Mercredi 22 juin 3 22 /06 /Juin 00:22

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La descente aux enfers

Ecrit par Roxanne

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Rassemblant ce qui me restait de courage, je me regardai dans la glace afin de réajuster ma tenue. Etait-ce vraiment moi, cette jeune fille qui me regardait, le regard vide, coincée dans ces habits de circonstance qui maquillaient mon âme jusqu’à la travestir ? Et maman, que penserait-elle de sa petite fille si … ? Non, il ne fallait pas que j’y pense. Pas maintenant. Je devais faire le vide, ne plus réfléchir, ne plus me souvenir. Tout oublier, le passé comme le futur. Ce futur immédiat qui m’attendait derrière la porte.

Presque 18 heures. À peine avais-je entrouvert que je le vis. Le bruit le fit se retourner et il me vit à son tour. Le garçon qui marchait à présent vers moi était assez grand. Des cheveux bruns coupés courts coiffaient un visage quelconque qui, fort heureusement, m’était totalement inconnu. J’ouvris la porte en grand en l’invitant à entrer.

  • « Salut … », l’accueillis-je d’un ton neutre.
  • « Salut. Fabien … », dit-il simplement pour se présenter.

Je ne savais ni quoi dire, ni comment agir. Lui faire la bise ? Lui proposer un café ? C’était ridicule. Tout comme l’était cette situation dans laquelle j’étais mal à l’aise au possible.

  • « Euh … Ben … Tiens ! »

Il me tendit un billet de 50 euros et je dus faire un effort immense pour masquer ma honte lorsque je m’en saisis. 

  • « Me … Mets-toi à l’aise … », dis-je en montrant le canapé.

Tout en se dirigeant dans ma direction, il retira son blouson qu’il posa sur le canapé. Mais il ne s’assit pas. Plantée devant lui, nos yeux se fixèrent durant une seconde et je compris qu’il ne s’assiérait pas. Alors, lentement, je m’agenouillai à ses pieds, les mains posées sur mes cuisses. Lui ne bougeait toujours pas. Je sentais simplement son regard me toiser, comme pour m’enjoindre de commencer.

Mes mains s’emparèrent alors de la ceinture qu’elles débouclèrent. Puis elles défirent les boutons du jean qui chut sur le sol dans un bruit de monnaie ou de clés, laissant apparaître un boxer gris que mes mains, après un instant d’hésitation, firent tomber à son tour. Mon visage se trouvait désormais à quelques centimètres de son sexe pas encore totalement bandé. J’entrepris alors quelques caresses, faisant courir mes doigts le long de la verge dont le volume augmentait peu à peu. Dès lors que ces subtils massages eurent fait leur effet, je saisis un des préservatifs que j’avais disposés à proximité, déchirai délicatement l’enveloppe et l’apposai sur le gland, avant de le dérouler sur toute la longueur de la verge. Une écœurante odeur de fraise Haribo prit alors mes narines d’assaut et je commençai à regretter d’avoir choisi des capotes parfumées. C’est donc avec un haut-le-cœur que j’ouvris les lèvres de manière à accueillir ce chibre qui, manifestement, n’attendait que ça.

Tout en commençant de timides allées et venues, j’essayais de ne pas penser à ce que j’étais en train de faire. Sans vraiment y parvenir. Je m’imaginais témoin du spectacle que j’offrais. Moi, en tenue sexy, à genoux devant cet inconnu dont la queue pénétrait ma bouche telle une épée dans mon cœur meurtri par la honte, humiliée par ces gestes obscènes et la présence du billet de 50 euros posé sur la table. Ces pensées me firent accélérer le mouvement. Je voulais en finir au plus vite. J’augmentai la pression de mes lèvres sur le pénis durci tandis que ma langue se perdait en tous sens sur le gland. Ce faisant, je décidai de l’exciter davantage et m’accroupis en relevant ma jupe de façon à offrir à son regard mes cuisses nues au-dessus des bas, ainsi que le triangle de dentelle noire de mon slip brésilien. En guise de réponse, je sentis sa queue se contracter plus fréquemment. Désormais, c’était lui qui imprimait une cadence de plus en plus rapide, immisçant du même coup sa bite de plus en plus loin dans ma bouche.

  • « Houuu … Oui … Touche-toi … »

Visiblement, il s’était départi de la timidité dont il avait fait preuve au départ. Bien que jamais auparavant je n’eusse imaginé aller jusque-là, je m’exécutai. Sans jamais cesser de le sucer, je fis glisser mes doigts sous la dentelle noire, découvrant ainsi mes lèvres qui, en fait, ne demandaient que mon attention. Mon majeur commença alors à s’activer sur mon clitoris, avant qu’une humidité soudaine lui permette de s’introduire dans mon vagin. Cela sembla combler mon amant d’une heure dont les gémissements s’amplifiaient de minute en minute. J’étais dans un état second. Loin de ressentir un quelconque bien-être, je ne pensais plus à rien, si ce n’est au plaisir que j’étais en train d’offrir. Mes doigts continuaient à s’agiter dans ma chatte tandis que ma bouche attendait avec impatience l’offrande ultime. Celle-ci survint au terme de contractions intenses et je sentis la capote se remplir de la jouissance que j’avais provoquée. Après quelques derniers va-et-vient, mes lèvres libérèrent le sexe repu. Fabien put alors retirer le préservatif tout mouillé de salive. Il fit un nœud et, ne sachant où le poser, me le tendit.

Ayant repris mes esprits, je pris la capote remplie de sperme en considérant ce geste comme l’humiliation ultime et la jetai à la poubelle. Alors, Fabien remonta son boxer, puis son pantalon. Toujours sans un mot, il réajusta sa ceinture et prit son blouson sur l’épaule. Debout devant lui, je l’avais regardé faire en silence.

  • « Bon … Ben … Salut ! », murmurai-je
  • « Salut ! Merci … À plus … », me répondit-il sans même un regard alors qu’il se dirigeait vers le pas de la porte.

