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La descente aux enfers
Ecrit par Roxanne
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C’est avec un profond soupir de découragement que je raccrochai le téléphone. Cela faisait la quatrième fois en dix jours que mon propriétaire m’appelait pour me réclamer son loyer. Ses loyers en fait, puisque j’avais déjà un mois de retard. Cette fois-ci, il m’avait clairement fait comprendre que le prochain coup de fil viendrait d’un huissier, si je ne le payais pas sous huitaine. Où allais-je donc bien pouvoir trouver 600 Euro en une semaine ?
Comme presque tous les étudiants de la fac, je faisais des petits boulots pour payer mes études, mon logement, de quoi vivre. Mais c’était trop peu. Bien trop peu.
Avec lassitude, je me traînai jusqu’à mon bureau où une lumière clignotante sur mon écran d’ordinateur me signalait qu’un contact Facebook essayait de me joindre. C’était Valérie.
Valérie était ma meilleure amie depuis le secondaire, que nous avions traversé bon an mal an jusqu’au bac, pour nous retrouver sur les bancs de l’IRTS. Pour l’heure, elle cherchait à entrer en contact avec une fille de deuxième année dont le copain du petit ami … Bref ! C’était Valérie. Valérie et ses aventures, Valérie et ses ruptures, Valérie et les soirées « Thelma et Louise ».
Dans la mesure où elle était assez maladroite avec l’outil informatique et plus particulièrement avec internet, je ne fus pas étonnée lorsqu’elle me demanda de chercher cette fille sur l’annuaire du site de l’école. Cela devait être assez rapide et je lui promis la réponse pour le lendemain.
Sitôt la conversation terminée, je me mis donc en quête de cette fille sur ledit site. Très bien fait comme site, d’ailleurs. Annuaires d’élèves, des profs, liste des cours, des amphis etc … On y trouvait même des petites annonces d’étudiants à la recherche d’un boulot, ou simplement de compagnie. Comme je le supposais, la recherche fut aisée. En moins de dix minutes, j’avais trouvé et imprimé la fiche de Sonia, la fille en question.
Comme souvent je traînai un peu sur le site et passai voir du côté des petites annonces, plus par curiosité qu’autre chose d’ailleurs, puisque n’ayant rien à vendre, ni à fortiori à acheter. Toutefois, l’une d’elles attira mon attention. En effet, chose assez rare, le visage sur la photo avait été masqué, et le titre « Offre de service » n’était pas très courant. Je cliquais donc dessus afin de la lire en entier :
Offre de Service
Johanna, 21ans
Etudiante
Suis dispo le soir à p 18h
Un jour sur 2 (lun, mar, ven)
Contactez-moi au 06 21 37 26 18
En échange de 50 ou 100 euros
De plus en plus bizarre, pensais-je. L’annonce ne précisait même pas quel service l’étudiante offrait en échange. Généralement, il s’agissait de thèses ou de mémoires à taper, mais là, rien n’était indiqué.
J’allais fermer la fenêtre de l’annonce lorsque je découvris la subtilité, c’était un acrostiche ! Les premières lettres de chaque ligne formaient les mots ! J’étais abasourdie ! J’avais entendu des rumeurs comme quoi des étudiantes se prostituaient pour arrondir leurs fins de mois, mais le fait de tomber sur cette annonce me fit prendre conscience de la réalité de la chose. En fait, j’étais surprise, plus que choquée. Du reste, mieux valait se taper les petits minets de l’IRTS plutôt que d’arpenter le macadam au détour d’une ruelle sombre. Je souris en fermant la fenêtre et éteignis l’ordinateur. 22 heures déjà. Décidément, le temps passait bien vite sur internet.
En me préparant pour aller dormir, je revoyais le texte de l’annonce. Quelle imagination ! Je me demandais ce que j’aurais bien pu écrire si j’avais dû passer une telle annonce. J’essayai d’imaginer la gêne que cette fille pouvait ressentir lorsqu’un mec venait frapper à sa porte. Un mec qu’elle pouvait connaître, du reste. Cette idée occupait toujours mon esprit lorsque je me glissai sous les draps. Serais-je capable d’une telle chose ? Aurais-je le courage d’aller jusqu’au bout ? Pourquoi me posais-je toutes ces questions, d’ailleurs ?
