables et j’appris de nombreuses anecdotes sur mon nouveau travail, les clients sympas, les habitués etc … J’eus même droit au récit de Jeanne, chassant de son bar un client indélicat à l’aide d’une bouteille de champagne. Je pus me rendre compte à quel point elle était appréciée par « ses filles », ainsi qu’elle aimait les appeler, et cela me conforta dans l’idée que je me faisais de ma nouvelle patronne. Après le repas, notre petite troupe se dispersa et je repris la direction de ma piaule. Si je parvenais à trouver le sommeil, une petite sieste ne serait pas inutile.
Lorsque je me réveillai, il était presque 18 heures, soit bientôt le moment de me préparer. Pour autant, cela ne devait prendre que peu de temps car je savais déjà ce que j’allais mettre. Et quand je sortis du bain, la robe rouge que j’avais dépliée auparavant m’attendait sur le lit. Je l’enfilai délicatement, choisis une paire de mules à talons aiguilles assorties et interrogeai mon miroir. La jeune fille qui me regardait m’apparut suffisamment sûre d’elle pour ne rien ajouter ni dessus, ni dessous. Je la toisai une dernière fois du regard et descendis à la salle à manger. C’était prévisible, je fus accueillie par Annabelle avec des sifflements gentiment chambreurs auxquels se mêlèrent bientôt les exclamations amicales des autres filles tandis que Jeanne opinait du chef en souriant :
Ce n’était que ma deuxième soirée de travail mais je connaissais déjà par cœur ce rituel qui semblait immuable. Le rangement à la fin du repas, l’installation sur les tabourets du bar, la revue des troupes accompagnée de ses petits rappels sur la meilleure façon de faire consommer les clients et enfin, l’ouverture. Enfin l’attente que j’imaginais parfois interminable, les yeux rivés sur la porte jusqu’à l’arrivée du premier client qu’il fallait appâter d’un seul regard ou d’un croisement de jambes au bon moment.
Le mardi soir était calme au 1830. Et ce n’est qu’au bout d’une heure que la sonnette retentit avec sa discrétion habituelle. Quelques instants plus tard, un jeune homme s’avança d’un pas hésitant. À en croire le regard de Jeanne qui le toisait de haut en bas, ce ne devait pas être un habitué. Et au vu de son attitude maladroite, ce ne devait pas l’être de ce genre d’endroit en général ! Tandis que Jeanne lui souhaitait la bienvenue en lui demandant ce qu’il souhaitait boire, il me jeta quelques regards à la dérobée. Je pense pouvoir dire avec certitude qu’à ce moment-là, chacune d’entre nous priait pour qu’il en choisisse une autre. Non qu’il fût moche, ou bien qu’il semblât d’une saleté repoussante, mais la gêne qu’il paraissait éprouver en notre compagnie était si grande qu’elle réprimait en nous tout désir. Même Jeanne, pourtant si prompte à mettre les gens à l’aise semblait démunie face à pareille situation. Pour autant, elle n’en restait pas moins notre patronne et d’un regard bref mais sans ambiguïté possible, elle nous fit signe qu’il était temps de passer à l’action.
J’étais en première ligne. Aussi, afin de ne pas prolonger le moment d’hésitation qui avait suivi l’ordre discret de Jeanne, je décidai d’aller « au combat ». Au vu de mon manque d’expérience, j’étais sans doute la moins qualifiée pour ce type de mission. Je n’avais pas la moindre idée de la façon dont je devais aborder ce jeune homme si timide. Mais quitte à abandonner l’idée de prendre le moindre plaisir, je pris la chose comme un exercice de travaux pratiques. Au moins, cela me rappellerait l’école.
Les rires étouffés que tentaient de contenir tant bien que mal les autres filles nous parvinrent et je dus faire un effort démesuré pour ne pas succomber au fou-rire qui me guettait. Et ce n’était rien face à la perplexité absolue que je pouvais lire sur le visage de Jeanne. Aussi tentai-je de reprendre la situation en main :
Il tourna vers moi un visage perplexe, puis ses yeux s’illuminèrent comme si il avait eu d’un seul coup toutes les réponses aux grands mystères de l’univers.