Merci … Je disais merci à mon boulanger lorsque j’achetais un croissant, à la caissière du supermarché quand j’allais y faire quelques emplettes, au chauffeur de bus qui me vendait un ticket. Là, il m’avait dit merci parce que je lui avais taillé une pipe contre un billet de 50 euros. Le précieux sésame était d’ailleurs toujours sur la petite table basse à côté du canapé. Je le pris pour le mettre dans mon porte-monnaie, mais, à ce moment, un flot de larmes jaillit de mes yeux. Je m’effondrai sur les coussins que j’avais préparés à l’occasion de ma première « passe », le billet froissé dans le creux de ma main. Ce morceau de papier représentait à lui seul toutes les humiliations que j’avais subies depuis la visite de Valérie jusqu’aux « remerciements » de celui qui me l’avait donné. Je me noyais alors un peu plus dans mes sanglots, repensant à cet inconnu qui m’avait éjaculé dans la bouche. Quelle importance qu’il y eut une capote puisque, malgré elle, il avait plongé mon âme dans son plaisir hautain et dégoûtant. Puisque, malgré elle, il avait répandu le goût amer de la honte jusqu’au plus profond de moi.

Après d’interminables minutes remplies de tristesse, mes larmes se firent plus silencieuses et l’énervement fit place à de l’épuisement. C’est ainsi que, sans même manger ni me déshabiller, je m’endormis peu à peu, un goût de capote dans la bouche et un billet froissé dans la main.

Ce fut la sonnerie du téléphone qui me réveilla en sursaut. Courbaturée par mon séjour prolongé sur le canapé, je me levai péniblement en jetant un coup d’œil à la pendule. Il était bientôt 21 heures, ce devait être Valérie.

  • « Allô ? »
  • « Roxy ? Tu dormais ? »

C’était effectivement Valérie qui, à ma voix, devait se douter que je ne sortais pas d’une bonne douche vivifiante.

  • « Un peu … Je me suis assoupie. »
  • « Je voulais savoir comment tu allais. Est-ce que tu veux que je passe te voir ? »
  • « Merci mais ça va aller. Te dérange pas ma chérie. »
  • « Tu es sûre ? Et … Il est venu ? »
  • « Oui … », répondis-je laconiquement.
  • « Et alors ? Comment ça s’est passé ? » »
  • « Comment veux-tu que ça se soit passé ? Il est venu, il m’a payé, je l’ai sucé et il est parti. »

Je n’obtins pour tout écho qu’un long silence gênant, jusqu’à ce que Valérie eût digéré ma réponse.

  • « Comment tu le vis ? Tu es sûre que tu ne veux pas que je passe ? »
  • « Ecoute Valérie … J’ai vraiment pas envie d’en parler maintenant. On se voit demain en cours ? »
  • « Comme tu veux ! Mais si ça va pas tu m’appelles, promis ? »
  • « Oui, oui … Promis, bye ! »

J’étais parfaitement consciente qu’elle faisait tout son possible pour tenter de m’aider. Mais je n’étais pas franchement en état de supporter ses discours moralisateurs. Et je n’étais même pas certaine de les supporter davantage le lendemain. 

Je n’avais pas souvenir de m’être déjà montrée aussi froide et distante envers Valérie. En fait, j’étais dans un état assez bizarre. Un mélange d’indifférence et de lassitude. Je me sentais toujours aussi sale et humiliée qu’avant de m’endormir, mais la honte avait disparu. Machinalement, je ramassai le billet de 50 euros tombé à terre, le défroissai et le rangeai dans mon porte-monnaie. Cette fois, je le fis sans pleurer.

Afin de me remettre tout à fait les idées en place, je décidai de prendre un bon bain chaud mais, auparavant, il me fallait consulter ma messagerie. L’appréhension ressentie la veille ne se manifesta pas cette fois-ci. Ni anxieuse, ni excitée, j’accédai à ma boîte e-mail et y trouvai deux nouveaux messages, de la part d’un certain Jérôme et d’un certain Mathieu. Les deux réponses affichant un numéro de téléphone, je décidai d’appeler sur-le-champ afin d’organiser au mieux ma journée de demain. Je composai le premier numéro et Mathieu répondit presque immédiatement. La conversation ressembla à s’y méprendre à celle du matin, mais cela non plus ne me troubla pas. Nous convînmes d’un rendez-vous pour le lendemain à 15h. J’étais censée être en cours, mais ce ne serait pas la première fois, ni la dernière, que je manquerais à l’appel. J’appelai ensuite Jérôme, qui me répondit d’une voix enjouée. Contrairement à Mathieu, il ne semblait pas du tout gêné, me demandant même de me décrire. Je lui donnai aussi peu de détails que possible, mais cela sembla lui convenir puisque nous prîmes rendez-vous à 18h. Tout me paraissait tellement facile, ce soir. Je n’avais aucun remords, aucune crainte venant troubler mon esprit. Moi qui il y a deux heures m’endormais en larmes, j’étais en train de remplir mon carnet de rendez-vous sans le moindre complexe ni le moindre scrupule. J’ignorais si cet état allait se prolonger au-delà de cette nuit mais, quelque part, je l’espérais. Cela serait tellement plus simple ainsi.

Le lendemain matin, je me réveillais vers 10h. N’ayant aucune envie d’avoir la moindre discussion avec Valérie, j’avais pris soin d’oublier de mettre mon réveil, ce qui me procura une longue nuit d’un sommeil réparateur qui me mit de la meilleure des humeurs. Humeur qui faillit s’assombrir dix minutes plus tard lorsque le téléphone sonna. Aussi, certaine que c’était Valérie, je décidai de ne pas répondre. Après un copieux petit déjeuner, je vérifiai ma boîte e-mail et je fus presque déçue de ne pas avoir de nouveaux messages, car je ne perdais pas de vue la raison qui m’avait poussée à me prostituer : mon propriétaire attendait toujours ses loyers !