Malgré mes problèmes d’argent récurrents, je n’imaginais pas me prostituer. Pourtant, cette annonce me taraudait, m’excitait presque. Je me remémorais certains moments passés avec mes ex, m’imaginant les sucer sans même les connaître. Sous mes paupières mi-closes défilaient des attributs masculins connus ou inconnus. Et sous ma nuisette, mes mains commençaient à se promener sur toutes les zones sensibles que moi seule connaissais aussi bien. Mes lèvres humides n’attendaient plus que mes doigts et ceux-ci ne se firent point prier pour les caresser avant de les entrouvrir. Je ronronnais comme une chatte. Mon majeur s’affairait maintenant autour de mon clitoris qu’il régalait de ses caresses, avant de redescendre un peu pour mieux se cacher dans ma grotte, avant que l’index, son complice de toujours, ne l’y rejoigne. Mes ronronnements devinrent des petits miaulements. Mon autre main naviguait à vue sur ma poitrine bombée, frôlant, caressant, titillant mes tétons tendus de plaisir. Comme souvent, mes doigts se firent plus curieux, notamment mon majeur qui descendit humecter mon anus, avant de s’y introduire délicatement. Ce fut mon pouce qui vint prendre sa place dans la chaleur moite de mon vagin. Les mains ainsi occupées, j’ondulais sous les vagues de plaisir, m’imaginant tantôt chatte tantôt chienne, abandonnée sous les mains expertes de généreux amants d’un soir, avant que ne survienne ce bel orgasme familier, récompense généralement promise à mes régulières séances d’onanisme. Encore légèrement essoufflée, je me retournai sur l’oreiller en décidant d’oublier cette histoire d’annonce afin de dormir un peu.
Le lendemain matin, le réveil dû se montrer particulièrement persuasif afin de me faire sortir la tête de sous la couette. Mes exercices de la veille avaient dû être plus longs que de coutume et le marchand de sable avait dû passer assez tard.
Péniblement, je me traînai jusqu’à la salle de bain dans le but de débarbouiller mon visage de ce manque de sommeil. Ainsi rafraîchie, je rassemblai quelques vêtements dans le but louable de m’habiller. Nue devant la glace, cette histoire d’annonce me revint en mémoire. Je regardai ce corps planté devant moi. Mon corps. Pourrait-il plaire à n’importe qui ? Aurais-je le courage de le montrer à n’importe qui ? Lui qui jusqu’alors n’avait accueilli le plaisir que de quelques-uns.
Les autres me trouvaient jolie, contrairement à moi. Comme beaucoup de filles sans doute, je trouvais mes hanches un peu trop larges, mon ventre pas assez plat et mes seins trop petits. Je trouvais néanmoins quelques satisfactions du côté de mes fesses, juste assez rebondies, et de mes jambes, que j’essayais le plus possible de mettre en valeur sous des jupes un peu courtes. Je terminai cette introspective séance d’évaluation en fixant mes yeux verts, parfaitement dans le ton de mes cheveux châtains. Oui, cela devait pouvoir convenir. Restait à savoir si cela pouvait me convenir à moi.
Un coup d’œil à la pendule me fit prendre conscience de mon retard. J’attrapai à la hâte de quoi pouvoir sortir décemment, pris mon sac de cours au passage et filai vers l’amphi où m’attendaient deux interminables heures d’un assommant cours de droit administratif.
Comme d’habitude, le cours était déjà commencé. J’essayai donc de me faire la plus discrète possible pour arriver à la place libre que m’avait gardée Valérie.
Connaissant ma situation financière, elle devait imaginer que mes problèmes d’argent m’avaient tenu en souci, comme souvent.
Alors que le prof nous parlait du statut de l’ASE, une question me turlupinait : devais-je parler à Valérie de cette histoire d’annonce, des questions que je me posais ? Sur l’instant, la réponse me semblait évidente, mais comment aborder le sujet ? Elle avait beau être ma meilleure amie, je ne voyais pas comment lui annoncer que je pensais vaguement à me prostituer. D’ailleurs, je n’avais pris aucune décision. Je réfléchissais, nuance. Bien que le simple fait d’y réfléchir pouvait en soi déjà être un début de réponse pour être franche. Absorbée par ces interrogations existentielles, je ne vis pas les deux heures passer.