Pendant que cette dernière s’affairait à préparer la commande, je décidai de poursuivre mon exercice.
Et en plus, monsieur était susceptible !
J’avais prononcé ces mots avec la voix la plus sensuelle possible et ponctué ma phrase en posant ma main sur sa cuisse, espérant ainsi détendre un peu mon sujet d’expérience. Mais ce fut le contraire qui se produisit. À peine eussé-je posé mes doigts qu’il se raidit en resserrant ses genoux et en accrochant ses mains à la barre de cuivre qui entourait le bar, comme au bastingage d’un bateau sur le point de chavirer.
Jeanne posa nos verres sur le comptoir, ce qui permit à Adrien de porter son attention sur autre chose que ma main sur sa cuisse. Décidément, c’était vraiment le jeune homme le plus timide qu’il m’ait été donné de rencontrer. Cependant, ne m’avouant pas vaincue, je saisis mon verre et lui fis signe de trinquer, ce qu’il arriva à faire sans rien renverser malgré sa nervosité. Après quoi il but son champagne comme si c’était du jus d’orange et c’est un verre presque vide qu’il reposa sur le comptoir.
Ce type était désespérant ! Rien ne semblait pouvoir le détendre un tant soit peu, pas même un verre de champagne avalé cul-sec. J’allais devoir changer de stratégie.
Il porta son regard en direction des box puis, pour la première fois, me regarda dans les yeux. Alors que j’essayais de le convaincre par un sourire que je voulais sincère et subtilement langoureux, je pus détailler son visage sur lequel on pouvait lire une tension extrême. Pourtant, ses traits étaient fins et l’ensemble plutôt agréable à regarder. Et sans cette timidité maladive, on aurait même pu imaginer qu’il puisse avoir un certain succès auprès des filles.
Il avisa de nouveau les alcôves avant d’accepter ma proposition d’un léger hochement de tête. Je fis alors un signe discret à Jeanne qui n’avait pas perdu une miette de la conversation et elle nous suivit jusqu’au fond de la salle avec nos coupes et un seau à champagne qu’elle disposa sur la table. En m’asseyant sur le divan, je pris soin de conserver une certaine distance avec Adrien de façon à ne pas le mettre davantage mal à l’aise qu’il ne l’était. Si le simple contact de ma main sur sa cuisse avait provoqué un tel état de quasi-panique, mieux valait me montrer prudente.
Pourtant, à mon grand étonnement, ce fut lui qui prit l’initiative de remplir nos coupes. Certes, il paraissait encore très nerveux mais le fait d’être soustrait aux regards moqueurs des autres filles semblait l’avoir détendu quelque peu.
Pour la première fois, je pus distinguer sur son visage l’esquisse d’un sourire qui m’encouragea à poursuivre.
Il hésita longuement avant de répondre, comme si son métier ou sa condition était incompatible avec sa présence ici :
Étudiant ! À dire vrai, la première chose qui me traversa l’esprit est la crainte de l’avoir déjà croisé dans les lieux estudiantins que je fréquentais il y a encore quelques jours. Pourtant, son visage m’était parfaitement inconnu et Paris pas petit, loin de là.
Était-ce le champagne ou l’intimité, ou bien les deux ? Toujours est-il que sa nervosité disparaissait à mesure que la conversation se prolongeait. Mais elle semblait laisser la place à un mélange de tristesse et de nostalgie dont son regard s’imprégnait lentement.
L’université Paris-Dauphine était de l’autre côté de la ville. Il y avait donc peu de chances pour que nos chemins se soient croisés un jour. Et bien que je ne tienne pas à trop me dévoiler, j’avais malgré tout envie de lui faire part de mon ancienne condition.