Profitant d’avoir du temps libre devant moi, je décidai de procéder à une séance d’essayage. Après un état des lieux complet de ma garde-robe, je commençai à essayer toutes sortes de vêtements, de tenues toutes plus sexy les unes que les autres, osant pêle-mêle robes printanières sans rien dessous et bodys affriolants sans rien dessus. J’étais comme une petite fille, minaudant devant son miroir, s’étudiant sous toutes les coutures de ses dessous coquins. Quelle folie me plongeait dans cet univers de débauche où mes pensées frivoles prenaient peu à peu le dessus sur les scrupules évanouis de mon passé d’enfant sage. Je l’ignorais et ne cherchais pas à le savoir. Pour l’heure, mon esprit était tourné vers mes deux rendez-vous de l’après-midi et la seule question qui occupait mes pensées était de savoir de quel écrin de dentelle ou de soie mon corps allait s’envelopper.

Vers 14h45, je sentis poindre une légère excitation sous la tenue pour laquelle j’avais finalement opté. Une petite robe courte et décolletée sous laquelle avait finalement pris place une culotte en soie noire. Selon le rituel, j’entrebâillai la porte cinq minutes avant. Personne. De plus en plus excitée, je restai discrètement dans l’ouverture afin de voir arriver mon généreux inconnu et, à 15h pile, il arriva.

Cette fois encore, la chance était de mon côté puisque c’était la première fois que je voyais ce garçon. Plutôt pas mal, d’ailleurs. Brun, assez grand, un visage adolescent aux traits fins ; je me dis qu’en d’autres circonstances, je lui aurais également ouvert ma porte. D’un sourire je l’invitai à entrer, ce qu’il fit d’un pas hésitant tout en me saluant d’une voix qui ne l’était pas moins. Ce devait être un grand timide.

  • « Bonjour … », bredouilla-t-il péniblement.
  • « Bonjour mon chat … Tu dois être Mathieu ? Entre, je t’en prie. »

Je ne reconnus pas ma voix tant elle me parut enjouée et débarrassée de sa timidité de la veille. Le pauvre garçon allait finir par croire qu’il était mon dixième client de la journée. Il y eut un silence embarrassant durant lequel lui et moi cherchâmes quelque chose à dire afin de rompre la glace, puis il finit par confirmer ce que je pressentais.

  • « Euh … En fait … C’est la première fois que … »,m’annonça-t-il tout penaud.
  • « Ah … Ben tu sais, je fais ça seulement depuis hier alors on est presque à égalité. », répondis-je en souriant.

J’ignorais si le fait de mettre en avant mon inexpérience était une bonne chose mais, peut-être, cela pouvait-il le décomplexer.

  • « Ah … »

Ce jeune homme était décidément un grand timide. Afin de ne pas le laisser plus longtemps dans l’embarras, je l’invitai à se mettre à l’aise et à s’asseoir sur le canapé. Toujours sans un mot, il s’exécuta. Tandis que j’allais prendre place à ses côtés, je me dis que j’allais devoir prendre les choses en main, si je puis dire. Sinon, cela risquait de durer longtemps.

Alors, je passai mon bras derrière sa tête et de l’autre main, j’osai quelques caresses à travers son jean. Même cela ne le fit pas réagir et il resta pétrifié comme une statue de marbre. Ma main se fit alors plus entreprenante, défaisant un à un les boutons de sa braguette avant de glisser mes doigts dans l’ouverture. Là encore, il ne réagit pas. Ce ne fut que lorsque je desserrai sa ceinture qu’il sortit de sa torpeur et m’aida à baisser son pantalon et son caleçon, découvrant ainsi un sexe encore au repos. J’adoptai alors une position telle qu’il puisse admirer mon entrejambe tout en espérant que cela l’excite un peu. Je repris mes caresses, directement sur son sexe cette fois-ci et, au bout d’un moment, je pus sentir un changement perceptible. Enfin, il commençait à bander !

Sans cesser de le masturber, je me mis à genoux devant lui. Son chibre continua à grossir de façon plus soutenue. Lorsqu’il arriva à une taille respectable, je lui mis la capote au parfum toujours aussi écœurant et approchai ma bouche de sa verge. Etait-ce sa timidité ? Etait-ce mon état d’esprit ? Toujours est-il que cette fois-ci, mis à part l’odeur du préservatif, je n’étais pas dégoûtée de ce que j’allais faire. Au contraire, je mourrais d’envie de poser mes lèvres sur ce sexe, de le parcourir de ma langue jusqu’à ce que ses couilles se vident de plaisir. Ce qui ne tarda d’ailleurs pas à arriver ! Certainement trop vite à son goût puisqu’à peine une minute après le début des opérations, il éjacula dans un spasme mal contrôlé. Son pénis quitta ma bouche presque immédiatement. Je levai les yeux vers lui pour constater que son visage rougi trahissait une honte bien inutile. Que pouvait importer à mes yeux sa piètre performance ? Je n’étais ni juge ni témoin. Tout au plus, l’objet improvisé d’un désir fugace dont il ne resterait rien sitôt la porte franchie. Il conserva son air penaud et contrit alors qu’il se rhabillait, en silence. Au moment de partir, il me tendit les cinquante euros. Cette fois, je n’eus aucune honte de les prendre. Tout au plus étais-je gênée de l’incroyable rapport durée/prix à laquelle cette aventure lui était revenue. Puis, sans émettre un son, il partit d’un pas pressé.

Après avoir rangé les billets qui allaient grossir ma cagnotte, j’allai jeter un œil sur ma messagerie afin de voir si d’autres rendez-vous allaient bientôt remplir mon agenda. C’est avec une certaine satisfaction que je découvris un nouveau message. Un certain Franck désirait ardemment me rencontrer. Il avait même laissé son numéro de portable, ce qui allait me permettre de l’appeler immédiatement.