Après les cours du matin, Valérie et moi décidâmes d’aller déjeuner dans une pizzeria où nous avions coutume d’aller régulièrement. Si je voulais lui faire part de mes interrogations, c’était le moment et l’endroit idéal. Restait juste à savoir comment aborder le sujet, mais arrivés au restaurant, j’eus ma petite idée.
Le serveur nous salua comme de vieilles connaissances et nous installa à notre table habituelle. Une fois servis et après avoir échangé quelques banalités, je décidai d’attaquer.
Il me fallait embrayer tout de suite.
Je lui expliquai en détail la tournure de l’annonce, jusqu’à l’acrostiche qui m’avait fait comprendre la teneur du message. Elle se mit à rire.
Ce fut mon tour d’être surprise.
On sourit ensemble. Elle avait l’air d’être un peu au courant. Il fallait absolument que je continue à la questionner, mais sans éveiller ses soupçons.
Elle se mit à rire.
Sur quoi elle me fit un clin d’œil que j’interprétai comme un point final à cette conversation. Après le déjeuner, Valérie retourna suivre ses cours de l’après-midi tandis que je reprenais le chemin de mon studio, dans la mesure où je ne jugeai pas le cours d’informatique qui m’attendait suffisamment important pour gâcher une après-midi de liberté.
De retour chez moi, je m’allongeai sur le lit et entrepris de réfléchir à l’enrichissante conversation que je venais d’avoir avec Valérie. Certes, je n’avais pas trouvé le courage de lui parler de mes doutes, mais au moins avais-je appris plusieurs choses essentielles. À savoir que le nom des filles qui s’adonnaient à ce genre de pratiques ne se criait pas sur les toits. Et que le fait de tomber sur un « client » connu, même si cela devait être très gênant, n’avait visiblement que des conséquences limitées. De plus, surtout, j’avais eu l’impression que ma meilleure amie ne semblait pas choquée par ce genre de pratiques. Cela pouvait avoir son importance si je décidais de lui en parler un jour. Ou bien si elle venait à le découvrir …
Je m’aperçus à ce moment-là que je parlais comme si ma décision était déjà prise. Mal à l’aise, je me levai. Je me trouvais désormais face à mon miroir. Ce miroir qui ce matin n’avait fait que me renvoyer mes doutes. Certes, il y avait ce que pouvaient penser Valérie ou les autres, mais il y a avait aussi et surtout l’idée que je pouvais avoir de moi-même si je devais franchir le pas. Supporterais-je la pensée d’être ce que je serais devenue ? Une prostituée. Une pute.
Mon pauvre miroir demeura impassible devant l’incongruité de cette question. Pourtant, avais-je seulement le choix ? Dans moins de dix jours, mon proprio allait me passer un de ces coups de fil dont il avait le secret et comme d’habitude, je ne saurais pas quoi lui répondre. Cela semblait de l’argent facilement gagné. Pourtant, aurais-je le courage d’aller jusqu’au bout ? Je finis par comprendre que le seul moyen de répondre à ce flot de questions était d’essayer. En effet, je pouvais passer une annonce, puis l’effacer ensuite si la peur se montrait la plus forte.
Décidée, je m’installai donc devant mon ordinateur. Il me restait cependant à rédiger un texte à la fois discret mais sans équivoque. Ce fut beaucoup plus difficile que je ne le pensais mais, au bout d’une heure, mon annonce était en ligne. Par prudence, j’avais indiqué un e-mail destiné à recevoir les réponses, spécialement créé pour l’occasion. On ne sait jamais …
Sitôt l’annonce validée, je sentis monter en moi une grandissante appréhension. Une espèce de boule était en train de naître au creux de mon estomac et ce n’était pas le fait de consulter frénétiquement ma boite e-mail qui risquait d’améliorer la situation. Je décidai donc de ne plus la vérifier avant ce soir et d’aller me plonger dans un bon bain chaud, comme pour déjà laver mon corps et mon esprit des souillures futures et de l’opprobre tant redouté.