Décidément, ce garçon me surprenait de plus en plus. Tout à l’heure si timide et réservé, le voilà qui montrait maintenant une assurance grandissante et faisait preuve d’une certaine subtilité.
Ses yeux toujours emplis de tristesse glissèrent à nouveau sur le sol. Comme pour se donner du courage, il but une gorgée de champagne.
Je me rapprochai doucement de lui afin de l’inviter à poursuivre.
Voilà donc la raison de la tristesse que j’avais décelée tout à l’heure. Au moins, vu les nombreuses fois où je dus consoler Valérie suite à pareille mésaventure, j’étais en terrain connu.
Je ponctuai ma phrase d’un sourire que je voulais rassurant et amical. Il parut sensible à mes marques d’attention et le fait de m’avoir confié ses malheurs semblait l’avoir délesté un poids.
Nous restâmes un moment à nous regarder dans la pénombre. Mon bras reposait toujours sur ses épaules et je l’attirai lentement vers moi tout en approchant ma bouche de la sienne. Mais au moment où j’allais déposer un baiser sur ses lèvres, il eut un mouvement de recul.
Son regard, qui l’instant d’avant ne voyait que moi était désormais fuyant et regardait partout sauf dans ma direction.
À la tête qu’il fit sitôt sa phrase terminée, je compris qu’il venait de se rendre compte qu’il en avait trop dit. À ce moment-là, le scénario ignoble qui pouvait expliquer sa présence ici commença à prendre forme dans mon esprit mais la colère sourde qui montait en moi devait attendre une confirmation avant d’exploser pour de bon.
Cette fois, il était complètement paniqué. Ses yeux parcouraient frénétiquement la salle comme cherchant un moyen de fuir.
Je ne reconnus pas cette façon de m’exprimer mais j’étais dans un tel état de rage que les barrières de la décence qui canalisaient d’ordinaire mes émotions étaient en train de voler en éclats les unes après les autres.
La chose la plus raisonnable à faire en pareille circonstance aurait été de me lever et d’aller demander à Jeanne de mettre ce malotru dehors. Mais je ne voulais pas faire de scandale si peu de temps après mon arrivée et d’autre part, je n’avais nulle envie d’avoir à en expliquer les raisons. Alors, guidée par la colère et un sentiment de trahison d’une violence que je n’avais jamais ressentie jusqu’alors, je regardai vers l’entrée du bar pour m’assurer que personne ne pourrait nous voir puis je plaquai mes mains sur les épaules de l’espion envoyé par mon ex-meilleure amie et l’enjambai brusquement jusqu’à me retrouver à califourchon sur lui.
Certes, avec une furie qui essaie de faire entrer sa langue dans votre bouche, ce n’est pas facile de répondre. Mais il ne faisait aucun effort non plus.
L’espace d’un instant, la crainte qu’il se mette à crier pour attirer l’attention me traversa l’esprit mais vu les circonstances, je doutais qu’il tienne réellement à se couvrir de ridicule une nouvelle fois. Et puis, on a rarement vu un client de bar à hôtesses porter plainte pour viol. Tout en maintenant mon emprise, je réussis à déboutonner son jean et à sortir son sexe de son caleçon. À en juger par sa taille grandissante, j’en conclus que la situation devait malgré tout l’exciter un minimum.
Je frottais à présent son sexe contre le mien. J’étais consciente des risques de faire ça sans capote alors que je ne prenais même pas la pilule, mais l’envie d’envoyer un message le plus violent possible à Valérie prenait le pas sur toute autre considération. Alors, après quelques ultimes caresses, je fis entrer en moi cette bite inconnue. Puis, reposant ma main sur son épaule, je repris mes ondulations et mes tentatives de baiser. Tentatives qui finirent par réussir lorsqu’il arrêta de lutter. Je pus alors mouvoir mon corps à ma guise sur son chibre tout en essayant d’être la plus discrète possible. Jeanne nous avait clairement interdit d’avoir un rapport sexuel avec un client dans l’enceinte du bar et je n’avais nulle envie de me faire renvoyer.