  • « Allô ? »
  • « Allô, Franck ? »
  • « Oui ? »
  • « Bonjour, c’est Géraldine. Tu m’as envoyé un message tout à l’heure … »
  • « Oui … Bonjour … »

Sa voix, qui m’avait tout d’abord répondu de façon enjouée, se fit plus réservée à l’annonce de mon prénom. Mais il reprit :

  • « Je suis intéressé par ton annonce. Est-ce qu’on pourrait se rencontrer ? »
  • « Bien sûr. Tu es dispo quand ? »
  • « Et bien plutôt le soir … Demain ? Vers 17h ? »
  • « Ça me convient ! »

Comme pour les autres, je lui laissai mon adresse et lui indiquai la marche à suivre. Ce faisant, je remarquai que je gérais désormais ce genre de situations avec bien plus d’assurance. Plus que grâce à ma maigre expérience, j’avais l’impression que quelque chose s’était passé l’autre soir. Qu’une partie de moi s’était évanouie et que l’autre moitié, restée jusqu’alors tapie au plus profond de moi, s’était subitement réveillée.

Après avoir raccroché, je me mis en quête d’une occupation avant mon second rendez-vous. Je rangeai un peu le canapé et décidai de me plonger dans mes cours, histoire de ne pas trop perdre le fil. À défaut d’être agréable, cela ferait au moins passer le temps.

Dix minutes avant l’arrivée de Julien, je fermai mes bouquins et rangeai mes affaires. Un rapide coup d’œil dans le miroir, une retouche de rouge à lèvres et me voilà fin prête. De la porte entrouverte, je le vis arriver d’un pas rapide et décidé. Il était assez grand, vêtu d’un jogging bleu clair. Le sac de sport qu’il portait finit de me persuader qu’il devait appartenir à je ne sais quelle équipe de l’école. Des cheveux très noirs coupés courts achevaient le parfait portrait du sportif pratiquant.

  • « Bonjour, entre … »
  • « Salut ! … Sympa chez toi ! »

Soit il était rompu à ce genre de pratique, soit il s’agissait là de son attitude habituelle, auquel cas je ne devais pas m’en formaliser. 

  • « Merci ! Je t’en prie, met toi à l’aise. »

Je n’eus pas à lui répéter. Laissant choir son sac sur le sol, il se dirigea vers le canapé sur lequel il posa son blouson.

  • « Comment on fait ? Je te paye maintenant ? »
  • « Euh … Oui … C’est mieux … », balbutiais-je décontenancée.

Sur quoi il sortit des billets de sa poche et me les tendit. Décidément, ce mec me mettait particulièrement mal à l’aise. Et ce fut pire encore lorsque sitôt après m’avoir donné l’argent, il baissa dans un même geste pantalon et caleçon jusqu’au milieu des cuisses.

Tout en essayant de rien laisser paraître de mon trouble, je m’agenouillai devant lui lorsqu’une odeur nauséabonde mêlant vieille urine et sueur emplit mes narines. Et plus encore que l’odeur, son gland déjà presque décalotté était maculé de liquide séminal, preuve d’une excitation déjà bien avancée. Tout en essayant d’oublier cette odeur repoussante, je pris immédiatement une capote et la déroulais sur son sexe. J’avais peut-être bien fait, finalement, de choisir des capotes parfumées. Malheureusement, le goût de fraise n’arrivait pas à couvrir le reste et c’est en essayant de retenir ma respiration que je pris sa bite et la mis dans ma bouche.

Dès les premiers coups de langue, il se mit à gémir de satisfaction tout en se cabrant et en enfonçant plus encore son chibre au fond de ma gorge. Vraiment, je détestais ce type ! En fin de compte, ce n’était pas tant mes caresses buccales que la domination qu’il pouvait exercer sur moi dans cette posture qui l’excitait.

  • « Vas-y ! Suce-moi bien ! Ouiiii … C’est bon ! »

J’essayais de rester sourde à ses éructations immondes, mais c’était peine perdue. Et visiblement, il en voulait encore plus.

  • « Fous-toi à poil ! Montre-moi ta chatte ! »

Mon Dieu ! J’étais tombée sur un déséquilibré ! Il était hors de question que ce mec me voie nue. Pourtant, je commençais à avoir peur de ses réactions. Je fis la sourde oreille, mais il ne lâcha pas prise. Alors que sa queue continuait ses va-et-vient entre mes lèvres, il essaya de remonter ma robe en la tirant par le haut.

  • « Vas-y ! Mets-toi à poil ! »

J’étais coincée. Je ne pouvais pas crier sous peine d’étaler mes hontes au grand jour et un refus pouvait le rendre violent. Je n’avais pas d’autre choix que de m’exécuter. Les yeux posés sur le sol pour cacher ma peur, j’ôtai ma robe, puis ma culotte pour finalement me retrouver entièrement nue devant lui.

  • « Putain t’es trop bonne ! Vas-y … Continue à me pomper ! »

Retenant mes larmes, je repris la position et, aussitôt, sans retenue, il fourra à nouveau son sexe dans ma bouche. Je n’avais même plus besoin de faire quoi que ce soit. Ses mouvements menaient sa queue jusqu’au fond de ma gorge. J’étais certaine qu’il s’imaginait en train de me pénétrer et cette pensée me mit plus mal à l’aise encore. Après quelques minutes, je sentis le mouvement s’accélérer encore et ses gémissements s’amplifier. Alors, dans un ultime assaut, il se vida et je sentis la capote se remplir. Il ponctua sa jouissance d’une éructation déchirante, puis se retira. Mon calvaire était terminé. Enfin presque … Le fit-il exprès ou non ? Toujours est-il qu’en retirant le préservatif, il ne retint pas la base et le laissa se vider sur moi. Mon recul fut trop tardif et mon ventre se retrouva maculé de sperme.

  • « Oups ! Désolé ! Bon, ben à la prochaine ! »,me dit-il en souriant avant de remonter son jogging.