Le lendemain matin, je me réveillai une demi-heure plus tôt qu’à l’accoutumée. En effet, mon annonce n’avait pas été jusqu’alors très prolifique en matière de réponses et j’espérais, ou je craignais selon l’instant, découvrir un message avant de partir pour mes cours. C’est donc avec une vive appréhension que j’allumai mon ordinateur, m’excitant sur la souris pendant la mise en route. Un clic sur internet, la messagerie, le mot de passe … Trois messages !
Trois messages … Une poussée d’adrénaline fit monter la cadence de mon pauvre cœur à un niveau inhabituel alors que j’ouvrais le premier : une publicité pour un casino ! Décidément, les spammeurs étaient toujours les plus rapides. Mais je vis au titre des deux autres qu’il s’agissait bien de réponses à mon annonce. L’estomac et la gorge noués au possible, je cliquai sur le second mail :
Salut, intéressé par ton annonce. Ce soir après les cours ?
Appelle-moi 06 17 95 32 12.
Fabien *
Cette fois, j’étais sur le bord de la rive. Le repli ou le grand saut ! Le cœur toujours en pleine gigue, j’ouvrais le troisième :
Bonjour, je suis libre en fin d’après-midi entre 16h et 19h. On se voit où ? @++
Damien *
Lui n’avait pas laissé de numéro de portable, ce qui signifiait que je devais lui répondre immédiatement. Je remarquais d’ailleurs qu’il valait mieux être réactive dans ce métier. En effet, une réponse avait été envoyée vers minuit, l’autre moins d’une heure plus tard. Et toutes deux sollicitaient un « rendez-vous » pour aujourd’hui.
Pressée par la pendule qui allait bientôt indiquer 7h30, je n’avais pas beaucoup de temps pour réfléchir. De toute façon, je m’étais promis de tenter le coup. Je commençais donc à répondre au fameux Damien lorsque je remarquai qu’il avait soulevé un lièvre important : où ? Je ne m’étais pas posé la question jusqu’à cet instant. Pourtant, c’était un détail d’importance, d’autant que je ne me voyais pas faire « ça » à la sauvette sous la lumière tamisée d’une montée d’escalier.
Bien sûr, je pouvais me déplacer chez le « client ». Cependant je m’imaginais beaucoup plus à l’aise ici, chez moi, dans mon univers. Cela pouvait sembler contradictoire de permettre à ce garçon de violer toutes mes intimités. Mais, en même temps, cela me rassurait. Je pensais me sentir davantage en sécurité entre ces quatre murs qui me connaissaient si bien.
Évidemment, cela signifiait que je devais lui donner nom et adresse en retour de mail, ce qui était hors de question ! Heureusement mon imagination me sauva la mise et je décidai de lui donner rendez-vous à 17 heures … Sur le palier. Je lui indiquais que j’entrouvrirais ma porte à cette heure précise et qu’il fallait donc qu’il soit ponctuel. Cela pouvait sembler dérisoire mais le palier desservait pas moins de huit studios. En cas de problème, le doute serait alors toujours possible.
Au moment d’envoyer le message, j’eus quelques instants d’hésitation. Une fois le mail expédié, je ne pourrais plus reculer. Je pris alors pour la première fois pleinement conscience de l’importance de ce que je m’apprêtais à faire. Et le plus ironique, c’est que de ce petit clic de souris allait dépendre non seulement la suite de ma journée, mais aussi les prochains mois de ma vie d’étudiante, peut-être même de ma vie tout court. Cette fois-ci, je n’avais pas le temps d’aller questionner mon miroir. Je cliquais …
Durant les cinq minutes suivantes, je tentais tant bien que mal de reprendre ma respiration après cette séance d’apnée. Je notai aussi le numéro de téléphone de Fabien, le deuxième larron. Je l’appellerai pendant la pause de dix heures, en espérant réussir à faire patienter sa libido jusqu’au lendemain. Deux le même jour pour commencer, ça me paraissait être un tantinet au-dessus de mes forces.
Un nouveau coup d’œil à l’horloge me rappela à mes obligations d’étudiante. Rapidement, j’éteignis l’ordinateur, avalai un rapide petit déjeuner et sortis en trombe. Arrivée à l’amphi, le scénario habituel se reproduisit à l’identique. Entrée discrète et cheminement habile jusqu’à la table où Valérie m’attendait.