Il ne répondit pas et tourna la tête, se contentant de subir la situation qu’il avait lui-même provoquée tout en essayant de profiter un minimum de l’aubaine. De mon côté, je prenais un maximum de plaisir à le dominer de la sorte. Et l’imaginer raconter comment je l’avais baisé à Valérie m’excitait encore davantage.
A suivre : La descente aux enfers - Part 6
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Le poids des mots, le choc des photos, l'impact des vidéos !
Pour faire encore plus simple, du sexe, encore du sexe, toujours du sexe et ce sous presque toutes ses formes.
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Notre journal... Celui d'un couple qui aime le sexe et qui l'assume pour une vie épanouie faite de plaisirs et de complicité sans faille.
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Un rubrique faite pour celles et ceux qui pensent que jouer (modestement) avec les mots peut être aussi excitant, voir plus, qu'une suite de photos ou de vidéos.
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Pas vraiment besoin de description pour ce qui suit. Des séries de photos d'amatrices tout simplement.
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De nombreuses vidéos dans de nombreuses catégories qui ne manqueront pas de provoquer une hausse du chiffre d'affaire de Kleenex. Elles ont toutes été choisies par nos soins et visionnées en couple.
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Comme son nom l'indique c'est un petit règlement de compte personnel. Enfin, pour être franche c'est surtoit moi (Roxanne) qui tenait à ce que cette rubrique soit présente. Eh ouais, même si je ne suis pas la principale concernée (quoique j'ai bien mangé quand même), j'ai la rancune plus que tenace.
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ERRATUM
Petite précision qui a son importance concerant la rubrique "Petit règlement de compte entre ami(e)s"... Pour ne pas qu'il y ait de malencontreuses coïncidences, les prénoms des protagonistes ont été changés. Par exemple, le compagnon de la protagoniste principale suce nommée (oui je sais ça ne s'écrit pas comme ça mais ça me fait rire), ou pour être plus précise le "plouc", ne se prénomme pas Laurent et n'habite pas Chaussy dans le Val d'Oise. En tous cas selon les informations fournies par la CAF.
A moins que... Noooooon !!! Des gens si honnêtes et si vertueux que ça ce n'est pas possible ! J'ai vraiment l'esprit mal tourné ! Après, par souci de clarification, si cela pose problème, on peut toujours aller leur demander de procéder à une vérification des pièces justufucatives fournies ? Non ?
Ce point éclaircie, je vous souhaite une bonne lecture... "Amicalement", Roxanne ou chérie coquine.
Couple libertin de région parisienne, vous aurez vite compris que le sexe tient une place primordiale dans notre vie. Pour le reste nos adorons le rock, les Harley, les voyages et plein d'autres choses dont vous vous foutez royalement. Non ? Bandes de menteurs !
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Le libertinage et ses plaisirs n'ont de sens que lorsqu'ils sont vécus au sein d'un couple à la complicité sans faille ... Roxanne (29 ans) et Franck (42 ans), notre indéfectible amour ne nous empêche aucunement d'être des épicuriens convaincus et des adeptes assidus des plaisirs de la chair ... Le feeling, la complicité et la séduction tiennent une place importante dans notre recherche qui s'oriente vers des couples à la partie féminine bisexuelle ou vers des femmes elles aussi tentées ou pratiquant les plaisirs saphiques ... Nous ne ferons pas une liste des pratiques que nous acceptons ou nous refusons, mais n'hésitez à nous contacter afin d'en savoir plus. Cela sera peut-être le début d'une belle amitié et plus si affinité.
Si elle vous intéresse et vous correspond, n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse suivante :
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Dans le cas contraire, on vous souhaite une bonne visite et surtout : NE SOYEZ PAS SAGES !!!
Roxanne & Franck
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