Sur quoi il ramassa son sac et sortit, me laissant seule, nue, à genoux. Incapable de bouger, incapable de pleurer, je restai là de longues minutes. Je regardai mon ventre taché de ce sperme qui glissait lentement vers mon entrejambe, avant d’aller maculer le sol. Reprenant un peu de mes esprits, j’essuyai de ma main ce foutre dégoûtant mais ne parvins qu’à l’étaler davantage. Souillée de toute part, je me levai tel un robot et me dirigeai vers la salle de bain. Machinalement, je tournai les robinets de la douche et les premières gouttes qui touchèrent mon front déclenchèrent enfin ce flot de larmes si longtemps retenu.

Le tissu bleu marine sur lequel s’épanchaient mes larmes, était à présent trempé. En fait de tissu, il s’agissait du chandail que portait Valérie. Prise d’un accès de désespoir et de larmes après mon aventure malheureuse de l’après-midi, j’avais fini par me résoudre à l’appeler à l’aide. Et comme toujours, elle avait accouru. Voilà un bon quart d’heure que, serrée dans ses bras, je sanglotais sur son épaule sans pouvoir articuler le moindre mot. Ce ne fut qu’au prix d’un effort incommensurable que je pus enfin lui raconter ma mésaventure. Elle m’écouta sans mot dire, se contentant de me serrer plus fort lorsque les sanglots reprenaient le dessus.

  • « Je suis désolée ma chérie. Je n’aurais jamais dû te laisser faire … »,me dit-elle lorsque j’eus terminé.
  • « Je n’avais pas le choix. Tu le sais bien. Et je ne l’ai toujours pas … »

Elle desserra son étreinte afin de me regarder fixement.

  • « Ne me dis pas que tu penses à continuer après ça ? »
  • « On en a déjà parlé Valérie. Et de toute façon, c’est ça où l’expulsion. »

Considérant mon état, elle jugea bon de ne pas m’affronter directement. Mais il était clair qu’elle n’avait pas dit son dernier mot.

  • « J’ai rendez-vous avec quelqu’un demain après-midi. Et comme ça, je pourrai filer 200 euros à mon proprio. Ça ne fait même pas un mois de loyer, mais j’espère que ça le fera patienter un peu. », repris-je en allant chercher un mouchoir.

Elle me regarda d’un air triste et désolé. Je savais que ce qui m’arrivait la peinait au plus haut point. Je savais aussi qu’elle faisait tout pour m’aider et que le fait de ne pas y parvenir l’attristait encore plus.

  • « Laisse-moi rester avec toi ce soir. Demain, je commence tard et j’aurai le temps de repasser prendre mes affaires. »

Je fis oui de la tête avant de retomber dans ses bras. Je mesurais alors la chance que j’avais d’avoir une amie comme elle. Durant tout le repas qu’elle avait tenu à préparer, elle essaya tant bien que mal de m’arracher un sourire. Elle y parvint en me contant pour la énième fois le récit de ses mésaventures amoureuses. Les amours de Valérie racontés par Valérie, c’était toujours quelque chose !

Le repas terminé, j’insistai pour aller directement au lit sans passer par la case divan. J’avais échappé à la morale de mon amie pendant le dîner et j’espérais bien remettre ça à un autre jour. Tandis que Valérie prenait sa douche, je me glissais avec délice sous les couvertures.

Profitant de ce moment de solitude, je repensai aux évènements de l’après-midi. Certes, j’étais tombée sur un connard qui m’avait humiliée et souillée de sa semence dégoûtante mais tous n’agissaient pas ainsi. J’espérais avoir la chance de ne plus tomber sur ce genre de spécimen pour les quelques fois où j’allais encore devoir m’offrir à ces inconnus d’une heure. J’étais en train de reprendre un peu espoir lorsque Valérie sortit de la salle de bain enroulée dans une serviette.

  • « Tu peux me prêter quelque chose pour la nuit ? »
  • « Bien sûr ! Regarde dans le tiroir du haut, il y a des nuisettes. »

Je doutais fort qu’elles soient à sa taille au de sa plantureuse poitrine bien plus grosse que la mienne, mais nous ne nous encombrions pas de ce genre de détails. Pas plus qu’elle ne ressentit la moindre gêne lorsqu’elle laissa choir la serviette sur le sol.

J’avais toujours éprouvé une petite pointe de jalousie devant le corps de ma meilleure amie. Pulpeuse à souhait, ses jolies formes avaient pris soin de se placer dans ses seins et ses fesses. Sa longue chevelure blonde mettait en valeur les traits fins de son visage et ses yeux bleus clairs. Je l’avais toujours trouvée jolie.

Elle enfila ma nuisette en satin noir et je ne pus réprimer un éclat de rire. Celle-ci lui comprimait les nichons et tout le tissu utilisé à les couvrir laissait à découvert son mont de Vénus aussi imberbe que je mien.

  • « Moque-toi ! C’est vraiment histoire d’avoir quelque chose sur le dos ! »,me dit-elle en souriant.

Elle vint se coucher à mes côtés et nous échangeâmes les banalités d’usage. Pourtant, je voulais qu’elle sache combien sa présence me faisait du bien.

  • « Merci … Merci pour tout … », lui murmurai-je à l’oreille.
  • « Je t’en prie. Tu sais bien que je serai toujours là. »
  • « Je sais … »

Elle m’invita alors à me blottir contre elle. Je sentis ma poitrine toucher la sienne, et ma cuisse effleurer un instant son sexe. Nous avions déjà dormi ensemble, souvent même. Mais les circonstances avaient transformé, l’espace d’une seconde, une sage amitié en un instant à la fois tendre et terriblement érotique. Puis, la fatigue et la décence m’invitèrent à ignorer le plaisir sourd qui germait au creux de mon ventre et je m’endormis dans ses bras.

Le lendemain matin, je commençais les cours bien avant elle. Aussi la laissai-je dormir et partis pour l’amphi le cœur léger, abandonnant sans regret derrière moi le théâtre de mes récents chagrins. Inutile, de toute façon, de ressasser les évènements de la veille. C’était un accident et j’étais bien décidée à l’interpréter comme tel, autant pour me rassurer avant mes prochains rendez-vous que pour me convaincre du bien-fondé de mes choix, fussent-ils discutables.