J’ignorai la remarque avec superbe et m’enquis du sujet du cours.
J’ouvris de grands yeux inquiets et m’apprêtais à balbutier une demande d’explications lorsque je vis que le graphique diffusé sur un pan de mur entier par le rétroprojecteur montrait l’évolution de la natalité sur les vingt dernières années.
Il y a seulement 48 heures, j’aurais probablement pour le moins souri à la réponse de Valérie, d’autant qu’elle était une spécialiste du genre mais, aujourd’hui, c’était différent. Une simple réponse complètement anodine m’avait renvoyée en pleine figure les craintes liées à ma nouvelle situation. Etait-ce la seule chose qui allait changer ? Ou bien devais-je m’apprêter à vivre chaque minute à venir avec la peur au ventre, interprétant la moindre plaisanterie un tant soit peu salace comme une allusion déplacée ? En tous cas, si Valérie s’aperçut de mon trouble, elle ne le montra pas. Cela eut le mérite de m’éviter des explications embrouillées quant à ma nervosité et nous traversâmes ces deux heures de sociologie de façon appliquée et studieuse.
Ce n’est qu’à l’approche de la fin du cours que mes appréhensions revinrent, alors que je me posais mille questions sur la teneur du coup de téléphone que j’allais devoir passer. Quelles questions allait-il me poser ? Pouvait-il reconnaître ma voix ? Devais-je masquer mon numéro ? Aucune de mes interrogations n’avait trouvé de réponse lorsque le prof nous libéra. Le premier problème étant de fausser compagnie à mon amie, je prétextais un détail administratif à régler afin de m’éclipser vers un lieu plus calme et sans oreilles indiscrètes.
Fébrilement, je sortis mon portable et le papier sur lequel j’avais noté le numéro de Fabien. Par précaution, je choisis de masquer l’origine de mon appel et, le souffle court, je tapai le numéro sur mon clavier tactile. Au bout de la troisième sonnerie, je m’apprêtai déjà à raccrocher mais à ce moment, une voix masculine retentit.
J’avais indiqué ce pseudonyme sur l’annonce afin de conserver un semblant d’anonymat, au moins vis-à-vis de ceux qui ne me répondraient pas.
Curieuse question vu les circonstances. J’eus l’impression de téléphoner à un ami de longue date, ce qui je l’espérai, n’était pas le cas !
Je lui indiquais où se trouvait mon immeuble, ainsi que le mode de fonctionnement que j’avais mis au point. Cela n’eut pas l’air de le choquer. Peut-être avait-il l’habitude …
Je me dis en raccrochant que j’allais sûrement avoir du mal à m’habituer à ce genre de discussion froide et bienséante alors que nous pensions tous deux à ce qui allait se passer quelques heures plus tard.
Ce n’est qu’à ce moment que je me rendis compte que j’avais pris les deux rendez-vous à seulement une heure d’écart. Bien que cela puisse paraître suffisant, j’avais quand même intérêt à ne pas faire traîner les choses. La bonne nouvelle étant que j’allais gagner cent euros en moins de deux heures, soit le tiers d’un mois de loyer. Je décidais de poursuivre la journée en gardant cette pensée à l’esprit. Autant ne pas commencer à paniquer tout de suite.
Lorsque vers 15h je quittai la fac, mes inquiétudes étaient revenues. Le moment approchait et j’étais de moins en moins sereine à l’idée de sucer deux mecs sans même les connaître, pour de l’argent qui plus est. C’est avec ces pensées à l’esprit que je m’arrêtai dans une pharmacie afin d’avoir ce qu’il fallait sous la main l’instant venu. Je n’avais pas vraiment l’habitude d’acheter des capotes. En règle générale, c’était plutôt mes partenaires qui s’en chargeaient. Aussi fus-je un peu gênée lorsque vint mon tour. Fort heureusement, il n’y avait pas d’autre client derrière moi et je pus demander ce que je voulais sans avoir à le chuchoter. Consciente de ce que je m’apprêtais à faire, je choisis des préservatifs parfumés, ce qui ne sembla pas choquer outre mesure la jeune assistante qui me servit. Désormais équipée et après avoir fait quelques courses, je pris la direction de mon studio. Il me restait un peu plus de deux heures pour me parer d’une tenue appropriée et me préparer psychologiquement à recevoir mon premier « client ».
Sitôt rentrée, je réfléchis à un endroit adéquat. Mon 48m² ne m’offrait pas énormément de solutions mais il semblait logique qu’il s’assoie sur le canapé. Je fis donc un peu de rangement, disposai correctement les deux coussins assortis et cachai dans l’armoire tout ce qui pouvait contenir des informations me concernant.
Restait à présent à m’occuper de ma petite personne. Même si je n’avais pas à me déshabiller, un effort de présentation serait le bienvenu si cela pouvait faire activer les choses. Après une douche rapide, je me retrouvai donc devant mon miroir, nue, prête à revêtir les vêtements soigneusement choisis et disposés sur mon lit. Soigneusement, j’enfilai les bas munis d’un élastique, utilisables sans porte-jarretelles. Bien pratique, ça ! Délicatement, je les fis monter jusqu’en haut de mes cuisses. Etaient-ce les circonstances qui faisaient que ce geste anodin excitait mes sens ? Toujours est-il que je sentis poindre entre mes lèvres une légère moiteur, révélatrice d’une envie que ma raison semblait vouloir ignorer. Aussi enfilai-je ensuite mon slip brésilien de dentelle noire et son soutien-gorge assorti. Une jupe plissée assez courte et un haut en tulle légèrement transparent vinrent compléter le tableau que me renvoyait mon miroir. Un coup d’œil de face, de profil … Pas mal … Ça pouvait faire son petit effet ! Ainsi accoutrée, je m’installai devant mon ordinateur afin de vérifier ma boite email. Le seul nouveau message fut celui de Damien qui confirmait pour 17h.
Je jetai un regard à la pendule. Plus qu’une demi-heure avant son arrivée. Au fil des minutes, je sentis mon appréhension grandissante se transformer en une sourde angoisse. Une de ces angoisses qui vous noue l’estomac et appuie sur votre poitrine pour vous empêcher de respirer. Pourtant, bizarrement, je m’inquiétais désormais moins de savoir comment j’allais surmonter psychologiquement cet obstacle que de savoir si je serais à la hauteur. J’avais déjà pratiqué des fellations à mes ex, mais serais-je capable de contenter aussi facilement un illustre inconnu ?
Je me remémorai certaines soirées passées avec mon dernier petit copain, lorsqu’encore vêtus, je me collais contre lui et m’agenouillais lentement, avant de masser la bosse naissante sous son pantalon. Puis je débouclais sa ceinture et défaisais les boutons de sa braguette lentement, l’un après l’autre, sans jamais cesser de le regarder dans les yeux. Le pantalon tombait sur le sol et mes mains enserraient sa verge qui peu à peu grossissait. Alors, le caleçon chutait à son tour et mes lèvres glissaient le long de son gland en le décalottant. Ce geste provoquait généralement un discret « mmmhhh » de satisfaction tandis qu’un mouvement de bassin faisait s’enfoncer sa queue bandée un peu plus loin dans ma bouche. Ma langue s’activait alors, tournant et retournant tout autour du gland au bout duquel je sentais perler quelques gouttes, prémices d’une jouissance future. Parfois, mes lèvres desserraient leur étreinte et ma langue descendait le long du mât jusqu’à la peau tendue des couilles pour les lécher avant de remonter. Alors son sexe pénétrait à nouveau ma bouche tandis que ma langue reprenait ses caresses, suivant le va-et-vient imprimé par son bassin. Les mouvements timides et lents du début faisaient alors place à une cadence plus soutenue. Les gémissements de plaisir s’accentuaient au fur et à mesure de la montée du plaisir qui, après un rapide mouvement de recul, jaillissait, selon les jours, sur mon visage ou ma poitrine.
Revenant à la réalité, je me rendis compte que mes doigts avaient glissé sous mon tanga et s’étaient permis une incursion dans mon intimité. J’étais trempée ! Mais qu’est-ce qui m’avait pris ? Je m’apprêtais à me prostituer et je n’avais rien trouvé de mieux à faire que de me masturber un quart d’heure avant, le tout sans même m’en rendre compte. Quittant l’ordinateur, je filai à la salle de bain afin de m’essuyer un peu. J’en profitais pour me maquiller rapidement d’un trait d’eyeliner et d’un coup de rouge à lèvres.