Ce n’est qu’en approchant de la fac que je me rendis compte de ma nervosité grandissante. Sans cesse sur mes gardes, je guettais le moindre visage connu au milieu de la foule, de crainte d’y reconnaître l’un de mes clients. Ce sentiment d’angoisse empira lorsque je pénétrai dans l’enceinte de l’école. Tous ces jeunes étudiants qui me croisaient, me dépassaient en tous sens. Je les dévisageais tour à tour à un rythme effréné. Était-ce cela qui m’attendait désormais ? Allais-je devoir vivre chaque minute de ma vie d’étudiante avec cette peur viscéralement accrochée au ventre ? Si tel était le cas, je ne pourrais le supporter longtemps. Mais qu’est-ce qui m’avait pris de me lancer là-dedans ? Il devait bien y avoir un autre moyen !

  • « Hé … Tu rêves ou quoi ? »

Voilà ce qui devait arriver. Perdue dans mes pensées, je venais de percuter un étudiant qui, manifestement, avait l’air encore plus pressé que moi.

  • « Désolée … Je ne suis pas réveillée ce matin. », balbutiai-je en l’aidant à ramasser ses classeurs.

Piètre excuse qui ne récolta pour toute réponse qu’un regard levé vers le ciel et un départ pressé du jeune étudiant qui, grâce à Dieu, m’était parfaitement inconnu. Avisant une salle de cours déserte, je m’y engouffrai aussitôt afin de reprendre un instant à la fois mon souffle et mes esprits. Adossée au bureau, j’essayais de me convaincre de me calmer. Que tout ceci n’était qu’un mauvais rêve et que j’allais me réveiller. Mais les images des derniers jours, les souvenirs de ces hommes à qui j’avais donné du plaisir pour quelques euros me renvoyaient à mon mensonge et me ramenaient à la réalité. Celle où j’étais devenue une pute.

Je me rendis compte alors que c’est précisément ce que je m’étais refusé à admettre jusqu’ici. Certes, je l’avais accepté dans les faits, lorsque j’appelais un garçon m’ayant contactée ou que je lui ouvrais ma porte, mais pas dans le fond. Pas dans tous ces moments de la vie quotidienne où l’on montre aux autres ce que l’on est, et qui font de nous ce que nous sommes. Je me remémorai alors la plaisanterie innocente de Valérie dans l’amphi de socio, et je me rendis compte que les seules fois où j’avais été en contact avec le monde extérieur avaient provoqué en moi la même réaction d’angoisse. Cette peur de dévoiler aux autres ce que j’étais devenue, afin de mieux me le cacher à moi-même.

Après cette courte séance d’introspection au cours de laquelle je pus retrouver une certaine contenance, je repris le chemin de l’amphi. Et si mes angoisses et mes craintes m’accompagnèrent tout au long de la journée, les cours de mes distingués professeurs me permirent, au moins, de voir les minutes s’égrener un peu plus vite.

De retour chez moi, le rituel recommença. Un peu de ménage, le choix de la tenue, et puis l’attente. Les dernières minutes après l’ouverture de la porte, les questions … Comment sera-t-il ? Sera-t-il un autre Mathieu ou un autre Julien ? Le bruit caractéristique de l’ascenseur arrivant à l’étage, la porte qui s’ouvre … J’entrebâillai davantage cette dernière afin d’accueillir mon client. Trois garçons entrèrent. Parmi eux, Julien !

  • « Mais … Qu’est-ce que … »

Ce fut Julien qui m’interrompit.

  • « Salut ma belle ! J’ai parlé de toi à Franck et à Stéphane, deux potes à moi et on s’est dit qu’on pourrait se faire un truc ensemble ! »
  • « Hein … Quoi ?!? Désolée, je ne fais pas, à plusieurs. »,bredouillai-je.
  • « Allons … Fais pas ta Sainte-Nitouche ! Ça t’a pas dérangée de me tailler une pipe hier ! »

Je les regardais tour à tour, hébétée, me sentant comme une condamnée à mort sur le chemin de l’échafaud. Rassemblant ce qui me restait de courage, je refusai une nouvelle fois. 

  • « Pas question ! Partez maintenant ! »

Mais telle n’était pas leur intention. Toujours aussi sur de lui, Julien s’approcha de moi. Cette fois, je commençais vraiment à avoir peur.

  • « Écoute, on n’est pas du genre méchant et on veut juste s’amuser un peu. Mais si tu le prends sur ce ton, on met toute l’école au courant et je te garantis que tu devras mettre une perruque pour aller en cours ! »

C’était un cauchemar ! Ils étaient tous les trois autour de moi désormais. Évidemment, ce fut Julien qui le premier glissa sa main dans mon décolleté. J’étais pétrifiée, incapable de réagir. Je savais aussi qu’en étant membre d’une équipe de l’école, ils n’auraient aucun mal à répandre la nouvelle comme une traînée de poudre. J’étais coincée.

Les deux autres s’enhardirent à leur tour, glissant leurs mains sous ma robe, remontant le long de mes cuisses. Puis, lorsque mon vêtement tomba à terre sous les ordres de Julien, je sentis les larmes poindre au bord de mes yeux.

  • « Rhooooo … Mais faut pas pleurer comme ça ! Surtout quand on porte rien sous ses fringues ! », s’exclama Julien.

Les trois compères éclatèrent de rire et continuèrent de plus belle. Leurs six mains se promenaient sur mon corps, tâtant sans vergogne mes seins, mes cuisses, et s’aventurant jusqu’à ma vulve et mon anus.

  • « Arrêtez … s’il vous plaît … », dis-je d’une voix éteinte.

Ils ne répondirent pas, continuant leurs va-et-vient incessants sur mon corps.