17h50. Plus que dix minutes et impossible de me calmer. Remarquant les volets grands ouverts, je m’apprêtai à les fermer lorsque la sonnette retentit. Mon sang ne fit qu’un tour et mon cœur cognait à tout rompre. Avait-il deviné qui j’étais ? Pourquoi n’avait-il pas attendu sur le palier, comme indiqué dans mon message ? Blême, les mains froides, je me dirigeai fébrilement vers la porte, déverrouillai la serrure et …
Mon pauvre cœur déjà à cran fit un nouveau bond dans ma poitrine. Certes, Valérie passait parfois à l’improviste, mais rarement lorsqu’elle était censée être en cours. D’un côté j’étais soulagée que ce ne fut point mon rendez-vous de 17 heures, mais mon angoisse reprit vite le dessus lorsque je me rendis compte qu’il allait arriver d’un instant à l’autre alors que mon amie était toujours sur le pas de la porte. Que faire ? L’inviter à entrer ? Impossible ! Damien serait là dans cinq minutes. La repousser ? Comment ? Sous quel prétexte ? Je n’arrivais pas à aligner deux pensées cohérentes et cela empira lorsque je réalisai de quelle façon j’étais habillée. Mais j’atteignis véritablement le paroxysme de l’inquiétude lorsque je me rendis compte que Valérie n’avait toujours pas dit un mot. Je la regardai. Son regard était neutre et elle ne souriait pas.
Poussant la porte, elle entra dans la pièce qu’elle scruta d’un œil inquisiteur.
Je ne répondis pas. Je restais plantée dans ma jupe plissée et mon haut en tulle soudain trop large, incapable de prononcer un mot tandis qu’elle continuait son monologue.
Je pleurais maintenant à chaudes larmes. Jamais je ne m’étais sentie aussi humiliée. Et même si je pensais bien qu’un jour Valérie découvrirait le pot aux roses, je ne m’attendais pas à ce que ce soit si tôt. Apparemment calmée, elle s’avança et me prit dans ses bras. Durant cinq bonnes minutes, je pleurai sur son épaule, inconsolable, tandis qu’elle me caressait les cheveux. Après avoir repris quelque peu mes esprits, je me dégageai de son étreinte.
Et moi qui croyais avoir été la plus discrète possible. Il avait fallu moins de deux heures à ma meilleure amie pour deviner mes inavouables intentions. Je réalisai alors qu’elle me connaissait par cœur et que le fait que je lui cache mes problèmes l’avait profondément peinée.
Elle soupira. Je savais qu’elle essayait de m’aider, mais elle ne pouvait rien faire. Pas cette fois-ci.
Je craignais cette question depuis un moment déjà. Mais cette fois, je ne pouvais pas lui mentir.
Machinalement, mon regard se tourna vers la pendule accrochée au mur. Déjà 17h30.
Un silence pesant s’installa tandis que mes yeux trouvèrent le courage de croiser son regard. Tout à l’heure empli de colère et d’ironie, celui-ci était maintenant empreint de tristesse.
Elle se dirigea vers la porte et l’ouvrit.
Mais elle ne répondit pas, ni ne se retourna. Elle referma la porte et j’entendis ses pas rapides descendre l’escalier. Je n’essayai même pas de la suivre. C’était inutile. En larmes, je m’effondrai sur le canapé. Comment tout ceci avait-il pu arriver ? Deux jours plus tôt, j’étais une simple étudiante en droit, bien sous tous rapports. L’archétype de la jeune fille sans histoires. Aujourd’hui, je me retrouvais à sangloter, seule avec mon chagrin, et l’impression d’être devenue la dernière des dernières pour ma meilleure amie que j’avais été incapable de retenir. Pour couronner le tout, dans moins d’une demi-heure, un garçon allait entrer chez moi et me réclamer son dû.