  • « Arrêtez ! »

Je parvins cette fois à articuler un peu plus. N’y tenant plus, je les repoussai violemment.

  • « ARRETEZ ! PARTEZ ! PARTEZ IMMEDIATEMENT ! »

La surprise que je pouvais lire sur leurs visages fit bientôt place à une colère sourde. Tandis que les deux autres avaient reculé de quelques pas, Julien s’approcha de moi.

  • « Comme tu voudras … Mais ne viens pas te plaindre. On t’aura prévenue ! »,maugréa-t-il d’un ton menaçant.

Sur quoi, il rejoignit ses collègues et ils partirent en claquant la porte, me laissant seule avec ma peur, nue au beau milieu de mon studio. Puis, prise de panique, je me ruai sur le téléphone.

Valérie arriva moins de dix minutes après mon appel. Elle me prit dans ses bras en s’efforçant de me consoler mais sans y parvenir car, cette fois-ci, la panique avait pris le pas sur le chagrin et mes larmes n’étaient que le reflet d’une peur inextinguible.

  • « Ne t’inquiète pas. Ils ont essayé de te faire peur pour arriver à leurs fins mais ils n’iront pas plus loin. », tenta-t-elle de me rassurer.

Comment pouvait-elle me convaincre alors que je sentais au son de sa voix qu’elle-même ne l’était pas, convaincue ?

  • « Je suis sûre que si ! Et je ne pourrais plus remettre les pieds à l’IRTS ! Mais qu’est-ce que je vais faire ? »,répondis-je entre deux sanglots.

Les larmes coulèrent de plus belle et Valérie me serra un peu plus fort. La chaleur de ses bras me faisait un bien fou en cet instant. Comme une énergie sans laquelle je craignais de défaillir. Reprenant doucement mon souffle et mes esprits, je me dégageai de son étreinte et me dirigeai vers la salle de bains afin de me rafraîchir le visage. Je jetai un œil dans le miroir, mais ne me reconnus pas. Une fille salie par des traînées de larmes et par la honte me regardait de ses yeux vides et tristes. Plongeant la tête sous l’eau pour ne plus voir le fantôme que j’étais devenue, je réussis à reprendre une figure à peu près normale à grands renforts d’eau froide et de maquillage. Comme la veille, Valérie resta avec moi. Comme la veille, elle m’aida à reprendre le dessus, mais je sentais bien que, cette fois-ci, elle était vraiment inquiète.

Le lendemain matin, je ne trouvai pas le courage d’aller en cours. Aussi, perdue pour perdue, je décidai d’en profiter pour recevoir un client en fin de matinée. Celui-ci s’appelait Boris. Il m’avait laissé un message tôt ce matin et avait semblé tout heureux que je puisse le recevoir aussi vite.

  • « Salut ! Tu es Géraldine ? »
  • « Oui. Entre … », répondis-je d’une voix froide et impersonnelle.

Il était plutôt mignon et, pour ce que je pouvais en juger, il n’avait pas l’attitude d’un pervers. Assez grand, mince, il était même bien habillé pour un étudiant. Seule faute de goût, un vieux sac à dos tout troué en guise de cartable. Son sourire timide aurait dû me mettre en confiance, mais j’étais cependant plus que jamais sur mes gardes.

  • « Comment on fait ? Je te paye maintenant ? »,demanda-t-il d’une voix gênée.
  • « Oui, s’il te plait … »

Il me tendit l’argent et resta planté devant moi, son sac toujours sur l’épaule.

  • « Vas-y, installe-toi. », lui dis-je en lui montrant le canapé.

Il alla s’asseoir, son sac à côté de lui, l’air toujours aussi emprunté. J’étais tombée sur un grand timide. Tant mieux, je préférais ça !

Ainsi, quelque peu mise en confiance, j’entamai le rituel que je commençais à bien connaître. Les caresses sur le jean, la braguette, ma main qui se glisse, la ceinture … Puis le jean sur le sol, une verge mise à nu, la capote qui avait toujours aussi mauvais goût … Et puis ma langue autour d’un sexe dressé et anonyme, mes lèvres geôlières de son plaisir, mon dégoût, bientôt son extase dans des soubresauts grotesques mitraillant son foutre dans ma bouche à peine protégée derrière quelques microns de latex. Lorsque ce fut terminé, il prit soin de retirer le préservatif correctement avant de le déposer dans la poubelle que j’avais disposée à proximité. Enfin il se rhabilla, prit son sac et partit sans autre au revoir qu’un signe de la main. Décidément, ce type était encore plus timide que je ne l’avais imaginé !

L’après-midi, je décidai d’aller à l’école. Mes inquiétudes étaient toujours là, mais Valérie avait fini par me convaincre. Et puis je ne pouvais pas passer l’année entière terrée dans mon studio pour au final rater mes examens. D’abord sur le qui-vive, je réussis à me détendre au fil des heures, d’autant que je n’avais croisé aucun des abrutis de la veille et qu’aucune allusion ne fut faite à mon endroit. Après les cours, je courus à la banque afin de faire un premier virement à mon propriétaire. Cette banale action me fit un bien fou et je me pris à espérer pouvoir m’en sortir puisque mes rendez-vous de la semaine suivante allaient m’assurer le reste de mon premier mois de retard.

C’est donc le cœur léger que je me préparai un excellent repas que j’agrémentai pour l’occasion d’un verre de vin blanc, mon péché mignon. Puis, je pris un long bain chaud qui acheva de me plonger dans une volupté que je n’avais plus connue depuis longtemps. Deux semaines en fait, soit le début de ma « carrière » de pute. Une éternité.

Je sortis frissonnante de l’eau tiède et allai me glisser encore humide sous la chaleur de mes couvertures. J’aurais dû éteindre la lumière. J’aurais dû dormir. Mais c’était un de ces soirs où je laissais la douce lueur de la lampe de chevet jouer avec les courbes de mon corps. Je restai de longues minutes, parfaitement immobile, les yeux mi-clos, puis ma main commença son long périple ; une descente aux enfers pour laquelle je me damnais si souvent.

Mes doigts se portèrent tout d’abord à ma bouche, s’humidifiant au passage de ma langue, avant de descendre lentement vers ma poitrine tendue, jouant avec le galbe d’un sein, puis le téton qui commençait à poindre. Enfin, dans une caresse, je descendis jusqu’à mon ventre avant d’atteindre le sillon de mon pubis qui me conduisit à mon abricot encore humide de l’eau du bain, déjà moite de mon désir naissant.

Comme une invitation, mes cuisses s’entrouvrirent un peu, puis davantage à mesure que mon clitoris s’excitait au contact de mes doigts. Alors, ma main gauche vint se mêler à la fête. Je la promenais sur mes seins, les massant plus vigoureusement tandis que mes doigts impatients commençaient à forcer le passage étroit de ma vulve. Le majeur caressa tout d’abord mes lèvres, puis, alors qu’il me pénétrait, je me vautrai avec délice dans ma séance de masturbation, laissant s’épancher de ma chatte les prémices d’une jouissance intense que je retardais le plus possible en modérant les velléités de mes mains, reportant même mes doigts mouillés à ma bouche. Je me terminai avec trois doigts explorant mon vagin que je voulais imaginer béant et trempé, écartelé par une bite imaginaire, avant de brûler sous la lave écumante d’un orgasme improbable. Ma respiration qui n’avait cessé de s’accélérer s’apaisa lentement. Mes doigts restèrent un moment plantés dans mon fourreau douillet avant de venir se reposer de leurs efforts sur mon ventre. Mes paupières déjà lourdes se fermèrent. La lumière s’éteignit.

Le lendemain, je partis en cours de bonne heure. J’étais d’humeur joyeuse et même la vue lointaine d’un des énergumènes qui m’avaient humiliée ne suffit pas à troubler durablement ma gaieté. Je retrouvai bientôt Valérie, devant la porte de l’amphi, et je pus constater que la vue de mon état quasi euphorique par rapport aux jours précédents, la remplit de joie. Je n’avais pas pour habitude de raconter mes exploits en solitaire, même à ma meilleure amie, mais au moins fut-elle heureuse d’apprendre que j’avais pu régler une partie de mes dettes. Sur la scène de la grande salle, le rideau qui protégeait habituellement l’écran était ouvert. Cela signifiait que nous allions assister à la diffusion d’un documentaire assommant, ce qui se traduisait généralement pour Valérie et moi par une bonne sieste. Mais cela ne devait pas être le cas.

Bizarrement, je compris avant même le début de la diffusion. Des images, comme des flashs, sautèrent devant mes yeux. Ce garçon, près du magnétoscope, le sac troué de mon client de la veille …

Valérie, elle, ne comprit qu’après. En même temps que les cinq cents autres élèves présents, dont les yeux écarquillés regardaient mon visage en gros plan en train de sucer une bite. Il y eut sûrement des exclamations ou des rires moqueurs qui fusèrent de toute part, mais je ne les entendis pas. Je ne vis pas non plus leurs visages ahuris, ni le prof se ruant trop tard sur le magnétoscope. Je ne voyais en fait que la porte de l’amphi qui se rapprochait bien trop lentement de moi alors que je courrais vers elle, puis ce long couloir désert qui n’en finissait pas. Je n’entendis pas non plus Valérie me hurler d’arrêter, de l’attendre. Je n’entendis pas non plus les klaxons des voitures qui m’évitèrent de justesse lorsque je traversai la rue. Je n’entendis plus rien jusqu’à ce que je m’écroule, à bout de souffle, contre le pilier d’un pont.

Valérie n’était plus derrière moi. J’étais seule sur le quai désert en cette heure matinale. Assise au bord du fleuve, je regardais l’eau sale emporter mes larmes dans les tourbillons du courant. Je regardais cette eau emporter tout ce que j’avais laissé derrière moi. Ma vie, mes études, quelques amis … Et surtout le sourire amer de cette étudiante qui n’existait plus.

A suivre : La descente aux enfers - Part 3

 

 


Par Decadent Laboratory - Publié dans : RECITS
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Comme son nom l'indique c'est un petit règlement de compte personnel. Enfin, pour être franche c'est surtoit moi (Roxanne) qui tenait à ce que cette rubrique soit présente. Eh ouais, même si je ne suis pas la principale concernée (quoique j'ai bien mangé quand même), j'ai la rancune plus que tenace.

Petit-reglement-de-compte-entre-ami-e-s-copie-1.jpg

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ERRATUM

Petite précision qui a son importance concerant la rubrique "Petit règlement de compte entre ami(e)s"... Pour ne pas qu'il y ait de malencontreuses coïncidences, les prénoms des protagonistes ont été changés. Par exemple, le compagnon de la protagoniste principale suce nommée (oui je sais ça ne s'écrit pas comme ça mais ça me fait rire), ou pour être plus précise le "plouc", ne se prénomme pas Laurent et n'habite pas Chaussy dans le Val d'Oise. En tous cas selon les informations fournies par la CAF.


A moins que... Noooooon !!! Des gens si honnêtes et si vertueux que ça ce n'est pas possible ! J'ai vraiment l'esprit mal tourné ! Après, par souci de clarification, si cela pose problème, on peut toujours aller leur demander de procéder à une vérification des pièces justufucatives fournies ? Non ?  

Ce point éclaircie, je vous souhaite une bonne lecture... "Amicalement", Roxanne ou chérie coquine.

Nous

Couple libertin de région parisienne, vous aurez vite compris que le sexe tient une place primordiale dans notre vie. Pour le reste nos adorons le rock, les Harley, les voyages et plein d'autres choses dont vous vous foutez royalement. Non ? Bandes de menteurs !

 

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Dans le cas contraire, on vous souhaite une bonne visite et surtout : NE SOYEZ PAS SAGES !!!

 

Roxanne & Franck

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