Péniblement, je me levai et me dirigeai vers la salle de bain où il me fallait tenter de réparer les outrages que mes larmes avaient laissés sur mon visage. Le rimmel avec lequel j’avais souligné mes yeux n’était plus qu’un souvenir qui avait coulé sur mes joues, les maculant de traces noires. L’eau tiède en vint facilement à bout mais ne put rien pour mes pauvres yeux rougis. Ce n’est qu’en jonglant avec le fond de teint et l’eyeliner que je fis retrouver à mon visage un semblant de sérénité. Un semblant seulement, dans la mesure où j’étais loin d’être sereine. Probablement à cause de cette maudite pendule dont les aiguilles me rapprochaient dangereusement de l’heure fatidique.
A suivre : La descente aux enfers - Part 2
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Le poids des mots, le choc des photos, l'impact des vidéos !
Pour faire encore plus simple, du sexe, encore du sexe, toujours du sexe et ce sous presque toutes ses formes.
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Notre journal... Celui d'un couple qui aime le sexe et qui l'assume pour une vie épanouie faite de plaisirs et de complicité sans faille.
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Un rubrique faite pour celles et ceux qui pensent que jouer (modestement) avec les mots peut être aussi excitant, voir plus, qu'une suite de photos ou de vidéos.
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Pas vraiment besoin de description pour ce qui suit. Des séries de photos d'amatrices tout simplement.
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De nombreuses vidéos dans de nombreuses catégories qui ne manqueront pas de provoquer une hausse du chiffre d'affaire de Kleenex. Elles ont toutes été choisies par nos soins et visionnées en couple.
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Comme son nom l'indique c'est un petit règlement de compte personnel. Enfin, pour être franche c'est surtoit moi (Roxanne) qui tenait à ce que cette rubrique soit présente. Eh ouais, même si je ne suis pas la principale concernée (quoique j'ai bien mangé quand même), j'ai la rancune plus que tenace.
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ERRATUM
Petite précision qui a son importance concerant la rubrique "Petit règlement de compte entre ami(e)s"... Pour ne pas qu'il y ait de malencontreuses coïncidences, les prénoms des protagonistes ont été changés. Par exemple, le compagnon de la protagoniste principale suce nommée (oui je sais ça ne s'écrit pas comme ça mais ça me fait rire), ou pour être plus précise le "plouc", ne se prénomme pas Laurent et n'habite pas Chaussy dans le Val d'Oise. En tous cas selon les informations fournies par la CAF.
A moins que... Noooooon !!! Des gens si honnêtes et si vertueux que ça ce n'est pas possible ! J'ai vraiment l'esprit mal tourné ! Après, par souci de clarification, si cela pose problème, on peut toujours aller leur demander de procéder à une vérification des pièces justufucatives fournies ? Non ?
Ce point éclaircie, je vous souhaite une bonne lecture... "Amicalement", Roxanne ou chérie coquine.
Couple libertin de région parisienne, vous aurez vite compris que le sexe tient une place primordiale dans notre vie. Pour le reste nos adorons le rock, les Harley, les voyages et plein d'autres choses dont vous vous foutez royalement. Non ? Bandes de menteurs !
Détenteurs d'un compte couple certifié sur Netéchangisme, voici notre annonce :
Le libertinage et ses plaisirs n'ont de sens que lorsqu'ils sont vécus au sein d'un couple à la complicité sans faille ... Roxanne (29 ans) et Franck (42 ans), notre indéfectible amour ne nous empêche aucunement d'être des épicuriens convaincus et des adeptes assidus des plaisirs de la chair ... Le feeling, la complicité et la séduction tiennent une place importante dans notre recherche qui s'oriente vers des couples à la partie féminine bisexuelle ou vers des femmes elles aussi tentées ou pratiquant les plaisirs saphiques ... Nous ne ferons pas une liste des pratiques que nous acceptons ou nous refusons, mais n'hésitez à nous contacter afin d'en savoir plus. Cela sera peut-être le début d'une belle amitié et plus si affinité.
Si elle vous intéresse et vous correspond, n'hésitez pas à nous contacter à l'adresse suivante :
decadent.laboratory@outlook.com
Dans le cas contraire, on vous souhaite une bonne visite et surtout : NE SOYEZ PAS SAGES !!!
Roxanne & Franck
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